REMARQUES SUR

LA BROCHURE DE M. FR. OLIVIER INTITULÉE

« ESSAI SUR LE ROYAUME DE DIEU

SUIVI D’UN EXAMEN RAPIDE

DES VUES PUBLIÉES PAR M. JOHN DARBY

SUR L’APOSTASIE DE L’ÉCONOMIE ACTUELLE ».

 

 

GENEVE, G. KAUFMANN, 1843

[Les textes entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest
La brochure de Mr François Olivier, ministre de l’évangile, est datée de 1843, Ed. Lyon]

 

Table des matières abrégée :

1       PRÉFACE : [Réponse sommaire sur un écrit contre la vérité]

2       [Chapitre] 1 [Sur le fond : le Royaume et l’Église : à quoi en sont-ils ?]

3       [Chapitre] 2 [Critiques de F. Olivier sur des expressions, et sur l’emploi de termes scripturaires]

 

 

Table des matières détaillée :

1       PRÉFACE : [Réponse sommaire sur un écrit contre la vérité]

2       [Chapitre] 1 [Sur le fond : le Royaume et l’Église : à quoi en sont-ils ?]

2.1         [Aveuglement vis-à-vis du bien qu’on blâme. Assemblées bénies et en paix où l’on prétend ne voir que désordre, misère, et docteurs prématurés]

2.2         [Des opposants qui concourent à la propagation de la vérité malgré eux]

2.3         [Description détaillée par F. Olivier des maux sans remède de ce qu’il appelle le Royaume, l’Église en tant que Royaume spirituel ne pouvant pas se corrompre selon lui]

2.3.1      [Selon F. Olivier, le mal a commencé quand l’Église était encore identique au Royaume]

2.3.2      [Selon F. Olivier, l’état du Royaume est une impure Babylone, qui aboutira à une apostasie générale]

2.3.3      [La corruption n’est pas limitée au Royaume, elle a commencé dans l’Église par des principes de mal]

2.3.4      [Une source de corruption provient des péchés des vrais chrétiens]

2.3.5      [Il est incontestable que la corruption est aussi dans l’Église]

2.3.6      [Tentatives de camoufler le mal]

2.3.7      [Conséquences logiques abjectes : Christ roi de Babylone et les chrétiens ne peuvent en sortir]

2.3.8      [La foi fait sentir que les raisonnements sont mauvais quand elle voit les conclusions qu’on en tire]

2.3.9      [Ambiguïté ou confusion sur le terme Église]

2.3.10        [Un exposé de vérités sans application pratique]

3       [Chapitre] 2 [Critiques de F. Olivier sur des expressions, et sur l’emploi de termes scripturaires]

3.1         [Royaume des cieux et Royaume de Dieu : le sens n’est pas le même]

3.2         [L’Église n’est pas un Royaume spirituel

3.2.1      Christ n’est pas Roi sur l’Église. Elle régnera avec Christ. Le Royaume des cieux n’est pas l’Église du tout]

3.2.2      [Il est mauvais de parler de corrompre le Royaume, de Royaume devenu Babylone. Il s’y trouve des scandales, mais ils seront ôtés. Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans le Saint-Esprit. On le prêche]

3.3         [L’Église, corps de Christ, est aussi maison de Dieu ici-bas, assemblée de Dieu]

3.4         [Économie : sens du mot – administration, dispensation. L’économie de l’Église est le temps pendant lequel l’Église est appelée et subsiste ici-bas]

3.5         [Apostasie : apostasie de l’économie, oui ; apostasie du Royaume, non]

3.6         [Accusation d’être révolutionnaire et de ne pas vouloir être contrôlé par un ministère conducteur]

3.7         [Sens de mots divers]

3.8         [Il reste un chemin pour la foi]

3.9         [Apostasie distincte de l’activité du mystère d’iniquité]

3.10       [Romains 11:22]

3.10.1        [La seule question traitée est de savoir si le peuple était rejeté]

3.10.2        [Les trois preuves de ce que le peuple n’est pas rejeté]

3.10.3        [Rom. 11:22 La menace de retranchement s’applique à l’économie et pas aux fidèles en tant que fidèles]

3.10.4        [Il n’y a pas trois économies, mais trois choses enseignées sur l’économie actuelle]

3.10.4.1        [Le monde dans une nouvelle relation avec Dieu + les baptisés responsables des privilèges du christianisme + ceux qui ont la vie de Dieu unis à Christ dans le corps de Christ]

3.10.4.2        [Témoignage perdu, l’Église lumière du monde est devenue invisible]

3.10.4.3        [Le fond du sujet : la manifestation de la gloire de Christ sur la terre par l’Église. L’Église a-t-elle dû la manifester ? Doit-on s’humilier si elle ne le fait pas ?]

3.11       [Contre les réunions des frères : Des attaques dont l’effet est d’amener les âmes à une position plus franche et plus bénie]

3.12       [Des erreurs qui visent une orientation plus gravement mauvaise dans le fond]

3.13       [Une prétention à l’exactitude qui n’est que confusion]

 

 

1         PRÉFACE : [Réponse sommaire sur un écrit contre la vérité]

Les pages qui suivent demandent deux mots de préface. Et d’abord, quelle que soit la source de cette opposition, j’ai la conviction que la brochure de M. François Olivier, est un effort contre la vérité. Sa tendance est d’empêcher les frères simples d’agir par la foi ; c’est pourquoi j’ai exprimé franchement mes pensées à cet égard.

Ensuite, quoique je ne doute pas de la solidité du fond de ce qui se trouvera dans ces feuilles, il est bon peut-être d’avertir celui qui veut bien les parcourir, que l’on ne prétend donner autre chose que quelques observations rapides sur les vues de M. Olivier.

J’ai reçu lundi au soir l’écrit que M. Olivier a publié, et j’ai dû y répondre sans quitter mes autres occupations, et pendant une course que j’ai faite à Vevey cette semaine, afin d’être en mesure de livrer le manuscrit à l’impression avant mon départ pour la France. Un voyage de quelques semaines me retiendra dans ce pays, et m’aurait par conséquent empêché de m’occuper de cette affaire.

Genève, samedi 8 avril 1843.

 

REMARQUES sur LA BROCHURE DE M. FR. OLIVIER

 

2          [Chapitre] 1 [Sur le fond : le Royaume et l’Église : à quoi en sont-ils ?]

2.1        [Aveuglement vis-à-vis du bien qu’on blâme. Assemblées bénies et en paix où l’on prétend ne voir que désordre, misère, et docteurs prématurés]

C’est une vie mélangée que la vie que nous menons ici-bas ; et il faut se tenir très-près de Dieu pour garder son âme dans l’équilibre, et se réjouir des choses qui font de la peine au cœur humain, en les voyant du côté de la volonté de notre Père. Revenu d’une course où j’ai pu jouir du bonheur des frères réunis en paix, trouvant Dieu près d’eux et au milieu d’eux ; où j’ai pu goûter la joie que l’on éprouve en voyant beaucoup d’âmes se réveiller, et de nombreuses conversions ; partager la joie de ceux qui y travaillent plus fidèlement que soi-même, et les voir heureux dans leur œuvre, parce que Dieu les a bénis et les bénit encore : — revenu enfin des localités, où ayant travaillé soi-même, l’on est heureux de revoir ses frères en paix, marchant mieux dans son absence que dans sa présence, je tombe sur une brochure qui ne voit rien en tout cela que « désordre, misère, et des docteurs prématurés », brochure qui porte sur les frères des jugements qui révèlent beaucoup plus les pensées de son auteur, qu’ils ne dépeignent le caractère de ceux qu’il blâme.

L’état de bien des personnes, dans ces temps-ci, me rappelle la malédiction prononcée sur celui qui s’appuie sur la chair, Jérémie 17, « il ne s’apercevra pas quand le bien sera venu » [Jér. 17:6]. Je les plains de tout mon cœur. Nous sommes pauvres, faibles, très-faibles même. Notre foi, ou plutôt notre manque de foi, nous fait honte assez souvent ; il nous arrive, hélas ! je n’en doute pas, de faire des choses qui ne sont pas selon la sagesse de Dieu. Quand Dieu, dans sa grâce, nous en donne la conscience, nous devons nous en humilier ; toutefois nous sommes heureux, car nous marchons avec Dieu, et Il nous bénit dans sa grande miséricorde, nous qui en sommes si indignes. Il nous a permis dans notre petite, très-petite mesure, je l’avoue, mais selon qu’Il nous l’a donné, « d’opérer avec Dieu ». Mais j’en ai déjà trop dit. J’agis en insensé. L’on croira, parce que je suis heureux dans la bénédiction de Dieu, que je cherche à me recommander.

 

2.2        [Des opposants qui concourent à la propagation de la vérité malgré eux]

Comment puis-je me réjouir dans des brochures qui, composées par la triste prudence humaine, ne veulent pas la folie de la foi ? Voici comment : quand même c’est par un esprit de contention, ceux qui les écrivent sont forcés de propager le fond de la vérité ; et, tout en condamnant les personnes qui le font de bon cœur et avec joie, ils concourent eux-mêmes à l’œuvre. Quant à la foi et à la joie qui les accompagnent, Dieu « a caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les a révélées à de petits enfants » ; et « il y en a des derniers qui sont les premiers, et des premiers qui sont les derniers », car ainsi a été le bon plaisir du Père. Mais les derniers, comme les premiers, sont forcés de concourir à la propagation de la vérité, parce que tel est le bon plaisir de Dieu, qui ne veut pas laisser sommeiller son Église dans ces derniers temps. Si l’on veut être les derniers quand Dieu agit, il ne faut s’en prendre qu’à soi-même. Dieu doit-il s’arrêter dans sa bénédiction, parce que l’homme ne veut pas marcher ? Que Dieu, dans sa bonté, ne le permette pas !

 

2.3        [Description détaillée par F. Olivier des maux sans remède de ce qu’il appelle le Royaume, l’Église en tant que Royaume spirituel ne pouvant pas se corrompre selon lui]

Sans approuver chaque phrase, ni l’esprit de l’ensemble, que l’on examine la brochure de M. le ministre François Olivier, depuis la page 52 jusqu’à la page 69, et de quels maux, et maux « sans remède », il y parle en détail. Maintenant il veut que l’on appelle cet état de choses, « le Royaume », et il ne veut pas que l’on appelle Église le Royaume extérieur de Dieu. Soit. C’est au moins l’état général des choses. Qu’on l’appelle Royaume, comme il le veut, ou, avec d’autres, l’Église visible, la chose est admise, et elle se trouve, selon lui, « sans remède ». Cela est sérieux. Car certes, l’on peut dire alors de l’Église, avec laquelle, selon M. Olivier, le Royaume se confondait, ce que Dieu dit d’Israël en Jérémie 2:21 : « Or, je t’avais moi-même plantée, comme une vigne exquise, de laquelle tout le plant était franc ». « Mais », dit M. Olivier, « je tiens à le répéter, c’est dans le Royaume et non dans l’Église qu’a pris naissance et que s’accroît cette corruption ». Puis, je trouve à la page 19 : « Ici on le voit, le Royaume de Dieu se confond avec l’Église » ; et, page 20 : « l’Église est elle-même le Royaume spirituel, dans lequel et sur lequel Christ exerce sa royauté » ; et, page 23 : « Aussi longtemps qu’il en aurait été ainsi, je le répète, l’Église et le Royaume, dans leur état apparent ici-bas, n’auraient été qu’une seule et même chose ».

 

2.3.1        [Selon F. Olivier, le mal a commencé quand l’Église était encore identique au Royaume]

Selon M. Olivier, cela a continué jusqu’à ce que quelque église ait cessé de recevoir tous les chrétiens de sa localité, ou ait accueilli dans son sein des personnes dont évidemment la profession n’était pas réelle. Jusqu’alors l’Église et le Royaume se confondaient ; mais ce fut pendant cette période que le mal commença. Ce fut pendant que les Apôtres s’adressaient à tous les professants, comme à des saints, que commencèrent les hérésies et la corruption, et qu’il sortit des Antéchrists ; ce qui seul manifestait qu’ils n’étaient pas des leurs : de sorte que la corruption a commencé, que le mystère d’iniquité s’est mis en train, quand l’Église et le Royaume se confondaient.

 

2.3.2        [Selon F. Olivier, l’état du Royaume est une impure Babylone, qui aboutira à une apostasie générale]

Le mal a commencé dans cette congrégation, qui était en même temps Église et Royaume, selon M. Olivier. Il veut que nous croyions que l’Église ne peut pas se corrompre (page 25) ; il admet qu’elle peut s’affaiblir et souffrir de l’état du Royaume (page 68). S’il veut dire que Dieu gardera les vrais fidèles jusqu’à la fin, il ne pense pas, je suppose, nous donner de nouvelles lumières, en nous le disant ; de sorte que, pour le fond, il ne résulte de son livre que cela, c’est qu’il admet que l’état de choses qui existe (les fidèles, en tant que fidèles, exceptés) est une « impure Babylone », « sans remède ». — « C’est une horrible corruption, qui doit définitivement aboutir à l’accomplissement du mystère d’iniquité, à une apostasie générale, sur laquelle le Seigneur n’aura plus qu’à faire tomber ses jugements les plus terribles » (page 68). Remarquons aussi qu’il justifie l’application du mot apostasie à l’état de choses qui existe depuis longtemps, (page 65).

M. Olivier applique le passage, 1 Tim. 4:1-3, aux formes religieuses dépourvues de vie. Les erreurs qui y sont signalées, « concernent précisément des pratiques superstitieuses ». Nous trouvons (page 67) que ceux qui en sont coupables « ont déjà apostasié ».

Dans ce catalogue de maux sans remède, se trouve l’état des Églises dissidentes elles-mêmes, comme aussi celui des Églises primitives, immédiatement après leur formation, (pages 50, 56, etc.).

 

2.3.3        [La corruption n’est pas limitée au Royaume, elle a commencé dans l’Église par des principes de mal]

Mais il y a encore une remarque à faire ici. Nous avons vu que M. Olivier affirme que l’Église ne peut pas se corrompre ; c’est dans le Royaume, et non pas dans l’Église, qu’a pris naissance et que s’accroît cette corruption. La grande affaire est que la corruption et l’apostasie (selon 1 Tim. 4) existent. Qu’on l’appelle Royaume ou qu’on lui donne le nom qu’on voudra, pourvu que les consciences en soient atteintes ; le papisme, le nationalisme, et même à bien des égards les dissidents, sont atteints de cette corruption, étant tous dans le Royaume ; et cet état de choses est sans remède. Je vais plus loin, et je dis que cette corruption a commencé dans l’Église aussi bien que dans le Royaume ; parce qu’elle a commencé par des principes de mal et non pas par l’apostasie des individus ; par des principes de mal dans les vrais chrétiens qui formaient ce qui existait de l’Église sur la terre.

 

2.3.4        [Une source de corruption provient des péchés des vrais chrétiens]

Mon premier témoin, pour une partie de cette vérité, sera M. F. Olivier (p.46). « Une autre source inévitable de corruption, ce sont les péchés des vrais chrétiens eux-mêmes ». M. Olivier veut que cela agisse sur les Églises ou le royaume. Cela peut être ; mais au moins la « source de corruption » se trouvait dans les vrais chrétiens qui composaient l’Église. Mais l’on peut aller encore plus loin ; car ce qui était une source de corruption, ce n’étaient pas seulement les péchés des vrais chrétiens, mais encore le judaïsme. Ce qui renversait le christianisme se trouvait dans les vrais chrétiens. Les Galates n’étaient pas seulement une Église ; c’étaient de vrais disciples. Ceux qui étaient descendus de Jérusalem à Antioche sont reconnus par les Apôtres comme étant de leur corps, quoique non autorisés de leur part [Actes 15:24]. Les Pharisiens, qui blâmaient St. Pierre d’avoir mangé avec les Gentils, étaient des croyants [Actes 11] ; l’on en voit bien d’autres exemples. De sorte que nous trouvons que les machinations de Satan, parmi les vrais chrétiens, étaient la première et la principale source du mal. Que cela ait été l’occasion de l’introduction de faux frères, j’en conviens ; mais la corruption a pris naissance dans l’Église. C’est dans l’Église qu’elle est maintenant, à moins que les erreurs et les superstitions les plus grossières dans lesquelles les vrais chrétiens se trouvent, selon M. Olivier lui-même, ne soient pas de la corruption. Je dis : selon M. Olivier ; car il admet qu’il y a des chrétiens dans le papisme, dans le nationalisme et ailleurs.

 

2.3.5        [Il est incontestable que la corruption est aussi dans l’Église]

Si M. Olivier ne veut pas non plus que les vrais chrétiens, dont les péchés, et, comme nous l’avons vu, les erreurs sont une source inévitable de corruption, forment l’Église, parce qu’aux yeux de Dieu l’Église ne sera vraiment assemblée que dans le Ciel à la fin, alors je réponds que son raisonnement est faux et absurde en même temps. Faux, parce que Timothée a dû savoir comment il faut se conduire dans l’Église du Dieu vivant ; et certes, ce n’était pas dans l’Église rassemblée dans le ciel. Le corps de Christ croissait par les jointures de fournissement, et certes ce n’était pas dans le ciel. — Absurde, parce que personne ne rêve de la corruption dans le ciel ; et les raisonnements de tout homme de bon sens et de la Bible s’occupent de l’Église sur la terre. Mais, si les vrais chrétiens composaient l’Église, alors il y avait dans l’Église, selon M. Olivier, une « source inévitable de corruption » dans les péchés, et aussi, ajouterai-je d’après la parole de Dieu, dans les erreurs qui s’y trouvaient ; erreurs qui faisaient douter un moment à St. Paul que ceux qui les avaient adoptées fussent de vrais chrétiens. Gal. 4:11 et 20. Aussi est-il vrai qu’il y a de la corruption aujourd’hui dans l’Église ; car les péchés et les erreurs ont augmenté depuis le commencement, parmi les vrais chrétiens, quoique Dieu ait souvent suscité au milieu d’eux des lumières particulières. Il n’était pas nécessaire que tous les chrétiens fussent corrompus, pour que la corruption prît naissance dans l’Église ; il suffisait qu’il « y eût une source inévitable de corruption » (p. 46) en ceux qui en faisaient partie. C’est ce qui a eu lieu de l’aveu de M. Olivier lui-même. Mais c’est ici un fait, une vérité de la plus haute importance, parce que l’Église se trouve compromise dans la corruption qui a envahi le Royaume lui-même. Des sources inévitables de cette corruption s’y trouvaient.

 

2.3.6        [Tentatives de camoufler le mal]

M. Olivier peut chercher à nous persuader que le sommeil des ouvriers était un repos légitime, quoique l’Apôtre nous dise que ceux qui sommeillent, sommeillent la nuit, mais que nous, qui sommes du jour, nous devons veiller [1 Thes. 5]. Quoi qu’il en soit, car je laisse cette interprétation à la conscience, il est certain que les premiers indices que la Bible nous donne touchant le mal qui a envahi le royaume extérieur, sont signalés dans l’Église elle-même ; et c’est ce qui a donné lieu à l’introduction de faux frères, qui retenaient ces mêmes principes. Gal. 2:4.

Oserais-je ajouter, pour moi-même, que s’il n’y avait pas eu le manque de clarté, d’équilibre et de mesure dans les théories de ce pauvre M. D., on n’aurait jamais possédé la description des choses calmes et modérées, il faut le supposer, que contiennent les pages 50 à 69 de la brochure de M. Olivier. Il faut avoir des volontaires pour monter les premiers à la brèche, les hommes prudents suivent en meilleur ordre sans doute.

Mais je prie ceux qui lisent la brochure de M. F. Olivier, de peser beaucoup l’état de choses dépeint dans ces pages, et de se souvenir que, selon M. Olivier, tous les chrétiens, tous les membres de l’Église de Dieu sur la terre s’y trouvaient. Je ne leur présente pas cette manière de s’exprimer comme la plus claire ; je ne crois pas qu’elle le soit. Je crois que, malgré tous ses soins, M. Olivier est tombé dans des contradictions flagrantes, et j’en ai relevé quelques-unes. Mais, quoi qu’il en soit, pesez le fond de la chose et réfléchissez, vous chrétiens, où vous en êtes, si M. F. Olivier a raison. Appelez alors cet état de choses, Royaume ou comme il vous plaira ; voici ce que je vous demande : Quel est l’état de choses dans lequel vous vous trouvez, et quel en sera le résultat ?

M. F. Olivier, en effet, n’a pas pu nier le mal actuel ; il a su seulement employer les ressources de la langue française et de son esprit, pour mieux dépeindre l’état de choses qui existe sous le nom de christianisme.

 

2.3.7        [Conséquences logiques abjectes : Christ roi de Babylone et les chrétiens ne peuvent en sortir]

Mais voici un résultat affreux du système de M. Olivier : « Cette horrible corruption, qui doit définitivement aboutir à l’accomplissement du mystère d’iniquité, à une apostasie générale, sur laquelle le Seigneur n’aura plus qu’à faire tomber ses jugements les plus terribles ; « cette impure Babylone », sur laquelle M. Olivier nous a fait promener nos regards, « c’est le royaume, c’est la déplorable condition du Royaume ». Mais (p. 38), quoique ceux qui sont du Royaume ne soient pas [tous] de l’Église, « tous ceux qui sont de l’Église sont bien du Royaume ». Le Royaume renferme un bon nombre de personnes qui ne sont pas de l’Église ; mais, d’un autre côté, tous les membres de l’Église sont dans le Royaume et du Royaume selon M. Olivier. Les voilà donc malgré eux dans cette impure Babylone ; impossible d’en sortir. Ils sont, par l’établissement des choses de la part de Dieu, renfermés dans ce qui est le triste objet de ses jugements les plus terribles : étant du Royaume, ils sont de cette Babylone ; et ils ne peuvent en sortir ! Christ, étant le Roi du Royaume, se trouve être le Roi de cette impure Babylone ! —Je vous plains, vous qui embrassez un tel système.

 

2.3.8        [La foi fait sentir que les raisonnements sont mauvais quand elle voit les conclusions qu’on en tire]

Voilà les effets de ce que l’homme appelle modération et prudence, et de l’absence de foi dans les témoignages de Dieu, quant à l’état de choses où nous nous trouvons, mais d’où il nous faut sortir quand nous en avons fait la découverte. La foi aurait reculé instinctivement devant de telles conclusions, et les aurait senties en un instant. Quand on ne cherche que l’exactitude humaine, et qu’à blâmer les sentiments d’autrui, on ne fait que creuser des fosses où l’on tombe soi-même. Je ne veux parler ici que des raisonnements.

 

2.3.9        [Ambiguïté ou confusion sur le terme Église]

J’ai employé les termes conventionnels, peut-être avec une certaine inexactitude à quelques égards quant à l’expression. J’ai quelquefois peut-être, parce que tout le monde le fait, appelé Église, ce qui n’est pas vraiment l’Église ; et M. Olivier l’a fait lui-même dans cette brochure. J’étais, en parlant ainsi, beaucoup mieux compris. Mon but était d’atteindre la conscience, et ce but a été rempli jusqu’à un certain point, et, par la grâce de Dieu, il le sera toujours davantage. Et voici, que pour être exacts, ceux qui s’y opposent plongent l’Église, les vrais chrétiens (et non pas l’Église dans le sens conventionnel de chrétienté, mais l’Église dans le sens que M. Olivier donne à ce mot), dans un état de corruption sans remède, d’où ils ne peuvent pas sortir. Ils ne sont pas seulement dans l’enceinte où cela se trouve, ils sont de la chose même qui est dans cet état ; et, pour rendre cela plus clair, nous sommes informés que cette corruption n’a pas pu prendre naissance dans l’Église, et, en même temps, qu’une source inévitable de cette corruption est dans les péchés de ceux qui la composent !

Le fait est que l’on n’a pas osé résister à la vérité, parce qu’elle était trop évidente. L’esprit humain, qui recule toujours devant les conséquences de la foi, s’en est mêlé ; et la confusion morale la plus déplorable résulte de la prétention de l’homme à être exact. « Si quelqu’un d’entre vous croit être sage en ce monde, qu’il se rende fou afin de devenir sage » 1 Cor. 3:18.

 

2.3.10    [Un exposé de vérités sans application pratique]

Quant à tout ce qui se trouve entre les pages 74 et 105, sans en garantir tous les détails, par exemple, ce qui est dit du règne de Christ sur l’Église, comme suite de ce qui précède, ni la définition de la première résurrection, etc., l’on peut dire que, pour l’ensemble, c’est un exposé clair et intéressant de vérités qui nous sont, comme on le sait, très-chères. Ce n’est que dans leur application par la foi, à la conduite, qu’elles touchent à la question qui nous occupe ; et, sous ce rapport, tout y manque.

 

3         [Chapitre] 2 [Critiques de F. Olivier sur des expressions, et sur l’emploi de termes scripturaires]

Maintenant je veux m’occuper des critiques qui portent sur les expressions, et sur l’emploi des termes scripturaires, pour voir quelle confiance l’on peut accorder à cet esprit d’exactitude humaine. Dans presque tous les cas où M. Olivier a voulu sortir de l’emploi ordinaire des termes controversés, je trouve de l’erreur.

 

3.1        [Royaume des cieux et Royaume de Dieu : le sens n’est pas le même]

Premièrement, M. Olivier veut que le Royaume des Cieux et le Royaume de Dieu soient une même chose. En quelques endroits, oui, mais comme maintenant Canton et République de Genève sont une même chose ; mais, si je cherchais à identifier dans l’histoire, Canton et République, je ne démontrerais que mon ignorance.

L’expression de Royaume des Cieux ne se trouve qu’en St. Matthieu, et, quand l’Esprit de Dieu veut parler de ce qui était déjà arrivé, il change toujours d’expression et dit : Royaume de Dieu ; ainsi : chap. 12:28. Jamais on ne trouverait une expression comme celle-ci : car le Royaume des Cieux n’est pas breuvage et viande [Rom. 14:17] ; parce que, quoique le Royaume des Cieux soit nécessairement le Royaume de Dieu, l’expression de Royaume des Cieux se rapporte à un ordre de choses dans les dispensations de Dieu, et fait allusion, je n’en doute pas, comme M. Olivier le dit, à Daniel 7. C’est pourquoi cette expression se trouve en St. Matthieu, évangile rempli de points de vue judaïques, évangile qui s’attache à montrer l’accomplissement des prophéties et des promesses faites aux Juifs. C’est pourquoi il est toujours dit : « Le Royaume des Cieux est proche ». Jésus lui-même le dit, tandis qu’il dit : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous » [Luc 17:21], car le Roi était là ; mais ce n’était pas le Royaume des Cieux, pendant que le Roi était sur la terre. Lors de l’exaltation de Jésus, ce Royaume des Cieux a pris un caractère spécial, à cause de la rejection des Juifs pour un temps ; et c’est ce qui est expliqué au chap. 13 de St. Matthieu, cette rejection du peuple ayant été constatée à la fin du chap. 12. M. Olivier se trompe, quand il dit que St. Pierre (Actes 3) place à une autre époque, les temps de rafraîchissement. La rejection de ce discours les a renvoyés à une autre époque, selon les conseils de Dieu ; mais Pierre dit : Convertissez-vous, afin que les temps de rafraîchissement viennent.

 

3.2        [L’Église n’est pas un Royaume spirituel

3.2.1        Christ n’est pas Roi sur l’Église. Elle régnera avec Christ. Le Royaume des cieux n’est pas l’Église du tout]

En outre, il n’est pas vrai non plus que l’Église soit elle-même le Royaume spirituel, et pas un seul des passages que cite M. Olivier, ne le dit. Les saints obéissent, il est vrai ; mais Christ n’est jamais appelé le Roi de l’Église ; nous venons au trône de la grâce de Dieu. Il y a un seul passage dans l’Apocalypse qui pourrait être cité (15:4) : « Roi des saints (*) ») ; mais ce passage est tellement incertain que l’on ne peut rien baser là-dessus. Que Christ exerce une royauté sur l’Église, on ne trouve pour le montrer aucun appui dans la Parole ; et les enseignements de Matthieu 13 rendent cette distinction importante. M. Olivier ne prétend pas appliquer ici les passages de l’Ancien Testament, tels que, Roi en Sion. Dans le Nouveau, il n’en trouve point; mais alors sa théorie de Royaume spirituel et Royaume extérieur, comme deux sphères différentes, tombe. Il y a tout simplement : « le Royaume des Cieux », qui n’est pas l’Église du tout. L’Église n’a aucun rapport, ni aucun contact avec le Royaume, sauf qu’ici-bas elle existe dans le champ sur lequel l’autorité du Royaume est exercée. Plus tard, elle régnera avec le Seigneur sur ce même champ.

 

(*) Griesbach le rejette absolument du texte, pour y mettre « nations » à la place de « saints »

 

3.2.2        [Il est mauvais de parler de corrompre le Royaume, de Royaume devenu Babylone. Il s’y trouve des scandales, mais ils seront ôtés. Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans le Saint-Esprit. On le prêche]

Aussi « corrompre le Royaume » (p.25), « un Royaume pur » n’est que de la confusion. « Le Royaume devenu Babylone » (p. 69), tout cela est entièrement non-scripturaire. Si quelqu’un est roi sur Babylone, ce sera l’Antéchrist. Nous devons sortir de Babylone ; on ne peut pas sortir du Royaume, dans le sens dans lequel nous y sommes, comme M. Olivier l’a bien senti.

Il est très-fâcheux de parler ainsi du Royaume, comme si c’était un certain nombre de personnes en tel ou tel état. Le Royaume des Cieux est un gouvernement, un règne, si l’on veut ; le Roi y est ; son autorité y est. Il supporte pendant longtemps des scandales dans son Royaume ; mais son Royaume, son règne ne peut pas être Babylone. Veut-on que Christ soit Roi sur Babylone ? Est-ce là l’exactitude que l’on cherche ? Il est vrai que l’ennemi agit dans le Royaume pendant que les hommes dorment, parce qu’ils y sont laissés sous leur responsabilité ; et voilà l’importance d’employer le mot d’économie, que tout le monde comprend, parce qu’il ne s’agit que de l’homme et de sa position, là où Dieu l’a placé sous une responsabilité ; tandis que le Royaume ou le Règne embrasse aussi le gouvernement du Roi, la souveraineté de Dieu lui-même. Le Royaume était au milieu des Pharisiens, parce que Christ était là ; le Royaume s’était approché quand les Apôtres allaient rendre témoignage en Israël, Matt. 10:7. L’Église n’est jamais le Royaume, ni pur ni impur. Le Royaume renferme le Roi ; et il est très-inexact et très-fâcheux de parler de la corruption du Royaume. Il y a, selon les conseils souverains de Dieu, des scandales permis dans son Royaume ; scandales que le Roi ôtera plus tard, quand il prendra sa grande puissance et agira en Roi. C’est parce que, en vérité, les principes du Royaume sont toujours les principes de Dieu, que l’Apôtre peut dire que le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans le Saint-Esprit; et l’on pouvait, par la même raison, prêcher le Royaume de Dieu, quoique Satan put semer dans le champ, sur lequel ce Royaume dominait. L’Église, ici-bas, peut se corrompre, parce que la chair se trouve en ceux qui la composent, quoique les châtiments et la fidèle grâce de Dieu puissent la conserver pour la gloire, où la chair et le sang n’entrent pas.

 

3.3        [L’Église, corps de Christ, est aussi maison de Dieu ici-bas, assemblée de Dieu]

Si maintenant nous en venons à l’Église, elle est bien le corps de Christ ; mais la Parole de Dieu parle de l’Église ici-bas, et appelle l’ensemble des fidèles ici-bas l’Église, la maison de Dieu, dans laquelle il faut apprendre à se conduire, et où il y a une activité de ministère par lequel ce corps croît. Je ne veux pas abandonner cette application scripturaire du mot, parce que j’admets qu’à la fin toute l’Église sera assemblée en haut par la fidélité de Dieu. Le but (et ce but est bien fâcheux) le but de la brochure à laquelle je réponds ici, est de détruire l’idée d’assemblée ici-bas, et de la responsabilité de cette assemblée ; mais j’ai discuté ces points dans les Remarques sur l’état de l’Église. Je ferai observer seulement que M. Olivier est en contradiction avec la Parole, dans ses raisonnements. Les Églises nationales ne sont pas des Églises (il est difficile d’échapper à des termes conventionnels) « vu qu’elles ne s’assemblent pas, et que le mot Église signifie « assemblée » (p. 52) : mais (p. 116 et p. 117) il dit que mes vues sur l’Église et le corps de Christ sont fausses et contraires aux notions de l’Écriture sur l’assemblée de l’Église, puisque le corps terrestre de Christ n’aurait jamais été réellement rassemblé ici-bas. Donc il n’y a jamais eu d’Église sur la terre, selon p. 52 ; et, sans raisonner (p. 35), « l’on n’a jamais encore aperçu nulle part la moindre trace d’aucune assemblée qu’on puisse ou qu’on ait pu nommer, dans le sens plein et absolu du mot, l’Église ou l’assemblée de Dieu ». Pour le sens plein ou absolu, je ne sais ; pour le sens scripturaire, qui est beaucoup plus important, on ne peut pas en douter. Si M. Olivier veut nous apprendre que tous les élus n’ont pas été sur la terre en même temps, c’est badiner avec des vérités sérieuses. Qui est-ce qui a besoin de l’apprendre ? Mais le Seigneur ajoutait à l’Église [Actes 2:47], non pas à une Église ou à un Royaume extérieur, ceux qui devaient être sauvés ; et Timothée apprenait comment il faut se conduire dans l’Église du Dieu vivant [1 Tim. 3:15]. Ce n’était pas dans l’assemblée universelle, dans le ciel. Je ne sais si M. Olivier veut un sens plus complet et plus absolu que la Parole. Pour mon compte, je suis très-content de ce que j’y trouve. Mais que fait-il de ce temps où (p. 23) « la mesure de l’Église, qui est le corps de Christ, était la règle de la mesure du Royaume ? » Ce n’est pas dans le ciel, à l’avenir, je suppose ; c’est ce qui avait lieu « dans le principe ». Le Royaume de Dieu se confondait avec son Église (p. 25). Le vrai Royaume n’est autre chose que l’Église (p. 25). Ajoutons ici, à toute cette confusion, que si le vrai Royaume n’est autre chose que l’Église, et que (p. 24) l’Église ne renferme que les membres de Jésus, alors le Royaume dans lequel on trouve de l’ivraie, d’où Christ ôte des scandales, où il agit en Roi, n’est pas le vrai Royaume du tout ; ce Royaume des Cieux, dont parle l’Esprit de Dieu en St. Matthieu, où Christ est Roi, qui est son Royaume, n’est pas le vrai Royaume. Voilà l’effet de confondre Royaume pur avec l’Église, de distinguer un Royaume extérieur et un Royaume intérieur, en un mot, de s’éloigner complètement de la Parole de Dieu.

 

3.4        [Économie : sens du mot – administration, dispensation. L’économie de l’Église est le temps pendant lequel l’Église est appelée et subsiste ici-bas]

Venons- en maintenant au mot d’économie. Ici M. Olivier est très-malheureux, même dans les choses dont une teinture (p. 59) est nécessaire pour les docteurs, depuis que les dons miraculeux ont cessé dans l’Église, et à cause de la distance des temps et des lieux.

Économie, dit-il, veut dire loi de la maison ; mais économie ne veut rien dire du tout de semblable ; ce mot signifie l’administration d’une maison ; et, par extension, il désigne tout ordre de choses quelconque que Dieu a arrangé, comme quand on dit : économie animale ; économie végétale. Il est vrai que le mot grec, qui signifie loi, dérive de la même racine ; mais c’est un dérivé beaucoup plus éloigné dans son sens. Νεμω veut dire, distribuer, partager, paître, etc. ; et ainsi, dans une maison, il y avait un économe, et une économie ; un homme qui arrangeait, distribuait, paissait la famille ; et tout l’ordre qui en résultait, était l’économie, l’administration de la maison. Ainsi, quand Dieu avait établi un certain ordre de choses sur la terre, on s’est habitué à l’appeler, assez exactement à ce qu’il me paraît, une économie. La Parole même s’en sert, Éph. 1. Il est possible qu’il y ait une petite nuance entre l’emploi scripturaire et l’emploi conventionnel de ce mot ; en général, l’emploi du mot dans la Parole tient de plus près à son sens original, et renferme plus l’idée d’une administration active. Le mot de dispensation est employé dans ce sens assez souvent, et il a la même signification étymologique : Dieu dispense ses grâces.

Dans le sens conventionnel, économie est un ordre de choses établi de Dieu : l’économie judaïque, l’économie actuelle, etc. Mais jusqu’à la venue de Christ, ces économies sont, pour leur marche, laissées à l’homme et à sa responsabilité, quoique Dieu agisse secrètement. Voici, par exemple, comment le Seigneur parle de cette économie. « Le Royaume de Dieu est comme si un homme, après avoir jeté de la semence dans la terre, dormait et se levait, de nuit et de jour, et que la semence germât et crût, sans qu’il sache comment ; car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi et puis le plein froment dans l’épi ; et quand l’épi est mûr, on y met incessamment la faucille, parce que la moisson est prête ». Extérieurement, tout va sans l’intervention de Christ, depuis les semailles jusqu’à la moisson. Eh bien ! le temps qui s’écoule depuis les semailles jusqu’à la moisson, voilà ce que l’on appelle ordinairement l’économie actuelle. Je l’ai appelée : l’économie de l’Église, parce que c’est le temps pendant lequel l’Église est appelée et subsiste ici-bas, en contraste avec les Juifs, et le régime de la Loi ; et l’on voit que, quoique Dieu en effet fasse mûrir le blé, extérieurement il laisse tout aller. Ainsi, Satan peut agir au milieu de tout cela ; l’homme peut dormir, et cet état de choses peut devenir corrompu ; et, de fait, il s’est corrompu, comme Israël aussi s’était corrompu ; et aussi cette économie, cet ordre de choses est dans un état de chute.

 

3.5        [Apostasie : apostasie de l’économie, oui ; apostasie du Royaume, non]

Et, faut-il le dire ? M. Olivier applique, selon 1 Tim. 4, le mot d’apostasie à ce qui est arrivé, et il a bien raison, car la Parole le fait [1 Tim. 4:1 apostasieront de la foi]. Je ne tiens pas à l’expression ; elle est beaucoup plus exacte que de parler comme il le fait, du Royaume et de l’apostasie du Royaume (p. 95), parce que ce dernier embrasse le gouvernement et le Roi, et la moisson ; tandis que, dans l’emploi ordinaire, le mot d’économie ne les embrasse pas. Le Roi met fin à l’économie actuelle, quand il commence à moissonner dans son Royaume. Et, voyez quelle confusion extraordinaire M. Olivier introduit dans ses critiques sur ce mot : « l’économie actuelle est l’économie de la grâce de Dieu » (p. 111) ; mais, dans ce passage, il est tout simplement parlé d’un ministère confié à St. Paul : « si toutefois vous avez entendu quel est le ministère (οίκονομία) de la grâce de Dieu, qui m’a été donné pour vous » [Éph. 3:2 ; = administration]. Ici, l’on voit le sens que j’ai indiqué, le sens primitif du mot ; c’est quelqu’un à qui l’on a confié la distribution et l’administration dans la maison. Mais peut-on dire que l’économie actuelle, dans le sens usité du mot, ait été confiée à St. Paul ? cela serait ridicule.

Dans la première épitre aux Cor. 9:16 et 17, l’évangélisation est une administration (οίκονομία) qui lui est confiée. Encore une fois, est-ce que l’économie actuelle, dans le sens que tout le monde comprend, a été confiée à St. Paul ? L’Apôtre emploie le mot d’économie, 1 Cor 4, dans le même sens, l’appliquant à son ministère. Martin traduit « dispensateur des mystères de Dieu ». Je ne puis pas admirer l’effet de la teinture des connaissances de la langue grecque. Elle me paraît bien embrouiller le sujet, tout en étant très-inexacte dans la traduction du mot.

M. Olivier ne veut pas que l’on essaie de réunir les chrétiens, mais seulement des chrétiens (p. 103). Peut-être ne réussira-t-on pas, faute de foi et de spiritualité. Mais ce qu’il rejette, est la volonté de Dieu. Ce qu’il veut, est la commodité de l’homme, et dans ce but-ci : « car (en voilà l’histoire) ces choses faibles sont des Églises et des ministères » (p. 103).

 

3.6        [Accusation d’être révolutionnaire et de ne pas vouloir être contrôlé par un ministère conducteur]

Et permettez-moi ici une remarque en passant. Je trouve, hélas ! le secret de la brochure dans deux phrases : dans l’accusation contre ses frères, d’être des révolutionnaires qui disent : « ôte-toi de là, que je m’y mette » (p. 160), et dans cette phrase-ci (p. 154) : « Je considère comme chose importante, que leur exercice (des dons) soit réglé par celui du ministère conducteur » [voir plus loin les autres accusations]. Je trouve beaucoup mieux qu’il soit réglé par la Parole de Dieu ; un ministère conducteur peut sans doute aider à cela dans l’Église, comme il peut aider à toute autre chose.

 

3.7        [Sens de mots divers]

Je remarquerai ici en passant que Judas et Silas sont désignés, Actes 15 [v.22], par le même mot qui est traduit : conducteur, Héb. 13:17. Dans le passage du ch. 15 des Actes [traduction JND actuelle : des hommes d’entre ceux qui tenaient la première place], personne ne songe à attribuer à ce mot, la force qu’on lui prête dans le passage Héb. 13.

Encore un petit emploi de la teinture grecque : ce que l’on veut traduire par reconnaître, 1 Thess. 5:12, n’est pas reconnaître du tout, mais connaître ; et ainsi seulement reconnaître par affection et respect, mais nullement par un acte public « un vote régulier de l’Église ».

 

3.8        [Il reste un chemin pour la foi]

Je laisse à M. Rochat et aux dissidents la tâche de répondre à ce qui est dit aux pages 101 et 102. « Nous sommes il est vrai au milieu d’un Royaume corrompu et où la position primitive des fidèles est impossible à trouver ». Je crois qu’elle est impossible à trouver si l’on cherche la forme, comme l’ont fait les dissidents ; mais pas du tout impossible, si l’on cherche le fond, si l’on se retire de tout mal ; car Dieu est fidèle et ne se lasse pas dans son amour envers ceux qui le cherchent.

 

3.9        [Apostasie distincte de l’activité du mystère d’iniquité]

Quant à l’apostasie de l’économie, j’en ai déjà parlé sous le rapport de l’économie ; pour ce qui regarde l’apostasie, je l’ai traitée au long déjà dans les quelques Remarques sur l’état de l’Église. Seulement, quand M. Olivier dit que les apôtres ont signalé les maux qui s’introduisaient dans les Églises, il se trompe ; c’est dans les épitres appelées catholiques, et dans celle à Timothée, épîtres qui ne s’adressent pas aux Églises, que l’esprit de Dieu parle de ces maux. Ces épîtres ne parlent ni des Églises ni du Royaume ; point de toute importance que j’ai déjà fait remarquer. Les apôtres ne parlent pas des Églises comme se corrompant, mais d’un mystère d’iniquité qui se mettait en train et qui n’était pas en telle ou telle Église ; M. Olivier est entièrement dans le faux à cet égard. Souvenons-nous que M. Olivier applique le mot apostasie aux doctrines et à l’état des Églises nationales et de l’Église romaine, qui toutefois ne sont pas des Églises ; et nous comprendrons qu’elle est la force de cette dénégation d’apostasie quant à l’économie. Comparez les pages 65 et 67.

 

3.10   [Romains 11:22]

Venons-en à Rom. 11:1-22.

 

3.10.1    [La seule question traitée est de savoir si le peuple était rejeté]

Premièrement, M. Olivier dit que, du v. 1. au v. 10, Paul montre que Dieu, tout en ayant rejeté Israël comme nation, n’a pas pourtant rejeté les Israélites comme individus. Il est étonnant que l’on ait pu tomber dans une telle méprise. L’Église, qui se composait en majeure partie ou au moins en bonne partie de Juifs, ne pouvait jamais donner lieu à la question de savoir si les Israélites étaient rejetés comme individus. Quelle espèce d’Évangile aurait pu laisser une telle question indécise ? La question est celle-ci : « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? »

 

3.10.2    [Les trois preuves de ce que le peuple n’est pas rejeté]

La première preuve qu’il ne l’a pas fait, c’est qu’il y a une élection comme du temps d’Élie ; les autres ont été aveuglés.

Seconde preuve. S’ils ont bronché, ce n’était pas pour qu’ils tombassent, mais pour que le salut fût accordé aux Gentils. Ici faites attention que l’Apôtre ne dit pas à des Gentils mais aux Gentils, et que les Gentils, non pas des Gentils, sont mis en contraste avec les Juifs. Bien sûr que ce ne sont pas des Gentils élus en contraste avec des Juifs élus ; mais les Gentils en contraste avec les Juifs. C’est pourquoi l’Apôtre dit que la réjection de ces derniers est la réconciliation du monde. De sorte que l’Apôtre nous dit que les Gentils, le monde, ont été placés, depuis la chute des Juifs, dans une relation avec Dieu différente de celle où ils se trouvaient auparavant. Il ne s’agit pas de déterminer s’ils ont été tous rendus participants de l’efficace de cette relation ; mais la chose a lieu.

La troisième preuve, c’est que lorsque la plénitude des Gentils sera entrée, tout Israël, Israël comme nation, sera sauvé, et cela au retour de Christ. Quand l’Apôtre dit : je parle à vous Gentils, il ne dit pas, comme M. Olivier le lui fait dire, à vous Gentils fidèles ; car, il ajoute : « en tant que je suis apôtre des Gentils », était-il apôtre des Gentils fidèles ? Il est clair que non : il était apôtre des Gentils en tant que Gentils en contraste avec les Juifs, avec la circoncision dont Pierre était l’apôtre. De plus, le v. 13 précède le v. 25, où il dit : « mes frères ». Dans le verset 13 et les suivants, il s’occupe du salut accordé aux Gentils, et de la réconciliation du monde comme d’une doctrine, et non pas d’un avertissement à ses frères.

 

3.10.3    [Rom. 11:22 La menace de retranchement s’applique à l’économie et pas aux fidèles en tant que fidèles]

De plus, M. Olivier fait de ces versets, 17-22, un avertissement aux fidèles en tant que fidèles et croyants ; comme si Paul leur disait que s’ils ne persévéraient pas ils seraient retranchés. Mais il me paraît un peu singulier de dire que, parce que la masse d’Israël incrédule avait été retranchée et l’élection sauvée, l’élection d’entre les Gentils devait prendre garde de peur qu’elle ne fût retranchée aussi. Plus on examine le passage, plus il est évident que l’interprétation qui l’applique à l’économie actuelle, considérée sous le point de vue de l’appel des Gentils, et qui en fait un avertissement aux Gentils quant à leur responsabilité, est la seule interprétation vraie. Quant à Abraham, je le considère comme la racine, mais envisagé comme la personnification des trois principes d’élection, d’appel et de promesse.

Je maintiens distinctement qu’il y a des privilèges en dehors de l’union vitale avec Christ, et des privilèges pour lesquels les Gentils seront responsables, comme les Juifs l’ont été pour les leurs. Voyez 1 Cor. 10. Ceux qui ont joui de ces privilèges seront punis de plus de coups [Luc 12:47], s’ils n’en ont point profité ; tandis que ceux qui ne les ont pas possédés seront punis de peu de coups [Luc 12:48]. C’était un privilège que d’être serviteur dans la maison, d’avoir reçu un talent; mais ces personnes, ou ces classes de personnes n’étaient pas unies à Christ d’une manière vitale. La semence semée sur la terre pierreuse était un privilège ; mais il n’y avait point de racine, d’union vitale.

 

3.10.4    [Il n’y a pas trois économies, mais trois choses enseignées sur l’économie actuelle]

Et maintenant pour les trois économies (p. 140), c’est un résultat en effet fort inattendu. S’il y en avait trois, je ne ferais pas une aussi grande méprise que de les confondre avec le même mot employé dans le sens d’une administration confiée à un individu. Col. 1:25, Éph. 3:2.

La parole dit trois choses quant à l’économie actuelle.

 

3.10.4.1   [Le monde dans une nouvelle relation avec Dieu + les baptisés responsables des privilèges du christianisme + ceux qui ont la vie de Dieu unis à Christ dans le corps de Christ]

Premièrement : par l’existence et par les principes de cette économie, le monde est placé dans une nouvelle relation avec Dieu. Les Gentils ne sont plus « des petits chiens », en contraste avec les « enfants » [Matt. 15:26-27]. C’est le temps du salut pour le Juif premièrement et puis pour le Grec [Rom. 1:16 ; 2:9,10]. Le salut est accordé aux Gentils; la chute des Juifs a été la réconciliation du monde [Rom. 11:15]. Si l’Église n’a pas été fidèle pour user de cette grâce en la faisant valoir envers ce pauvre monde, tant pis pour elle.

Secondement : ceux qui sont appelés, mais non élus, tous les baptisés, sont placés dans des relations directes avec le Seigneur, et sont responsables en général (je dis en général, parce que les circonstances diffèrent) des privilèges du Christianisme. Si ceux qui jouissaient réellement de ces privilèges ont laissé à Satan la liberté de corrompre, ou si d’autres ont pu entrer à cause de la corruption qui s’était déjà introduite, tant pis encore pour eux et pour l’ensemble ; c’est là la chrétienté.

En troisième lieu : il y a le corps de Christ, ceux qui sont unis à lui, qui participent à sa vie, et qui seront sauvés à travers tous les obstacles qu’ils rencontrent dans leur passage.

Je ne vois ici ni trois économies, ni une seule difficulté. Personne ne pense que les Gentils soient entés comme corps. Ceux qui croyaient étaient debout par la foi. Ceux qui sont entrés sans foi, seront jugés selon les privilèges dont ils auront abusé ; et, avant la fin, Dieu enverra l’Évangile du Royaume, afin que le jugement n’ait pas lieu sur tous, sans qu’un témoignage lui soit rendu.

Dans tous ses raisonnements sur ce sujet, M. Olivier a confondu les voies de Dieu envers Israël et envers le monde avec le salut des individus.

 

3.10.4.2   [Témoignage perdu, l’Église lumière du monde est devenue invisible]

Et c’est ici l’un des points de la responsabilité de l’Église auquel elle a manqué complètement. Elle a dû être une, afin que le monde crût ; elle ne l’a pas été. Elle a dû être en témoignage à toutes les nations ; elle ne l’a pas fait. Et, au lieu d’être la source du bien pour le monde, comme elle aurait dû l’être, le monde a été une source de mal pour elle ; pour elle l’Église proprement dite, les vrais chrétiens. Au lieu d’être la lumière du monde, elle est devenue, de son propre aveu, l’Église invisible. Voici pourquoi j’ai parlé de la chrétienté et des Gentils entés à la place des Juifs ; parce que ce que Dieu avait enté à la place des branches juives s’est mondanisé, a manqué à la fidélité et est devenu, dans le sens moderne, la chrétienté ; la petite semence, un grand arbre où les oiseaux de l’air font leur nid.

Tous les raisonnements de M. Olivier ne sont que l’embrouillement d’une chose très-simple. Les chrétiens au commencement n’ayant pas été fidèles, la conséquence en est que le témoignage et l’ensemble de la profession chrétienne dans ce monde ont été gâtés. S’il s’agissait du goût du vin, une bouteille du meilleur vin mise dans un tonneau d’eau pourrait bien donner lieu à beaucoup de raisonnements, pour savoir s’il y avait là du bon vin ou non : ceux qui aiment à en boire n’hésiteraient pas un moment à trancher la question.

 

3.10.4.3   [Le fond du sujet : la manifestation de la gloire de Christ sur la terre par l’Église. L’Église a-t-elle dû la manifester ? Doit-on s’humilier si elle ne le fait pas ?]

Quand M. Olivier dit que je considère les infidèles comme membres du corps de Christ, c’est seulement qu’il n’a pas compris l’application de ce que j’ai dit en réponse à la brochure de M. Rochat. M. Rochat, s’étant séparé du mal, ne voulait pas participer à la responsabilité de l’état de choses qui l’entourait ; moi, j’en porte le fardeau. Il ne vaudrait pas la peine de relever une accusation qui se réfute d’elle-même, si ce qui est dit n’était pas une nouvelle preuve de l’absence de toute idée de la responsabilité de l’Église ici-bas. Je n’ai pas parlé des infidèles, ni des membres du corps de Christ non plus ; j’ai parlé de l’état de l’Église. Je ne parle pas non plus seulement des infidélités des vrais membres. La gloire de Christ n’est pas manifestée. L’Église ne brille pas devant le monde. La gloire de Christ est comme cachée, traînée dans la poussière ; les ennemis en triomphent. La puissance de l’ennemi réussit moralement dans la plupart des cas, comme les ennemis d’Israël réussissaient quand il était infidèle ; et il n’y avait pas seulement des infidélités individuelles à déplorer, mais un état de choses qui déshonorait Dieu dans ce monde. M. Olivier ne s’en aperçoit pas, au moins d’après ce qu’il dit ici. C’est de là que découle l’accusation qu’il me fait de considérer les infidèles comme membres du corps de Christ, quoique je n’aie parlé ni d’infidèles, ni de membres de son corps. Et c’est ici le fond de l’affaire : la manifestation de la gloire de Christ sur la terre par l’Église. L’Église a-t-elle dû la manifester ? Doit-on s’humilier si elle ne le fait pas ? Si cela est faux je me trompe ; si cela est vrai, le système opposé est une profonde iniquité, iniquité dont on ne se rend pas compte, je n’en doute pas, mais qui n’en est pas moins une iniquité qui laisse l’Église sans espérance du côté de ceux qui la soutiennent.

 

3.11   [Contre les réunions des frères : Des attaques dont l’effet est d’amener les âmes à une position plus franche et plus bénie]

Quant à l’attaque contre les réunions des frères [voir ce qui est déjà dit sur ce sujet], je n’y réponds pas. Qu’il y ait des difficultés et des faiblesses, je n’en doute pas ; mais répondre serait ou nous justifier nous-mêmes, ou accuser d’autres personnes Selon la bénédiction qui s’y trouve, Dieu y fera venir ceux qu’il veut bénir. S’il n’y en a pas, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il y fasse venir ses enfants.

Au reste, je suis depuis bien des années accoutumé à des attaques semblables ; et j’ai trouvé que l’effet en a été de détourner ceux qui n’avaient pas assez de foi pour agir par conviction, d’arrêter pour un temps des personnes simples, et d’exercer ainsi la foi des frères ; mais, qu’après cela, la réaction était plus forte, et que tout cela tournait en bien et amenait des âmes à une position plus franche et plus bénie. D’ailleurs, dans tous les cas, si l’on nous dit des outrages, l’on n’a qu’à se soumettre en patience et à tout remettre à Dieu. Il n’est pas étonnant que ceux qui ont vécu dans un système complètement faux, ne s’accoutument pas promptement à des vérités simples. Je comprends que M. Olivier soit accoutumé à diriger le culte et désire le faire ; mais je ne crois pas qu’il me montre une chose semblable dans la Parole de Dieu, au moins dans le Nouveau Testament. Que le principe dissident, que tous ont le droit de parler, ait produit le besoin en d’autres de parler tout seuls, ou de diriger le culte, c’est ce que je comprends très bien. Que ces deux maux aient rendu la simplicité plus difficile, je le comprends aussi ; mais la misère d’un système, que je crois mauvais, ne doit pas faire une règle de conduite pour ceux qui s’attendent à Dieu.

 

3.12   [Des erreurs qui visent une orientation plus gravement mauvaise dans le fond]

La tendance du traité de M. Olivier est de faire nier l’union et l’assemblage de l’Église ici-bas, et la responsabilité de l’Église, quant à l’état où elle se trouve actuellement. Je crois, par conséquent, que c’est un effort contre la vérité, quoiqu’il y ait plusieurs grandes vérités exposées dans cet écrit.

Je crois tout son système de l’Église et du Royaume complètement faux ; les résultats en sont de faire de Christ le Roi de « l’impure Babylone » ; car, certes, il est le Roi du Royaume. « L’apostasie du Royaume » est une absurdité, parce que, je le répète, le Roi et son gouvernement subsistent toujours ; et le jugement du Roi est une partie de la manifestation du Royaume. Il est faux de dire que le Royaume pur est la même chose que l’Église, car le champ fait partie du Royaume aussi bien que le bon blé ; le champ acheté aussi bien que le trésor caché dedans.

Tout cela n’est que la conséquence des idées traditionnelles ; et les raisonnements fondés là-dessus ne sont propres qu’à embrouiller. C’est comme si je disais : le canton de Genève est composé de tant de lieues carrées d’ancien territoire et de tant de nouveau réunies ; et que je dise plus tard : le canton de Genève a voté telle chose dans la diète ; puis, que j’insistasse sur l’absurdité d’un vote donné par des lieues carrées. Il en est de même de celui qui, parce que la bonne semence est un des éléments de la description du Royaume, dit que le Royaume est la bonne semence.

 

3.13   [Une prétention à l’exactitude qui n’est que confusion]

J’ai ajouté ces pages dans l’espérance de démontrer que cette exactitude tant vantée, qui en impose à bien des personnes simples, n’est que confusion et une confusion morale impossible à la foi, appliquée à ces sujets. Que l’on trouve des inexactitudes d’expression en ce que j’avais écrit, cela est très-possible. Je n’avais qu’un seul but : atteindre la conscience, et que la gloire de Dieu eût pleine prise sur elle. Et j’espère que bien des consciences en subiront la précieuse influence.

Que notre bon et fidèle Dieu Sauveur, qui aime à nous bénir et dont la bonté ne se lasse pas, nous l’accorde !

FIN.