APPEL À LA CONSCIENCE

de ceux qui prennent

LE TITRE D’ANCIENS

de

L’ÉGLISE ÉVANGÉLIQUE À GENÈVE,

et

RÉPLIQUE à L’UN D’ENTR’EUX.

 

Darby J.N.

Ed. Genève, 1852
[Les textes entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest]

 

[En 1849, Ch.Saladin, Ancien de l’Église évangélique à Genève, a écrit un article intitulé « Le Plymouthisme mis en regard de la Parole de Dieu ». — J.N.Darby a fait une première réponse intitulée « Observations sur l’écrit intitulé ‘Le Plymouthisme mis en regard de la Parole de Dieu’ », Ed. 1852. — La même année, Ch.Saladin a répondu dans « Quelques remarques adressées à mes frères en Christ au sujet du DERNIER ÉCRIT DE MR. DARBY par l’un des Anciens de l’Église Évangélique à Genève », Ed. Genève 1852  —  J.N. Darby a alors fait paraître le présent « APPEL À LA CONSCIENCE de ceux qui prennent le titre d’Anciens de l’Église évangélique à Genève », 1852 — Ch. Saladin a alors publié l’écrit intitulé « Dernier mot adressé à mes frères à l’occasion de L’APPEL À LA CONSCIENCE de M. Darby », Ed. 1852. — J.N. Darby fera alors le point de la controverse dans les pages 1 à 30 de l’écrit ultérieur intitulé « Qu’est-ce qu’on a reconnu – État de la controverse ».]

 

Table des matières abrégée :

1       [Critique de ce que l’auteur s’est présenté par le seul titre d’Ancien de l’Église Évangélique et que ses objections sont basses et pas au niveau de ce titre]

2       [Pas de changement de loi ?]

3       [Changements d’économies niés et affirmés]

4       [Les changements dans les textes ont pour but de prétendre que les institutions sont des Lois immuables]

5       [La Parole désigne les Anciens par leurs qualités et elle a autorité pour le faire]

6       [Pouvoir central ou églises indépendantes]

7       [Pour finir]

 

Table des matières détaillée :

1       [Critique de ce que l’auteur s’est présenté par le seul titre d’Ancien de l’Église Évangélique et que ses objections sont basses et pas au niveau de ce titre]

1.1         [La réponse malhonnête au précédent écrit est indigne du titre d’Ancien, et laisse supposer un co-auteur]

1.2         [Première discussion sur la possibilité de changer de Loi et d’alliance. Saladin rapporte les propos tenus de manière déloyale]

1.3         [Discussion pour savoir si l’éventuel changement de Loi ou d’alliance est dans l’absolu ou à cause des transgressions. La dénaturation des propos est du côté Saladin]

2       [Pas de changement de loi ?]

2.1         [Selon Saladin Matt. 5:18 déclare l’absence de changement de toutes les économies, alors que le texte biblique parle d’absence de changement de la Loi]

2.2         [De nombreux passages annoncent un changement de loi en conséquence des péchés]

2.3         [Le changement à cause des transgressions a bien été traité dans l’écrit précédent de JND]

3       [Changements d’économies niés et affirmés]

3.1         [Les changements d’alliance (et de Loi) et d’économie vont ensemble]

3.2         [Inconséquences de la seconde brochure attribuée à un co-auteur]

3.3         [Affirmation attribuée à Darby d’un rejet immédiat des institutions et de l’économie pour y substituer autre chose]

3.4         [La citation de Darby sur le rejet immédiat et l’abolition d’une économie est erronée et induit en erreur]

3.5         [Patience de Dieu avant son rejet effectif d’une économie. JND l’a dit ; Saladin présente le contraire comme  une conséquence directe de l’enseignement de JND, et il y rattache le rejet des institutions]

3.6         [Mauvaise foi qu’il y a à prétendre transcrire les passages de la brochure de JND alors qu’il a dit le contraire]

3.7         [JND accusé d’enseigner qu’il faut abandonner les institutions à Satan]

4       [Les changements dans les textes ont pour but de prétendre que les institutions sont des Lois immuables]

4.1         [Mise en avant des institutions comme des Lois établies de Dieu incorruptibles]

4.2         [Ce que Dieu a établi quant aux institutions ne se corrompt pas, mais les institutions deviennent corrompues entre les mains des hommes]

4.3         [Rien n’abroge ce que Dieu a dit, mais on ne peut aller contre le jugement qui a ôté la chose gâtée ni la rétablir sans l’autorité de Dieu : vrai pour l’économie judaïque comme pour l’économie chrétienne]

4.4         [L’homme ne peut anéantir les conséquences des manquements à sa responsabilité, ni rétablir ce qui nécessite l’autorité et la puissance de Dieu]

4.5         [Des institutions sont perdues ou ont été corrompues. Ceux qui veulent les rétablir ne suivent pas la règle que donne la Parole]

4.6         [Les Églises n’ont jamais eu le pouvoir de créer ni de nommer des apôtres ou des Anciens. Il n’existe pas d’obligation d’en établir]

4.7         [Les apôtres ont prévu l’action de l’ennemi après eux, mais n’ont pas donné des institutions qui marchent sans eux, comme une loi]

4.8         [Dire que Dieu ne peut pas faire quelque chose (à cause de sa sainteté), ce n’est pas Le réduire à l’impuissance]

4.9         [L’homme a toujours failli dans toutes les institutions, et celles-ci ont été mises de côté les unes après les autres]

5       [La Parole désigne les Anciens par leurs qualités et elle a autorité pour le faire]

5.1         [La Parole désigne les Anciens par leurs qualités]

5.2         [Une fois les Anciens choisis ou nommés, ou désignés par la Parole, les assemblées n’ont rien d’autre à faire]

5.3         [L’économie chrétienne subsistera jusqu’au temps assigné, mais il y a des institutions tombées en désuétude]

5.4         [Matt. 17:27 — Le corps de Christ était le vrai temple à respecter]

5.5         [L’ordre de choses actuel, ou économie chrétienne, n’est pas encore rejeté. L’économie de la nouvelle alliance est pour le millénium, l’Église pour le ciel]

5.6         [Dieu n’abroge pas ses lois à cause des péchés, mais Il peut abroger une alliance et un système de relations]

5.7         [Établir des Anciens : vu comme un « devoir d’obéissance ‘dans la mesure du possible’ », alors le ‘pouvoir’ manque]

5.8         [Même si l’économie se poursuit, il ne suffit pas d’avoir une position officielle et des formes religieuses extérieures sans la présence de Dieu]

6       [Pouvoir central ou églises indépendantes]

6.1         [Le pouvoir central des apôtres est connu, mais on veut faire des églises indépendantes]

6.2         [Matthias : le choix est attribué au Seigneur]

6.3         [Choix par des églises : les diacres s’occupaient de répartition de biens matériels]

6.4         [Choix par des églises : 2 Cor. 8 concerne un service occasionnel de transport d’argent]

6.5         [Choix d’Anciens : Actes 14, le choix est fait par les apôtres]

6.6         [Établissement d’Anciens : ce qu’on trouve chez les pères de l’Église et dans l’histoire ecclésiastique, même si cela ne fait pas autorité]

6.6.1      [Clément de Rome]

6.6.2      [Mosheim]

6.6.3      [Néander]

6.6.4      [Cyprien]

6.6.5      [Bingham]

7       [Pour finir]

7.1         [Dieu ne se sert pas de ce qui est corrompu et ne rétablit pas ce qui est ruiné]

7.2         [Les paroles prophétiques sombres ne sont pas brandies comme une menace. Autorité et obligation de la Parole en toutes choses]

 

 

1         [Critique de ce que l’auteur s’est présenté par le seul titre d’Ancien de l’Église Évangélique et que ses objections sont basses et pas au niveau de ce titre]

1.1        [La réponse malhonnête au précédent écrit est indigne du titre d’Ancien, et laisse supposer un co-auteur]

N’est-il pas vrai, Monsieur, que cette fois-ci ce n’est pas seulement l’un des anciens de l’Église évangélique à Genève (car il parait que je ne me suis pas trompé à l’égard de l’auteur du Plymouthisme, etc.), qui a travaillé à l’enfantement de ces « Quelques remarques adressées à mes frères en Christ, au sujet du dernier écrit de M. Darby ? » Voici, au moins pourquoi je le pense : je n’ai pas beaucoup connu, il est vrai, celui qui jouit de cette imposante position, et qui est paré d’un titre auquel il a l’air de tenir lui-même beaucoup ; mais on le sait, ce n’est pas un homme qui a vécu comme moi et tant d’autres dans l’obscurité, et ce dont je m’estime heureux, au milieu des pauvres de ce monde. Il a été en public, député par des églises et des sociétés, pour les représenter en d’autres pays ; en un mot, il a pris sa place dans les fastes du monde évangélique. Eh bien ! on l’a toujours trouvé, au moins je l’ai supposé, droit, loyal, de bonne foi, incapable de ces finesses, de ces voies détournées, de ces tours d’adresse qui, employés dans un écrit, attirent la pensée des hommes intelligents sur l’auteur, plutôt que sur les raisonnements dirigés contre son adversaire, qui tirent en cause celui qui les emploie, plus que celui contre lequel ils sont employés. Je ne vous fais pas tort, Monsieur, en supposant que vous avez toujours joui de la réputation que je vous fais ici. Comment donc pourrais-je attribuer à vous seul, la petite brochure qui porte, non pas votre nom, il est vrai, mais à sa place, votre qualité ecclésiastique, et qui s’éloigne d’une manière si évidente de cette loyauté et de cette simplicité de cœur, qui font la vraie gloire du chrétien, et même de l’homme du monde ! Dois-je croire que le système, duquel vous êtes l’un des chefs, est responsable d’un pareil changement dans le caractère de l’individu, changement qui serait tant à déplorer ; et que votre brochure est en effet l’expression des sentiments communs, le fruit des pensées et du travail du corps d’anciens auquel vous appartenez, ou bien dois-je plutôt dire : voyez ce que c’est que la chair, même chez un chrétien ? Ce frère honorable ne pouvait se résigner à se tenir pour battu ; il s’est associé quelqu’un qui, en lui aidant dans son travail, s’est servi de ruse et de mauvaise foi [voir plus bas allusion à Joab selon 2 Sam. 14:18-19], que l’auteur responsable n’a pas ou assez de pénétration pour discerner, ou de courage pour rejeter. Avouer qu’on a eu tort, si l’on en est convaincu, ou lors même qu’on ne le sera pas, se taire si l’on ne sait que dire, voilà ce qui ne déshonore personne. Mais cela fait de la peine à une âme droite de voir la franchise d’un honnête homme se transformer dans la finesse d’un ecclésiastique.

C’est à vous, Monsieur, à expliquer comment cela est arrivé, à moi d’en donner les preuves, quelque pénible qu’en soit la tâche.

 

1.2        [Première discussion sur la possibilité de changer de Loi et d’alliance. Saladin rapporte les propos tenus de manière déloyale]

Voici vos paroles, Monsieur : « M. Darby ne pouvant pas y répondre, la dénature entièrement (la forme de vos raisonnements) par des soustractions et des additions de mots. Voici les deux versions en regard l’une de l’autre. Le texte de mon traité porte : ‘L’Écriture-Sainte est pleine de menaces contre ceux qui pervertiront ou qui transgresseront la Loi ; mais rien ne donne lieu de penser qu’à cause des transgressions une nouvelle Loi doive être substituée à la première’. À la page 10 de son écrit (page 10, première édition ; page 9, deuxième édition), M. Darby rédige ainsi cette proposition : ‘L’auteur nous dit non-seulement qu’une nouvelle alliance ne peut avoir lieu, mais qu’une nouvelle Loi ne saurait être substituée à la première’ ». Les passages soulignés montrent les changements ». C’est cela, n’est-ce pas, Monsieur ? Voici ma réponse : J’ai cité textuellement sans rien changer, sans rien ajouter, sans rien retrancher, en toutes lettres, ce que vous avez dit sur le sujet en discussion (voyez p. 7 et 8 de ma brochure) ; c’est ce que vous savez très-bien, Monsieur. J’ai fait davantage ; j’ai signalé, en la reproduisant à part, la partie à laquelle je voulais répondre, comme faisant le fond de votre assertion. En outre, le texte de votre traité porte plus que ce que vous dites. Vous n’avez pas mis les deux versions en regard l’une de l’autre ; vous avez omis, caché, la moitié de ce que vous avez dit dans votre première brochure, la moitié de ce qui fait le sujet de mes remarques. Vous n’avez pas été de bonne foi en n’en donnant qu’une partie. En omettant la moitié de ce que vous aviez dit, vous avez donné à ma rédaction l’apparence d’avoir ajouté à vos pensées, et d’avoir dénaturé la forme de votre raisonnement, parce que la première partie de ce que je dis se rapporte à ce que vous avez omis du texte de votre traité que j’avais cité. Vous avez agi d’une manière déloyale, Monsieur, en le faisant, ou on l’a fait en votre nom. Vous avez réussi à attacher le caractère de mauvaise foi à votre qualité d’ancien, si vous l’avez épargné à votre nom. Je n’en ai aucun regret. J’attribue ce que je déplore à votre position, plutôt qu’à votre nature.

 

1.3        [Discussion pour savoir si l’éventuel changement de Loi ou d’alliance est dans l’absolu ou à cause des transgressions. La dénaturation des propos est du côté Saladin]

Vous soulignez, « à cause des transgressions », comme si, parce qu’elle ne se trouve pas dans la première partie de ma réponse, j’avais omis une clause importante qui modifie ce que vous avez dit. Vous savez très-bien qu’après avoir parlé du changement de l’alliance, j’ai aussi consacré plusieurs pages à la considération de ce point. Vous ne pouvez rien nier, Monsieur, de ce dont je vous accuse. Je vous plains, Monsieur, d’avoir entamé ce sujet et d’avoir des amis qui vous ont fait agir ainsi, et ont attaché à un nom que je crois avoir été irréprochable, une pareille manière de faire. Ayant rappelé exactement vos paroles, j’étais dans mon droit en expliquant leur portée dans les miennes, et c’est ce que j’ai fait. Je n’ai rien à y changer ; c’est vous, Monsieur, qui avez dénaturé mes raisonnements en cachant la moitié de ce que vous aviez dit sur le sujet que je traite dans ma brochure.

Voici les détails : avant de vous commenter, j’ai signalé la partie de ce que j’ai cité à laquelle je voulais répondre, en disant : « Je m’attacherai au fond de l’assertion de l’auteur ». — Rien de plus net, rien de plus loyal. Voici cette partie : « Pas un mot du retrait des statuts ou de l’alliance ». « Rien ne donne lieu de supposer qu’à cause des transgressions une nouvelle Loi doive être substituée à la première ». Voilà les phrases de votre brochure que je commente bien nettement signalées. Comment avez-vous agi, ou qu’est-ce qu’on vous a fait faire ? Vous dites : « Voici les deux versions en regard l’une de l’autre. Le texte de mon traité porte : « L’Écriture-Sainte est pleine de menaces contre ceux qui pervertiront ou qui transgresseront la Loi ; mais rien ne donne lieu de penser qu’à cause des transgressions une nouvelle Loi doive être substituée à la première ». Puis vous vous plaignez de ce que j’ai dit : « Non-seulement une nouvelle alliance ne peut avoir lieu », etc. Il ne se trouve rien, en effet, dans votre version à quoi ces paroles de la brochure s’appliquent. Mais pourquoi ? Est-ce qu’il y a des additions de mots de ma part par lesquels je dénature vos doctrines ? (Il ne s’agit pas de vous, car je donne mon explication de vos pensées. Je la rédige ; je n’ai rien ajouté). Non, Monsieur, c’est qu’en prétendant mettre les deux versions en regard l’une de l’autre, vous avez laissé de côté, vous, la moitié de ce que je commente. Voici les paroles de votre brochure : « Pas un mot du retrait des statuts ou des alliances ». Est-ce de la bonne foi, Monsieur ? Ensuite vous dites : « à la page 10 de son écrit, M. Darby rédige ainsi cette proposition ». C’est moi, Monsieur, qui souligne maintenant. Eh bien ! vous avez trompé votre lecteur. Ce n’est pas cette proposition que je rédige. Le texte de votre traité porte ce que vous n’avez pas cité ici, et la partie que j’ai spécialement commentée dans les paroles maintenant en question, ne se trouve pas dans ce que vous en avez cité. Vous n’avez pas mis les deux versions telles qu’elles sont, loyalement en regard l’une de l’autre. Vous avez omis un passage que j’ai indiqué particulièrement comme l’objet de mon commentaire. Pourquoi avez-vous omis « pas un mot du retrait des statuts et des alliances », et puis souligné les mots « non-seulement », et « alliance ne peut avoir lieu », comme s’il n’y avait rien à quoi ces mots se rapportent ? Ce n’est pas-là, Monsieur, la proposition que vous avez désignée comme étant « cette proposition » que j’ai rédigée, ainsi que vous le dites. J’ai signalé le retrait de l’alliance que je voulais traiter comme étant du fond de l’assertion de l’auteur, et la partie que vous désignez en la soulignant comme si elle dénaturait ce que vous dites, se rapporte clairement, avec justesse, à ce que vous avez omis, et que j’avais, moi, cité et signalé. Je le répète, vous n’avez pas mis les deux versions en regard l’une de l’autre. La proposition que vous avez rapportée comme étant celle que j’ai rédigée, n’en est que la moitié ; et la principale chose que vous signalez dans ma rédaction comme inexacte, se rapporte à la partie que vous avez omise. Et si cette partie que vous avez cachée se trouvait là, chacun verrait que ce que j’avais dit est parfaitement juste. Est-ce que l’expression « cette proposition » est la vérité ? Je vous laisse la tâche d’approprier à qui de droit l’accusation que ma question implique.

 

2         [Pas de changement de loi ?]

2.1        [Selon Saladin Matt. 5:18 déclare l’absence de changement de toutes les économies, alors que le texte biblique parle d’absence de changement de la Loi]

Quant à la seconde expression que vous soulignez, je ne vois rien ni de changé ni à changer. Vous avez dit : « Rien ne donne lieu de penser qu’une nouvelle Loi doive être substituée à la première ». J’ai donné comme le fond de l’assertion de votre traité qu’une nouvelle Loi ne saurait être substituée à la première » ; vous avez cité le passage Matth. 5:18, passage qui déclare que jusqu’à ce que le Ciel-et la terre passent, un seul iota, un seul trait de lettre (de la Loi) ne passera point jusqu’à ce que toutes ces choses aient été faites, et vous l’appliquez de la manière la plus formelle à « l’universalité des économies, des institutions et des ordonnances de l’Éternel, autant qu’elles sont contenues dans la parole ». C’est du non-sens ; mais cela n’est pas ma faute ; vous avez tronqué le passage cité dans le point capital, ainsi que chacun peut s’en assurer en comparant votre citation avec le passage dans la Bible, où il est dit : « Trait de lettre — de la « LOI » — ne passera point. Mais, si un seul iota, un seul trait de lettre de l’universalité des économies ne passera point, etc., j’ai parfaitement raison quand je dis : une nouvelle Loi ne saurait être substituée à la première. Quelle est la différence, quant au fond de l’assertion de l’auteur, si la Parole de Dieu est reconnue comme une autorité absolue, entre : « Rien ne donne lieu de supposer qu’une nouvelle Loi doive être substituée à la première », et « une nouvelle Loi ne saurait être substituée à la première », en se souvenant que l’auteur pense appuyer son assertion par cette déclaration du Seigneur en Matth. : « pas un iota, pas un trait de lettre ne passera ? » Expliquez-nous, Monsieur, quel est le changement.

Je n’ai pas eu l’avantage de l’enseignement des Anciens de l’Église évangélique à Genève, et la distinction est trop fine pour moi. Vous avez dit que rien, dans la parole de Dieu, ne donne lieu de supposer qu’une nouvelle Loi doive être substituée à la première, que le Ciel passera avant que la moindre chose en passe, et je vous fais dire qu’une nouvelle Loi ne saurait être substituée à la première. C’est la rédaction que j’ai faite de votre pensée. Ayez la bonté de m’éclairer, Monsieur ; car encore jusqu’à présent je ne comprends pas en quoi je l’ai changée.

Mais je comprends très-bien le changement que vous avez fait, quand vous dites que c’était une certaine proposition que je rédigeais, quand il y en avait encore une autre, et quand vous dites que le texte de votre traité porte quelque chose, comme si c’était tout, quand il portait d’autres choses aussi, et précisément celles qui étaient en question et que vous avez cachées en les omettant. La distinction que vous signalez comme un changement qui dénature votre pensée est trop fine pour la perception de ceux qui ne sont pas Anciens. Mais ne disputons plus sur les mots, Monsieur, je vous cède tout ce que vous demandez à l’égard de l’emploi de vos propres expressions. Je mets les miennes entièrement de côté. Je ne regarderai plus comme suffisant de vous citer textuellement, et ensuite de rédiger vos pensées avec mes propres paroles ; nous prendrons les vôtres comme la seule juste expression de votre doctrine.

 

2.2        [De nombreux passages annoncent un changement de loi en conséquence des péchés]

Voici ce que vous dites :

« Rien ne donne lieu de penser qu’à cause des transgressions une nouvelle Loi doive être substituée à la première ». C’est bien-cela, n’est-ce pas, et jusqu’au soulignement ? Qu’en pensez-vous ? Est-ce la saine doctrine, ou bien avez-vous dit des sottises ? Est-ce que la Parole ne donne pas lieu de penser qu’une nouvelle Loi doive être substituée à la première ? Qu’en dites-vous ? Pardonnez-moi si je prends un peu la forme socratique dans mes raisonnements et que je vous questionne un peu. Vous avez tout le corps des Anciens, le presbytère pour vous aider dans votre réponse. L’un des Anciens ne se refusera pas, assurément, à rendre compte de sa doctrine. Vous comprendrez, Monsieur, que quand on lit dans la Parole : « Il se fait une abolition du commandement qui a précédé » et « la sacrificature étant changée, il est nécessaire qu’il y ait aussi un changement de Loi ». — « Il ôte donc le premier pour établir le second », et qu’on ne jouit pas de l’enseignement des anciens de l’Église évangélique à Genève, nous autres chrétiens simples (ιδιωται comme on les appelait autrefois), nous avons de la peine à comprendre comment il n’y a rien qui donne lieu de penser qu’une nouvelle Loi ne doive pas être substituée à la première. Mais vous me direz : vous dénaturez ma pensée, vous avez omis « à cause des transgressions ». Mais non, Monsieur, cette phrase, dans mon idiotisme, m’enferme davantage dans des difficultés. Nous autres qui n’avons que la Bible sans l’instruction de vos Anciens, nous avons lu : « Voici, les jours viendront, dit le Seigneur, que je traiterai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda, une nouvelle alliance, non selon l’alliance que je traitai avec leurs pères, le jour que je les pris par la main pour les tirer du pays d’Égypte, car ils n’ont point persévéré dans mon alliance, c’est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur » Héb. 8:8- 10. Et ensuite Rom. 11:22, etc. nous ne comprenons pas comment ce n’est pas à cause des transgressions qu’une nouvelle Loi doive être substituée à la première, et comment il n’y a pas un mot du retrait des statuts et des alliances, au moins de l’alliance, car il faut bien les distinguer. Nous avons trouvé que c’était sur ceux qui étaient tombés, que Dieu exerçait sa sévérité. Or cette sévérité était le retranchement des infidèles, l’alliance de Sinaï étant abolie ainsi que nous venons de le voir. N’est-ce pas clair, Monsieur ? La Loi a été changée, une nouvelle a été substituée à cause des transgressions ; l’alliance a été retirée parce que Israël n’a pas persévéré en elle. Nous avons pensé que, « car ils n’ont pas persévéré », indique bien une transgression, et que c’était pour cela que Dieu a substitué une alliance à une autre, et que c’est la raison pour laquelle Dieu les a méprisés. J’ose vous rappeler qu’il s’agit de l’alliance de Sinaï, où la Loi a été donnée, et la bénédiction sous condition d’obéissance, et qu’il s’agit d’une « plus excellente alliance ».

Je vous engage à lire les Chap. 7 et 8 de l’Épître aux Hébreux avant d’entamer ce sujet de nouveau, parce qu’il s’agit de nous expliquer ces passages ; ils ont de l’autorité pour nous. Mais il faut que je vienne encore aux détails. Vous avez souligné ces mots : « à cause des transgressions », comme si j’avais omis ce sujet dans ma réponse, parce que cela ne se trouve pas dans la phrase que vous citez de mon traité. Est-ce que j’ai réellement omis cette question dans mon traité ? Est-ce que j’ai réellement négligé cette pensée que vous avez émise ? Vous savez bien que non.

 

2.3        [Le changement à cause des transgressions a bien été traité dans l’écrit précédent de JND]

J’ai consacré les pages 12-15 à la discussion de ce point. Là, je prétends, après avoir traité la question du fait du retrait de l’alliance, démontrer, d’une manière claire, que Dieu a menacé les Juifs de les mettre de côté, en tant que subsistant sous l’économie de la Loi, et qu’il les a mis de côté en conséquence de leurs péchés, et je termine ainsi le paragraphe. « La première alliance, celle de Sinaï, a été supprimée, abolie, dit l’Épître aux Hébreux, pour faire place à une autre ». J’ai traité formellement ces deux questions. Est-ce que l’alliance a été retirée ? A-t-elle été retirée à cause des transgressions ? Je n’ai rien retranché, Monsieur ; vous avez trompé vos lecteurs, vous n’auriez pu tromper les miens. J’ai démontré clairement qu’une nouvelle alliance a été substituée à celle de la Loi, et cela à cause des transgressions, en citant pour ce dernier point Deut. 4:23, 31 ; 8:19, 20 ; 18:63, jusqu’à la fin ; 29:28 ; 30:17, 18 ; Exode 19 pour la condition d’obéissance ; 1 Chr. 28:7 ; 2 Chr. 7:17, à la fin ; 2 Rois 23:26,27, ajoutant des allusions à Osée 1 et à la parabole des vignerons, pour faire voir que la vigne a été ôtée à ce peuple à cause de leur conduite. Ensuite, j’ai discuté si la punition des vignerons ne s’identifiait pas avec la suppression de l’économie et le changement de la Loi. J’ai aussi cité Gal. 3:19 ; Rom. 11:22 ; c’est-à-dire, que j’ai pleinement discuté tout ce que vous avez dit, et en proposant même, comme sujet particulier, ce que vous prétendez que j’ai retranché, de manière à dénaturer ce que vous avez dit. Mais encore, Monsieur, la manière dont vous rédigez votre pensée maintenant n’est pas loyale, ce que vous en dites n’est pas vrai.

 

3         [Changements d’économies niés et affirmés]

3.1        [Les changements d’alliance (et de Loi) et d’économie vont ensemble]

Vous prétendez avoir voulu montrer que Dieu ne change pas ses Lois à cause des péchés pendant le cours d’une économie. Mais, Monsieur, ce n’est pas ce que vous avez cherché à montrer dans votre première brochure. Vous avez parlé du retrait des statuts ou des alliances qui auraient été satanisées. Or parler du retrait d’une alliance, pendant le cours d’une économie, aurait été un pur non-sens. Votre pensée est très-claire, très-évidente. L’alliance étant retirée, l’économie se termine nécessairement. Si vos amis vous ont rendu honteux de votre méprise, vous auriez mieux fait de l’avouer. L’alliance de Sinaï et l’économie qui s’y rattache, existent et tombent ensemble. Ce n’est que se donner le change sur les mots que de les distinguer.

En employant Math. 5:18, vous déclarez que la vérité qui y est contenue comprend, non-seulement une économie, mais l’universalité des économies. Vous déclarez qu’il y a un exposé des jugements réservés à ceux qui auront rejeté les statuts et les alliances, en contraste avec le retrait de l’alliance elle-même, retrait dont vous dites qu’il n’y a pas un mot, dans Matt., en ajoutant : « Il s’est souvenu à toujours de « son alliance » [Ps. 111:5]. Il n’est pas vrai que le sens de votre proposition soit que Dieu ne change pas ses Lois à cause des péchés pendant le cours d’une économie. L’économie cesse quand l’alliance est retirée. Dites-moi, Monsieur, si la main de Joab [2 Sam. 14:18-19 ; co-auteur déjà évoqué] n’a pas été avec vous en tout ceci. Cependant vous y avez mis du vôtre, personne ne peut s’y méprendre, mais le mélange d’inconséquences et de subtilités fait un effet, curieux.

 

3.2        [Inconséquences de la seconde brochure attribuée à un co-auteur]

Je ferai remarquer l’inconséquence des raisonnements et les allégations sans fondement, ensuite, les subtilités, puis, enfin, la doctrine de la Parole. Mais, avant de le faire, permettez-moi de vous présenter une remarque, qu’il est possible que vous ne compreniez pas, quoique vous soyez Ancien. Ce qui est profond pour l’esprit de l’homme, cache souvent quelque chose de très-simple aux yeux de Dieu. Vous vous plaignez comme d’un mauvais procédé, que je vous aie accusé de mettre en avant des doctrines qui sont antinomiennes dans leur tendance ; eh bien ! Monsieur, je la répète cette accusation, et j’ajoute que vous avez beaucoup aggravé, dans votre brochure actuelle, ce que vous aviez déjà mis en avant. Je ne vous accuse pas le moins du monde de pécher à dessein, de dire : « Pécherons-nous, afin que la grâce abonde ? » Je ne le dis pas, parce que je ne le crois pas. Je suis convaincu que vous ne comprenez pas la portée de ce que vous dites. Si vous voulez connaître toute ma pensée, je ne pense pas même que vous soyez l’auteur de cette partie de votre dernière brochure. Je peux me tromper à cet égard, cela va sans dire ; mais dans ce travail bigarré et mal uni que votre écrit présente, cette partie ne me fait pas l’effet d’être de vous. Votre première brochure, je n’en doute pas, a été de vous tout entière, et il me semble que vous auriez pu vous vouer à un travail qui vous aurait fait plus d’honneur que celui-là. Mais je suis loin de vous accuser d’être le seul auteur de la seconde, et je ne fais pas peser sur vous le poids de tout ce qu’elle renferme de mauvais et de déshonorant. Si j’ai vu des brochures plus sensées que la première, j’en ai certainement vu de plus honorables, de plus simples et de plus loyales que la seconde. Voyons maintenant les inconséquences et les allégations sans fondement.

 

3.3        [Affirmation attribuée à Darby d’un rejet immédiat des institutions et de l’économie pour y substituer autre chose]

Vous dites qu’il est nécessaire de transcrire ici les passages du Plymouthisme, etc., dans lesquels le système de M. Darby est formulé pour autant qu’on peut le comprendre. N’auriez-vous pas mieux fait de transcrire ce que M. Darby a dit ? Peut-être quelque lecteur peut supposer que le Plymouthisme est de M. Darby, mais je le prie de bien comprendre que mon adversaire prétend citer son propre traité pour formuler mes principes. « Il (M. Darby), enseigne, dit l’un des Anciens, « ce qu’il appelle l’apostasie des économies » c’est-à-dire que lorsque les hommes ont fait défaut aux institutions de Dieu, en transgressant ou en dénaturant les Lois qu’il leur donne pour leur sûreté, l’économie se trouve, par le fait des péchés des hommes, corrompue et ruinée. M. Darby affirme que Dieu la rejette pour y en substituer une autre ou autre chose, et que dès lors il y a péché à vouloir rétablir dans son état primitif ce que Dieu a définitivement aboli. Il suit de ce principe, que l’Église ayant apostasié, suivant M. Darby, l’économie chrétienne ou nouvelle alliance, se trouve rejetée de Dieu avec ses institutions et tout ce qui concerne la formation des Églises ».

 

3.4        [La citation de Darby sur le rejet immédiat et l’abolition d’une économie est erronée et induit en erreur]

Il y a deux choses ici : un enseignement de M. Darby et une conséquence tirée par M. l’Ancien. Et d’abord voyons l’enseignement. Où est-ce que M. Darby a enseigné cela ? N’auriez-vous pas bien fait de citer quelques passages qui le montrent ? Vous n’en avez point, sans doute. Que pouviez-vous faire ? Votre phrase, cependant, est habilement construite. Votre Joab [voir co-auteur ci-dessus, 2 Sam. 14:18-19] a été ici, il me semble. La phrase fait croire au lecteur que j’enseigne l’opposé de ce que j’ai enseigné de fait, quant à la question que nous traitons, mais vous ne le dites pas. « Lorsque les hommes ont fait défaut, etc… l’économie se trouve, par le fait des péchés des hommes, corrompue et ruinée. M. Darby affirme que Dieu la rejette pour y en substituer « une autre ». « La rejette ! » Quand, Monsieur ? Vous laissez supposer que j’enseigne que, lorsque les hommes ont fait défaut, l’économie est ruinée, et que lorsqu’elle est ruinée, Dieu la rejette et que, « dès lors », il y a péché à vouloir rétablir ce que Dieu a définitivement aboli. Que veut dire « dès lors ?» Vous ne nierez pas que si Dieu a définitivement aboli une chose, dès lors il y a péché à vouloir la rétablir. Dans ce cas, il n’y a aucun sens dans votre phrase, elle n’a aucune portée si tout ne se lie pas à : lorsque l’homme a fait défaut, me faisant dire, par conséquent, que dans ce cas-là, aussitôt que l’homme a fait défaut, Dieu substitue une autre économie. Vous ne l’avez pas dit, c’est parfaitement vrai. Mais, dans ce cas, qu’avez-vous voulu dire ? Dieu a certainement substitué l’économie chrétienne à l’économie judaïque. Le nier ne serait que pure folie. « Il a ôté le premier pour établir le second ». Vous ne pouvez pas nier que les hommes ont fait défaut. Le nier, serait justifier la transgression de la Loi et le crucifiement de Jésus par les Juifs. Vous n’oseriez pas le faire. Mais, encore, si vous niez que la vigne a été ôtée à ces vignerons, parce qu’ils ont fait défaut, que l’alliance a été changée, parce qu’ils n’ont pas persévéré en elle, vous contredites l’enseignement positif, exprès de la Parole de Dieu ; vous l’avez fait dans votre première brochure, je ne vous l’attribuerai plus, puisque vous dites que vous avez voulu dire que Dieu ne change pas ses Lois durant le cours de l’économie.

Ainsi, de ce que vous m’attribuez, je puis dire avec raison, qu’une économie est substituée à une autre qui est définitivement abolie ; qu’elle est abolie parce que les hommes ont fait défaut, ont transgressé l’alliance, et n’y ont pas persévéré : ensuite il y a eu défaut, soit chez les Juifs, soit chez les chrétiens. Ici, nous sommes d’accord, et vous n’avez pas formulé le système de M. Darby pour montrer votre accord avec lui !

 

3.5        [Patience de Dieu avant son rejet effectif d’une économie. JND l’a dit ; Saladin présente le contraire comme  une conséquence directe de l’enseignement de JND, et il y rattache le rejet des institutions]

Mais il y a une autre chose en effet, dans la formule que vous donnez à son système ; elle se trouve dans le mot « lorsque ». C’est lorsque l’homme a fait défaut, que ces choses arrivent. C’est cette pensée-là, que vous blâmez. N’est-ce pas cela, Monsieur ! sinon, ce que vous dites n’est qu’une pure mystification. Or, il y a cette difficulté, c’est que j’ai dit dans la brochure à laquelle vous répondez précisément le contraire.

Dans votre première brochure, vous aviez dit ouvertement de ma doctrine, ce que vous énoncez en celle-ci d’une manière couverte ; vous m’aviez fait dire dans la première, qu’aussitôt que les hommes avaient fait défaut, Dieu supprimait l’économie déchue. Je vous ai répondu que Dieu est bien loin de le faire, qu’il use de long support, qu’il emploie toutes sortes de moyens, pour rappeler l’homme à son devoir, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de remède. Maintenant, vous répétez cette accusation en des termes qui n’ont aucune valeur quelconque, s’ils n’ont pas ce même sens, — mais vous ne le dites pas. Vous la présentez comme une conséquence nécessaire de mon système, et vous dites : « Il suit de ce principe, que l’Église, suivant M. Darby, ayant apostasié, l’économie chrétienne ou nouvelle alliance, se trouve rejetée de Dieu avec ses institutions ». Vous attachez cette doctrine à mon système, comme une conséquence nécessaire. Or, qu’elle se trouve rejetée de Dieu, n’est pas une conséquence nécessaire des principes posés, à moins que l’économie ne soit rejetée aussitôt que le défaut de l’homme arrive. Vous avez admis que je reconnais « que l’économie du Nouveau-Testament accomplira, sans aucun doute, la période qui lui est assignée ». Dans ce cas, j’enseigne clairement qu’elle ne se trouve pas encore rejetée.

De plus, la conséquence que vous tirez de ce que vous appelez mes principes, n’en est pas une, à moins que l’économie ne soit rejetée aussitôt que la corruption et la ruine arrivent, car l’économie ne se trouve pas rejetée comme fait accompli, parce que la corruption est arrivée, si elle n’est pas rejetée lorsque la corruption est arrivée. Or, j’avais formellement nié cette doctrine. J’ai dit qu’au contraire Dieu usait de long support, jusqu’à ce qu’il n’y eut plus de remède.

Je me résume. J’ai dit que le système que Dieu avait établi, a été corrompu, mais que Dieu use de long support et emploie tous les moyens pour rappeler les hommes à leur devoir, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de remède, avant de supprimer le système corrompu, mais, qu’enfin, quand il n’y a plus de remède, il le supprime et en établit un autre. Vous, vous dites qu’il suit de ce principe que, puisque cette corruption est arrivée, le système se trouve, rejeté avec toutes ses institutions. Chacun jugera si la conséquence que vous tirez de mes principes est juste. Ce que je dis et mes principes sont en contradiction formelle avec ce que vous me faites dire.

 

3.6        [Mauvaise foi qu’il y a à prétendre transcrire les passages de la brochure de JND alors qu’il a dit le contraire]

Mais j’ai tort de raisonner, Monsieur ! J’avais commencé, j’avais fait la moitié du raisonnement qui précède, voyant clairement la subtilité qu’il y avait dans cet effort qu’il fait pour représenter mes paroles à faux. J’avais bien vu que vous parliez de « transcrire ici les passages du Plymouthisme », et je me suis dit : Voici, c’est bien l’Ancien ! Il saute à ses propres pensées. Ensuite, comme je vous l’ai dit, j’ai vu la subtilité de la transformation que l’accusation avait subie. Mais, Monsieur, je viens de regarder ce que vous prétendez transcrire. Mon lecteur me pardonnera, si j’ai eu confiance en votre intégrité et, qu’ainsi, je l’aie fatigué en cherchant à dévoiler les subtilités de votre raisonnement. Mais, que dirai-je, Monsieur ? Cette confiance a cessé. Vous vous plaignez de ce que j’ai dit que votre doctrine a une tendance antinomienne. Je vais plus loin, Monsieur, je vous accuse d’insigne mauvaise foi !

Vous dites :

« Il est nécessaire de transcrire ici les passages du Plymouthisme, etc., dans lesquels le système de M. Darby est formulé pour autant qu’on peut le comprendre. Il enseigne ce qu’il appelle l’apostasie des économies, c’est-à-dire que lorsque les hommes ont fait défaut aux institutions de Dieu, en transgressant ou en dénaturant les lois qu’il leur donne pour leur sûreté, l’économie se trouve, par le fait des péchés des hommes, corrompue et ruinée. M. Darby affirme que Dieu la rejette pour y en substituer une autre ou autre chose, et que dès lors il y a péché à vouloir rétablir, dans son état primitif, ce que Dieu a définitivement aboli ». Ensuite, vous tirez la conséquence dont j’ai déjà parlé.

Voici le passage tiré de la page 6 du Plymouthisme : « Dans l’origine, si nous avons bonne mémoire, il enseigna l’apostasie des économies, à savoir, autant qu’on peut comprendre exactement le sens de cette proposition, que les hommes ayant fait défaut aux intentions de Dieu en transgressant ou, mieux encore, en dénaturant les Lois et ordonnances qu’il leur avait données pour leur sûreté, dès lors, Dieu supprimait l’économie déchue pour en substituer une autre ou autre chose, et il y avait, par conséquent, péché à vouloir rétablir ce que Dieu a supprimé ». Est-ce là ce que vous appelez transcrire, Monsieur ? Vous avez indignement trompé votre lecteur ! Je m’y suis laissé tromper moi-même. L’impossibilité de supposer un pareil acte m’a amené à raisonner comme j’ai fait. Vous avez changé toute la portée de la phrase. L’économie se trouve corrompue et ruinée, dit l’une des versions. Dès lors, Dieu supprime l’économie déchue, dit l’autre. Vous saviez parfaitement ce que vous faisiez, parce que vous avez introduit le rejet de l’économie, comme fait accompli, comme conséquence nécessaire de mon principe, et vous avez mis : « Dieu la rejette », en termes généraux, et « Dieu a définitivement aboli », pour frayer le chemin à la conséquence que vous voulez tirer sans le dire.

 

3.7        [JND accusé d’enseigner qu’il faut abandonner les institutions à Satan]

Mais j’admets encore trop, en fait de loyauté. La phrase qui commence, « Il suit de ce principe », est une de celles que vous avez transcrites, Monsieur, du traité, dit le Plymouthisme. La voici telle qu’elle est dans votre première brochure : « L’Église ayant apostasié, ou, selon la nouvelle forme de la proposition, l’Église ayant laissé Satan s’emparer des institutions que Dieu lui avait données, les chrétiens doivent, désormais, les lui abandonner » (Plymouthisme, page 7). Je le répète, Monsieur, est-ce que vous appelez cela transcrire des passages ?

Je suis un pauvre pécheur, je n’ai aucune autre espérance que la grâce de mon Dieu, mais, dans mes controverses, je veux avoir à faire avec d’honnêtes gens, et je suis fâché de le dire, vous me pardonnerez si je cesse d’en avoir davantage avec vous. Je dois répéter ce que j’ai dit avant de m’apercevoir de ceci (*), c’est que je ne vous attribue pas tout ce que je trouve dans votre brochure, mais ce n’est pas à moi à démêler ce qui vous appartient d’avec ce qui vient de celui ou de ceux que vous vous êtes associé. Je vous laisse la tâche de le faire et l’intimité qu’elle exige. Je continuerai mes observations sur le sujet, en mettant mes lecteurs en garde contre les subtilités qui se trouvent dans votre brochure. Mais, Monsieur, vous êtes, désormais, à l’abri de toute attaque et de toute remarque de ma part. Je vous laisse à vos propres réflexions et à la réputation que vous aurez acquise à la fonction d’Ancien.

 

(*) Il faut faire ici l’observation que les passages que je reproduis dans le texte comme ayant été changés, ne sont pas entre guillemets. L’auteur dit : « il est nécessaire de transcrire ici les passages du Plymouthisme etc. dans lesquels le système de M. Darby est formulé ». Il donne immédiatement, en effet, les passages du Plymouthisme dans lesquels il avait présenté, à sa façon, le système de M. Darby, en y introduisant des changements de toute importance pour faciliter ses raisonnements. Mais il évite l’emploi des guillemets. Pourquoi ? Il avait la conscience de ces changements importants ; il ne veut pas présenter ces passages à l’œil du lecteur comme étant des citations. Il ne veut pas, par l’emploi des guillemets, attirer son attention sur eux comme ayant ce caractère. Mais ce sont en effet les passages dans lesquels il avait prétendu formuler le système de M. Darby, et il dit formellement : « Il est nécessaire de transcrire ici ». Je laisse à mon lecteur la tâche d’apprécier tout ceci. J’ai dû faire remarquer cette absence des guillemets, parce qu’on aurait pu dire : il ne prétend pas que ce soit une citation. Mais, dans ce cas, que veut dire : « transcrire ici ». Je suis assuré que mon lecteur sympathisera avec moi dans le sentiment pénible que j’éprouve en étant forcé d’avoir affaire avec des procédés pareils.

 

4         [Les changements dans les textes ont pour but de prétendre que les institutions sont des Lois immuables]

4.1        [Mise en avant des institutions comme des Lois établies de Dieu incorruptibles]

Je prie ici le lecteur de remarquer que le but des raisonnements de la seconde brochure, c’est de mettre les institutions en avant, comme des Lois établies de Dieu d’une manière abstraite, et d’en déduire la conséquence que, puisqu’une Loi une fois donnée est toujours la même, les institutions et les Lois ne se corrompent pas. Les hommes peuvent y manquer, mais l’institution subsiste. Voilà pourquoi : « fait défaut aux intentions de Dieu ». Ce qui ne pouvait être nié à l’égard des hommes a été transformé en : « fait défaut aux institutions de Dieu », voilà pourquoi au lieu de : « en dénaturant les Lois et les ordonnances qu’il leur avait données », on trouve « en dénaturant les Lois qu’il leur donne ». Car personne ne peut nier que les hommes ont dénaturé les ordonnances. C’est pourquoi quand j’ai dit : « les ordonnances n’étaient pas abolies », on me fait dire : « les ordonnances de la Loi existaient après la captivité d’Israël », ce qui devient un peu plus bas : « il ne changea pas ses Lois, ne les considérant point comme corrompues et ruinées », et ensuite, « si donc les ordonnances de la Loi ont été maintenues après la captivité, etc. »

 

4.2        [Ce que Dieu a établi quant aux institutions ne se corrompt pas, mais les institutions deviennent corrompues entre les mains des hommes]

Or, il est clair que des Lois ne peuvent se corrompre, et si l’on considère les institutions d’une manière abstraite, c’est-à-dire, la Loi qui les institue, elles sont ce qu’elles sont selon la Loi, et cela revient au même, c’est une Loi. Mais, le mot institutions et le mot économie encore davantage, ont un autre sens. Il s’agit d’une chose établie confiée à l’homme. La royauté entre les mains de David était une institution de Dieu ; l’intention, la pensée, la règle de Dieu n’a pas changé. L’institution, en parlant d’une manière abstraite, n’est pas abolie, car Christ sera roi des Juifs. Mais cette institution, cette ordonnance, n’a-t-elle pas été corrompue de fait entre les mains des hommes ? La royauté n’a-t-elle pas été corrompue entre les mains de Manassé, ruinée entre les mains de Sédécias ? L’institution de la Cène, si l’on prend les Évangiles comme règle immuable, dans son caractère, est toujours la même, n’a-t-elle pas été corrompue quand on en a fait la messe ? Le fait est que, institution a un double sens, la règle qui institue et la chose qui est instituée. Or, la règle ne change pas ; sous ce rapport, le mot est équivalent à une Loi, mais si l’on prend la chose instituée comme elle existe entre les mains des hommes, elle peut être profondément corrompue : une Loi ne peut l’être parce que la Loi est ce qu’elle est. On peut lui désobéir. Elle ne se corrompt pas ; mais une chose instituée peut s’éloigner de la règle d’après laquelle elle a été établie. Elle peut être corrompue et ne pas être abolie ; elle peut avoir cessé d’exister et ne pas avoir été abolie de Dieu. Elle peut enfin être abolie par l’autorité qui l’a créée. De plus, une économie peut être terminée par l’autorité de Dieu et une autre introduite à sa place. Son état peut être un état de corruption et la patience de Dieu peut supporter cet état aussi longtemps qu’Il peut agir sur les consciences malgré la corruption. Quand il met fin à une économie, à cause de la corruption qui existe, ses desseins arrêtés s’accomplissent tout de même, bien que ce soit à cause de la corruption que cela se fait.

 

4.3        [Rien n’abroge ce que Dieu a dit, mais on ne peut aller contre le jugement qui a ôté la chose gâtée ni la rétablir sans l’autorité de Dieu : vrai pour l’économie judaïque comme pour l’économie chrétienne]

Tout ceci est arrivé à l’égard de l’économie judaïque, l’économie chrétienne est menacée du même sort. Or, c’est un sophisme et un sophisme ayant la tendance la plus antinomienne possible que de dire que, parce que la Loi qui fonde l’institution ou l’économie ne peut être autre chose que ce qu’elle est, la chose fondée ne peut se corrompre. Rien ne peut abroger l’autorité de ce qui a été dit de la part de Dieu ; mais si l’homme y a entièrement manqué, et qu’ainsi une chose qui a exigé la puissance de Dieu pour l’établir vienne à manquer entre les mains des hommes, la royauté parmi les Juifs, par exemple, la prétention de la rétablir est une fausse prétention qui déroge en même temps au jugement qui a ôté la chose gâtée et à l’autorité de Dieu qui seul peut l’établir. Or, j’ai dit, de la manière la plus précise, que l’économie n’est pas encore terminée et qu’elle continuera jusqu’à la fin de la période ordonnée de Dieu, jusqu’à ce que Christ quitte le trône de son Père.

 

4.4        [L’homme ne peut anéantir les conséquences des manquements à sa responsabilité, ni rétablir ce qui nécessite l’autorité et la puissance de Dieu]

La question n’est donc pas là ; et si l’économie était terminée, soyez certain que ces discussions n’auraient pas lieu. La seule question est celle-ci : si, à cause de l’iniquité de l’homme, Dieu, de fait, a mis de côté des institutions que sa seule autorité avait établies et pouvait établir, l’homme, sans Son autorité et Sa puissance, peut-il les établir de nouveau, lorsqu’il s’agit de choses qui dépendent, soit de Son autorité, soit de Sa puissance ? Est-ce qu’il convient à l’Église de méconnaître le jugement de Dieu, et, de rebâtir sans son autorisation, ce qui a été détruit, lors même que l’économie subsiste encore ?

Ainsi, la royauté, l’Urim et le Thummim, et la présence visible de la gloire, enfin la prophétie manquaient aux Juifs après le retour de la captivité. Est-ce que les Juifs ont prétendu pouvoir les rétablir ? Nous savons bien que non. Cependant l’économie n’était pas définitivement abolie.

Et maintenant on comprendra à quoi j’applique le mot d’antinomianisme ; c’est lorsqu’à cause de l’autorité d’une Loi ou d’une institution envisagée comme règle établie de Dieu, on veut anéantir les conséquences de la responsabilité de l’homme qui a manqué à l’obéissance due à la Loi ou corrompu une institution qui lui a été confiée. La royauté au milieu des Juifs, la cène au milieu des chrétiens, sont des institutions de Dieu, mais ce sont des choses confiées à l’homme, l’une et l’autre ont été corrompues ; l’une a été abolie au milieu des Juifs, l’autre ne l’a pas été au milieu des chrétiens. Celui qui aurait prétendu établir la royauté au milieu des Juifs aurait lutté contre Dieu ; celui qui purifie la cène des corruptions introduites par l’homme, s’en sert avec bénédiction.

 

4.5        [Des institutions sont perdues ou ont été corrompues. Ceux qui veulent les rétablir ne suivent pas la règle que donne la Parole]

Or je dis que l’Église a manqué à la fidélité. La corruption est entrée ; bien des choses ont été perdues ; l’Église en est responsable. Il est des choses dont elle peut encore jouir, et il y en a d’autres qu’elle ne saurait rétablir. Il est admis que les langues, les miracles, la prophétie inspirée, les Apôtres, les guérisons, et peut-être d’autres choses manquent à l’Église. L’institution des Anciens avait été corrompue entre les mains des hommes ; elle avait été, pour l’envisager au point de vue de mes adversaires, transformée dans le siège de la plus affreuse corruption qui ait jamais existé, de la plus affreuse tyrannie dont le monde ait subi le joug. En mêlant le ministère avec elle, elle est devenue le clergé, la hiérarchie. — Or, non pas pour établir la règle de l’institution sur papier, mais pour établir des personnes dans la jouissance de l’autorité qui doit résider dans l’institution, il faut quelque source de cette autorité, quelques personnes qui, selon l’institution de Dieu, selon la règle qui subsiste dans la Parole, soient autorisées à les établir. Par exemple à Genève, il n’y en avait pas, on en a établi ; est-ce que je prétends que la loi, la règle de l’institution, ne subsiste plus ? Précisément le contraire. Je prends la règle de l’institution, règle qui se trouve dans le Nouveau-Testament, et je trouve que, selon cette règle, il y avait une source d’autorité, de laquelle dépendait toute la vigueur de l’institution. Cette source manque maintenant. Puis on me dit : la règle, la Loi est là. Je le sais bien qu’elle est là ; c’est pourquoi je rejette vos soi-disant Anciens, parce qu’ils ont été établi en flagrante violation de la règle que donne la Parole.

 

4.6        [Les Églises n’ont jamais eu le pouvoir de créer ni de nommer des apôtres ou des Anciens. Il n’existe pas d’obligation d’en établir]

On me dit qu’on est d’accord, que certaines choses ont été perdues parmi les Juifs ; d’autres dans l’économie chrétienne. Eh bien ! l’existence de la Loi d’une institution n’implique donc pas l’existence de l’institution [corrigé selon note dans « Qu’est-ce qu’on a reconnu »], ni la possibilité de son rétablissement. On ajoute : « Mais l’objection ne tombe pas sur les Églises ; elles n’ont jamais eu la moindre prétention à créer des Apôtres ; la Parole ne le leur commande pas ». Premièrement, Matthias a été créé Apôtre, ensuite la Parole ne commande pas non plus aux Églises de créer des Anciens.

Le Nouveau-Testament démontre partout qu’il y a eu des Apôtres. La Parole démontre qu’il y a eu des Anciens ; mais elle démontre aussi que les Églises n’avaient pas le pouvoir de les créer ; car l’institution est formellement basée sur l’autorité apostolique, et, au lieu de commander aux Églises d’en nommer, l’Apôtre a envoyé Tite pour les établir, démonstration claire qu’il n’a pas confié cette tâche aux Églises. Voilà la règle immuable de l’institution, la loi qui ne se corrompt pas, qui, grâces à Dieu, ne change pas, et que vous avez violée, vous qui prétendez de votre chef jouer l’Apôtre et les députés des Apôtres, ou inviter les chrétiens qui n’osaient guère le faire, à s’arroger ce droit pour vous épargner un acte qui, accompli directement en vos propres noms, aurait rendu apparents votre incapacité et le manque de pouvoir pour le faire. Or pour nous fortifier contre les preuves irréfragables que la chose est positivement contraire à la règle de l’institution, on nous dit : « Dès lors les Apôtres ont dû donner à l’Église des institutions qui pussent marcher après eux et sans eux. S’ils ne l’avaient pas fait, il nous semble qu’ils auraient manqué à leur mission » (Quelques remarques, etc., page 12). Heureusement que vous n’êtes pas à la place de Dieu pour les juger, bien que, à ce qu’il parait, vous vous croyez compétent pour le faire.

Permettez-moi de vous dire que l’Église qui marchait assez mal avec eux, a marché très-mal sans eux, et que les institutions qu’ils ont données à l’Église n’ont pas marché sans eux, à moins que vous n’appeliez les horreurs du papisme la marche des institutions apostoliques.

 

4.7        [Les apôtres ont prévu l’action de l’ennemi après eux, mais n’ont pas donné des institutions qui marchent sans eux, comme une loi]

On veut nous persuader, en face de l’histoire de l’Église, que les Apôtres ont dû donner des institutions qui marchassent sans eux. Peut-on s’imaginer des arguments pareils ? Pauvres Apôtres ! ils ont bien manqué à leur mission, au dire des Anciens de l’Église évangélique à Genève ! ... Au moins ils n’avaient pas toutes les prétentions de ces Messieurs !

L’Apôtre prévoit avec larmes l’invasion de l’ennemi, lorsque la puissance spéciale de laquelle le Seigneur l’avait doué serait loin. Il annonce qu’il y aurait une apostasie, — et si je dois écouter M. Gaussen (je ne sais s’il est un des Anciens), ce qui s’appelle l’Église sera vomie de la bouche de Christ. Je ne sais si dans ce temps-là les institutions auront marché sans les Apôtres, bien qu’elles aient été rétablies dans toute leur vigueur par l’Église évangélique à Genève.

Ainsi donc l’emploi du mot LOI n’est qu’un misérable sophisme, parce qu’un homme en qui une institution se réalise n’est pas une loi, et que pour établir un homme dans cette position, avec l’autorité de Dieu, il faut non-seulement une loi, mais que l’autorité de le faire soit placée quelque part, sans cela il n’y est pas par l’autorité de Dieu, à moins que ce ne soit une mission divine qui se légitime par sa propre puissance, comme celle du prophète ; mais alors il n’y a pas lieu à une nomination.

 

4.8        [Dire que Dieu ne peut pas faire quelque chose (à cause de sa sainteté), ce n’est pas Le réduire à l’impuissance]

Non, « en lassant la patience de Dieu » [És. 7:13] par son péché, l’homme ne « peut » pas « Le réduire à l’impuissance » de se servir de Ses lois. L’exécution du juste jugement de Dieu n’est pas l’impuissance. Quand j’ai dit : « il ne peut plus s’en servir », ce n’est que l’expression du sentiment qui se trouve dans les mots jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de remède [2 Chron. 36:16]. Le péché est monté à un point que Dieu ne peut plus le supporter. Est-ce là l’impuissance ? Non, c’est la sainteté. Un raisonnement pareil n’est vraiment pas digne d’une réponse. Est-ce que Dieu peut se servir de l’Adam déchu, tel quel, pour le royaume de sa gloire ? Dire que c’est impossible, est-ce accuser Dieu d’impuissance ? Est-ce que l’Apôtre accuse Dieu d’impuissance quand il dit que la chair et le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu, et que Dieu a introduit quelque chose de meilleur par l’état glorieux du second Adam ?

 

4.9        [L’homme a toujours failli dans toutes les institutions, et celles-ci ont été mises de côté les unes après les autres]

La corruption n’est pas une loi de Dieu. L’homme sous la Loi de l’innocence, était une institution de Dieu ; la corruption est entrée ; l’institution a été gâtée, corrompue, ruinée ; elle n’a pas été abolie tout de suite, mais n’a pas été rétablie, Dieu a introduit quelque chose de meilleur. Peut-il y avoir quelque chose de plus clair ou de plus évident ? Eh bien ! c’est la loi de l’homme, on peut dire celle de toute créature placée sous sa responsabilité, sans être soutenue par la puissance directe de Dieu. Dieu a voulu montrer cela sous toutes les formes, sans loi, sous la loi, sous les promesses, dans la sacrificature, dans la puissance royale, en présentant son Fils aux vignerons. Les institutions étaient selon Dieu ; l’homme a toujours failli en elles, et sauf à être relevées en Christ, les institutions, en tant qu’établies de Dieu, ont été mises de côté les unes après les autres. La faiblesse de l’homme, de la créature, a été montrée. Je ne crois pas que les Anciens de Genève y fassent exception.

Mais dire que « les économies ne sont pas solidaires des actes des hommes envers elles », c’est dire, si la phrase a un sens quelconque, que lors même que les hommes ont manqué, à quelque degré que ce soit, aux institutions sous lesquelles Dieu les a placés, leur péché ne sera pas une raison pour que Dieu mette fin à l’économie qui reçoit sa forme de ces institutions. Et je dis qu’un tel sentiment est inique, antinomien, antiscripturaire.

 

5         [La Parole désigne les Anciens par leurs qualités et elle a autorité pour le faire]

5.1        [La Parole désigne les Anciens par leurs qualités]

Il y a une autre idée que je veux relever, tout fatigué que je sois de cette controverse. « La Parole écrite les désigne (les Anciens) aujourd’hui, en faisant connaître aux Églises les frères qui sont propres à ces charges ». Premièrement ce n’était pas aux Églises que l’Apôtre les faisait connaître, mais à ceux qui étaient employés par lui pour établir ces frères au sein des Églises qui n’étaient pas compétentes pour cela. Mais ce n’est pas tout. Si la Parole les désignait alors, il n’y avait pas besoin de Timothée ni de Tite. Et si c’est la Parole qui les désigne, dans ce cas tous ceux qui ont ces qualités sont désignés par la Parole. Tout homme irrépréhensible, mari d’une seule, femme, vigilant, modéré, honorable, hospitalier, propre à enseigner, non sujet au vin, non batteur, non convoiteux d’un gain déshonnête, mais doux, non querelleur, non avare, conduisant honnêtement sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute pureté de mœurs, toutes les personnes qui ont ces qualités sont désignées, et la Parole les ayant désignés, il n’y a pas d’élection, il n’y a pas de nomination, c’est-à-dire de désignation. Le système du choix des anciens tombe par le fait même. Tous ceux qui sont tels sont nommés avec la même autorité que si l’Apôtre les avait mis à part. Or s’il en est ainsi, la chose est faite et les frères que vous appelez plymouthiens, qui les acceptent sans en choisir, sont plus proches de la vérité.

 

5.2        [Une fois les Anciens choisis ou nommés, ou désignés par la Parole, les assemblées n’ont rien d’autre à faire]

Si les Apôtres avaient nommé des Anciens, est-ce que [qu’ensuite] l’Église aurait eu à en choisir après, à les nommer ou à faire quoi que ce soit, excepté à obéir. C’est clair que non. Si la Parole les désigne, les établit avec la même autorité que les apôtres l’ont fait, vous n’avez rien à faire, sinon que les apôtres ont fait quelque chose que la Parole ne fait pas, et que vous prétendez faire avec une sagacité et une autorité apostoliques. Paul, Barnabas, Tite, faisaient quelque chose d’autre que désigner les qualités désirables. Ils n’ont jamais désigné aux Églises les Anciens d’une manière abstraite par des qualités. Une pareille désignation n’a pas été adressée à une Église.

 

5.3        [L’économie chrétienne subsistera jusqu’au temps assigné, mais il y a des institutions tombées en désuétude]

J’ai dit que « l’économie du Nouveau-Testament accomplira, sans aucun doute, la période qui lui est assignée ». Nous sommes d’accord que la période n’est pas accomplie. Par déduction on dit : « En conséquence, le Nouveau-Testament et les institutions qui concernent la formation, le gouvernement et le culte des Églises se trouvent en pleine vigueur ». Pourquoi ? La période de l’économie judaïque n’était pas accomplie avant la venue du Sauveur. Est-ce que toutes les institutions de Dieu étaient en pleine vigueur ? La royauté, la prophétie, l’Urim et le Thummim, la présence de Dieu dans le temple, l’arche, sur le propitiatoire de laquelle on mettait le sang qui maintenait les relations de Dieu avec Israël, tout cela était-il en pleine vigueur ? Mais, me dira-t-on : les choses se trouvaient dans les Écritures. D’accord ; mais qu’est-ce que cela prouve, sinon que votre raisonnement, d’un bout à l’autre, n’est qu’un misérable sophisme, qui cherche à détruire la responsabilité de l’homme et les conséquences qui découlent du fait qu’il y a manqué. Ces choses dont je viens de parler étaient perdues, perdues à cause des péchés des hommes, quoique la fin de l’économie ne fût pas encore arrivée. L’homme ne pouvait pas les rétablir. Le fait qu’elles se trouvaient dans les Écritures n’était que la preuve humiliante que les Juifs les avaient perdues par leurs péchés.

 

5.4        [Matt. 17:27 — Le corps de Christ était le vrai temple à respecter]

J’ai failli d’oublier ce qui est dit sur les paroles suivantes de ma brochure : « Pour ne pas les scandaliser il se soumettait à ce qu’on exigeait ». Mes adversaires témoignent beaucoup de sainte indignation contre de pareilles doctrines. « En effet », disent-ils : « [dire que] Jésus se soumettant [soumettait] à la Loi parce que les Juifs l’exigeaient, c’est la doctrine des rationalistes ». J’allais répondre que je n’avais rien dit de la Loi. « Se soumettant à la Loi » ne se trouve pas dans ma brochure, et que ce n’est pas le sujet traité dans l’endroit d’où on cite mes paroles ! mais, hélas ! en examinant les choses de plus près, on trouve qu’ici encore ce n’est qu’un exemple de fausse citation. On a mis entre guillemets « Il se soumettait à tout ce qu’on exigeait de Lui », mais dans ma brochure, il n’y a que « Il se soumettait à ce qu’on exigeait de lui», — différence essentielle parce qu’il s’agit d’un point particulier, et non pas de la Loi ; tandis que si l’on dit : il se soumettait à « tout » ce qu’on exigeait de lui, ce mot « tout » peut sembler embrasser la Loi et toutes autres choses. Si l’on se donne la peine de lire ma brochure « Observations sur l’écrit intitulé : Le Plymouthisme », on verra qu’il ne s’agit pas du tout de l’obligation de la Loi, mais de ce point particulier qu’il n’y avait plus ni arche ni Urim et Thumrnim, que la présence de Dieu manquait au temple ; que celui-ci était vide, et que «le corps du Seigneur était le vrai temple». Pour ne pas les scandaliser, il se soumettait à ce qu’on exigeait de Lui, c’est-à-dire à l’égard du respect du temple, comme si Dieu y était. Pour peu qu’on ait connaissance de la Parole, on doit savoir à quoi cela fait allusion. On demandait la didrachme pour l’entretien du temple, et le Seigneur, tout en témoignant que lui et ses disciples comme enfants du Grand-Roi n’étaient pas réellement tenus de payer, répond à Pierre : « mais afin que nous ne les scandalisions pas, va-t-en à la mer et jette un hameçon, et prends le premier poisson qui montera ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu trouveras un statère ; prends-le et donne-le-leur pour moi et pour toi », Matt. 17:27. Il se manifeste comme disposant de la création selon son bon plaisir, et montre ainsi que son corps est le vrai temple, quoique Lui, Fils, daigne s’associer ses disciples comme enfants du Grand-Roi. Tout en manifestant sa gloire divine, pour ne pas les scandaliser il se soumettait à ce qu’on exigeait de Lui. Mais quelle tâche que celle de lutter contre des adversaires qui sont tellement ignorants, qu’ils trouvent du rationalisme dans les paroles du Seigneur lui-même, ne sachant pas, sans doute, qu’il les a prononcées ! Du reste, ainsi que je l’ai dit, il ne s’agit pas de soumission à la Loi, ni de soumission à tout ce qu’on exigeait, mais de l’état du temple ; vide de l’Éternel, tandis que le corps de Jésus était le vrai temple de Dieu.

 

5.5        [L’ordre de choses actuel, ou économie chrétienne, n’est pas encore rejeté. L’économie de la nouvelle alliance est pour le millénium, l’Église pour le ciel]

On prétend encore que je dis que l’économie chrétienne ou la nouvelle alliance se trouve rejetée. Ce n’est pas ici la place de discuter l’étendue de la nouvelle alliance, ni ses rapports avec l’économie chrétienne ; mais je ne crois pas que la nouvelle alliance soit mise de côté, parce que les Juifs rentreront par le moyen de cette alliance, lorsque l’Église sera dans le ciel. Si l’alliance était mise de côté, l’économie fondée sur elle tomberait nécessairement en même temps ; mais Dieu en élevant l’Église dans le ciel et en rejetant l’ordre de choses qui a subsisté en rapport avec elle sur la terre, peut agir envers Israël sur le pied de l’alliance fondée sur le sang de Christ. L’Église proprement dite, le corps vivant de Christ n’est pas une économie, elle n’appartient pas à la terre ; mais il y a un ordre de choses en rapport avec elle pendant son passage ici-bas ; ordre de choses dont l’existence se lie à la responsabilité de l’Église. L’économie de la nouvelle alliance proprement dite, c’est le millénium sur la terre, ainsi qu’on peut facilement s’en convaincre en lisant la prophétie de Jérémie, qui en parle. Mais le sang de l’alliance ayant été répandu, les chrétiens jouissent de l’effet pratique et spirituel de ce qui a été fait (et d’une manière plus excellente même que celle d’après laquelle les Juifs en jouiront dans le siècle à venir), quoique les Juifs n’aient pas voulu en profiter comme nation.

Mais en appelant, selon le langage ordinaire du monde chrétien, l’ordre de choses actuel une économie, elle n’est pas encore rejetée, ainsi que je l’ai très-clairement dit. Il ne s’ensuit pas que les chrétiens n’aient pas perdu des choses qu’ils ne peuvent pas rétablir, ni qu’ils ne soient pas coupables, et déjà au fond, coupables de ce qui, malgré la longue patience de Dieu, amènera le jugement et fera que Christ vomira tout le système de sa bouche.

 

5.6        [Dieu n’abroge pas ses lois à cause des péchés, mais Il peut abroger une alliance et un système de relations]

Maintenant voyons comment on présente la question par le moyen de l’emploi du mot « LOI », en excluant « alliance, et institutions ». — « Dieu », dit-on « punit le pécheur, mais il n’abroge pas ses lois à cause des péchés » (Quelques remarques, etc., page 6). Et qui est-ce qui le suppose, s’il s’agit d’abroger l’autorité de la loi ? Mais Dieu a certainement mis de côté toute l’alliance de la Loi, et tout le système, d’un bout à l’autre, en tant que principe de relation de Dieu avec l’homme sur la terre. Personne n’oserait le nier, pas même un juif incrédule qui en subit la conséquence. Il attend quelque chose de meilleur, la venue du Messie. Prétendre que ce changement n’a pas eu lieu, c’est de la folie, c’est renier le christianisme ; présenter la chose comme si cela voulait dire que Dieu abroge ses lois, parce que l’homme a péché, n’est qu’une misérable chicane digne de la cause qu’elle est employée à soutenir.

 

5.7        [Établir des Anciens : vu comme un « devoir d’obéissance ‘dans la mesure du possible’ », alors le ‘pouvoir’ manque]

Ensuite il est dit que, puisque je reconnais que l’économie du Nouveau-Testament n’est pas encore terminée, et que la nouvelle alliance continue donc toujours, c’est « pour les Églises un strict devoir d’obéissance de retourner à ce qu’elle enseigne, dans la mesure du possible bien entendu ». Certainement en ce qui regarde ma marche dans la position où Dieu m’a placé, mais la question est tout autre. La voici : suis-je placé par Dieu dans une position qui m’autorise à établir des Anciens, et où dois-je les établir ? En chaque ville ? C’est bien ce que Tite a dû faire. Et vous, Église évangélique à Genève, vous ne prétendez pas, vous, le faire hors de Genève. Vous n’êtes donc pas dans la position à laquelle cet enseignement s’adresse. C’est là ce que je nie, votre autorité. Votre enseignement ici est cependant bien innocent. L’obéissance, dans la mesure du possible, est, dites-vous, un devoir ; et vous affirmez qu’il est possible de l’accomplir. M. Darby ne nie pas du tout, soyez-en bien assuré, qu’il est possible d’accomplir le devoir qui est dans la mesure du possible. Il est frappé, au contraire, de la sagesse de vos remarques. Il n’y a qu’une chose qui est oubliée ici, c’est que le mot possible est un mot relatif, et qu’il répond au pouvoir de celui qui agit. C’est votre pouvoir que je mets en question. On peut avoir la prétention de nommer des Anciens ; c’est bien dans la mesure du possible cela. Mais la question est celle-ci : Quand vous les avez nommés, peut-on dire : « L’Église de Dieu sur laquelle le Saint-Esprit vous a établis surveillants ». Si vous ne pouvez pas dire cela, quelle est la valeur de votre nomination ? C’est de votre pouvoir à faire cela que je doute. Vous dites que vous n’avez pas la prétention de rétablir ce qui peut avoir été perdu par votre faute ; mais dans le temps vous n’aviez pas des Anciens, et maintenant vous en avez. Mais ce n’est pas tout : il y a la désolante indifférence à la perte qui devrait réveiller la conscience de tout vrai chrétien.

 

5.8        [Même si l’économie se poursuit, il ne suffit pas d’avoir une position officielle et des formes religieuses extérieures sans la présence de Dieu]

Vous dites :

« Mais il ne s’agit pas de savoir si Dieu retira des bénédictions à Israël, à cause de ses péchés : ce qu’il importe de constater, c’est si l’économie mosaïque a continué jusqu’à la venue de Christ » (Quelques remarques, etc., page 10). Et encore : « Sans doute Dieu, à la suite de l’idolâtrie et du péché d’Israël, retira sa gloire, ainsi que l’arche, l’Urim et le Thummim ». Quoiqu’il eût retiré toutes ces choses, également vous dites : « Si donc les ordonnances de la Loi ont été maintenues après la captivité, si Israël a été appelé à servir Dieu par leur moyen » (Id., page 11). Mais est-ce possible qu’on traite un tel sujet avec une pareille légèreté ? Dieu, sans doute, avait patience avec Israël ; mais il avait, depuis le temps d’Ésaïe, engraissé le cœur de ce peuple. La gloire à laquelle toutes les ordonnances se rapportaient avait été retirée ; l’arche où était le propitiatoire, par le moyen duquel Israël, comme peuple, était réconcilié ; l’Urim et le Thummim, par lesquels le souverain sacrificateur connaissait la volonté de Dieu, en se présentant devant Lui, toutes ces choses avaient été retirées. Et vous osez dire qu’il ne s’agit pas de cela ? Est-ce qu’il ne s’agit pas de savoir si la gloire, c’est-à-dire, la présence de Dieu manquait au peuple ? Ce n’était pas une ordonnance, peut-être, ni une loi, mais est-ce que cela ne changeait rien ? N’importe-t-il pas de constater si elle était là ou non ? Mais l’acte de mettre le sang sur le propitiatoire, n’était-ce pas une ordonnance, l’ordonnance la plus importante de toutes ? Est-ce qu’elle a été maintenue ? Le temple était vide — vide de Dieu. Si la prétention de maintenir cette ordonnance avait existé, ç’aurait été, en effet, comme la nomination des Anciens, car Dieu n’y était pas. Mais avec mes adversaires il ne s’agit pas de cela. Ce qu’il importe de constater, c’est que l’économie n’est pas terminée. Et lorsque le souverain sacrificateur s’enquérait de Dieu par l’Urim et le Thummim, n’est-ce pas une ordonnance de la Loi ? Était-elle maintenue après la captivité ? La Parole en Esdras et Néhémie, constate que ces signes mystérieux manquaient.

Tout ce qui rendait la sacrificature d’Aaron de quelque valeur, la présence de Jéhovah, duquel il s’approchait ; l’arche qui était le trône de Dieu, et l’aspersion du sang, au grand jour des expiations, par lequel on faisait propitiation ; l’Urim et le Thummim, par lesquels le Souverain sacrificateur recevait les réponses de Dieu pour le peuple, et dirigeait toutes ses affaires, tout cela manquait. Mais il ne s’agit pas de cela, il s’agit de savoir si la sacrificature d’Aaron a été abolie après la captivité.

Le cas n’est pas le même ; car si la sacrificature, selon l’ordre de Dieu, n’existait plus, Israël n’aurait pas pu en rétablir une, et c’est ce que vous prétendez faire à l’égard des Anciens. Du reste vos remarques servent beaucoup à éclaircir votre sentiment. Si vous pouvez continuer la forme et l’importance officielle de votre position, sans la présence de Dieu, sans aucune des choses qui en font la force jusqu’à la fin de l’économie, vous serez contents. Que la sacrificature d’Aaron soit sans la gloire dans le Temple, sans le vrai propitiatoire et sans moyen d’expiation, sans Urim et Thummim, ou connaissance des pensées de Dieu, selon vous, c’est égal ; elle a sa place officielle ; c’est ce qu’il importe de constater. Souvenez-vous, Messieurs, que c’est ce qui a amené la ruine d’Israël. L’arbre était sec, la maison vide, qu’est-ce que Dieu a dû y faire ? Mais vous tombez presque aussi mal pour le commencement d’une économie que pour la fin.

 

6         [Pouvoir central ou églises indépendantes]

6.1        [Le pouvoir central des apôtres est connu, mais on veut faire des églises indépendantes]

« Les Apôtres », dites-vous, « n’ont pas institué un pouvoir central dans l’Église ». C’est parfaitement vrai, et la raison en est bien simple ; ils étaient eux-mêmes ce pouvoir. Et quand les douze, à Jérusalem, ont cessé de l’être, Paul l’a été. Il a établi des Anciens dans chaque ville ; il a envoyé Tite pour le faire, parce qu’il était revêtu du pouvoir central dans l’Église rassemblée d’entre les Gentils, revêtu de ce pouvoir par Christ lui-même. Ensuite, après tout, vous êtes dans l’ornière vulgaire, d’où l’Esprit de Dieu fait sortir les chrétiens. La chose perce assez clairement. Il n’y a rien comme l’examen de la vérité. Vous soupirez après des Églises indépendantes : voilà le fin mot de l’affaire. Vous dites : « Ils ont, au contraire, constitué des Églises indépendantes les unes des autres ». Voilà toute votre affaire. Vous ne pouvez nier que les Apôtres, et Paul, dans le ressort que Dieu lui a donné, ont exercé un pouvoir sur toutes les Églises, c’est-à-dire un pouvoir central ; vous ne pouvez, nier que l’Église était une, que les dons étaient des membres d’un seul corps, et s’exerçaient dans l’unité de corps manifesté sur la terre. Les Églises, tout en exerçant leur discipline, chacune dans sa localité, l’exerçaient au nom de l’Église universelle, et elle y était valable. Les dons étaient placés dans l’Église, non pas dans les Églises. Tout le corps n’était qu’un. Mais ce que vous soutenez ne se trouve être que des velléités d’avoir des Églises indépendantes. Celui qui a bu du vin vieux ne désire pas tout de suite du nouveau, car il dit : le vieux est meilleur [Luc 5:39]. L’unité du corps est mise de côté.

L’autorité gouvernementale, dites-vous, réside dans l’Écriture. Singulier siège du pouvoir exécutif ! Des lois s’y trouvent ; mais l’autorité gouvernementale n’est pas une loi, quoiqu’elle agisse selon la Loi.

Qui remplace les Apôtres ? Tous les fidèles, selon vous, dans chaque localité, remplacent ce pouvoir central qui, certainement, subsistait, et que ceux qui étaient de Dieu, écoutaient. Mais en vain je cherche quelques preuves que cette autorité a été confiée à tous. Vous ne niez pas, vous ne pouvez pas nier que l’Apôtre, le pouvoir central, a choisi les Anciens. Maintenant vous dites que les assemblées chrétiennes ont le droit et le devoir de choisir, mais vous ne citez aucun passage.

 

6.2        [Matthias : le choix est attribué au Seigneur]

« En agissant ainsi, elles croient, avec raison, faire une œuvre agréable au Seigneur » (Quelques remarques, etc., page 13). C’est tout ce que vous avez à dire ! Ensuite vous nous annoncez que « nous venons de voir que les Églises ont l’autorité nécessaire pour désigner leurs Anciens et leurs diacres » (Id., page 14). Mais vous sentez que le terrain glisse sous vos pieds, et que tout l’édifice va crouler. Vous voulez l’appuyer. « Les Apôtres, « dites-vous », firent usage de la forme élective ; ils choisirent Matthias ». Est-ce une preuve que nous pouvons choisir des Apôtres ? Vous renversez tous vos raisonnements par cet exemple ; car si celui-ci avait quelque valeur, il vous autoriserait, avec raison, à choisir des Apôtres, mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Les qualités étaient clairement désignées. Ce devaient être des hommes qui avaient accompagné le Seigneur depuis le baptême de Jean ; alors ils en ont mis deux devant le Seigneur (εστησαν δυω), qui répondaient, il faut le croire à ces conditions. Mais ils n’ont pas osé choisir entre les deux, et ils ont tiré au sort. En disant « ils choisirent Matthias », et « cette présentation fut ensuite confirmée » ; vous avez faussé la Parole. « Toi, Seigneur, disent-ils, qui connais le cœur de tous, montre lequel de ces deux tu as choisi pour recevoir ce ministère ». » Comment ose-t-on ainsi changer la Parole ? Mais tout est bon, pourvu qu’on puisse garder sa position.

 

6.3        [Choix par des églises : les diacres s’occupaient de répartition de biens matériels]

Les diacres ont été élus : nous en avons parlé ailleurs. C’était une affaire temporelle dont les Apôtres ont refusé de se charger, ainsi que dans une autre circonstance Paul voulant être à l’abri de tout reproche, a refusé de prendre l’argent des frères, à moins qu’il n’y eût quelqu’un d’entre eux-mêmes choisi pour s’en charger avec lui. Mais qu’est-ce que cela a à faire avec les surveillants de l’Église, qui sont les serviteurs de Dieu ? Les diacres étaient les serviteurs de l’Église comme Phoebé, serviteur de l’Église à Cenchrée.

Ils ont choisi des députés à Antioche [Actes 15:2]. Vous devez être bien embarrassé pour des citations si vous êtes forcé de citer ce passage. C’étaient des députés occasionnels, pour mettre fin à un tumulte dans l’Église, ce qui n’a guère de rapport avec les autorités permanentes établies sur l’Église, et n’est pas dit un mot de leur nomination. Ils ont résolu que Paul et Barnabas, qui avaient discuté inutilement contre les judaïsants et d’autres avec eux monteraient à Jérusalem. Comment ont-ils été désignés ? Silence complet. Je trouve fort probable qu’on les a choisis par un consentement général, puisqu’ils étaient leurs députés. Il n’y a pas un mot qui dise qu’ils n’aient pas été désignés par le sort.

 

6.4        [Choix par des églises : 2 Cor. 8 concerne un service occasionnel de transport d’argent]

Ensuite, vous dites que la fin du chapitre 8 de 2 Cor. « nous fait également connaître des frères qui travaillaient à la gloire du Seigneur et qui étaient les envoyés des Églises, élus et choisis par elles » [2 Cor. 8:23]. C’est une singulière paraphrase que celle-là. Qu’on est embarrassé, quand on veut démontrer une chose qui n’est pas ! Ils ont travaillé à la gloire du Seigneur. À quoi, je vous prie est-ce qu’ils avaient été choisis par les Églises pour travailler ? Vous me direz : nous ne le disons pas. Bien, ni la Parole non plus. Et que voulez-vous donc faire penser en l’introduisant ? La Parole est très-simple, n’est-ce pas ? C’est dommage que vous ne le soyez pas. Sans doute, cela ne se peut pas avec le système que vous avez adopté, « avec raison », à ce qu’il parait, mais sans la Parole. Celle-ci dit que l’un de ces excellents frères, au moins, a été choisi par les Églises pour l’administration de l’argent envoyé à Jérusalem, l’Apôtre ayant refusé de s’en charger à moins qu’il y en eût un pour éviter la possibilité d’un reproche. Et qu’est-ce que tout cela a à faire avec le choix des autorités régulières de l’Église à l’égard desquelles, nous avons des passages que vous n’avez pas cités du tout ?

 

6.5        [Choix d’Anciens : Actes 14, le choix est fait par les apôtres]

Pourquoi, sans trop multiplier les citations, n’avez-vous pas fait remarquer ACTES 14 ? Il y est question de la nomination des Anciens, ce qui n’est pas le cas dans un seul des passages que vous avez cités. Pourquoi ne pas mentionner le passage dans l’Épître à Tite, où l’apôtre en parle clairement. N’aurait-il pas été plus naturel, quand il s’agit d’Anciens, de citer les passages qui en parlent, que de multiplier des citations de passages qui n’en parlent pas ? Vous n’osiez pas. Ils disent tout le contraire de ce que vous voulez nous persuader. Il y avait des Églises en Asie-Mineure, les Apôtres ont choisi pour elles. Il y en avait en Crète, Paul a envoyé Tite les établir en elles.

 

6.6        [Établissement d’Anciens : ce qu’on trouve chez les pères de l’Église et dans l’histoire ecclésiastique, même si cela ne fait pas autorité]

Vous nous dites que l’histoire ecclésiastique ne-laisse aucun doute à cet égard. Je n’accorde aucune autorité à l’histoire ecclésiastique, mais quelle que soit la valeur de son témoignage, il contredit bien nettement ce que vous dites.

 

6.6.1        [Clément de Rome]

Voici les paroles de Clément, ou mieux de toute l’Église de Rome au nom de laquelle il écrit. Il y avait des divisions à Corinthe, au sujet des Anciens. L’Église avait mis de côté certains Anciens, comme ayant le droit de le faire, selon les principes que je conteste, Épit. 1, Cor. 42. « Les Apôtres nous ont évangélisés de la part du Seigneur Jésus Christ, Jésus le Christ de la part de Dieu. Le Christ a été envoyé de la part de Dieu, et les Apôtres de la part de Christ. Les deux choses ont donc eu lieu régulièrement d’après la volonté de Dieu.... Ayant donc prêché par pays, par campagnes et par villes, ils ont établi leurs prémices pour être évêques et diacres de ceux qui devaient croire, les ayant trouvés, par le Saint-Esprit, dignes. Et, en ceci, il n’y a rien de nouveau ». Et il cite, le choix d’Aaron par le témoignage direct de Dieu en ce qui est arrivé à sa verge, 44. « Et nos Apôtres ont su, par notre Seigneur Jésus, qu’il y aurait des contestations à l’égard du nom de l’épiscopat. C’est pourquoi, ayant reçu une parfaite prescience de ceci, ils ont établi ceux dont nous avons parlé précédemment, et ensuite ont donné un ordre (*) légal de succession comment, s’ils s’endormaient, d’autres hommes approuvés recevraient leur ministère. Ceux donc qui ont été établis par eux, ou ensuite par d’autres hommes éminents (renommés), toute l’Église l’approuvant… ceux-ci, nous les estimons injustement dépouillés de leur ministère ». Ici, nous avons la question formellement traitée par quelqu’un, compagnon de l’Apôtre, qui a agi dans l’affaire, successeur d’Apôtre, autant que quelqu’un pouvait l’être, et qui, de toute manière, est de la plus grande autorité possible en pareille matière. Ce qu’il dit être l’histoire de l’affaire est confirmé par toute l’Église de Rome, et il déclare que l’Apôtre avait prévu la difficulté, et cela, lorsque les Corinthiens prétendaient exercer l’autorité voulue par l’Église Évangélique à Genève. Il déclare que l’Apôtre avait établi les Anciens, et une forme de succession ; ensuite, d’autres hommes renommés les avaient établis, toute l’Église en étant contente. Impossible d’avoir quelque chose de plus positif dans l’histoire ecclésiastique pour contredire l’assertion de mes adversaires.

 

(*) Je traduis de mon mieux επινομη, mot dont la force est contestée. L’usage connu est l’acte de pâturer, parcourir un pâturage ; mais επινομος signifie légal, forme légale, et je pense que le substantif doit être ainsi compris. Il y en a qui prétendent que c’était la succession même qui a été indiquée ; ainsi le Clerc ; je traduis comme Usher, Till, Cotelerius et autres.

 

6.6.2        [Mosheim]

J’examine Mosheim (Histoire ecclésiastique). Il me dit qu’on ne peut guère douter si l’on considère la prudence et la modération montrées par les apôtres en nommant un Apôtre, puis, ensuite les sept, que les Anciens de l’Église primitive à Jérusalem ont été élus par les suffrages des fidèles. Ensuite, il dit que, quand il y avait besoin d’un Ancien, le corps des Anciens recommandait à l’assemblée une ou deux personnes, et, en note, il dit que TITE 1:5, ne prouve rien contre, puisque Tite a pu consulter, et, sans doute, de fait a-t-il consulté les vœux du peuple. Cela se peut. C’est, néanmoins, autre chose qu’une histoire qui, comme vous voudriez nous le persuader, ne laisse aucun doute qu’on procédait par voie d’élection. Et Mosheim est si loin de penser à une élection qu’il se sert de ce qu’il croit avoir eu lieu pour justifier ce qu’il appelle le droit de présentation, comme ne répugnant pas à la pratique de l’Église primitive, en ajoutant qu’un droit pareil était uniformément reconnu comme appartenant aux évêques et aux corps collectifs des Anciens et il l’allègue dans le but de démontrer que l’élection populaire est très-mauvaise. Il dit cependant que le peuple pouvait refuser ceux qui étaient présentés.

 

6.6.3        [Néander]

Néander dit qu’on peut conclure du choix des diacres et des députés que l’Église a choisi d’autres fonctionnaires, mais que là où les Apôtres n’avaient pas de la confiance dans les Églises, ils ont donné la fonction importante d’Ancien à ceux qui étaient propres à cela. Puis il cite Clément pour raconter que l’habitude pouvait être que les Anciens présentassent un remplaçant en cas de mort. Là où le consentement de l’Église n’était pas une pure formalité, cela pouvait être très-utile. Le fait est que, si l’on prend l’histoire, la seule chose qui est hors de doute, c’est qu’il faut être épiscopalien. Le lecteur qui désire s’occuper de ce sujet, peut consulter la lettre LXVII ou LXVIII de Cyprien, où il cherche à attacher toute l’importance possible à la part que le peuple prenait à l’élection d’un évêque pour s’en servir contre l’autorité du pape, contre les actes duquel il luttait. Quant aux prêtres, d’après la lettre XL, il parait qu’il en consacrait tout seul, et qu’ensuite il en informait le peuple, mais c’était dans un temps de persécution. En d’autres lettres il s’en excuse, à cause de cela, disant que le témoignage du peuple n’était plus nécessaire quand Dieu avait donné le sien, en ce que celui qu’il avait consacré avait confessé le Seigneur au péril de sa vie, mais qu’il s’était imposé comme règle, en commençant son épiscopat, de ne rien faire sans le consentement du clergé et du peuple. De sorte que ce que vous dites de l’histoire est contredit entièrement par les données que les auteurs anciens nous fournissent. Dans tous les cas, ceci n’a, en fait d’autorité, qu’une autorité ecclésiastique. Il s’agit de commencer l’existence d’un corps d’Anciens. La Parole et l’histoire déclarent positivement que ce sont les Apôtres qui les ont nommés, et des hommes éminents ensuite. Clément d’Alexandrie dit que lorsque Jean fut de retour à Éphèse il parcourut, y étant invité, le voisinage habité par les Gentils, établissant des évêques (soit des Anciens), constituant les Églises, et plaçant parmi le clergé chacun de ceux qui était indiqué par le Saint-Esprit, (Euseb. III, 23, citant Clément d’Alexandrie : qui est le riche qui sera sauvé). Que les Anciens aient été élus par les fidèles, c’est ce que l’histoire ecclésiastique ne constate certainement pas. L’idée de présentation, le témoignage du peuple étant reçu, ou la chose étant au moins faite en sa présence, est ce qu’il y a de mieux établi.

 

6.6.4        [Cyprien]

Cyprien, par conséquent, en rend tous les fidèles responsables, et leur dit qu’ils devaient se séparer d’un mauvais évêque. Peu à peu, ce fut la cause d’une lutte entre les deux. Pendant un temps, le peuple choisissait, au moins en Italie, il y eut du sang répandu et on peut dire une guerre civile. Et, faites-y attention, il s’agissait d’évêques. Je ne connais pas de témoignage qui constate une élection d’Anciens. Il est certain que nous en avons qui racontent leur nomination autrement. Les autorités les plus anciennes l’attribuent aux Apôtres (Clément d’Alexandrie), ou aux Apôtres et à des hommes éminents, tout le peuple y consentant (Clément de Rome). Au IVe siècle, le peuple choisissait souvent ses évêques et souvent les candidats briguaient la place ; il y avait des luttes entre les évêques et le peuple, comme dans le cas de Martin de Tours, ou des factions comme à Rome dans le cas de Symmachus. Entre ces deux époques, les formes varièrent selon les circonstances, mais l’épiscopat était établi.

 

6.6.5        [Bingham]

J’en ai déjà trop dit. Je ne prétends pas du tout posséder ce genre de savoir, mais très-peu de connaissance générale suffit pour montrer que cette assertion concernant l’histoire ecclésiastique n’a pas plus de valeur que toutes les autres. Je crois avoir résumé, d’une manière impartiale, le témoignage de l’histoire ecclésiastique sur le point le plus contesté de toutes les questions ecclésiastico-historiques. Si le lecteur savant désire connaître toutes les opinions sur ce sujet, il les trouvera réunies dans les antiquités ecclésiastiques de Bingham, Liv. IV, chap. 2, avec l’indication des livres qui traitent ce point. Ce livre a été traduit en latin pour ceux qui ne savent pas lire l’anglais.

 

7         [Pour finir]

7.1        [Dieu ne se sert pas de ce qui est corrompu et ne rétablit pas ce qui est ruiné]

Quand on me demande où Dieu dit qu’il ne peut plus se servir de la nouvelle alliance pour se faire connaître à nous, la question ne mérite pas une réponse, parce que mes adversaires croient aussi bien que moi que Dieu mettra fin à l’ordre actuel par la venue du Fils de l’homme en jugement, et qu’une autre économie lui sera substituée. Personne n’a dit que Dieu ne peut plus se servir de la nouvelle alliance, personne ne le pense. Mais j’ai encore à apprendre pourquoi la subsistance de la nouvelle alliance fait que je dois admettre que le Saint-Esprit, a établi évêques sur l’Église de Dieu les Anciens de l’Église évangélique à Genève. C’est une prétention passablement élevée. On veut nous faire croire que si l’un des Anciens de ce corps n’est pas reconnu, dans sa fonction, c’en est fait de la nouvelle alliance ! C’est de la modestie aussi bien que du bon sens en fait de raisonnement. Ce que j’ai dit, du reste, ce n’est pas que Dieu ne peut pas se servir de quoi que ce soit à cause du péché, mais que quand l’homme a corrompu ce que Dieu a établi, de sorte que, malgré sa grande patience, il ne peut s’en servir, il ne rétablit pas ce qui a été ruiné, mais il introduit quelque chose de meilleur. Toute la Parole rend témoignage à la justesse de cette remarque, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. Ce qui est important pour tous, c’est que le péché, le mal qui amènera le jugement, est déjà arrivé : Dieu peut encore avoir patience, mais le jugement de ce mal, existant dès longtemps, ne tarde pas, et j’engage de nouveau de toute ma force les enfants de Dieu, mes frères, à renier les principes qui les privent de la force et du discernement nécessaires pour éviter le piège tendu par l’ennemi, et lui résister selon le témoignage de Dieu.

 

7.2        [Les paroles prophétiques sombres ne sont pas brandies comme une menace. Autorité et obligation de la Parole en toutes choses]

Vous vous récriez à trois reprises sur « mes menaces bien effrayantes », « sur les menaces de M. Darby » et « son langage prophétique et menaçant ». Je ne menace personne, mais les prétentions des Anciens ou des adversaires quelconques de la vérité, ne m’empêcheront pas d’exhorter les hommes autant que la grâce de Dieu m’en rendra capable, d’attendre le Seigneur qui va renverser tout ce qui est établi, et de fuir tout ce qui peut obscurcir la perception de sa prochaine gloire, ou l’attente de sa manifestation. On parle de croire en Christ, comme la seule condition pour participer à la promesse. Soit ! Mais doit-on par cette doctrine affaiblir l’autorité et l’obligation de la Parole en toutes choses ? Il est permis d’ajouter : si nous vivons par l’Esprit, marchons selon l’Esprit. Que mes frères sachent garder la parole de sa patience, en écoutant la douce promesse : Voici, je viens bientôt !