COURT, MAIS SÉRIEUX EXAMEN DES PRINCIPES FONDAMENTAUX

émis par M. GAUSSEN

dans son Livre INTITULÉ : DANIEL LE PROPHÈTE

 

J.N. DARBY

1850

[Les textes entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest]

 

[Le livre de Louis Gaussen, daté du 30 juillet 1848 (tome 2), est intitulé « Daniel le Prophète, Exposé dans une suite de leçons pour une école du Dimanche », Ed. Paris, 1848. L’idée sous-jacente est d’interpréter la période de 1260 jours comme étant 1260 ans, et cette période est considérée comme passée et sous la domination des papes identifiés à l’antichrist. Il y a un peu de confusion ensuite jusqu’à l’avènement du Seigneur. À l’opposé de cela, JND interprète les 1260 jours littéralement et comme étant une période future, l’antichrist étant aussi un personnage unique futur. L’enjeu de toutes ces questions est d’abord de savoir si les chrétiens ont à attendre le retour du Seigneur Jésus pour bientôt.]

 

Table des matières abrégée :

1       [Ce qui a poussé JND à réfuter ce livre de Gaussen]

2       [Daniel 7, la petite corne interprétée comme étant la papauté, la succession des papes]

3       [Multiples élucubrations et supputations plus ou moins imaginaires]

4       Daniel 2. Le gouvernement remis aux nations, mais Dieu n’a pas oublié son peuple]

5       [Conclusion : les grandes lignes d’un livre qui égare]

6       ANNEXE : [Ébauche de Chronologie Biblique — Ancien Testament]

 

 

Table des matières détaillée :

1       [Ce qui a poussé JND à réfuter ce livre de Gaussen]

1.1          [Des doctrines anciennes qui détournent les âmes des lumières nouvelles]

1.2          [2 Thes. 2:1 — Négation de la venue proche du Seigneur. Confusion avec l’apparition pour juger le monde et avec la présentation à l’Ancien des jours]

1.3          [Confusion entre jour de Christ, jour du Seigneur et mort du croyant. Erreur sur le sens de 2 Thes. 2:1-3]

1.4          [Confusion entre l’Église et la petite pierre de Daniel qui devient une grande montagne : cette confusion a pour effet d’empêcher les âmes d’attendre le Seigneur]

1.5          [Les croyants « endormis » (morts) ont encore la notion du temps]

1.6          [Le « mon maître tarde à venir » de Matt. 24:48]

2       [Daniel 7, la petite corne interprétée comme étant la papauté, la succession des papes]

2.1          [Argument du « roi-théologien]

2.2          [Un petit territoire contrairement aux dix cornes]

2.3          [Les 1260 jours interprétés comme 1260 ans]

2.4          [Gaussen se croit d’accord avec les pères de l’Église, alors qu’ils lui sont opposés]

2.5          [Question clé : L’Antichrist est-il un individu qui dominera littéralement 1260 jours à la fin des temps, ou est-ce une succession d’individus durant 1260 ans ?]

2.6          [Les dix royaumes ne sont pas des ennemis qui attaquent l’empire romain et en prennent possession]

2.7          [Une corne est une puissance, ce n’est pas une succession de rois]

3       [Multiples élucubrations et supputations plus ou moins imaginaires]

3.1          [Église invisible]

3.2          [Apocalypse 12 n’est pas l’histoire de la chrétienté, encore moins au temps de Constantin]

3.3          [Durées : dates, temps, saisons. Erreurs, contradictions, manques de preuves des interprétations]

3.4          [Le but de Dieu est Christ et sa gloire, non pas de mener le monde en vue de l’Église. Daniel ne parle pas de l’Église]

3.4.1          [Sur la terre, Dieu arrange les choses en relation avec Israël. L’Église est un peuple céleste]

3.4.2          [Multiples interprétations rattachées à tort à l’Église alors qu’elles concernent Israël]

3.5          [Le manque de preuves amène à bâtir un système sans aucun fondement réel. Gaussen force les interprétations pour que la petite corne soit le pape]

3.6          [Quand Jésus apparaît en gloire, c’est AVEC les saints]

3.7          [Aucune preuve que l’homme de péché soit la petite corne]

3.8          [Daniel 2 ne parle pas de la petite corne. Les dates qui s’y rapportent sont sans fondement]

3.9          [Incohérences sur les églises d’Apoc. 2 et 3. Il veut que la Réformation soit Philadelphie]

3.10        [Interprétations farfelues sur Apoc. 6 et 7, sur les 144000 et les tribulations. Ne pas se laisser impressionner par les assertions gratuites]

3.11        [Incohérences sur Apoc. 11]

3.12        [Incohérences sur Apoc. 12, le dragon et les bêtes]

3.12.1        [Confusion de la bête et du dragon]

3.12.2        [Aberrations dans des interprétations historiques de la prophétie sur Apoc. 12]

3.12.3        [L’interprétation de 1260 jours = 1260 ans ne concorde pas avec une phase finale démocratique de la bête]

3.12.4        [La présentation du Fils de l’Homme à l’Ancien des jours (Dan. 7) n’est pas la venue du Seigneur sur la terre]

3.12.5        [Le jugement final est exécuté par Christ. La bête n’est pas une anarchie démocratique qui s’écroule]

3.13        [Attendre Christ ou attendre l’antichrist ?]

3.14        [Encore des faussetés sur les dates, les durées et les bêtes]

3.14.1        [Idée que les 1260 ans seraient le temps de la bête à dix cornes qui se terminerait en 1789 et serait suivi d’une troisième bête « démocratique »]

3.14.2        [Contradiction entre l’antichrist subsistant jusqu’à l’avènement de Christ, et sa persistance pendant toute la phase de la bête à dix rois (jusqu’en 1789)]

3.14.3        [Incohérences diverses]

3.14.4        [Confusion entre la femme et la corne. Les bêtes ne sont pas des principes (politiques). Fausses idées sur la papauté]

4       Daniel 2. Le gouvernement remis aux nations, mais Dieu n’a pas oublié son peuple]

4.1          [La statue représente les empires : pendant ce temps Dieu a cessé le gouvernement des nations, hormis par sa Providence]

4.2          [La bête à dix cornes de Daniel 7 ne peut pas être l’empire romain après l’invasion des barbares. Pas de dates pour la naissance de la bâte et des cornes]

4.3          [La résurrection et l’enlèvement des croyants sont avant l’exécution des jugements]

5       [Conclusion : les grandes lignes d’un livre qui égare]

5.1          [Citations fictives de la Parole de Dieu]

5.2          [Mélange de beaucoup d’erreur avec un peu de vérité]

5.3          [La petite pierre qui renverse la statue n’est pas une petite portion de l’Église qui est persécutée et qui devient l’occasion de sa ruine]

5.4          [La victoire finale de la petite pierre de Dan. 2 n’est pas celle de la douceur et de la patience chrétienne supportant le mal]

5.5          [Gravité de la fausse doctrine qui exclut Christ du jugement final]

6       ANNEXE : [Ébauche de Chronologie Biblique — Ancien Testament]

 

 

1         [Ce qui a poussé JND à réfuter ce livre de Gaussen]

1.1        [Des doctrines anciennes qui détournent les âmes des lumières nouvelles]

La forme de cette brochure indique suffisamment que je n’ai pas l’intention de répondre d’une manière détaillée au livre de M. Gaussen, ni de discuter les points sur lesquels on peut différer d’avec lui. J’ai l’intention de montrer que les bases de son système n’ont aucune solidité, aucun fondement quelconque. Je crois qu’il y a eu jusqu’à un certain point un accomplissement des prophéties en question dans les siècles qui viennent de s’écouler ; on peut y trouver des circonstances moralement analogues, ou, au moins, des systèmes et une activité animés par le principe qui n’aura tout son développement qu’aux derniers jours. La Parole m’autorise à juger ainsi, lorsqu’elle dit : qu’il y a eu plusieurs antichrists déjà du temps de saint Jean [1 Jean 2:18].

Je crois aussi que l’invasion des Barbares a fourni les éléments de ce qui doit, plus tard, être l’accomplissement de certaines prophéties à l’égard de l’empire romain, de sorte que je n’ai aucun désir de contester des idées depuis longtemps répandues, et qui ont été reproduites, discutées et embellies par M. Gaussen.

Mais, depuis le système de Newton et de ses successeurs, il a été publié sur plusieurs points importants des vues différentes. Si ces vues ne sont pas fausses, la reproduction par M. Gaussen des anciennes doctrines de Newton et autres n’est qu’un pas en arrière, un pas rétrograde, propre à détourner les âmes des lumières que Dieu a accordées.

Cependant, quoique je n’accepte pas l’ancien système, je n’aurais pas été amené à en contester la solidité par cela seul qu’on avait cherché à le soutenir par de nouveaux arguments ; j’aurais préféré exposer directement la vérité.

Voici les passages qui m’ont engagé à montrer en très-peu de mots la nullité des raisonnements que M. Gaussen a posés comme fondement des points capitaux de son système :

 

1.2        [2 Thes. 2:1 — Négation de la venue proche du Seigneur. Confusion avec l’apparition pour juger le monde et avec la présentation à l’Ancien des jours]

F [Feuille] 93, vol. III.

« Or, il était assez naturel, vous le comprendrez, chers enfants, qu’à la lecture d’une pareille lettre les chrétiens de Thessalonique s’imaginassent que le retour de Jésus sur les nuées était très-proche (*), et que notre réunion auprès de lui (comme s’exprime saint Paul) pourrait avoir lieu de leur vivant. C’est pour cela que l’apôtre, apprenant qu’en effet telle était leur erreur, se hâte de leur écrire une seconde Épitre, dans laquelle il nous dit les premières paroles que ce cher enfant vient de nous lire : « Pour ce qui regarde l’avènement de Notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion auprès de lui, nous vous prions, mes frères, de ne pas vous laisser ébranler facilement dans vos pensées, et de ne vous point troubler par quelque inspiration ou parole , ou par quelque lettre qu’on dirait venir de notre part comme si le jour de Christ était proche » [2 Thes. 2:1-2].

 

(*) À l’occasion de cette expression, on trouve dans les idées de M. Gaussen la confusion la plus complète entre la présentation du Fils de l’Homme à l’Ancien des jours [Dan. 7:13], et la venue de Jésus du ciel sur la terre. Le passage de Daniel 7, est appliqué tantôt à l’une, tantôt à l’autre de ces deux choses, par M. Gaussen ; voy. III, 24, 26, 29-91, 157, 162, 165. La confusion de la venue de Jésus sur les nuées avec l’enlèvement de l’Église se trouve aussi dans ce livre, de sorte que ces trois choses, la présentation du Fils de l’Homme à l’Ancien des jours, l’enlèvement de l’Église pour aller au-devant de Jésus dans l’air, et l’apparition de Jésus avec tous ses saints pour juger le monde, sont confondues en une par M. Gaussen. On peut voir l’effet pratique de la confusion de ces deux derniers événements, page 86, et encore feuilles 172 et 173. Voici une partie de ce dernier passage : « Oui, si cette venue de Jésus a rempli de tant d’émotion une âme si pure, un homme de tant de prières, un prophète si saint, à qui l’ange avait dit : Daniel, tu es agréable [Dan. 9:23 ; 10:11,19] ; si le grand Daniel voit ce jour avec tant de trouble, vingt siècles avant l’événement, que sera-ce de ceux qui y seront en personne, de ceux qui en entendront la trompette et en verront l’éclat ! » Est-ce là l’attente chrétienne ? Rien de plus opposé. Je prie le lecteur d’y faire attention : c’est de toute importance pour le système que nous examinons. Quelle différence entre ce langage et celui du Sauveur : « Je reviendrai et je vous prendrai à moi, afin que là où je suis vous y soyez aussi ! » (Jean 14:3), « Nous irons à sa rencontre dans l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». À ceux qui l’attendent il paraîtra la seconde fois à salut [Héb. 9:28]. « Lorsqu’il paraîtra, nous paraîtrons avec lui en gloire ». Nous savons que lorsqu’il paraîtra nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est [1 Jean 3:2]. L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens, Seigneur Jésus, viens » [Apoc. 22:17]. « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où nous attendons le Seigneur, le Sauveur Jésus, qui transformera nos corps vils en la ressemblance de son corps glorieux » [Phil. 3:20-21]. « Lorsqu’il viendra pour être glorifié dans les saints et pour se rendre admirable en ce jour-là dans tous ceux qui auront cru » [2 Thes. 1:10]. Mais, quelques tristes que soient ces pages de M. Gaussen, je peux bénir Dieu, de ce qu’elles mettent à nu pour celui qui aime le Seigneur, le système qu’il soutient.

 

1.3        [Confusion entre jour de Christ, jour du Seigneur et mort du croyant. Erreur sur le sens de 2 Thes. 2:1-3]

« Encore ici, chers enfants, un mot d’explication : Le jour de Christ est toujours très-proche pour chaque fidèle, puisque nous y sommes tous immédiatement transportés (*) à l’heure de notre mort, le temps dès-lors n’étant rien pour nous et mille ans étant moins qu’un jour. Mais, pour l’Église, il n’en est point ainsi ; pour l’Église, ce jour de Christ est à distance ; et même dans ce sens ce jour était certainement à bien des siècles de Paul et de ses contemporains. Vous comprendrez donc que cette fausse notion des chrétiens de Thessalonique, qui croyaient l’Église à quelques jours seulement du retour de son maître, pouvait aisément, comme le leur disait saint Paul, les ébranler dans leurs pensées et troubler mal à propos leur foi ».

 

(*) Faites attention à cette expression, qui neutralise totalement la force de l’expression de jour de Christ. Elle se retrouve aussi, feuille 173. Certes, à l’heure de la mort, l’âme n’est pas transportée au jugement du monde habitable, sens scripturaire du mot jour de Christ ou du Seigneur. Je ne sais si ceci se rattache à la triste opinion de quelques chrétiens que l’âme dort après la mort ; parce qu’il est dit, en parlant de la mort d’un homme vivant dans ce monde, qu’il s’est endormi, on en a conclu que l’âme dort dans l’autre monde. Ce sont deux choses qui n’ont aucun rapport. Le langage du Seigneur à l’égard de Lazare, « Notre ami Lazare dort », démontre qu’il ne s’agit que de sa mort corporelle, expression dont il s’est servi pour l’expliquer à ses disciples. Cette idée serait-elle vraie, le chrétien ne serait pas transporté à la journée de Christ. On n’a qu’à prendre la concordance et chercher le mot, jour ou journée du Seigneur, et on verra bientôt que c’est le jugement de Dieu sur les habitants de la terre, soit partiel, soit final. Or, pour l’exécution de ce jugement, il faut que Christ paraisse. Mais, lorsqu’il paraîtra, nous paraîtrons avec lui en gloire, Ceux qui sont avec lui, sont, appelés, élus, fidèles. Les armées qui sont dans les cieux le suivent. Ainsi, nous serons dans la pleine jouissance de la gloire avant la journée de Christ. Tout est confusion dans l’enseignement de ce livre sur ce point. En outre, M. Gaussen nous dit que la lecture de la première lettre inspirée de l’apôtre a fait tomber les Thessaloniciens dans une erreur. Je ne caractériserai pas ce raisonnement ; mais il n’y a pas même lieu à une pareille supposition. L’apôtre attribue leur erreur (qui d’ailleurs était tout autre que ce que dit M. Gaussen), à des séducteurs et à une prétendue lettre. M. Gaussen a abandonné ici la version de Lausanne, qui rend la chose d’une manière correcte : « Le jour de Christ était là », pour adopter le mot : « proche ». Or le mot grec est toujours sans exception employé dans le Nouveau Testament, pour une chose présente et même en contraste avec des choses à venir. La traduction qui dit : « là », est bonne ; celle qui dit : « proche », est fausse. Les séducteurs troublaient les Thessaloniciens en affirmant que la journée de Christ était là, probablement (voyez 2 Thess. 1) en se prévalant des fortes persécutions que subissait l’Église de Thessalonique, et certainement en prétendant avoir l’inspiration, la parole, et même la lettre de l’apôtre pour confirmer ce qu’ils disaient. L’apôtre donne deux raisons pour lesquelles cette terrible journée ne pouvait être là : la première, c’est notre réunion avec Christ ; l’enlèvement de l’Église qui n’avait pas eu lieu. Nous serons dans le ciel avant que le jour arrive ; vérité enseignée de la manière la plus claire dans la Parole (nous y reviendrons). La seconde, c’est que l’objet du jugement n’était pas encore là, et que par conséquent le jugement ne pouvait pas être là non plus. Voici des preuves à l’appui de ce que j’ai dit : premièrement, il est certain que le sens n’est pas que le jour est proche, mais que le jour est là. Voici tous les passages du Nouveau Testament, où le mot en question est employé : Rom. 8:37, où il est traduit, choses présentes ; 1 Cor. 3:22, choses présentes ; 1 Cor. 7:26, nécessité présente ; Gal. 1:4, ce présent siècle mauvais ; Héb. 9:8, le temps d’alors ; 2 Tim. 3, surviendront, c’est-à-dire seront présents ou là. Ces passages démontrent, de manière à ne laisser aucun doute quelconque, que le sens du mot est présent, en contraste avec des choses à venir. En outre, le mot pour proche est έγγύς ou έγγίζω. M. Gaussen, dans d’autres endroits, approuve la version de Lausanne. Pourquoi l’a-t-il abandonnée ici ? De plus, au ch. 2:2 [2:1], de la seconde aux Thessaloniciens, la vraie force du mot est certainement nous vous prions par, et non « pour ce qui regarde ». La traduction anglaise, celle de Luther, la Version de Genève de 1605, la Bible de Desmarets, la Vulgate, les ont rendues ainsi. Il est vrai que ύπέρ dans certains cas signifie pour ce qui regarde, c’est-à-dire qu’il a à peu près le sens de περί ; mais il est certain que quand il est employé avec des mots d’obsécration et de requête, son sens régulier en grec est par, ou pour l’amour de. Il n’est personne tant soit peu familier avec la langue grecque, ou qui veuille se donner la peine de se servir d’un bon dictionnaire, qui puisse le nier. Voici donc le passage dans sa vraie force : « Nous vous prions donc, frères, par la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ, et notre rassemblement auprès de lui, de ne pas être vite ébranlés dans votre esprit, ni troublés, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre comme si (cela venait) de nous, comme quoi le jour du Seigneur est présent. Que personne ne vous trompe d’aucune manière, car (ce jour n’arrivera pas), à moins que l’apostasie ne vienne premièrement et que l’homme de péché ne soit révélé, etc. » C’est-à-dire que l’apôtre donne deux raisons pour qu’on ne croie pas que le jour du Seigneur soit venu : 1° l’enlèvement de l’Église, et 2° que l’objet du jugement n’est pas encore révélé. C’est le passage qui, il y a près de vingt ans, m’a fait comprendre l’enlèvement de l’Église, peut-être même un temps considérable, avant le jour du Seigneur, c’est-à-dire avant le jugement des vivants.

 

1.4        [Confusion entre l’Église et la petite pierre de Daniel qui devient une grande montagne : cette confusion a pour effet d’empêcher les âmes d’attendre le Seigneur]

J’ajoute ce qui se trouve au pied de la dernière colonne des Pentables [??]. « Après que la Babylone a été brûlée par les dix rois, et que les dix rois eux-mêmes, la bête et le faux prophète ont été jugés à leur tour, alors vient la première résurrection, les saints règnent avec Christ mille ans ».

Et puis la colonne trois, sous le titre de « Monarchie éternelle », porte : « La pierre, après avoir brisé la statue, devient une grande montagne et couvre toute la terre », et sur la montagne, dans la gravure qui accompagne ce passage, nous trouvons inscrit :

« L’ÉGLISE »

Tels sont les passages qui, avec beaucoup d’autres semblables, m’ont engagé à mettre en relief l’absence de tout fondement, par laquelle se distingue le livre de M. Gaussen. Je ne raisonne pas sur les passages eux-mêmes. Il est évident que le but du premier est d’empêcher les âmes d’attendre le Seigneur, d’annuler cette attente comme vérité pratique. L’attente présente et pratique du Seigneur n’était selon M. Gaussen, qu’une fausse idée des Thessaloniciens : « Pour l’Église, ce jour de Christ est à distance ». Saint Paul avait dit : « Nous qui sommes vivants ». Et c’était tout naturel qu’ils aient été induits en erreur par l’épître inspirée qu’il leur avait écrite.

Il est vrai que ces paroles, nous qui sommes vivants, avaient naturellement pour effet de leur faire attendre continuellement le Sauveur. Que ce fût un mal, c’est de quoi je doute, car ils avaient été convertis « pour attendre son fils du ciel » ; mais ma seule réponse à ce raisonnement est celle-ci : Il est certain que ce n’est pas à cela que l’apôtre attribue leur erreur, et que ce n’était pas non plus l’erreur qu’il craignait pour eux. Quelle que fût leur erreur, l’apôtre l’attribue à une tout autre source qu’à sa première Épitre, savoir aux séductions d’autres personnes qui alléguaient l’inspiration et prétendaient avoir l’autorité de l’apôtre dans une lettre « qu’on disait venir de notre part », dit-il ; de sorte que la source réelle de l’erreur n’était pas la vraie Épitre de l’apôtre ni ses paroles, mais celles de quelque séducteur et une prétendue épître. M. Gaussen attribue leur danger à la vraie Épitre, qui devait le produire assez naturellement, dit-il. L’apôtre l’attribue à une fausse épître.

 

1.5        [Les croyants « endormis » (morts) ont encore la notion du temps]

M. Gaussen se trompe aussi lorsqu’il dit que le temps n’est plus rien pour ceux qui dorment en Jésus. Les âmes sous l’autel disent : « Jusques à quand, Seigneur, ne venges-tu pas ? » Et il leur a été dit qu’il leur fallait attendre encore un peu de temps.

 

1.6        [Le « mon maître tarde à venir » de Matt. 24:48]

Mais je ne veux pas relever tout ce qui se trouve dans ce passage ; il contient presque autant d’assertions mal fondées que de phrases, mon but, en le citant, est de montrer pourquoi je fais ces remarques. C’est qu’un but principal du livre de M. Gaussen, est de faire croire que le jour du Seigneur est à distance pour l’Église, en vernissant un très-ancien système et en confondant soigneusement l’attente de l’Église avec le jour du Christ. J’avoue que je ne comprends pas la différence entre cela et « mon maître tarde à venir ». S’il y en a, je serais très heureux de l’apprendre. Venons-en aux preuves que l’auteur donne de son système.

 

2         [Daniel 7, la petite corne interprétée comme étant la papauté, la succession des papes]

2.1        [Argument du « roi-théologien]

Dans le but que j’ai indiqué, M. Gaussen cherche à montrer que c’est la succession des papes dont il est question dans la petite corne du 7e de Daniel et en d’autres passages. Examinons en peu de mots les bases qu’il pose à l’appui de sa proposition. Premièrement, il veut que ce soit un roi théologien. C’est sur quoi il insiste beaucoup, et, en effet, c’est le point capital de son système. Quelle en est la preuve ? « Il change les temps et la loi ». Mais pourquoi celui qui change les temps et la loi est-il théologien ou même ecclésiastique ? Jéroboam a changé les temps et la loi ; il n’était pas théologien. La révolution française a aboli le christianisme et établi des décades au lieu des semaines. Est-ce que c’était de la théologie ? Cette preuve, qui est la base de tout son système, n’en est pas une ; elle n’a aucune valeur quelconque.

 

2.2        [Un petit territoire contrairement aux dix cornes]

De plus, pour démontrer que la petite corne est la papauté, il insiste sur ce qu’elle reste toujours petite territorialement, les dix autres étant grandes. C’est le côté politique du caractère du papisme, dont il fait une de ses preuves.

Or, selon M. Gaussen, cette petite corne en abat ou abaisse trois autres, c’est-à-dire trois des dix grandes, et s’approprie leur territoire (II, p. 26, 27) ; comment donc reste-t-elle petite ? La preuve que le passage s’applique au caractère civil du pape, est nulle ; elle se détruit elle-même.

 

2.3        [Les 1260 jours interprétés comme 1260 ans]

Un autre point capital, pour M. Gaussen, c’est que les 1260 jours indiquent une période horriblement longue, nécessairement 1260 ans. Il est évident qu’il y va de son système tout entier. Il répète à satiété que le temps est horriblement long. Or, j’ouvre ma Bible, ct je trouve qu’en parlant des 1260 jours, elle dit que Satan étant chassé du ciel descend en grande fureur, sachant qu’il n’a que peu de temps ; c’est-à-dire que l’Esprit de Dieu me dit précisément le contraire de ce qui fait la base du système de M. Gaussen. Ailleurs il est dit que si ces jours n’étaient pas abrégés, nulle chair ne serait sauvée ; c’est au sujet de ce qui, suivant l’autorité du Sauveur, se rapporte aux 1260 jours qui suivent l’établissement de l’abomination de la désolation. Le lecteur fera attention que je ne touche qu’aux points capitaux du système de l’auteur. Le caractère moral et civil et la durée de la corne sont les points desquels dépend tout son système. Cependant, je n’ai presque pas trouvé dans le livre d’assertions qui aient plus de fondement que celles que je viens de signaler. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

2.4        [Gaussen se croit d’accord avec les pères de l’Église, alors qu’ils lui sont opposés]

Il dit que les Pères sont d’accord avec lui. En quoi ? M. Gaussen croit que la corne est une succession de personnes. Ce point est nécessaire à son système. Les Pères croyaient qu’elle signifie un individu, ce qui détruit son système de fond en comble. Les Pères croyaient que les jours devaient être des jours ; M. Gaussen croit que ce sont des années (*). Ils croyaient que la fin était proche, M. Gaussen qu’elle ne l’était pas. Ils croyaient que l’homme de péché se donnerait pour être le Christ, non pour être son vicaire, deux choses incompatibles, quoi qu’en dise M. Gaussen. Ils croyaient qu’il serait assis dans le temple de Dieu, qu’il relèverait à Jérusalem ; M. Gaussen croit tout le contraire.

 

(*) M. Gaussen admet que ce point partage les commentateurs irrémissiblement en deux grandes écoles, radicalement opposées, à jamais inconciliables, et différant entre elles sur tous les points (Avertissement au vol. II, 15, 16).

 

2.5        [Question clé : L’Antichrist est-il un individu qui dominera littéralement 1260 jours à la fin des temps, ou est-ce une succession d’individus durant 1260 ans ?]

En un mot, les principes des Pères renversent de fond en comble tout le système de M. Gaussen dans les points sur lesquels il insiste, et sur lesquels il diffère du système auquel il s’oppose. Ils ne sont d’accord avec lui, que sur les points que ses adversaires admettent comme lui. Tous croient que la quatrième bête est l’empire romain. Tous croient que les dix doigts des pieds sont dix royaumes. Tous croient que l’Antichrist durera jusqu’à la venue du Christ. Les questions entre M. Gaussen et le système opposé sont celles-ci : L’Antichrist est-il un individu qui dominera littéralement 1260 jours à la fin des temps, ou est-ce une succession d’individus qui durera 1260 ans ? Or, c’est cette dernière proposition qui est absolument nécessaire au système Gaussen (ou plutôt c’est son système). Les Pères maintiennent l’autre, c’est-a-dire l’opposé du sien. Leur système et celui de M. Gaussen sont incompatibles ; ils sont antagonistes de son propre aveu.

 

2.6        [Les dix royaumes ne sont pas des ennemis qui attaquent l’empire romain et en prennent possession]

En outre, la Parole dit que dix royaumes doivent s’élever de l’empire. Mais M. Gaussen nous parle d’ennemis qui attaquent cet empire et en prennent possession. Ils ne s’élèvent pas du tout de l’empire romain. Si l’on veut les considérer à une époque postérieure, lorsqu’ils sont devenus des royaumes, son système de dates est renversé. J’ajouterai ici que son raisonnement sur la date de l’apparition de la petite corne n’a aucune force non plus : il dit (III, 15) qu’elle ne peut avoir paru plus tard que l’an 711, plus tard que l’époque où les trois derniers de ces dix royaumes ont été déracinés. Mais cela ne prouve rien, parce que, selon son système, les cornes déracinées ont toujours été remplacées par d’autres, de manière à en avoir toujours dix (II, 190), de sorte que, à quelque moment que ce fût, elle aurait pu en déraciner trois, sans que ce fût entre les dix premiers rois qui partagèrent l’empire. Et cela est tellement vrai, que les cornes que M. Gaussen croit avoir été déracinées par la petite, étaient toutes des remplaçantes d’autres qui avaient été déjà déracinées (Voy. II, 189). Ce raisonnement, donc, n’a aucune force, car si la petite corne a pu en abattre trois lorsque deux ont déjà été remplacées, elle a pu le faire lorsque cela est arrivé une dizaine de fois. La date donc ne vaut rien.

Au reste, des ennemis qui partagent l’empire, ne sont pas des royaumes qui s’élèvent de l’empire.

 

2.7        [Une corne est une puissance, ce n’est pas une succession de rois]

M. Gaussen insiste sur ce qu’une corne est toujours une succession de rois ; mais il n’en est rien. Une corne est une puissance ; quelquefois, il est vrai, une succession de rois qui ont une unité morale. Mais cette expression est appliquée à Christ. Il est appelé une corne (*) ailleurs. Il a sept cornes dans sa tête [Apoc. 5:6], la perfection de la puissance ; certainement il ne s’agit pas, dans ce cas, d’une succession. Il me semble assez clair que lorsqu’il est dit que la grande corne est le premier roi [Dan. 8:21], l’application à Alexandre personnellement est la pensée de l’Esprit. Dans les Thessaloniciens, le mot : sa venue [2 Thes. 2:9, duquel la venue], expression par laquelle le méchant est mis en contraste personnel avec le Seigneur, indique assez clairement qu’il s’agit d’un individu. Quoi qu’il en soit, l’assertion qu’une corne est toujours une succession de rois, est sans fondement.

 

(*) M. Gaussen cite (I, 133), 1 Sam. 2:10 ; Ps. 8:2 ; Luc 1:69, passages qui tous démontrent que corne veut dire simplement puissance. Dans un seul de ces cas peut-il y avoir succession ?

 

3         [Multiples élucubrations et supputations plus ou moins imaginaires]

3.1        [Église invisible]

M. Gaussen tient à montrer que la vraie Église est une Église invisible. C’est, selon lui, le vrai caractère et la nature de l’Église de Dieu, du corps de Christ (*). Quelle en est la preuve ? La voici, « Elle adore (III, 237), avons-nous vu, dans le temple intérieur » [Apoc. 11:1], c’est à-dire que l’état des fidèles, 600 ans après Jésus-Christ, lorsque, selon M. Gaussen, la révolte était déjà arrivée, « la grande apostasie, l’apostasie presque universelle du monde romain », lieu en question dans le passage ; lorsque la petite corne avait établi sa puissance ; lorsque Dieu avait donné la sainte cité pour être foulée aux pieds des profanes, cet état est l’expression et la preuve du vrai caractère, de l’état normal de l’Église de Dieu.

 

(*) M. Gaussen place ici : « l’Église des élus » entre des guillemets, comme si c’était une citation de la Parole. Je ne me rappelle pas qu’il y ait une telle expression dans la Parole. On ajoute quelquefois le mot Église à celui d’élu. Un exemple se trouve dans 1 Pierre 5:13 : « L’Église qui est à Babylone élue avec vous ». Mais l’Église ne se trouve pas dans l’original, et si ce mot y était, cela n’irait guère à M. Gaussen, parce que ce serait une assemblée particulière qui serait élue. Je dois avertir le lecteur de se tenir bien sur ses gardes à l’égard des apparentes citations de la Parole qui se trouvent dans ce livre, non que j’aie la moindre idée qu’il y ait de la mauvaise foi de la part de M. Gaussen ; mais, ayant attribué ses opinions à la Parole, il se sert de phrases, sous forme de citations, qui ne sont pas dans la Parole, comme si elle disait ce qu’il pense. Par exemple, p. 255, nous trouvons : « la mère des 144,000 qui gardent les commandements de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ, et qui ont blanchi leurs robes dans le sang de l’agneau ». Aucun passage pareil ne se trouve dans l’Écriture. Il y a plusieurs passages [Apoc. 12:17 & 7:14] cousus ensemble (en ajoutant « la mère ») qui n’ont aucun rapport entre eux, si ce n’est dans le système de M. Gaussen. Dans la même page, nous trouvons : « L’Apôtre a bien soin de nous dire que l’Église y a un lieu préparé de Dieu, afin que plus tard on l’y nourrisse 1260 jours » [Apoc. 12:6]. Mais l’Apôtre n’a pas dit que ce soit l’Église, et il n’a pas dit « plus tard », deux choses sans lesquelles le passage n’a aucune valeur pour prouver le point pour lequel M. Gaussen le cite.

 

C’est vraiment désolant !

 

3.2        [Apocalypse 12 n’est pas l’histoire de la chrétienté, encore moins au temps de Constantin]

De plus : il s’agit, pour le système de M. Gaussen, d’appliquer le 12 de l’Apocalypse à l’histoire de la chrétienté, et en particulier au temps de Constantin. Comment se sert-il de ce passage ? « À l’époque du grand dragon roux, elle (l’Église des 144,000) devait mettre au monde un enfant mâle, c’est-à-dire un peuple uni politiquement en corps de nation, et vainqueur de ses adversaires………. Quand deux des trois empereurs qui se partagèrent l’empire, Licinius et Constantin, publièrent à Milan leur édit de tolérance, alors enfin la femme mettait au monde cet enfant mâle qui devait bientôt paitre le paganisme avec une verge de fer, et qui doit un jour gouverner tous les peuples. Cependant, etc. ». Que dire d’un système qui a besoin de s’appuyer sur un pareil emploi de la Parole, ou plutôt qui a besoin de la changer d’une telle manière ? Le lecteur doit se souvenir que le passage du Ps.2 auquel allusion est faite ici, est une des prophéties les plus frappantes de la gloire de Christ, lorsqu’il gouvernera toutes les nations ; gloire que l’Église doit partager avec lui (Apoc. 2:26, 27) dans le siècle à venir ; et l’on en fait un édit de tolérance, « un peuple uni politiquement ». Que le lecteur se souvienne aussi que, selon la Parole, l’Enfant fut enlevé vers Dieu et vers son trône [Apoc. 12:5b]. Mais, même avec cette altération, le passage ne peut avoir encore une telle application ; il faut qu’il soit changé. Le passage dit : « qui devait gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer » [Apoc. 12:5a] ; idée unique, à quoi M. Gaussen substitue : « qui doit bientôt paitre le paganisme avec une verge de fer », et « doit un jour gouverner tous les peuples » ; deux actes distincts. Cette distinction, qui sépare le gouvernement de tous les peuples, du sceptre de fer, prive ce gouvernement du caractère que la Parole lui a donné, et introduit, en outre, deux objets de la prophétie, là où il n’y a qu’un, deux dates où il n’y en a qu’une. Pour autoriser ce dernier changement, M. Gaussen ajoute : « un jour », en donnant ces paroles comme une citation. Et remarquez bien que tout ceci était absolument nécessaire au système de l’auteur, parce que gouverner tous les peuples ne saurait être appliqué en aucune manière à l’époque à laquelle il applique la verge de fer, suivant l’explication qu’il en donne. Constantin a accompli le jugement dont M. Gaussen parle, la même année que l’édit de tolérance a été publié; tandis que le peuple politiquement uni n’a jamais jusqu’aujourd’hui gouverné tous les peuples. Bien au contraire, les 1260 ans de révolte l’attendaient. Selon M. Gaussen, « le triomphe n’était que pour un temps ». Peut-on écouter un instant un système et des raisonnements pareils ? Et je le répète, tout ceci tient au fond du système. Ce ne sont pas des accessoires qu’on peut laisser de côté tout en gardant le fond ; c’est le système lui-même qui est en question, et le système se trouve incompatible avec la Parole ; il la tronque, il la change.

Si l’on veut avoir un exemple de raisonnement, on n’a qu’à lire les pages 257 et 258, où l’auteur présente l’empire romain ! comme lançant les Barbares contre la vraie Église ; mais encore c’était nécessaire à son système d’interprétation.

 

3.3        [Durées : dates, temps, saisons. Erreurs, contradictions, manques de preuves des interprétations]

Au sujet de la supputation des temps, nous voyons (pages 68 à 76 du vol. III) un examen du verset 12 de Daniel 7. À la page 72, M. Gaussen dit : « Vous allez voir tout-à-l’heure que nous en pouvons encore tirer, quant à la petite corne, une conclusion qui nous donnera le dixième trait de son signalement. Cette conclusion, la voici : C’est que sa durée doit être très- longue, horriblement longue ». Aussi, page 75, on voit que le dixième trait est la durée de sa vie.

Or, quelle est la preuve de cet article capital ? C’est qu’un temps et un temps font 720 ans, c’est à-dire, l’intervalle depuis la fondation de l’empire babylonien jusqu’à celle de l’empire romain ; ou plus exactement, un temps est une saison, c’est-à-dire 540, en prenant un zeman pour la moitié d’une hiddan. Mais, s’il est plus exact (*) de dire saison et de prendre ce mot pour la moitié d’une année, il est clair que l’autre sens est inexact. Mais, pourquoi usé-je de tant de mots ? M. Gaussen emploie la même phrase pour signifier 720 et 540 ans ; l’un de ces chiffres donnant selon lui la durée des trois empires, en comptant depuis la fondation du premier ; l’autre, cette même durée en prenant le siège de Jérusalem pour date. Cela a l’air de confirmer l’une de ces applications du passage par l’autre ; mais elles se contredisent en réalité. Si l’une est vraie, l’autre est fausse ; car si la phrase veut dire 720, elle ne peut pas signifier 540. Au reste, il est certain que le mot n’est pas ce qui est traduit ailleurs par un temps, et par conséquent que la supputation est entièrement fausse selon le système de l’auteur. Il reconnaît que la durée des trois empires a été de 720 années. Mais d’après l’interprétation du mot la plus exacte selon lui, il manque 180 ans dans le passage qu’il applique à cette durée ; c’est-à-dire que le passage n’y est pas applicable du tout. Il n’y a ici qu’une traduction fausse pour appuyer la conclusion de l’auteur quant à la durée de la petite corne ; et quelle est la preuve que zéman signifie la moitié d’un temps ? Il n’y en a point. Zéman veut dire un temps désigné, ordonné. Osterwald traduit les deux mots ensemble par : « pour un certain temps ». Je ne doute pas que ce ne soit le vrai sens. Et je suis bien assuré pour ma part, qu’il ne s’agit nullement de la durée des empires, mais de leur existence après la cessation de leur puissance impériale. C’est le sens très-évident et simple, selon la traduction que M. Gaussen approuve et que je crois vraie. La domination fut ôtée aux autres bêtes, mais une prolongation de vie leur a été donnée ; tandis que la vie de la quatrième bête a été ôtée en même temps que sa domination. La bête elle-même a été détruite. Ce n’était pas le cas des autres ; elles subsistaient encore, mais non comme empires. Mais ceci soit dit en passant.

 

(*) À la fin du volume, cependant, il permet aux enfants d’en parler, comme s’il y avait deux temps, dans le passage page 334.

 

Je laisse ce que j’ai dit au jugement du lecteur enseigné de Dieu. Mon affaire est le raisonnement de M. Gaussen qui trouve dans les mêmes mots les chiffres 720 et 540 ; raisonnement qui se détruit lui-même, et qui reconnaît que le premier chiffre n’est que le résultat d’une fausse traduction, aveu qui renverse l’emploi qu’il fait du passage dont il traite, vu que, historiquement, il manque 180 ans pour combler l’intervalle entre l’ère de Nabonassar et Auguste. Ainsi, toutes les bases manquent à la durée de la corne.

Du reste, ce que M. Gaussen nous dit, ne me parait reposer que sur une fausse idée qu’il s’est faite de l’emploi du mot saison en anglais. Il est employé en effet dans cette langue, comme en français, pour l’hiver, l’été, etc. ; mais, en anglais, il a un autre sens beaucoup plus vague. On s’en sert pour désigner une période quelconque ; lorsqu’il est pris seul, c’est plutôt pour une période courte. Avec un adjectif, il reçoit le sens de l’adjectif. La traduction anglaise l’a employé dans ce passage pour laisser la chose dans le vague, ainsi qu’a fait Osterwald. Je ne pense pas pourtant que M. Gaussen veuille maintenir que zèman signifie une saison de l’année, sinon tout son raisonnement est sans force. Mais, que penser d’un système fondé sur une supputation (base de tout, faites-y attention, car ces 1260 ans sont essentiels à son système), dans lequel le même mot est pris en deux sens qui s’entredétruisent, et dont M. Gaussen reconnaît l’un être faux, tandis que celui qu’il considère comme vrai, fait une erreur de 180 ans sur 720, dans la période sur laquelle il se fonde comme étant, selon lui, historiquement fixée ? Le fait est que le mot n’a pas en hébreu le sens d’une période quelconque (*).

 

(*) En disant ceci, je me fie aux meilleurs dictionnaires sans prétendre être savant hébraïste moi-même ; il vient de Zaman qui signifie (en grec) être ordonné, fixé.

 

La distinction faite, page 62, entre la durée de la persécution et la fin de la puissance de la bête est sans valeur, puisqu’il est dit, versets 21 et 22, que la corne doit faire la guerre aux saints et les surmonter, jusqu’à ce que l’ancien des jours vienne et que le jugement soit donné aux saints du souverain. Or, je ne pense pas que M. Gaussen prétende que l’empire subsiste après la venue de l’ancien des jours et après que le jugement aura été donné aux saints du souverain. Le seul rapprochement de ce passage détruit donc une autre partie importante de ce système. Les persécutions sont terminées par l’arrivée de l’ancien des jours et le jugement donné aux saints. Du reste, M. Gaussen se contredit formellement sur ce point. Aux pages 181 et 182. Il applique les versets que nous venons de citer, dans le même sens que notre raisonnement leur attribue ; il fait « opprimer l’Église jusqu’à ce qu’enfin la monarchie de Jésus-Christ et de ses saints vienne commencer sur la terre ». Aux pages 181 et 182, il en dit autant de la petite corne, « cette puissance impie qui doit surmonter l’Église jusqu’à la fin des temps ». Voyez aussi, vol. II, 4, la même chose. Au tom. III, 254, M. Gaussen nous dit : « Il nous reste donc maintenant à la revoir au treizième chapitre sous la forme decem-royale [= de dix rois], et au XVII sous la forme démocrate. Ce sera le temps de la petite corne ». Or, au ch. XIII, la durée de la bête decem-royale est « d’accomplir 42 mois ». La petite corne fait la guerre aux saints jusqu’à ce que l’ancien des jours vienne, et (Dan. 7, si on applique ces mots aux saints) ils sont livrés entre ses mains un temps, des temps et la moitié d’un temps. M. Gaussen cherche à faire la distinction entre « faire la guerre aux saints et les surmonter » ; et « être livrés entre ses mains » ; distinction insoutenable, comme nous le verrons, mais qui, dans tous les cas, ne fait pas cesser la contradiction que je signale ici. On n’a qu’à comparer les pages 62, 181 et 182. La distinction était nécessaire pour sa bête démocratique ; mais, il est évident que la petite corne et la bête à dix cornes vont ensemble et périssent ensemble.

 

3.4        [Le but de Dieu est Christ et sa gloire, non pas de mener le monde en vue de l’Église. Daniel ne parle pas de l’Église]

Il est bon de faire attention à une autre chose : c’est que le point le plus important possible est traité dans le système de l’auteur comme une vérité admise, comme une donnée incontestée, savoir que c’est de l’Église dont il est question dans ces prophéties. Or, bien des personnes croient qu’il s’agit d’un résidu juif, et citent la parole pour le démontrer. Ceci est un point capital. M. Gaussen ne se donne pas la peine de le discuter. Il garde sur ce point un silence absolu. Il est nécessaire à son système que ce soit l’Église ; il ne peut pas le démontrer, et il le dit sans preuves aucunes. Sur ce sujet M. Gaussen pose un principe entièrement faux, savoir que Dieu mène le monde en vue de l’Église. C’est Christ et sa gloire qui sont le but des conseils de Dieu. L’Église partagera cette gloire, et, partant, elle entre aussi dans les conseils de Dieu.

 

3.4.1        [Sur la terre, Dieu arrange les choses en relation avec Israël. L’Église est un peuple céleste]

Mais, la différence est du tout au tout, par ce que, si Christ est le but, les Juifs dont il sera chef et souverain sont le but du gouvernement de Dieu à l’égard du monde, et même de l’arrangement des nations, « Quand le Souverain partageait les nations, quand il séparait les enfants des hommes les uns des autres, il établit les bornes des peuples suivant le nombre des enfants d’Israël, car la portion de l’Éternel c’est son peuple, et Jacob est le lot de son héritage » (Deut. 10 et 12:8, 9). Or, ce but révélé des arrangements de Dieu sur la terre est laissé de côté, et l’Église, peuple céleste, [est] mise à la place d’Israël par M. Gaussen. On comprendra que ceci change tout dans la prophétie. Par exemple, la plus grande partie des prophéties s’appliquent à un temps où Israël est plus ou moins reconnu dans sa terre. Tout ceci est laissé de côté et ne trouve pas de place dans le système de M. Gaussen. Or, quand Israël est reconnu et qu’il s’agit de ce peuple, l’Église, où il n’y a ni Juifs ni gentils, est nécessairement hors de scène. Il ne s’agit plus de longues années, mais d’une « œuvre abrégée » de Dieu sur la terre, de jours desquels il est dit que « s’ils n’étaient pas abrégés, nulle chair ne serait sauvée » ; passage où le Sauveur lui-même dirige notre attention sur Daniel et sur des passages où il est question des 1260 jours. Ceci donc touche au fond de la question sur le point en litige entre les deux grandes écoles. M. Gaussen l’évite entièrement ; il parle déjà, dès son avant-propos, des souffrances prochaines de l’Église comme d’une vérité admise. L’idée qu’il se forme de l’Église, devient donc un point très-important à examiner. Or, ayant laissé de côté les Juifs comme objets des conseils de Dieu, il reste dans ses idées sur l’Église une confusion qu’on a de la peine à comprendre.

 

3.4.2        [Multiples interprétations rattachées à tort à l’Église alors qu’elles concernent Israël]

Ainsi vol. II, page 2.

« Le premier siège de Jérusalem par Nebuchadnetsar, est le commencement de la captivité de l’Église sous la première monarchie ». Ici les Juifs rebelles et pervers sous le jugement de Dieu, forment l’Église.

Page 4. Il suppose qu’il s’agit en Daniel des destinées de l’Église. Point de preuves données.

Page 12. « Dieu a voulu révéler à Daniel l’histoire de l’Église ». Point de preuves non plus.

Il en fait (page 15) un point qui doit toujours revenir à l’esprit.

Page 25. « Quand il fit tour à tour prospérer et tomber les royaumes de Moab, de Hammon, d’Idumée, de Damas, d’Assyrie, ce fut pour son Église ». Si j’ouvre ma Bible je trouve que c’est pour les Juifs et pour sa propre gloire. Ici il est dit : « l’Église », sans preuve et sans tenir compte de ce qui est dans la Parole.

« Quand il éleva l’Égypte au plus haut degré de splendeur dans les jours de Joseph, et ensuite qu’il la ramena dans la mer Rouge aux jours de Moïse, ce fut pour son Église ». Ici aussi, nous le savons bien, c’était pour Israël. Or, cette confusion de l’Église et d’Israël profondément nuisible dans les choses spirituelles, devient capitale dans la prophétie, et toutes les questions traitées par M. Gaussen se rattachent à la solution de celle-ci, parce que si Israël veut dire Israël, les prophéties d’Ézéchiel et de Daniel qu’il cite ont une application qu’il n’admet pas, et son système d’interprétation, sauf quelques analogies, est faux d’un bout à l’autre. Croit-on, quelque précieux qu’ait été le type de la rédemption qui s’y trouve, qu’Israël ait été l’Église à la mer Rouge, ou que la chute de Moab ou de Hammon ait été pour l’Église ? N’est-il pas évident que M. Gaussen aurait dû démontrer que des passages qui parlent positivement d’Israël, dans les termes les plus clairs et les plus simplement historiques, se rapportent à l’Église et pas à Israël, d’autant plus que tout un système d’interprétation dépend de cette question ? Tout ceci M. Gaussen le considère comme admis mais c’est précisément ce qui est en question.

Tome II, page 50. La montagne de laquelle la pierre est coupée sans main, est là « pour figurer l’Église de Dieu, qui doit finir par couvrir toute la terre ».

Ici, premièrement, la montagne d’où la pierre est prise, est confondue avec celle qui couvre la terre, et les deux sont appelées l’Église, non-seulement sans preuves, mais malgré le passage même qui dit que du temps de ces rois Dieu établira un royaume. Or, il est certain que, en aucun sens, l’Église n’a été établie et n’a commencé son accroissement dans le temps de ces rois.

Je passe au IIIe volume (Il y a beaucoup d’autres passages, cependant, au deuxième volume, dans lesquels le mot : Église est employé de la même manière).

Page 5. « La petite corne, est-il dit, est funeste à l’Église ». Aucune preuve qu’elle le soit à l’Église.

On comprendra l’importance de cette application de divers passages à l’Église, lorsque je ferai voir combien de fois dans une partie du troisième volume, cette application trouve sa place dans les explications qui, en effet, dépendent de la question de savoir si c’est de l’Église qu’il s’agit, point supposé depuis le commencement.

Le lecteur retrouvera cette application de la prophétie à l’Église, pages 16, 25, 28 et 29. À la page 42, c’est encore à l’Église qu’est appliqué le Ps. 74 qui parle évidemment des Juifs, de la prise de Jérusalem et des dégâts faits dans le temple à cette occasion. Voyez encore pages 58, 59, 171, 181, 189, 191, 201 et 207. Je ne vais pas plus loin, parce que, après cette page, M. Gaussen entre dans l’explication de l’Apocalypse, et si je m’en occupais, je devrais entrer dans le terrain de la discussion, au lieu de montrer comment les points principaux sont supposés sans aucune preuve à l’appui.

 

3.5        [Le manque de preuves amène à bâtir un système sans aucun fondement réel. Gaussen force les interprétations pour que la petite corne soit le pape]

Or, omettre les Juifs et tout appliquer à l’Église, c‘est introduire une confusion complète dans la prophétie. Le faire sans discuter ce point, c’est bâtir un système sans aucun fondement réel. Nous allons voir par quelques autres exemples combien, parmi les choses que M. Gaussen pose comme bases, il y en a peu qui soient solides.

Déjà, page 2, M. Gaussen suppose sans preuves ce qui est en question : « Un personnage impie, dont le règne durera plus longtemps à lui seul que celui des trois premières monarchies réunies ensemble ».

Page 4. En disant « jusqu’à nos jours » il suppose encore que la petite corne fait partie de l’histoire passée. C’est la chose en question.

Nous avons déjà fait remarquer l’assertion que la corne est une espèce de théologien, puisqu’elle prétend changer les temps et la loi ; base de tout, qu’il suppose toujours démontrée après ce passage, tandis que la preuve qu’il en donne est absolument nulle.

Pages 6 et 7. Pour que la prophétie s’applique au système papal, l’auteur fait une supposition de l’étendue du mal, sans que Daniel dise un mot de cette étendue.

Page 7. La corne est appelée puissance spirituelle, ce qui est le point en question, et cela sans preuves. Nous avons déjà parlé des dimensions de cette corne ; nous n’avons à remarquer sur la chronologie que ceci. C’est que présenter, pour fixer une date, les ravages qui ont renversé l’empire comme étant des royaumes qui s’élèvent de cet empire, n’est rien moins que satisfaisant, d’autant plus que, dans l’Apocalypse, les dix cornes prennent leur puissance (une heure, c’est-à-dire pendant la même période) (*) avec la bête.

 

(*) M. Gaussen cherche bien à distinguer ces deux choses et à expliquer ce passage, en disant que les dix rois non couronnés prennent ce caractère de puissance, en même temps que la démocratie. Mais on ne peut comprendre comment dix cornes qui ont existé 1200 ans, prennent leur puissance en perdant leur couronne par une révolution ; et puisque cela se fait en chaque royaume, à une époque différente, ce ne peut pas être en même temps avec la bête qui est l’unité de l’empire latin. Du reste μίαν ώρην n’est pas en même temps, mais pendant le même temps (Luc 17:29 ; ή δέ ήμέρα. Apoc, 18:16. — De l’autre côté, 11:2, 3 ; 8:5 ; 17:10 et ailleurs).

 

Page 10. M. Gaussen dit : « Les dix premières cornes s’étaient offertes à Daniel toutes à la fois, toutes déjà grandes et menaçantes, toutes au sein de la mer écumeuse », en contraste avec la petite qui montait après. Comment cela, si, comme il dit, il s’agit des invasions qui commencent en 412 et finissent en 526 ? Comment est-ce que la petite corne monte en silence et sous les apparences les plus innocentes, les plus « modestes », etc., si (page 22) elle doit remplir de bruit treize siècles, c’est-à-dire toute la durée de son existence ; si (page 27), elle s’est distinguée toujours de tous les autres rois par ses grandes paroles ?

Quelle preuve (page 11) qu’elle prend place « sous la sauvegarde du pouvoir impérial ? » Cela est vrai du pape, mais qu’est-ce que Daniel en dit ? Nous avons parlé de ses accroissements, autre point capital, et de la preuve de sa date (pages 13-15).

Pag. 21. Quelle preuve que la corne reçoit les premiers pouvoirs de l’autorité des empereurs romains ? Si c’est parce qu’elle était sur la tête de la bête, cela reste toujours vrai : ce ne seront pas seulement ses premiers pouvoirs. Ce que dit M. Gaussen est vrai du pape ; Daniel n’en dit rien.

Page 24. « Mettant ainsi ses propres traditions ». Ceci convient au pape ; rien qui s’y rapporte, ne se trouve en Daniel.

« Il excitera tous les autres rois de la terre romaine contre le peuple de Dieu ». Quelle preuve ? « Il le faut bien ». Aucune preuve que les cornes le fassent même. Cela convient au pape ; voilà tout.

Page 35. Remarquez que M. Gaussen place les anges sur les trônes, chose inconnue à la Bible, parce que si l’Église y était assise (chose certaine par la Bible), tout son système croulerait, puisque, selon lui, le jugement est exécuté avant la résurrection de l’Église. Or, cette dernière doctrine est totalement inadmissible selon la Parole, ainsi que nous le montrerons ; mais si elle était vraie comme M. Gaussen le prétend, l’Église, en effet, ne pourrait pas être encore sur les trônes. C’est pourquoi il y met les anges.

Pages 58 - 60. Tout ce qui est contenu dans ces pages, ne sont que des suppositions sur ce que la corne peut être dans le but de l’appliquer au pape, sans que dans Daniel il y ait un mot qui s’y rapporte. L’explication du prophète nous dit que la corne proférera des paroles (*) contre le souverain, et, à ce qu’il paraît, c’est la corne qui a la domination à la fin. Tout ce que dit M. Gaussen sur ce que, « il faut supposer », s’applique sans doute au pape, mais est tout différent de ce qui se trouve en Daniel.

 

(*) M. Gaussen suppose, avec les autres commentateurs, que ce sont les saints qui sont livrés entre les mains de la petite corne. Je ne le crois pas : ce sont les temps et la loi. Je ne crois pas que Dieu livre ses saints entre les mains de l’ennemi ; il est certain que ce sont les mots : « les temps et la loi », qui précèdent immédiatement cette phrase. Temps et lois sont les ordonnances ou fêtes régulières des Juifs, et leur loi.

 

3.6        [Quand Jésus apparaît en gloire, c’est AVEC les saints]

À la page 101, remarquez la conséquence tirée. « Avant que l’homme de péché fût manifesté, et, par conséquent, avant que les Thessaloniciens pussent voir Jésus-Christ venir sur les nuées ». Or, il est certain par la Parole, que les Thessaloniciens, lorsque Jésus paraîtra, paraîtront avec lui, viendront avec lui ; car ceux qui sont avec lui, sont fidèles, élus et appelés. Il y a également ici confusion entre le mystère d’iniquité et l’homme de péché.

 

3.7        [Aucune preuve que l’homme de péché soit la petite corne]

Page 95. Quelle est la preuve que l’homme de péché soit la petite corne ? Elle est comprise dans ces mots : « c’est-à-dire », très-commodes pour discuter un point capital. Et puis les enfants « auront bien compris que l’homme de péché, c’est une succession d’hommes de péché » : chose la moins probable possible, puisqu’il est parlé de son avènement comme de l’avènement de Christ. Et la preuve ? Hélas ! il faut se contenter de ceci : « rien n’est plus simple ». Or, j’en doute fort, et voici pourquoi : Je trouve un faux prophète qui ressemble beaucoup plus à cet homme de péché ; et puis il y a la bête aussi qui a la domination, et, en Daniel, c’est la domination de la petite corne qui est ôtée à la fin. Mais je ne discute pas ici, je montre que les points capitaux ne sont que des suppositions sans preuves. J’ai parlé des Pères et fait voir que, sur le point qui, de l’aveu de M. Gaussen lui-même, est le point capital, ils sont tous entièrement contre lui. J’ajoute ici (voyez page 125), qu’on ne peut pas être vicaire et rival en même temps. Les Pères disent que l’Antichrist se donnerait pour être le Christ. Je n’en doute guère pour ma part ; mais, dans tous les cas, ils ne disent pas ce que M. Gaussen leur fait dire (p. 125) : « Le prétendu vicaire ». Ils en avaient une tout autre idée, ainsi qu’on peut le voir par les citations de M. Gaussen lui-même. Mais l’expression convenait au pape.

 

3.8        [Daniel 2 ne parle pas de la petite corne. Les dates qui s’y rapportent sont sans fondement]

Page 187. M. Gaussen appelle Daniel 2 la mappemonde prophétique, et nous dit que la corne ne peut pas avoir seulement une très-courte durée à la fin des temps, parce que cette idée reste en désaccord avec la mappemonde. La révélation faite à Nebuchadnetsar ne dit rien de la petite corne, et, par conséquent, les discussions sur sa date ne sauraient toucher la mappemonde. Qu’elle soit montée d’abord après les dix, ainsi que M. Gaussen l’affirme, cela se peut, mais Daniel n’en dit rien. Nous avons déjà examiné ce qui est avancé, pour démontrer l’exactitude des dates adoptées par M. Gaussen ; nous l’avons trouvé sans fondement, et nous avons vu que les dix cornes, dans l’Apocalypse, ont leur puissance en même temps que la bête, au lieu de renverser celle-ci. Si les prédictions de Daniel se rapportent au temps où les Juifs sont en scène, tout le système de M. Gaussen est renversé de fond en comble. Or, l’Esprit le dit plusieurs fois dans les derniers chapitres de ce prophète (voyez Daniel 10:14 ; 11:14, 30, 31 ; 12:1, 7, 11), où il est question de ces nombres ; et le Seigneur, en parlant de Jérusalem, nous renvoie aux prophéties de Daniel, où ces nombres nous sont donnés.

Je ne m’étends pas là-dessus, mais on peut voir l’extrême négligence avec laquelle M. Gaussen cite la Parole, page 205. C’est une chose vraiment inconcevable.

Page 209. La règle, quant au nombre sept, savoir, qu’il « épuise toujours l’histoire des temps futurs », n’est pas juste. Les sept fioles, par exemple, épuisent la colère de Dieu, mais le jugement de la bête vient ensuite, car les noces sont après la destruction de Babylone, et la destruction de la bête après les noces ; et rien ne montre que les sept Églises vont jusqu’au millénium. L’Apocalypse déclare que toutes les parties prophétiques sont après : « μεταταυτα ».

 

3.9        [Incohérences sur les églises d’Apoc. 2 et 3. Il veut que la Réformation soit Philadelphie]

Page 211. Je trouve triste ce qui est dit de Sardes. Après Rome (Thyatire), nous dit M. Gaussen, Sardes est l’Église réservée du milieu des ténèbres des 14ième et 15ième siècles, c’est-à-dire, c’est la même époque que Thyatire, où il y en avait de ceux dont les dernières œuvres étaient meilleures que les premières (*). Ce résidu, réservé selon l’élection de grâce, est, d’après M. Gaussen, l’Église qui a un bruit de vivre, mais qui est morte, et cela en même temps que Thyatire. Également, dans ce résidu selon l’élection de grâce, il n’y a qu’un petit nombre qui marcheront avec Christ, en vêtements blancs, comme en étant dignes, et dont les noms seront confessés par le Seigneur. Aussi, si elle ne se repentait pas, le Seigneur devait venir contre cette Église comme un larron.

 

(*) Cette interprétation veut que deux états bien différents soient présentés par le Saint-Esprit comme caractérisant la même époque, ce qui n’est guère possible. Mais il aurait été trop pénible pour M. Gaussen, d’admettre que l’état de mort du protestantisme est représenté par Sardes, selon le système qu’adopte M. Gaussen, et que je crois vrai à l’égard des sept Églises. Rien de plus solennel que la manière dont l’Église de Sardes est mise sur le même pied que le monde (comparez 1 Thess. 5). Je prie le lecteur d’y faire attention ; le contraste avec Philadelphie rend la chose plus frappante. L’énergie qui a produit la bienheureuse réformation a été un don précieux de Dieu. Mais les sept Églises nous dépeignent non des énergies qui produisent certains résultats, mais les divers états qui ont suivi l’effet de ces énergies ; car il s’agit du jugement du Fils de l’Homme. Or, la puissance de l’Esprit de Dieu n’est pas l’objet du jugement de Christ ; ce qui l’est, c’est l’état de l’homme quand il a joui de cette puissance.

Il ne s’agit jamais, dans ces Églises, de grâce communiquée. Il y a des menaces, des récompenses : en un mot, des motifs et de la responsabilité. Rendons justice, cependant, à M. Gaussen, à l’égard de Sardes et de Philadelphie ; il a trouvé, si je ne me trompe, cette partie de son système en Vitrings.

 

Et pourquoi toutes ces inconséquences ? Pour faire de Philadelphie la bienheureuse réformation. Malheureusement (pages 230-1), pendant cette période, « les Églises extérieures, officielles et visibles, seront livrées aux ennemis de Dieu ».

 

3.10   [Interprétations farfelues sur Apoc. 6 et 7, sur les 144000 et les tribulations. Ne pas se laisser impressionner par les assertions gratuites]

Page 218. M. Gaussen nous dit que le cheval « est le signe historique de Rome ». Il est certain, d’après Zacharie, que les chevaux ne sont pas simplement l’empire romain.

Page 220. « Ainsi, le monde romain, désormais, tiendra sur la terre la place des douze tribus de l’ancien peuple. Les oracles du Nouveau Testament lui seront confiés ». Ajoutez (page 221) que bientôt ce serait la grande apostasie « qui devait amener sur le monde romain tous les châtiments révélés par saint Jean, sous le septième et dernier sceau » ……. Que fera-t-il de sa chère Église, pendant cette longue révolte et ces tribulations ? Nous répondrons : Il l’en fera sortir pure, il la gardera selon son élection de grâce. Mais, pour cela, qu’opérera-t-il ? Écoutez, car c’est ce qui nous est dit dans cet admirable chapitre VII : « Il ira prendre ses élus, de génération en génération, dans les douze tribus de cette terre prophétique, qui remplace désormais l’ancien peuple d’Israël, car ces douze tribus ici nommées, ce ne sont plus des Juifs, ce sont, dit saint Jean, des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue ».

Je ne dis rien de l’idée que les oracles de Dieu ont été confiés au « monde romain » christianisé, ni rien de ce que les vraies douze tribus étaient un peuple élu et racheté de la part de celui dont les vues et l’appel sont sans repentance. Je signale seulement ici la manière dont la Parole est traitée pour l’accommoder à un système préconçu, « Il ira », dit M. Gaussen, « prendre les élus de génération en génération ». Où cela est-il dit dans cet admirable chapitre VII ? Nulle part. Bien au contraire, c’est une époque très-spéciale, où Dieu retient les vents pour que rien ne soit touché jusqu’à ce que ces 144,000 soient scellés. Or, pour l’adapter encore à son système, M. Gaussen nous affirme que saint Jean dit que ce sont des gens de toute nation, etc. Or, saint Jean n’en dit pas un mot. Ayant parlé des 144,000 des douze tribus d’Israël, il dit : « Après cela, je regardais, et voici une grande multitude de gens que personne ne pouvait compter, de toute nation », etc. ; c’est-à-dire nous avons une multitude que personne ne pouvait compter de Gentils, en contraste avec un dénombrement exact des élus d’Israël. Il n’y a pas un mot de ce que dit M. Gaussen, mais le contraire sur tous les points.

Et savez-vous, lecteur, pourquoi ces élus sont présentés ici plutôt qu’ailleurs ? C’est « pour une raison toute simple et toute belle : c’est à cette époque de l’histoire que Dieu suscitait l’admirable saint Augustin ! » Tout ceci, il est vrai, est emprunté à M. Elliott, mais cela aurait dû donner à M. Gaussen le temps de peser des assertions pareilles.

Page 225. Les 144,000 « reparaissent de génération en génération dans toutes les grandes scènes de l’Apocalypse ». Où ? Il est question de 144,000 au chapitre 14 ; mais il n’est pas dit que ce fussent les mêmes.

Le lecteur fera bien de remarquer la foule de choses supposées dans ces pages de M. Gaussen, dont nous venons de faire des extraits, choses sérieuses et importantes, avancées sans preuves. Les douze tribus sont l’empire romain, les 144,000 sont l’Église, et, de génération en génération, l’Église passera par des tribulations. Je trouve, au contraire, qu’il est promis aux fidèles de Philadelphie d’être gardés de l’heure de la tentation. Mais je ne discute pas ces points, j’attire l’attention du lecteur sur ces assertions, parce que si elles n’étaient pas signalées, elles impressionneraient l’esprit, comme si elles étaient vraies.

Page 229. Je laisse la trompette dite russe, puisque M. Gaussen ne l’explique pas ; seulement, je fais remarquer au lecteur que ces chapitres d’Ézéchiel qui parlent, ainsi que les commentateurs l’ont remarqué, des Russes par leur nom même (*), s’appliquent à Israël et à la terre de Canaan, et à eux seuls.

 

(*) Le mot de l’hébreu, traduit chef, est Ross. Sa position, il me semble, rend nécessaire son emploi, comme complément de prince : « Prince de Ross ».

 

3.11   [Incohérences sur Apoc. 11]

Mais, à l’égard de ce qui est dit page 252, j’ai une observation à faire. M. Gaussen fait tuer les témoins à la fin du témoignage des 1260 jours. Il est bon que le lecteur fasse attention ici aux dates. Ce n’est pas cependant sur ceci que je veux parler. Voici ce que je ferai remarquer : c’est que, pendant les 1260 jours de leur témoignage, personne n’a pu toucher les témoins ; « si quelqu’un veut leur nuire, le feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis ». Ce sont eux qui frappent la terre de toutes sortes de plaies. Ils sont vêtus de sac, mais ils sont comme Moïse et Élie. Comment ont-ils pu être livrés entre les mains de la bête et de la petite corne pendant cette période, et être vaincus par la bête ? Ce qui est dit ici des témoins, renverse tout le système. M. Gaussen évite une des difficultés éprouvées par les autres commentateurs en distinguant les bêtes. Mais il est dans le même embarras après tout, parce que la corne doit avoir puissance sur les témoins, et la bête les vaincra contrairement à ce qui est dit ici. Je dois ajouter que je n’ai aucune difficulté sur ce sujet, parce que pour moi, je vois deux moitiés distinctes de la dernière semaine des 70 semaines de Daniel, et je crois que c’est pendant la première moitié que ce témoignage est rendu. Mais je ne discute pas ici.

Nous avons assez parlé du raisonnement de l’auteur sur l’invisibilité de l’Église. J’ajoute cependant qu’il est un peu curieux que l’auteur répande dans la cour extérieure (page 240) et dans la sainte cité, ceux qui adorent dans le sanctuaire intérieur. Je ne reviens plus sur les choses monstrueuses qui sont dites sur le chap. 12 de l’Apocalypse.

 

3.12   [Incohérences sur Apoc. 12, le dragon et les bêtes]

3.12.1    [Confusion de la bête et du dragon]

Page 246. Nous avons encore une preuve de la fausseté du système. Le dragon est la bête païenne, selon M. Gaussen, mais « on la reconnaît pour la même bête », dit-il, « par la durée de sa guerre contre les saints ». La guerre du dragon ! Est-ce l’empire païen qui a persécuté pendant cette période de 1260 ans ? Ceci aussi, qu’on trouve effectivement dans ce chapitre (car la femme s’enfuit dans le désert de devant le dragon pour y être nourrie 1260 jours), renverse tout le système de M. Gaussen, qui fait venir cette période après le changement complet du dragon par le Christianisme (*) ; et non-seulement cela, mais il fait commencer sa période de 1260 jours sous la seconde forme de la bête. Le dragon n’a rien à faire avec les 1260 jours, dans le système de M. Gaussen, mais, oui, bien au chapitre 12 de l’Apocalypse. C’est-à-dire que le système est insoutenable. On a beau dire que c’est la même bête. Remarquez en passant l’incertitude qui règne ici. M. Gaussen dit (page 248) : « Il (l’empire) a cependant eu des empereurs en même temps que des rois, jusqu’aux jours de Bonaparte ». Page 250 : Les dix rois n’ont presque jamais cessé de reconnaître un « saint empire romain ». « On pourrait presque dire qu’il a duré jusqu’à nos jours ». Il l’avait positivement affirmé deux pages avant. Mais, ailleurs, il confesse qu’il y a eu un intervalle de 60 ans (vol. II, p. 255), et plus positivement, III, 274, où il est dit que peut-être il faut le prolonger jusqu’à 263 ans de plus. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

3.12.2    [Aberrations dans des interprétations historiques de la prophétie sur Apoc. 12]

Mais la confusion au sujet des bêtes mérite encore quelques mots. Selon la Parole, l’Enfant est enlevé vers Dieu, et son trône ; il doit gouverner les nations avec une verge de fer. Mais (page 256) il paît le paganisme (c’est-à-dire, selon M. Gaussen, le dragon !) avec une verge de fer, déjà sous Constantin. Le triomphe pourtant n’est pas long. Le dragon devient tout d’un coup (page 257) la puissance furieuse des Ariens ! Alors, saint Augustin prépare des ailes pour la femme, pour être en état de s’envoler au désert. Enfin, le dragon (pages 252, 255), c’est-à-dire « en religion, un pouvoir païen et persécuteur », et en fait de politique, le pouvoir absolu des empereurs païens (soit la tête impériale du 3ième au 4ième siècle) devient, après une seconde attaque arienne, « l’ennemi des âmes, employant l’empire romain » christianisé « à lancer contre la femme les flots impétueux des barbares ». Mais l’empire latin (c’est-à-dire le dragon au commencement de la phrase) les engloutit ; ils sont absorbés dans l’empire et s’incorporent avec lui.

 

(*) La femme aurait dû revêtir le dragon d’une peau de brebis ou de la peau de l’agneau.

 

Page 270. Encore un passage donné comme une citation avec « l’Église », ajouté au texte de l’Écriture.

Page 277. M. Gaussen fait de la destruction des saints, la source de l’autorité universelle de la bête, ajoutant : « comme l’a dit ici saint Jean, au v. 8 ». Il n’y en a pas une idée en saint Jean.

M. Gaussen ajoute : « mi-religieux », en parlant du caractère de la bête adorée, tandis que c’est la seconde bête qui est la partie religieuse. Il n’a voulu (page 214) parler que de l’empire en contraste avec la religion, où il s’agissait d’expliquer le verset qui parle d’adorer la bête. Et là, remarquez-le bien, la bête était l’empire sous Justinien ou sous Charlemagne, qu’on ne pouvait guère dire avoir été les objets d’adoration.

On a pris pour certain que les 1260 jours, et trois temps et demi, sont nécessairement la même période ; mais cette période est la moitié d’une semaine, et l’on ne touche pas à la question de savoir s’il ne s’agit pas des deux moitiés. Il est impossible de concilier l’état des témoins (chap. 12), avec l’état des saints (chap. 13). Quoi qu’il en soit, M. Gaussen suppose la chose et ne prouve rien. Quant à l’empire, tout le monde reconnaît que c’est le même.

Page 280. « Un empire dans l’empire dans les mêmes contrées ». Pourquoi dans les mêmes contrées ? Point de preuves.

L’agneau était le Christ. Pourquoi cette bête n’est-elle pas un faux Christ ? Lorsque M. Gaussen attribue des miracles à la corne, la Parole ne l’appuie pas. Il n’y a que paroles contre le Souverain, et persécution des saints.

 

3.12.3    [L’interprétation de 1260 jours = 1260 ans ne concorde pas avec une phase finale démocratique de la bête]

Page 282. Il y a quelque chose de plus grave qui, quand on le compare avec d’autres passages de l’auteur, démolit tout le système de M. Gaussen. « La seconde » période de l’empire des Latins « va jusqu’à la révolution française en 1789 ». « Oui, c’est le temps des 1260 jours, ou de la guerre de la petite corne contre l’Église de Dieu ».

Ceci est absolument nécessaire à son système, parce que sa bête, decem-royale [à dix rois], fait la guerre pendant 42 mois, et la petite corne pendant trois ans et demi, c’est-à-dire, pendant la même période. Or, la petite corne fait la guerre aux saints jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne, et, selon M. Gaussen (page 182), « cette prophétie est là pour nous dire comment surgira dans l’empire romain, cette puissance impie qui doit tourmenter l’Église jusqu’à la fin des temps ». Or, observez bien que la persécution est attribuée à la corne, et non à la bête, en Daniel 7. Mais cette seule remarque détruit tout le système de M. Gaussen, parce que si cette corne, qui dure 1260 jours, soit trois temps et demi, la même période que la bête de l’Apoc. 13, tourmente l’Église jusqu’à la fin du temps, la théorie d’une troisième période de la bête, sous une autre forme, est imaginaire. Elle devait avoir lieu après la fin des temps, après l’avènement de l’Ancien des jours. Ici donc, en un mot, la troisième va jusqu’à la venue de Jésus-Christ. En Daniel, et selon M. Gaussen, ailleurs, c’est la seconde. Ceci est un point capital, parce qu’il s’agit de l’identité de la période de 1260 jours et des trois temps et demi.

 

3.12.4    [La présentation du Fils de l’Homme à l’Ancien des jours (Dan. 7) n’est pas la venue du Seigneur sur la terre]

Page 284. Voici ce qui est également très-grave. Il s’agit de la bête dans sa dernière forme, et de sa destruction, « La bête est tuée et son corps détruit ; elle est donnée au feu pour être brûlée. Puis, aussitôt après, le Fils de l’Homme vient sur les nuées du ciel. Très-bien ». Nous voyons maintenant pourquoi il était nécessaire de confondre la présentation du Fils de l’Homme à l’Ancien des jours avec sa venue sur la terre, en employant le passage de Daniel, ainsi que nous l’avons déjà fait observer, tantôt pour l’une, tantôt pour l’autre. La doctrine annoncée ici exclut le Fils de l’Homme de toute part dans le jugement de la bête. Il ne vient sur les nuées qu’après ce jugement. Daniel nous présente le Fils de l’Homme, conduit jusqu’à l’Ancien des jours pour recevoir le royaume. M. Gaussen change ceci pour en faire la venue de Christ, et il cite Apoc. 19 en confirmation. Or, il est certain, d’après Apoc. 19, que c’est par la venue de Jésus que la bête est détruite. Que celui qui est monté sur le cheval soit l’agneau, c’est ce qui nous est dit (17:14) ; que ceux qui sont avec lui soient les saints, c’est ce qui est certain par ce même verset. Les noces de l’agneau ont aussi eu lieu avant ce jugement (chap. 19). Malgré tout ceci, M. Gaussen met la venue du Seigneur, qui est Celui qui juge la bête au chap. 19, après le jugement de cette dernière. Le v. 4 du chap. 20 est une nouvelle vision qui introduit un nouvel ordre de choses, savoir : la session sur des trônes et non la venue en gloire. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

3.12.5    [Le jugement final est exécuté par Christ. La bête n’est pas une anarchie démocratique qui s’écroule]

Le chap. 7 de Daniel se divise aussi en visions, commençant v. 1, 7, 13, et puis vient l’explication, c’est-à-dire que les v. 13,14, contiennent une vision distincte. Ce que M. Gaussen appelle anarchie (283), faites-y bien attention, est l’effet du jugement et de l’établissement d’un royaume de la part de Dieu ; c’est l’explication que l’Esprit de Dieu lui-même donne de ce qu’il dit de la petite pierre (Daniel 2:44). Ce royaume, que Dieu établit, brise les royaumes humains ; la ruine n’est pas préparée par l’anarchie ; les pieds sont frappés par la petite pierre, et tout est brisé par la puissance du royaume qui s’établit, et la place de ce qui existait auparavant n’est plus trouvée. Que penser d’une interprétation qui applique cela à une anarchie démocratique ? Ici aussi, dans l’Apocalypse, il ne s’agit pas d’une anarchie. La bête est prise et jetée dans l’étang ardent de feu et de soufre. Cela est-il l’anarchie ? Or, cette bête est, selon M. Gaussen, la démocratie, et elle n’a pas été jugée auparavant par un autre jugement ; les gens de son armée sont tués ; et remarquez bien que c’est le coup du jugement porté par le royaume que Dieu établit, duquel il est ici question, et qui produit ce que M. Gaussen appelle si mal à propos anarchie. Ce n’est pas un état amené par des mouvements politiques révolutionnaires qui prépare la ruine (voyez 255), c’est la ruine même par le jugement de Dieu. Est-ce que la petite pierre coupée sans mains, qui devient une grande montagne et qui remplit toute la terre, est un esprit démocratique et révolutionnaire ? Et pourtant, c’est ce qui réduit la statue en poussière. Tout ce système est insoutenable. Que la démocratie surgisse et se remue, voilà ce qui est sûr ; on le sait assez depuis bien des années. Mais le système que M. Gaussen fonde sur cela, est entièrement opposé à la Parole. Ce n’est pas tout encore. La bête est l’empire latin dans son unité. Voilà ce qu’il a posé comme jalon ; mais ici il abandonne cette idée pour faire agir sa démocratie. La bête devient le peuple. Mais c’est le peuple sous des rois citoyens dans tous les dix États de l’empire latin (page 289). L’unité est perdue. C’est la multitude du peuple devenue souveraine en chacun des royaumes. Cette circonstance rend impossible l’application du passage à la réception de leur puissance en même temps avec la bête, ainsi que M. Gaussen le conçoit ; car cette réception de puissance a une dizaine d’époques différentes. Au reste, μίαν ώρην ne veut pas dire à la même époque, mais pendant la même période (Voyez la note, page 26). Mais enfin, quelle est la grande preuve que cette bête est la démocratie ? C’est que la femme étant assise sur la bête, l’est aussi sur les eaux. La bête est le peuple, « des peuples et des foules, et des nations et des langues » (Voyez 286, 295).

Ces expressions sont bien loin de donner l’idée de l’unité. L’expression de nation et de langue ne dit pas la bête dans une unité démocratique ou autre. Mais ce n’est pas tout ; nous voyons dans la dernière page citée, que M. Gaussen s’appuie sur l’idée que la femme est assise en même temps sur la bête et sur les eaux.

Voici ses paroles :

« C’est le peuple souverain sous des rois délégués et privés du diadème ».

— Qui vous l’a dit ?

— L’ange qui parle à saint Jean.

— Et comment ?

— Rome est dite assise sur la bête ; elle est dite assise également sur les grandes eaux ; la bête est donc les grandes eaux ».

Or, M. Gaussen n’a pas fait attention à l’original. En le consultant, il aurait vu qu’il bâtissait en l’air. La femme est assise, έπί θηρίον à l’accusatif, et έπί ύδάτων πολλών au génitif. Si je dis qu’Anvers est situé sur l’Escaut, cela ne veut pas dire que la ville est bâtie sur l’eau, mais à côté de la rivière. Je pense que M. Gaussen, quand il aura réfléchi, ne mettra pas en question que c’est le sens du passage. La femme, montée sur la bête, et dominant la bête, était placée à côté des eaux, et étendait son influence sur les peuples et les nations, et cela au-delà de la bête proprement dite.

Que le mal des derniers jours soit grand, c’est ce dont je ne doute pas. Que les saints soient dans la tribulation, je ne le crois pas. Ceux qui auront gardé la parole de la patience de Christ, seront gardés de l’heure de tentation qui viendra sur tout le monde pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Que ceux dont celle-ci est plus ou moins la portion craignent ce qui va arriver, je le comprends ; celui qui a sa bourgeoisie dans le ciel ne la trouvera pas atteinte. La frayeur, quant à l’avenir, n’est pas la foi.

Page 304. Nous trouvons, d’une manière nette, dans le texte de l’ouvrage, la contradiction que nous avons signalée, et qui atteint la base de tout le système. L’auteur parle « des destinées de cette petite corne qui devait tourmenter la terre, durant les deux dernières périodes que nous venons de nommer ». Mais la première des deux, qui dure 1260 jours, ainsi que la petite corne, devait aller jusqu’à la fin, de sorte que la contradiction est évidente.

 

3.13   [Attendre Christ ou attendre l’antichrist ?]

Page 307. Nous trouvons ici l’effet pratique de tout ce faux système, c’est-à-dire qu’il faut attendre l’Antichrist pour attendre Christ, principe qui détruit sur ce sujet tous les enseignements moraux du Seigneur, qui insistait toujours sur l’attente constante de son retour ; principe qui confond le jugement du monde avec les bénédictions de l’Église ; qui fait que, attachée au monde, elle reste de cœur ici, jusqu’à ce que le Seigneur vienne au lieu de comprendre et de croire, suivant sa Parole positive, que, lorsqu’il viendra ainsi, elle viendra avec lui, les noces de l’agneau, en haut, ayant déjà été célébrées.

 

3.14   [Encore des faussetés sur les dates, les durées et les bêtes]

3.14.1    [Idée que les 1260 ans seraient le temps de la bête à dix cornes qui se terminerait en 1789 et serait suivi d’une troisième bête « démocratique »]

La page 308 nous présente l’exemple d’un trait curieux de ce livre. Parlant de l’Antichrist, il est dit :

« Durant lesquelles de ces trois (*) formes avons nous aussi reconnu qu’il devait vivre ? Durant les deux dernières, etc. »

— Oui ; c’est-à-dire, jusqu’à la fin des temps ».

 

(*) II est bon de rappeler au lecteur, que M. Gaussen enseigne qu’il y a trois formes de l’empire romain : la période impériale, qui a duré jusqu’à l’établissement des dix rois, la période decemroyale ou des dix rois, soit celle des 1260 jours, et la période de la forme démocrate. Les deux dernières étant dépeintes dans les chap. 13 et 17 de l’Apocalypse.

 

Que de naïveté dans ce mot : reconnu ! Donne-t-on des preuves ? Pas le moins du monde. Toucher à cette question, lorsqu’il s’agissait de la troisième forme, aurait été fatal à tout le système. La chose a été dite sans aller plus loin ; on ne peut nier que la corne dure jusqu’à la fin ; mais, dans ce cas, tout le système est faux, puisque la durée de la seconde forme de la bête est identique avec celle de la corne. Cette durée est de 1260 jours. Et ayant glissé sur tout cela, maintenant la chose est reconnue. Comparez les pages 182 et 278, où nous avons « la preuve mathématique » de ce qui renverse tout ce qui est dit sur le troisième état de la bête.

« Combien de temps devait durer cette guerre de la bête décemroyale contre les saints, selon saint Jean ?

— Quarante-deux mois ».

— Et combien de temps, d’après Daniel ? »

« Daniel dit en son verset 25, que les saints seraient livrés aux mains de la bête et de la petite corne, un temps, deux temps et la moitié d’un temps.

Oui ! » et après d’autres preuves tirées des ch. 11 et 12 de l’Apocalypse, l’auteur conclut que rien n’est mieux établi que l’identité de ces deux prophéties. Or, ainsi que nous l’avons dit (page 182), la puissance impie de la petite corne de Daniel 7, doit tourmenter l’Église jusqu’à la fin des temps (*) ; de sorte que les 1260 jours vont jusqu’à la fin des temps.

 

(*) Il est bon de se souvenir que la durée de la vie de la petite corne et celle de la guerre contre les saints, sont les mêmes et se terminent à la même époque. Elle fait la guerre jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne, et alors elle est détruite, puisque la guerre de la corne dure la même période que l’existence de la seconde bête, M. Gaussen cherche plus tard à éviter la contradiction entre ces vérités et son idée d’une troisième bête, en distinguant entre « faire la guerre contre les saints et les surmonter », et « livrés entre ses mains ». La petite corne peut faire la guerre contre les saints, et les surmonter lorsqu’ils ne sont pas livrés entre ses mains, selon M. Gaussen. Nous ferons justice de cette distinction plus bas : si la petite corne et même les persécutions durent après les 1260 jours, l’identité de la période avec l’autorité de la bête, ne dit pas grand’chose. Au reste, M. Gaussen fait justice de sa propre distinction, aux pages 72 et 73 il dit : « La guerre de la petite corne contre les saints vaut, en style prophétique, un temps, des temps et la moitié d’un temps », c’est-à-dire ne dure que la période décemroyale.

 

Or, page 308, ce sont les deux dernières : la forme decem royale et la forme démocrate ; « c’est-à dire ainsi, jusqu’à la fin des temps ».

Il ne faut que se souvenir de ceci, pour faire comprendre que ce qui est dit (page 318), n’a aucun fondement. Au reste, pendant les 1260 jours que les témoins rendent témoignage, il n’est pas question de les vaincre. Ils tuent tous ceux qui veulent les toucher.

Les persécutions jusqu’à la fin des temps dégénèrent (page 319) dans un « peut-être ».

Pages 321, 322. Remarquez la peine qu’on se donne pour confondre les saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, et de quelle manière la portion de l’Église, qui doit aller à la rencontre du Seigneur, est mise de côté avec soin.

Page 324. Ici encore la fausseté du système se trahit.

 

3.14.2    [Contradiction entre l’antichrist subsistant jusqu’à l’avènement de Christ, et sa persistance pendant toute la phase de la bête à dix rois (jusqu’en 1789)]

Cinquièmement, c’est « jusqu’à ce que la bête et son Antichrist soient brisés, et que le règne et la grandeur des royaumes qui sont sous les cieux soient donnés aux saints du Souverain ».

Sixièmement, c’est « cette puissance ecclésiastique qui, pendant toute la période decemroyale », on se rappellera que la bête démocratique de M. Gaussen vient après la bête decemroyale.

Laquelle des deux choses est vraie ? Dans les deux il parle de la même chose, c’est-à-dire de la petite corne, ainsi qu’on le voit dans la note ajoutée à la cinquième remarque et dans le texte de la sixième.

Cette contradiction complète et entière, fatale à tout le système, éclate encore (page 325) d’une manière qui ne permet que l’étonnement de ce que l’auteur a pu la publier. Il parle du v. 22 de Daniel 7. « Il annonce clairement que la vie de la bête, celle de l’Antichrist et la guerre contre les saints arrivent jusqu’à l’avènement de Jésus-Christ et jusqu’au règne des saints. Il faut donc en conclure que ce personnage subsiste encore de nos jours, et que le terme de la guerre contre les saints n’est point encore venu ». Or, nous lisons (page 282) : « La seconde (bête decemroyale) va de là, jusqu’à la révolution française, en 1789. Oui, c’est le temps des 1260 jours, ou de la guerre de la petite corne contre l’Église de Dieu » ; guerre signalée dans ce vervet 22 de Daniel 7.

« Et la troisième ?

La troisième va de là, jusqu’à la seconde venue de Jésus-Christ.

Très-bien ».

Laquelle de la page 325 ou de la page 282 contient la vérité sur ce point ?

Page 327. « Précédemment on nous disait ses grandes paroles ; mais ici c’est du blasphème, c’est contre la très-sainte Trinité ». Où est-ce que cette distinction se trouve ? Purement en ceci. C’est que M. Gaussen avait donné lui-même une très-longue explication, dont il n’y a pas un mot en Daniel, pour l’appliquer au pape, et « ici », Daniel, ou plutôt l’Esprit de Dieu, en donne une tout autre qui ne laisse guère place pour celle de M. Gaussen : « On nous disait » est assez naïf.

Page 335. M. Gaussen a omis ce qui change toute la valeur du passage, pour l’objet en vue duquel il le cite. « Ceux, dit la Parole, des tribus verront leurs corps morts, etc., durant trois jours et demi ». Ils n’étaient donc pas tant éloignés. Ceux des tribus c’est la classe, c’est-à-dire, ceux de cette catégorie de personnes qui s’y trouvaient. Lorsqu’il s’agit d’envoyer des présents, il n’est rien dit du temps qu’on y met. Toutefois je le crois simplement caractéristique. Au reste, il n’y aurait aucune difficulté. Ils s’en réjouiront lorsqu’ils en recevront la nouvelle, fût-ce aux bouts de la terre. Dans tous les cas, le passage n’est pas ce que dit M. Gaussen, et ne s’y prête pas.

Ici aussi, M. Gaussen donne comme étant la parole de Dieu, ce qui ne s’y trouve pas, savoir : « Cachète la vision Daniel, car elle est pour longtemps et va jusqu’à 2300 jours ». Or, il n’y a rien de pareil en Daniel. Les paroles « elle est pour longtemps » [Dan. 12:4], ne sont pas ainsi liées avec les 2300 jours [Dan. 8:14].

Page 335. « Elle est pour longtemps », ne parle pas de la durée de ce qui doit arriver, mais de l’intervalle jusqu’à l’effet de la vision ; comme au chap. 12:9 : Va Daniel, car ces paroles sont closes et cachetées, jusqu’au temps déterminé, ou comme Martin traduit le passage que nous examinons du chap. 8 : Et toi, cachète la vision, car elle n’arrivera point de longtemps. Il n’y a aucun passage semblable à ce que M. Gaussen met entre guillemet. C’est trop sérieux que de dire : « Un ange lui dit », lorsque l’ange n’a rien dit de pareil. Ce que l’ange lui a dit, c’est : Je te ferai savoir ce qui arrivera à la fin de l’indignation.

 

3.14.3    [Incohérences diverses]

Pages 335, 536. Remarquez, à l’égard du ch. 12 de Daniel dont il est question ici, que le Seigneur, en parlant du temps dont il s’agit, parle de Jérusalem, de la fuite aux montagnes, d’un jour de sabbat, d’abréger les jours, sans quoi nulle chair ne serait sauvée ; c’est-à-dire, ce qu’il dit rend parfaitement clair qu’il s’agit de jours et pas d’années. Si l’on me dit : mais il s’agit là de la prise de Jérusalem, je réponds dans ce cas : il s’agit de la même chose en Daniel ; car le Seigneur dit : « Lorsque vous verrez l’abomination de désolation, dont Daniel le prophète a parlé, que celui qui lit y fasse attention ou comprenne ». Ce passage, où il s’agit de l’abomination de désolation, est le passage où les trois temps et demi, les quarante-cinq jours et les trente jours dont Gaussen parle, sont mentionnés. En contradiction avec ce que M. Gaussen insinue ici, il est certain que, pour les 1260 jours, les plus anciens lecteurs de Daniel dont nous possédons les écrits, les prennent pour des jours. M. Gaussen l’a déjà admis, en s’appuyant sur le bon sens du juif Tryphon, contre leur opinion. M. Gaussen cherche à faire disparaître les contradictions au sujet de la durée des persécutions de la petite corne, durée qu’il déclare être de 1260 ans (p. 72) ; puis (p. 182), jusqu’à la fin des temps ; (p. 282) jusqu’à la révolution française en 1789 ; (p. 311), être la durée générale de sa vie ; (p. 321), une guerre faite jusqu’au règne des saints ; même page, pendant toute la période décem royale ; (p. 325), la vie de la bête, celle de l’Antichrist, et sa guerre contre les saints jusqu’à l’avènement de Jésus-Christ et jusqu’au règne des saints. Il cherche, dis-je, à concilier ces contradictions en disant : « Ils (les saints) ne doivent, il est vrai, être livrés d’une certaine manière entre ses mains, que pendant un temps et des temps et la moitié d’un temps ; mais la guerre et la haine dureront jusqu’à la seconde venue ». Également, plus tard, nous trouvons que, quoique l’action de la petite corne comme bête féroce soit transformée en celle de la femme ou cour de Rome menant la démocratie, la corne ne cesse pas d’agir ainsi, de même que la femme avait agi avant la démocratie (p. 347, 348). M. Gaussen ne pouvait pas éviter cette modification, parce qu’il est clair que la seconde bête qu’il identifie avec la petite corne, périt comme faux prophète après la destruction de Babylone. Mais venons-en au fond de la distinction. J’ai déjà fait remarquer que l’application faite aux saints, « livrés entre ses mains », est une interprétation, je n’en doute pas, arbitraire et fausse, dont M. Gaussen cependant n’est pas seul coupable. Ce sont les temps et la loi qui sont livrés entre les mains de la corne [Dan. 7:25]. Elle pensera changer tout cela et elle changera. Mais si nous prenons la petite corne, suivant le système de M. Gaussen, la distinction qu’il a faite est des plus malencontreuses, parce que les témoins, ainsi que nous l’avons déjà vu, ne sont en aucune manière livrés entre les mains de leurs ennemis pendant les 1260 jours, c’est-à-dire pendant la seconde période de M. Gaussen, soit celle des rois couronnés ; mais, bien au contraire, ceux qui veulent les toucher sont tués. C’est après avoir continué leur témoignage pendant cette période sans être touchés, qu’ils sont livrés entre les mains de la bête de la troisième période de M. Gaussen, celle qui monte de l’abîme. C’est celle-là qui, leur faisant la guerre, les vaincra et les tuera. Ils sont livrés entre les mains de la bête de la troisième période du système de M. Gaussen, et non de celle de la seconde.

 

3.14.4    [Confusion entre la femme et la corne. Les bêtes ne sont pas des principes (politiques). Fausses idées sur la papauté]

La description des actes de la femme (page 346), n’est pas le moins du monde conforme à la Parole, ni pour la période decemroyale, ni pour le temps qui vient après. La corne et la femme sont confondues sans dire pourquoi. Les choses sont données cependant entre guillemets comme des citations. Le système papal répond à ce que dit M. Gaussen ; mais ce qu’il dit ne répond pas du tout à la Parole, quoiqu’il le donne pour une citation. C’est l’histoire de tout le livre. La petite corne, dit M. Gaussen, a « deux périodes que saint Jean nous a clairement définies, l’une en son chapitre 13, l’autre en son chapitre 17 ». « La petite corne sera toujours du parti du plus fort ». « Pendant la période polycrate, elle associera, tant qu’elle pourra, sa puissance à celle des dix rois absolus ; elle exercera, nous est-il dit, toute leur autorité en leur présence (Apoc. 13:54). Mais, pendant la période démocrate, elle enivrera de son vin fumeux les dix rois citoyens, et saura se mettre à cheval sur leurs peuples révolutionnaires ». Que ce soit, jusqu’à un certain point, une histoire probable de la papauté, selon l’abbé de Lammenais, cela se peut ; mais, pour ne rien dire de l’arrogance dont on nous a parlé ailleurs, qui ne s’associe à rien, mais s’élève au-dessus de tout ; pour ne pas répéter ce que j’ai déjà fait remarquer qu’il n’est pas question de leur autorité, de leur présence, mais d’exercer l’autorité de la bête en sa présence, ce qui est toute autre chose, et qu’il n’est pas dit qu’elle enivrerait les rois et se mettrait à cheval sur leurs peuples, mais que les nations seraient enivrées, et que les rois de la terre commettraient fornication avec elle, ce qui change tout (chose fâcheuse, lorsqu’il s’agit de la Parole de Dieu) : je demande qui fera tout cela ? La petite corne, dit M. Gaussen. Mais il s’agit de la femme dans ces passages, et la petite corne n’est pas la femme. Cette corne subsiste, selon M. Gaussen, lui-même, lorsque la femme est détruite. De plus, saint Jean ne parle de la petite corne, ni chap. 13, ni chap. 17. Il parle d’une seconde bête et de Babylone ; c’est-à dire que l’auteur suppose (en se contredisant quant à Babylone), précisément ce qu’il aurait à démontrer, savoir, que ces deux choses sont la corne, et cela sans preuves quelconques ; puis il dit : « Cette double période de la petite corne est donc clairement établie (page 347) ». Si M. Gaussen me dit : Mais je l’ai prouvé par sa durée de 1260 jours, qui se retrouvent en Daniel et en Jean. Je réponds : Cette durée, si elle prouve quelque chose, démontre qu’il est impossible de l’appliquer à une double période [de] la petite corne, car elle finit avec la période decemroyale. Du reste, il n’est rien dit du tout de la durée de la seconde bête (*). La seule preuve donnée, c’est que le fait qu’il y a une femme, qui n’est pas la petite corne, démontre que la petite corne subsistera pendant cette seconde période comme cette femme. Et comment ces choses se lient-elles ? Les idées de M. Gaussen sur la papauté forment à elles seules la liaison. Du reste, appliquer Babylone à cette période démocratique, comme la caractérisant, est une idée sans fondement et fausse. Que les rois de la terre se mettent à commettre fornication avec elle pour restreindre la démocratie, cela se peut bien. Mais en Babylone est trouvé tout le sang répandu sur la terre. Nous avons aussi, au 17 de l’Apocalypse, la description de la bête depuis le commencement de son existence ; et c’est avec la bête dans son unité lorsqu’elle sort de l’abîme, après avoir cessé d’exister, que les rois prennent leur puissance. Il ne s’agit pas d’une opinion, ainsi que le représente M. Gaussen, mais de l’empire, et quelles que soient les opinions politiques et les malheurs qui découlent des passions des hommes (le chrétien paisible en conviendra), être sorti de l’abîme, va plus loin que les révolutions causées par les passions des hommes. Je crois que toutes ces choses tendent à amener le résultat ; mais la bête est toujours l’empire et non un principe politique. « A été et n’est plus, et doit monter de l’abîme », peut se dire de l’empire, mais non d’un principe qui est de l’abîme, ni des peuples de divers royaumes sous une influence. Babylone est la ville des abominations, c’est-à-dire tout simplement des idoles ; mais ce n’est pas seulement pendant la troisième période supposée par M. Gaussen. La description est morale et générale, sans date. Je ne crois pas qu’il y soit fait allusion à la démocratie, lorsqu’il est dit : « Sept têtes et dix cornes », quoique nous sachions bien, qu’historiquement la force de la démocratie a beaucoup augmenté.

 

(*) Je ne doute pas que la corne existe en même temps que la bête du chap. 13 ; mais je nie absolument que la bête du 17 soit une forme qui ait lieu pendant une période subséquente. Je n’admets pas que la femme remplace la corne. Elle est toute autre chose. Je n’admets pas que la petite corne soit nécessairement la seconde bête. Ce sont là des choses qu’il est essentiel de démontrer pour soutenir l’explication de M. Gaussen. Il ne se donne pas la peine de les aborder. La durée de la corne, sa domination, ses blasphèmes ressemblent plutôt à la première bête.

 

Et voyez avec quelle facilité l’imagination de l’auteur l’emporte : il dit que ceux qui sont, je le crois, aujourd’hui la grande majorité des chrétiens qui ont soigneusement étudié la Parole, ont un voile sur leur cœur, lorsqu’ils lisent l’un et l’autre Testament, comme des Juifs incrédules. Or, ce jugement repose sur une confusion qui découle de ses préoccupations. Après une longue dissertation sur les marchandises de Rome, que je laisse au jugement de chacun, M. Gaussen demande si l’incrédulité des Juifs est inexcusable à l’égard du Christ, n’en pourra-t-on pas dire autant sur l’Antichrist ? C’est un peu téméraire de placer le témoignage rendu par la vie et la mort de Christ, sur le même pied que ses raisonnements à lui sur Daniel et sur l’Apocalypse. Nous lui pardonnons aussi l’accusation d’aveuglement, qu’on aurait difficilement pardonnée à d’autres. Mais je ferai cette unique remarque, que Babylone, et c’est de Babylone qu’il s’agit ici, n’est pas l’Antichrist. Lors même qu’on accorde à M. Gaussen que les corps sont des reliques, et qu’il faudrait être aveuglé de Dieu comme un Juif incrédule pour ne pas y croire, il n’en est pas moins vrai que la Babylone dont il s’agit n’est certainement pas l’Antichrist. Je pourrais même mettre en question la solidité d’un raisonnement qui accuserait le pape d’un crime horrible par-dessus tout, parce qu’il pensait changer les Écritures, tout « en tenant cependant ces saintes Écritures pour les Écritures de son Dieu » (page 323), et qui démontrerait en même temps que le pape est l’Antichrist, parce qu’il ne reconnaît aucun Dieu ; mais cela ne finirait pas.

 

4         Daniel 2. Le gouvernement remis aux nations, mais Dieu n’a pas oublié son peuple]

4.1        [La statue représente les empires : pendant ce temps Dieu a cessé le gouvernement des nations, hormis par sa Providence]

Page 361. Je fais une remarque importante ici, sur un point qui a faussé toutes les idées de M. Gaussen. « Cette statue », dit-il, « est la clef des prophéties ; c’est l’abrégé du grand plan de la providence de Dieu pour le gouvernement des nations ». Or, j’affirme que, quelle que soit l’importance de la statue (et elle est très-grande), c’est tout le contraire de ce que M. Gaussen dit qui est vrai. Le gouvernement proprement dit des nations de la part de Dieu, cesse pendant la durée de cette statue, quoique la Providence agisse toujours. La statue représente les empires qui ont subsisté durant la période appelée le temps des Gentils. Dieu gouvernait les nations avant la statue, ayant Israël pour centre et pivot de ce gouvernement. Il héritera les nations et les gouvernera après la destruction de la statue. La durée de la statue est la période pendant laquelle Israël est mis de côté, et qui est introduite par ces paroles : « Toi, ô roi ! tu es le roi des rois, parce que le Dieu des cieux t’a donné le royaume, la puissance, la force et la gloire, et qu’en quelque lieu qu’habitent les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, Il les a donnés en ta main et t’a fait dominer sur eux tous ». Auparavant, il y avait diverses nations dont l’existence était reconnue, qui étaient le fruit du jugement de Babel ; Israël avait été placé au centre des bornes de tous les peuples, bornes posées selon le nombre de ses enfants, et Dieu ayant établi son trône à Jérusalem, et bâti son sanctuaire comme des bâtiments haut élevés, de ce centre Il gouvernait toutes les nations en rapport avec son peuple. Or, enfin, Il l’a visité en jugement, ainsi qu’il l’avait fait à l’égard de Silo (Jérémie 7) ; et, lors de la prise de Jérusalem par Nebucadnetsar, sa gloire visite la ville, montre au prophète l’iniquité de ses habitants, et la quitte (Ézéch. 11). Au lieu de nations diverses et d’un peuple, d’une nation spéciale reconnue de Dieu, où Dieu régnait, Il établit une unité impériale dans les mains d’un chef humain, en lui soumettant tout ce qui était reconnu du monde, et en plaçant son peuple en captivité. Enfin, Il abandonne Jérusalem pour être foulée aux pieds par les Gentils, jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Alors, il reprendra le gouvernement en jugeant cette puissance impériale, qui sera en révolte contre Lui. Mais, est-ce que le gouvernement de Dieu sur la terre se borne au temps pendant lequel Il a livré son peuple (qu’il reconnaît toujours) entre les mains de ses ennemis, que ce peuple soupire en captivité et que sa sainte ville est dans les mains des Gentils ? Est-ce que toute la prophétie est comprise dans un livre écrit par le fils des rois établis de Dieu « sur le trône de l’Éternel », captif en Babylone, jeûnant et présentant ses supplications à Dieu pour qu’il soit mis fin à cet état de choses ? Il est clair que non. Le temps pendant lequel le peuple de Dieu est en captivité, n’est pas proprement le temps du gouvernement de Dieu ; et un système qui le considère comme tel, et qui ne tient compte ni de ce peuple, ni de la masse des prophéties qui s’appliquent à lui, tombe nécessairement dans le faux. Daniel ne parle naturellement que de ce temps des Gentils. Il était de cette captivité, et Dieu donnait à son précieux serviteur la lumière divine qui lui faisait comprendre qu’il n’avait pas oublié son peuple. Mais les prophéties les plus détaillées de Daniel sont données après le retour des Juifs à Jérusalem, circonstance qui fait sentir que la vraie captivité, le temps des Gentils, subsistait toujours, vérité à laquelle les grands sacrificateurs ont mis leur sceau, en criant : « Nous n’avons point d’autre roi que César ». Daniel se borne à cette période. Il va jusqu’au jugement et à la prise en possession du gouvernement par Dieu, et là il s’arrête toujours.

Il ne dépeint jamais ce gouvernement ni ses effets ; il reste prophète de la captivité. Rien de plus important à sa place ; mais, je le répète, négliger tout ce qui est dit ailleurs, et présenter comme le gouvernement de Dieu la période pendant laquelle Dieu l’a confié aux Gentils, jusqu’à ce qu’il le reprenne par le jugement, à cause de leurs infidélités, c’est fausser toute la vérité et toute la force de la Parole sur ces sujets. Au psaume 82, nous avons un appel fait à Dieu, pour qu’il intervienne en prenant le jugement entre ses mains. Je le répète donc, tout le système de M. Gaussen pèche dans sa première idée, son point de départ. Il est faux, complètement faux. Et son πρωτον ψευδον (la fausseté de ce point de départ), qui laisse de côté les Juifs et le gouvernement de Dieu exercé par rapport à ce peuple (gouvernement laissé entre les mains des Gentils en Nabucadnetsar, et repris lors du jugement de la bête), fausse tout ce qu’il a édifié là-dessus. Le temps des Gentils, temps pendant lequel son peuple est rejeté, n’est pas proprement le temps du gouvernement de Dieu, bien que dans un sens il gouverne toujours. Certainement il n’est pas exclusivement tel. Le système des nations, et d’Israël choisi entre elles, subsistait jusqu’à Nabucadnetsar. Il sera recommencé d’une manière bien plus excellente, lorsque la bête aura été détruite. L’intervalle est le temps des bêtes en contraste avec le gouvernement de Dieu.

C’est pourquoi nous trouvons l’Église, qui est dans le ciel, placée par M. Gaussen, comme la grande montagne sur la terre, colonne III des Pentaples.

 

4.2        [La bête à dix cornes de Daniel 7 ne peut pas être l’empire romain après l’invasion des barbares. Pas de dates pour la naissance de la bâte et des cornes]

Il ne me reste que deux choses à faire remarquer : ce que M. Gaussen appelle la règle des deux bouts, et la fin de la dernière colonne des Pentaples. La première, la règle des deux bouts, est celle-ci : L’homme de péché (c’est-à-dire la petite corne, qu’il n’a jamais démontré être l’homme de péché) touche par un bout au temps de l’invasion des Barbares, et par l’autre bout au règne de Jésus-Christ. Quant au dernier bout, je n’ai rien à y opposer ; la petite corne sera détruite par la venue du Seigneur. C’est l’autre bout qui est en question. Écoutez M. Gaussen (p. 10). La petite corne grandissait « lentement, et par des progrès inaperçus. Les dix premières cornes s’étaient offertes à Daniel, toutes à la fois, toutes déjà grandes et menaçantes, toutes au sein de la mer écumeuse ». Comment, au sein de la mer écumeuse ? Historiquement quant aux dates, elles n’étaient pas sur la bête lorsqu’elle est sortie de la mer. Il faut ajouter, d’après Daniel, que « quatre grandes bêtes montèrent de la mer (v. 2) », et la quatrième « avait dix cornes ». Or, si les dix cornes étaient au sein de la mer écumeuse, elles étaient sur la bête qui en montait, déjà toutes là et toutes grandes. Or, il est de toute évidence que la bête romaine n’est pas sortie de la mer à l’époque de l’invasion des Barbares. Également les dix cornes étaient là toutes à la fois grandes et menaçantes. De plus, il y a eu près d’un siècle et demi entre la première invasion des Barbares et la dernière. Cependant Daniel les voit toutes grandes à la fois. Quelle conséquence en tiré-je ? Que les dix cornes sont une description sans qu’il y ait de date fournie par le symbole vu par Daniel. Elles sont là, cela se peut, lorsque la petite corne monte ; mais pour l’époque à laquelle celle-ci se montre, silence absolu de la part de Daniel. L’existence des cornes n’y est pas donnée comme une date (*). Elles sont là sur la bête, rien n’est dit de leur commencement, ni qu’il soit question de toute leur durée depuis qu’elles ont commencé, ni que la petite corne ait commencé tout de suite après. Il n’y a pas une trace de ce qu’avance M. Gaussen. Le chapitre ne se prête pas à des dates, car la bête a dix cornes lorsqu’elle monte ; elles existent lorsque Daniel la voit. Il l’a vue sortir de la (**) mer.

 

(*) Dans l’Apocalypse, il y a un élément qui renverse le système de M. Gaussen, savoir, que les cornes et la bête subsistent pendant la même période. Mais je me borne ici à l’examen de Daniel.

 

(**) M. Gaussen fait de cette mer la Méditerranée, et s’asseoir sur la Méditerranée est, selon lui, ce que caractérisent les bêtes. Monter de la mer n’a aucun rapport quelconque avec cela, la mer étant la foule des nations. Or, c’est la seule relation de la bête avec la mer. S’asseoir n’est pas monter.

 

Si j’examine l’Apocalypse (13), la bête à dix cornes agit pendant 1260 jours ; mais l’invasion des Barbares, qui a duré de si longues années, il n’en est pas question. Quant à la seconde bête, que M. Gaussen prétend être la petite corne sans le prouver, il n’est pas question d’une date. De sorte qu’il n’y a absolument rien pour démontrer que cette bête et en général que l’homme de péché touche par le bout qui seul est en question au temps de l’invasion des Barbares.

Peut-être je suis aussi aveugle qu’un Juif, mais je ne le vois pas même dans les Pentaples, auxquels M. Gaussen me renvoie (page 382). Je vois une tête affreuse qui sort de la mer avec dix cornes et une onzième qui est plus petite que les autres. Mais comment cela fait-il voir à l’œil que l’existence de cette petite corne commence au temps de l’invasion des Barbares ?

En un mot, les enseignements de la prophétie ne portent pas sur un commencement quelconque des dix cornes, ni sur un commencement de la petite à un point quelconque de l’existence des dix. Il y a défaut complet de preuves.

La petite corne durera jusqu’à la venue de Jésus, 1260 jours, et la bête à dix cornes pendant 1260 jours ; mais ceci ne fait que renverser le système de l’auteur, parce qu’il veut laisser assez de temps pour sa bête démocratique après.

 

4.3        [La résurrection et l’enlèvement des croyants sont avant l’exécution des jugements]

Enfin, et c’est le dernier point, l’auteur place la résurrection après le jugement de la bête et du faux prophète. Voici les passages qui démontrent que cela ne peut pas être. 1 Thess. 4, nous enseigne que nous serons enlevés à la rencontre de Jésus dans l’air, avant qu’il soit sur la terre pour exécuter le jugement. Il n’est donc pas possible que la résurrection soit après ce jugement (Col. 3). Lorsque Christ qui est notre vie paraîtra, nous paraîtrons avec lui en gloire, de sorte que nous serons ressuscités avant qu’il paraisse. Jude dit : Le Seigneur viendra avec ses saints qui sont par myriades.

L’arrivée de Jésus est avec tous ses saints, et dans Apoc. 17, ceux qui sont avec Jésus sont appelés élus et fidèles. Les noces de l’Agneau ont lieu avant qu’il vienne sur le cheval blanc, et les armées des cieux le suivent pour la destruction de la bête. Remarquez bien que les anges, quoique élus et fidèles, ne sont pas des appelés.

Le rapport que M. Gaussen cherche à établir entre l’Église et ces prophéties, est entièrement contredit par la Parole. Faites-y attention, lecteur, car c’est très-important.

 

5         [Conclusion : les grandes lignes d’un livre qui égare]

5.1        [Citations fictives de la Parole de Dieu]

Vous êtes mal dirigé par ce livre, quant à votre foi : l’Église y est mise hors de sa place. Sa vraie position est niée. Sans cela, je n’aurais jamais fait une remarque sur le système de M. Gaussen ; système où une imagination ardente a joint aux beautés d’un style attrayant, des erreurs graves et des pensées qui s’écartent presque toutes de la Parole. J’avoue que je trouve quelque chose de bien sérieux dans la manière de citer la Parole, c’est-à dire d’avancer des choses qui ne s’y trouvent pas avec un « St-Jean le dit » ; « Il est écrit », etc. Je n’avais eu d’autre idée en commençant, que de présenter les quatre ou cinq points capitaux que j’ai montrés être dénués de toute preuve ; mais l’importance des questions et la gravité des erreurs m’ont engagé à toucher brièvement à presque tous les fondements que l’auteur a posés.

J’ai évité toute discussion des points douteux. Je me suis borné à démontrer que le système n’a aucun fondement quelconque dans la Parole.

 

5.2        [Mélange de beaucoup d’erreur avec un peu de vérité]

C’est un mélange de quelques éléments de vérités, exposées déjà il y a deux siècles, avec les plus fâcheuses erreurs, introduites récemment pour s’opposer aux lumières que Dieu a accordées à son Église dans ces derniers temps, erreurs auxquelles M. Gaussen ajoute quelques nouveaux éléments faux, tirés des événements du jour, en revêtant le tout d’un style attrayant employé pour détourner l’Église de l’attente du Seigneur, et confondre le jugement du monde avec notre réunion avec Jésus.

La publication de la seconde édition du premier volume de « Daniel le prophète » me donne l’occasion d’ajouter quelques mots à ce que je viens de dire sur le second et le troisième volume.

Les remarques de M. Gaussen sur le chap. II, font comprendre plus exactement quelles sont ses vues sur les voies de Dieu à la fin des temps. Je ne m’occupe que de ses vues sur la prophétie. Je respecte la piété qu’on rencontre dans ce premier volume, quoiqu’elle soit enveloppée d’une telle masse d’histoire, d’images, qui ont de l’attrait sans doute pour la plupart des lecteurs, mais qui peuvent ennuyer parfois ceux qui cherchent des éclaircissements bibliques. Je laisse à chacun son jugement à cet égard, et je ne relève que l’interprétation du chap. II.

 

5.3        [La petite pierre qui renverse la statue n’est pas une petite portion de l’Église qui est persécutée et qui devient l’occasion de sa ruine]

La petite pierre, selon M. Gaussen, est « quelque faible portion de l’Église de Dieu, qui deviendra l’occasion de la ruine du colosse et de l’avènement du règne de Jésus-Christ ». La montagne elle-même d’où elle est coupée, « c’est l’Église de Dieu, laquelle a subsisté dans tous les siècles à côté de la statue et avant la statue, mais qui doit seulement alors obtenir domination parmi les hommes ». La première chose ici qui arrête l’attention, c’est que la pierre, cette « faible portion de l’Église », doit être séparée de la montagne par « la providence de Dieu et la seule puissance de son divin Esprit ». Cela est singulier, si la montagne est la vraie Église qui a subsisté à côté de la statue dans tous les siècles. Pourquoi cette petite portion serait-elle séparée de la vraie Église ? Mais je laisse passer cela. Selon M. Gaussen, c’est la petite pierre qui devient elle-même plus tard la montagne qui remplit toute la terre. Et l’autre montagne, que devient-elle ? Les séparatistes absorbent-ils l’ensemble de l’Église, et exécutent-ils à eux seuls le jugement ? Mais je laisse tout cela ; je rappelle seulement la remarque déjà faite, que, d’après la Parole, le royaume est établi dans les jours des dix rois, et que sûrement l’Église n’a pas été établie dans les jours des dix rois ; et faites attention que c’est le royaume que Dieu a établi en ces jours-là, qui brise et consume tous les royaumes de la statue. « Mais », dit M. Gaussen, en parlant de la petite pierre (sans dire bien clairement s’il parle de son existence ou de son œuvre de destruction), « cela commencera dans les orteils de la statue ». Comment, cela commencera ? La pierre était coupée sans mains de la montagne qui était à côté de la statue. La pierre n’était pas dans la statue ; elle n’en sortait pas, n’en faisait pas partie. Elle a frappé la statue et l’a mise en poussière. Qu’est-ce donc qui a commencé ? Mais voyez de quelle manière M. Gaussen a changé à sa fantaisie ce que dit la Parole. « Cela commencera de cette manière. Jamais les vrais chrétiens ne se soulèveront contre les puissances qui subsistent. Mais si quelque enfant des hommes est assez malheureux pour s’élever contre l’Église de Jésus-Christ, tôt ou tard il s’y renversera (voir la note, à la fin) ; s’il veut la briser, certainement il s’y brisera…. C’est ainsi, chers enfants, qu’aux derniers jours l’Église brisera ses adversaires. — Elle vaincra par le sang de Jésus, est-il écrit ; elle vaincra par la patience et par la foi des saints ». De sorte que ce coup terrible de la petite pierre, qui réduit en poussière la statue et la détruit de fond en comble, est une attaque d’une partie de la statue contre l’Église, qui vaincra par la patience. Est-ce là une interprétation sérieuse de la parole de Dieu ?

« Enfin, dit M. Gaussen, voici quels sont les immenses résultats de cette effroyable collision. L’un des rois, ou plusieurs des rois appartenant à l’Église latine, irrités contre quelque portion du peuple de Dieu, voudront l’anéantir ; mais ils y seront réduits en poudre comme la balle du blé, etc. » « Il n’y aura donc plus que de la poussière, plus qu’une affreuse anarchie ; le brisement complet et universel de tous les gouvernements et de tous les pouvoirs qui subsistent, commencera dans les doigts des pieds ». « Au milieu de ce trouble affreux, on verra grandir, grandir, grandir cette petite pierre, par la puissance de Dieu. — Plus tard, elle sera devenue comme une grande montagne ; — et plus tard enfin, elle remplira la terre ». — Je me permets, après ces idées de M. Gaussen, de présenter la parole de Dieu.

 

5.4        [La victoire finale de la petite pierre de Dan. 2 n’est pas celle de la douceur et de la patience chrétienne supportant le mal]

« Tu contemplais cela jusqu’à ce qu’une pierre fut coupée sans mains, laquelle frappa la statue en ses pieds de fer et de terre, et les brisa. Alors furent brisés ensemble le fer, la terre, l’airain, l’argent et l’or, et ils devinrent comme la paille de l’aire d’été que le vent transporte çà et là, et il ne fut trouvé aucun lieu pour eux ; mais cette pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne et remplit toute la terre ».

« Et au temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais dissipé ; et ce royaume ne sera point laissé à un autre peuple, mais il brisera et consumera tous ces royaumes, et il sera établi éternellement ».

Y a-t-il là une seule idée qui ressemble à celles de M. Gaussen ? Est-ce que les orteils des pieds attaquent la pierre ? Est-ce que la pierre manifeste la douceur et la patience chrétienne qui supporte le mal ? N’est-il pas de toute évidence que la Parole de Dieu parle précisément du contraire de ce que M. Gaussen dit ? N’est-il pas évident que le temps de la patience est fini, lorsque la pierre agit et que le temps du jugement est arrivé ? N’est-il pas clair que le coup de la pierre, est surtout un jugement qui détruit de fond en comble toute trace des royaumes de la statue ? N’est-il pas évident que c’est la seule chose que fait la petite pierre, et que c’est, après l’avoir fait, qu’elle remplit toute la terre ? Est-ce au milieu de l’anarchie qu’elle grandit ? Tout le système de M. Gaussen n’est qu’un effort tendant à remplacer le témoignage de la Parole par ses propres idées.

 

5.5        [Gravité de la fausse doctrine qui exclut Christ du jugement final]

Réfléchissez-y bien, lecteur ; je le dis sérieusement. Cette explication nous présente, peut-être, l’attente de M. Gaussen dans l’an 57 ; mais pas une seule pensée du passage de Daniel. Et remarquez avec quel soin Christ est exclu de ce jugement, « Tu rempliras la terre, Église de mon Sauveur. Cette œuvre de la petite pierre deviendra l’occasion de l’avènement du règne de Jésus-Christ ». Ne viendra-t-il donc pas Lui-même exécuter le jugement ?

Examinons ce que disent d’autres passages de la Parole. Y aura-t-il « une anarchie, un brisement complet de tous les gouvernements », avant son arrivée ? Nullement.

« Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont pas commencé à régner ; mais ils prendront puissance comme rois en même temps (pendant une même période) avec la bête. Ceux-ci ont un même dessein, et ils donneront leur puissance et leur autorité à la bête. Ceux-ci combattront contre l’Agneau, mais l’Agneau les vaincra parce qu’il est le Seigneur des Seigneurs et le Roi des Rois ; et ceux qui sont avec Lui, sont des appelés, des élus et des fidèles ». Il n’y aura pas là d’anarchie, ni brisement de gouvernement avant que l’Agneau vienne. Et comment sont-ils donc brisés ? La Parole nous raconte l’accomplissement du jugement, de cette victoire dont le passage cité nous a parlé. « Puis, je vis le ciel ouvert, et voici un cheval blanc, et celui qui était monté dessus était appelé Fidèle et Véritable, qui juge et combat justement, et ses yeux étaient comme une flamme de feu ; il y avait sur sa tête plusieurs diadèmes, et il portait un nom écrit que nul n’a connu que lui seul. Il était vêtu d’une robe teinte dans le sang, et son nom s’appelle la Parole de Dieu. Et les armées qui sont au ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin blanc et pur. Et il sortait de sa bouche une épée tranchante pour en frapper les nations, car il les gouvernera avec une verge de fer, et il foulera la cuve du vin de l’indignation et de la colère du Dieu tout-puissant ». — Est-ce là une faible portion de l’Église qui vaincra par la patience ? Cependant, il ne peut y avoir deux jugements du même genre, car le coup de la petite pierre consume les royaumes de manière qu’aucune place n’est trouvée pour eux. Enfin, voici le jugement même

« Alors, je vis la bête et les rois de la terre et leurs armées assemblées pour faire la guerre contre celui qui était monté sur le cheval et contre son armée ; mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle les prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient la marque de la bête , et qui avaient adoré son image, et ils furent tous deux jetés tout vifs dans l’étang ardent de feu et de soufre, et le reste fut tué par l’épée qui sortait de la bouche de celui qui était monté sur le cheval, et tous les oiseaux furent rassasiés de leur chair ».

Qui est-ce qui exécute le jugement ? Les rois, frappés par la pierre, se trouvent ici. Leur puissance n’est pas encore dissipée comme la balle de l’aire d’été. Est-ce contre l’Église sur la terre qu’ils font la guerre ? Lisez aussi la fin du chap. 14. Qui est-ce qui foule la cuve de l’indignation de Dieu pour y teindre ses vêtements dans le sang ? Lisez aussi Ésaïe 63, et vous verrez qui est celui qui est venu d’Édom, ses vêtements, teints en rouge, ayant été, quant aux peuples du monde, seul pour fouler au pressoir.

J’ai déjà fait remarquer la manière dont M. Gaussen exclut Christ du jugement de la bête, de sorte que je n’y reviens pas. Il y a eu des jugements exercés sur la bête, des fioles versées, et cela, sur son trône même ; mais il s’agit ici du jugement final à l’égard de la statue, à l’égard des dix royaumes, jugement qui les fait disparaître de la surface de la terre. En exclure Jésus, pour en faire une conséquence de la persécution de quelque petite portion de l’Église, suffit pour démontrer que tout le système qui en dépend n’est qu’un jeu de l’imagination de l’homme. Je respecte, je le répète, la piété de l’auteur ; je l’honore comme sincère ; comme homme, je le respecte. Mais j’avoue franchement n’avoir aucun respect pour un tel emploi, une telle perversion de la Parole. Je fais la part d’une imagination ardente ; je reconnais la facilité avec laquelle on peut se tromper sur de tels sujets, si l’on dé passe les enseignements clairs que nous pouvons avoir reçus de Dieu, et dont chacun qui a étudié la prophétie avec piété apportera sa part, quel que soit son système. Mais le livre de M. Gaussen ne contient pas seulement un système erroné. L’auteur avoue qu’il convient de regarder la venue du Sauveur, comme à distance pour l’Église. Il renverse les grands fondements de la Parole, non sur la prophétie, mais à l’égard du jugement exécuté par Jésus, et donne comme des citations ce qui ne se trouve pas dans la Parole, d’une manière qui mérite la plus forte répréhension de toute âme fidèle. Plus M. Gaussen est entouré d’estime, et je ne doute pas qu’il ne le mérite humainement parlant, plus il est important de dénoncer le mal. La piété et l’autorité apostolique de Pierre n’ont fait qu’entraîner tous les Juifs convertis et même Barnabas dans la dissimulation lorsqu’il y est tombé. Les écarts d’un homme pieux sont les plus funestes des écarts. (*)

 

(*) Il est assez remarquable que le Seigneur lui-même parle des deux choses, c’est-à-dire, de l’effet de tomber sur la pierre, et de la chute de la pierre sur quelqu’un, en les mettant en contraste. « Celui, dit-il, qui tombera sur cette pierre en sera brisé, et elle écrasera celui sur qui elle tombera ». De sorte que l’enseignement du Seigneur met ce dont il est question dans le passage de Daniel, en contraste avec l’application qu’en donne M. Gaussen.

 

FIN.

 

 

 

6         ANNEXE : [Ébauche de Chronologie Biblique — Ancien Testament]

Un de nos chers frères, Sir Edward Denny, a publié récemment eu anglais de grands et beaux tableaux, fruits de longues et consciencieuses investigations de la Parole, et destinés, nous le croyons, à faciliter l’étude et l’intelligence de la Prophétie ou des voies de Dieu envers le monde, Israël et l’Église. Deux de ces tableaux sont intitulés, l’un : « Les soixante-dix semaines de Daniel » ; l’autre : « Le cycle de soixante-dix semaines » ; ayant pour but de montrer que 70 semaines sont un cycle des dispensations de Dieu, pendant toute la durée de ses voies envers Israël et envers l’homme en général.

Nous croyons rendre un bon service à nos lecteurs, en exposant (*), d’une manière fort abrégée, quelques idées en rapport avec notre sujet, tirées du livre qui accompagne ces deux tableaux, et qui en est la clef ou l’explication. L’auteur partage les quinze siècles qui séparent Moïse de la première venue de Christ, en trois grandes périodes, où des offres spéciales de bénédictions furent faites par l’Éternel à son peuple, périodes qui se résument en ces trois noms : Salomon, Néhémie, Jésus. Puis il prouve que chacune d’elles est un cycle de 70 semaines d’années. Voici ses calculs relativement au premier cycle.

 

Depuis la sortie d’Égypte, jusqu’à la fondation du temple de Salomon 480 ans — 1 Rois 6:1.

Temps mis à la construction du temple 7 ans — 1 Rois 6:37, 36.

Temps probable mis à confectionner les vases, meubles ou ustensiles du temple 3 ans — 1 Rois 7:13-51.

Total 490 ans.

 

Après ce calcul vient un tableau fort détaillé des dates données dans les livres des Juges et de Samuel, dates dont la somme équivaut à 621 années, c’est-à dire à 131 ans de plus que dans le calcul ci-dessus. Et pourtant ces deux états ont été scrupuleusement dressés d’après l’Écriture, à la seule exception des trois années de temps probable pour l’ameublement du temple, temps probable que l’auteur fait également entrer dans les deux tableaux. — Or la Parole de Dieu peut-elle vraiment se contredire elle-même ? Assurément non. Nul homme enseigné par l’Esprit ne saurait l’admettre. « Que Dieu soit véritable », que sa Parole soit reçue quand même il faudrait abandonner tout le reste. — Mais comment donc concilier ou expliquer cette différence ? Le seul moyen de le faire qui nous paraisse digne de Dieu ou selon ses pensées, c’est d’admettre en principe que Dieu ne tient pas compte des années pendant lesquelles son peuple était sous l’esclavage des nations. — Ainsi la difficulté, provenant de la différence de ces deux additions, est complètement levée. Il y eut, pendant le temps des Juges, sept intervalles de servitude pour le peuple de Dieu ; les voici d’après la Parole.

 

 

1° Israël asservi à Cusan-Rischatajim, roi de Mésopotamie

Durant 8 ans.

Juges 3:8.

2° Israël asservi à Héglon, roi de Moab

Durant 18 ans

Juges 3:14

3° Israël asservi à Jabin, roi de Canaan

Durant 20 ans

Juges 4:3

4° Israël asservi aux Madianites

Durant 7 ans

Juges 6:1

5° Israël asservi aux Philistins et aux Hammonites

Durant 18 ans

Juges 10:8

6° Israël asservi aux Philistins

Durant 40 ans

Juges 13:1

7° Israël asservi aux Philistins

Durant 20 ans

1 Samuel 7:2, 13, 14

total

131 ans

 

 

c’est-à-dire précisément le nombre exact de la différence entre les deux sommes. Lorsqu’il s’agit purement et simplement de raconter l’histoire d’Israël, l’Esprit de Dieu, dirigeant la plume des écrivains sacrés indique la durée de la période réelle, sans rien omettre, mais en ayant soin de désigner les sept intervalles de servitude, ainsi que la durée exacte de chacun d’eux. Mais, d’un autre côté, quand il écrit dans le but de manifester son conseil de grâce envers le peuple, de signaler la même période au point de vue des dispensions de Dieu, nous le voyons passant à dessein sous silence les intervalles pendant lesquels le pays était asservi, comme s’il les jugeait indignes d’être mentionnées dans ses récits, nous le voyons, en un mot, traiter les sept époques d’esclavage des Israélites comme SEPT BLANCS DANS LEUR HISTOIRE. Ainsi la différence qui nous occupe est, si je puis ainsi parler, une différence divine, une harmonieuse différence.

Sir Edward Denny retrouve le même principe dans la supputation du second cycle, — de Salomon à Néhémie. — Ce cycle, d’après la chronologie humaine, est de 560 ans ; mais, d’après la chronologie de Dieu , qui ne compte pas les 70 années de la captivité de Babylone, il n’est, comme le précédent et comme le suivant, que de 490 années.

De nos jours, depuis la mort de Jésus jusqu’à son retour pour l’enlèvement de l’Église, les Juifs portent le nom de Lo-Hammi, et le temps est comme suspendu pour eux ; aussi, la soixante-dixième semaine de Daniel, celle qui doit clore la dernière période des voies de Dieu à leur égard, avant la dispensation de la plénitude des temps, celte dernière semaine attend encore son accomplissement. C’est là aussi comme une grande parenthèse, un blanc dans les annales du peuple terrestre de Dieu.

Quant à l’Église, elle est du ciel, et n’a par conséquent rien à faire avec le temps et les saisons qui appartiennent à ce qui est d’ici-bas. Je pense que les frères que ce dernier sujet intéresse, trouveront des lumières et de l’édification dans l’élude des passages suivants : Marc 1:15 ; Actes 1:7 ; 1 Cor. 10:11 ; Rom. 5:6 ; Éph. 1:10 ; Gal. 4:2-4 ; Tite 1:2, 3 ; Héb. 1:2 ; 9:26 ; 1 Pierre 1:20 ; 5:4 et Rom. 14:8-7 ; Gal. 4:9-12.

 

La ville. 11:13. C’est celle dont nous nous occupons ici. Cf. v. 2, 8.

— Au 14:20, c’est Jérusalem au moment du jugement du Fils de l’homme sur elle. La nouvelle Jérusalem s’appelle aussi : la ville. C’est alors la Ville par excellence (21:14, 15, 16, 18, 19, 21, 23 ; 22:14

 

La ville, la sainte. C’est Jérusalem, considérée, pendant sa chute, dans le conseil d’élection de Dieu (11:2).

La ville, la sainte Jérusalem (T., Tr., Gr.), qui descend du ciel d’auprès de Dieu (21:10).

La ville, la sainte Jérusalem nouvelle. C’est la Jérusalem céleste (21:2).

La ville la sainte (22:19). Expression qui peut s’appliquer, suivant les personnes qui y ont part, soit à la Jérusalem terrestre milléniale, soit à la Jérusalem céleste.

 

La ville, la bien aimée, qui est le camp des saints sur la terre (20:9).

 

La ville, la grande Babylone, la ville la puissante. C’est Babylone Mystère ou Jérusalem-Babylone (18:10).

Babylone, la grande ville. La même que la précédente (18:21).

Babylone la grande. De même. 14:8 (cf. le 20, la ville), 17:5, où c’est un Mystère. 18:2 ; cf. 10, 21 et 16:19, où elle est identique avec la ville la grande ci-dessous.

La ville la grande, dont nous nous occupons ; cf. 16:19 ; 17:18 ; 18:16, 18, 19.