SUR

LA FORMATION DES ÉGLISES

 

John Nelson Darby

 

Ed. Ducloux, LAUSANNE 1841

Les titres de chapitres sont de l’auteur et figurent dans l’original.
Les mots entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest.

 

Note Bibliquest : le mot « économie » est une translittération du grec ; la version autorisée anglaise KJV le traduit par « dispensation », tandis que JND le traduit dans le Nouveau Testament par « administration ». C’est une certaine période de temps durant laquelle Dieu agit d’une certaine manière avec l’homme. L’« économie actuelle » signifie ici le temps du christianisme dans sa phase « actuelle » (19ème siècle dans l’article, mais cela est valable jusqu’à notre 21ème siècle).

 

Table des matières :

1       But de cet écrit [la formation et l’organisation d’Églises est-elle le moyen de trouver la bénédiction au milieu de la confusion ?]

2       Dessein du Seigneur quant à la réunion des fidèles ici-bas [rassembler en un les enfants de Dieu dispersés]

3       Position du nationalisme quant à la réunion des fidèles [des églises récentes qui cachent l’unité et la visibilité de l’Église]

4       Position de la dissidence quant à la réunion des fidèles [des églises constituées par les hommes rétablissent-elles l’Église primitive ?]

5       Dans l’état de chute de l’économie actuelle, l’homme peut-il la rétablir ? [réponse : non]

6       Si l’économie ne peut être restaurée, que reste-t-il à faire ? [obéir à la Parole de Dieu en comptant sur la présence de l’Esprit Saint]

7       Direction du Saint Esprit pour l’état actuel des choses [l’Esprit de Dieu est toujours présent pour fortifier dans la voie de l’obéissance]

8       La Parole autorise-t-elle à nommer des présidents ou des pasteurs ? [pas d’instructions données à des églises]

9       Les enfants de Dieu n’ont autre chose à faire qu’à se réunir sur la promesse du Seigneur

10     Résumé de ce qui précède [principes de rassemblement pour le temps actuel]

11     Observations supplémentaires [pas de rétablissement de la dispensation à attendre]

11.1        [Parabole de l’ivraie du champ]

11.2        [Romains 11]

11.3        [2 Thes. 2]

11.4        [2 Tim. 3]

11.5        [Jude]

11.6        [Apocalypse]

 

 

1         But de cet écrit [la formation et l’organisation d’Églises est-elle le moyen de trouver la bénédiction au milieu de la confusion ?]

Des circonstances récentes ont forcé plusieurs chrétiens à fixer leur attention sur la question de la compétence des fidèles de nos jours à former des Églises, d’après le modèle des Églises primitives, et à se demander si la formation de pareilles Églises est maintenant dans la volonté de Dieu. Des frères respectés et très-aimés insistent sur ce point que la formation et l’organisation d’Églises est, selon la volonté de Dieu, le seul moyen de trouver la bénédiction au milieu de la confusion qu’on reconnaît exister ; d’autres estiment qu’un pareil essai est tout à fait humain et que, comme tel, il manque à la première condition d’une bénédiction durable, condition qui est une dépendance entière de Dieu, quoiqu’il puisse être béni du Seigneur jusqu’à un certain point, à cause de la sincérité de la tentative et de la vraie piété de ceux qui y prennent part.

Celui qui écrit ces quelques pages, attaché par les liens les plus forts d’affection et d’amour en Christ, à plusieurs de ceux qui appartiennent à des corps qui prennent le titre d’Église de Dieu, a soigneusement évité toute collision avec ses frères sur ce sujet, quoiqu’il se soit souvent entretenu avec eux là-dessus. Il s’est seulement séparé des choses qui s’y trouvaient, quand elles lui semblaient contraires à la parole de Dieu, s’efforçant toutefois « de garder l’unité de l’esprit par le lien de la paix » et ayant égard à cette parole : « Si tu sépares les choses précieuses des choses méprisables, tu seras comme ma bouche » (Jér. 15), instruction d’un prix infini dans la confusion actuelle. Son affection n’est pas diminuée ; ses liens ne sont ni rompus ni affaiblis.

Deux choses contraignent le frère qui trace ces lignes à déclarer ce que lui semble être la pensée des Écritures sur ce sujet : un devoir envers le Seigneur (et la prospérité de son Église doit être au-dessus de tout prix) puis un devoir d’amour envers ses frères, amour qui doit être dirigé par la fidélité au Seigneur. Il écrit, parce que cette idée de faire des Églises est le véritable obstacle à l’accomplissement du désir de tous, l’union des saints dans un seul corps : premièrement, parce que ceux qui l’ont essayé, ayant dépassé la puissance que l’Esprit leur donne, la chair a été nourrie en eux ; et secondement, parce que ceux qui ont été fatigués du mal du nationalisme, pensant qu’il leur faudrait choisir entre ce mal et ce qui se présente à leurs yeux comme des Églises dissidentes, demeurent où ils se trouvent, en désespoir de cause. Il serait, dans les conjonctures présentes, étonnant d’affirmer que ces Églises peuvent réaliser cette union ; mais je n’insiste pas sur ce point, de peur de faire de la peine à plusieurs. Je chercherai plutôt à mettre, au premier plan les points sur lesquels nous sommes d’accord, points qui nous fourniront en même temps un jugement clair sur plusieurs systèmes actuellement existants ; systèmes qui, s’ils sont incapables de produire le bien désiré par un grand nombre de frères, laissent à leurs partisans, pour toute consolation et pour toute justification, la pensée que d’autres ne peuvent rien réaliser de plus.

 

2         Dessein du Seigneur quant à la réunion des fidèles ici-bas [rassembler en un les enfants de Dieu dispersés]

C’est le désir de nos cœurs et ce que nous croyons la volonté de Dieu dans cette économie, que tous les enfants de Dieu soient réunis ensemble comme tels, et, par conséquent, en dehors du monde. « Le Seigneur s’est donné, non pas pour cette nation seulement (les Juifs), mais pour rassembler en un les enfants de Dieu qui sont dispersés ». Ce rassemblement était donc l’objet immédiat de la mort de Christ. Le salut des élus était aussi certain avant sa venue qu’après. L’économie juive, qui a précédé sa venue dans le monde, avait pour objet non pas de rassembler l’Église sur la terre, mais de montrer le gouvernement de Dieu par le moyen d’une nation élue. Maintenant, le but du Seigneur est de rassembler aussi bien que de sauver ; non pas seulement pour réaliser l’unité dans le ciel, où les conseils de Dieu seront certainement accomplis, mais ici sur la terre, par un seul Esprit envoyé du ciel. Par un seul Esprit nous sommes tous baptisés pour être un seul corps. Cela ne saurait être nié quant à l’Église telle qu’elle nous est présentée dans la Parole. On peut essayer de démontrer que des hypocrites et des méchants s’étaient glissés dans l’Église ; mais on ne peut échapper à la conclusion qu’il y avait une Église dans laquelle ils se sont glissés. L’union de tous les enfants de Dieu dans un seul corps est évidemment selon la pensée de Dieu dans la Parole.

 

3         Position du nationalisme quant à la réunion des fidèles [des églises récentes qui cachent l’unité et la visibilité de l’Église]

Quant au nationalisme, il est impossible de suivre les traces de son existence antérieurement à la Réformation ; une pareille idée ne se retrouve pas auparavant. La seule chose tant soit peu analogue, les privilèges gallicans et la votation par nations dans quelques conciles généraux, en diffère trop pour exiger une discussion. Le nationalisme, c’est-à-dire, la division de l’Église en des corps formés de tel ou tel peuple, est une nouveauté qui date de trois siècles, bien qu’il y ait dans ce système de chers enfants de Dieu. La Réformation n’a pas touché directement à la question du vrai caractère de l’Église de Dieu ; elle n’a rien fait directement pour la restaurer selon son état primitif ; elle a fait ce qui était beaucoup plus important, elle a mis en évidence la vérité de Dieu, quant à la doctrine qui sauve les âmes, avec beaucoup plus de clarté et avec un effet beaucoup plus puissant que le réveil moderne. Mais elle n’a pas rétabli l’Église dans ses facultés primitives ; au, contraire, elle l’a assujettie en général à l’État, afin de l’affranchir du pape, parce qu’elle estimait l’autorité du pape dangereuse et qu’elle considérait tous les sujets d’un pays comme chrétiens.

Le moyen, que des âmes fidèles ont pris pour échapper à cette anomalie, a été de se réfugier dans une distinction entre une Église visible et une Église invisible ; mais je lis dans l’Écriture : « Vous êtes la lumière du monde ». Quelle est la valeur d’une lumière invisible ? « Une cité située sur une montagne ne peut pas être cachée ». Dire que la vraie Église est réduite à être invisible, c’est juger toute la question, et affirmer que l’Église a entièrement perdu sa position primitive et nécessaire, et qu’elle est dans un état d’apostasie, c’est-à-dire, qu’elle s’est départie de l’intention de Dieu et de la constitution qu’elle avait reçue de lui ; car Dieu n’a pas allumé une chandelle pour la mettre sous le boisseau, mais pour la mettre sur un chandelier, afin qu’elle éclaire tous ceux qui entrent dans la maison. Si elle est devenue invisible, elle a cessé de produire l’effet, pour lequel elle a été formée, elle est apostate. Tel est, à son propre témoignage, l’état public du Christianisme.

Dans ces pays -ci, ce que la Réformation a produit en réalité (c’est-à-dire, des symboles publics des grandes vérités du salut) a cessé d’exister.

 

4         Position de la dissidence quant à la réunion des fidèles [des églises constituées par les hommes rétablissent-elles l’Église primitive ?]

Nous sommes donc d’accord que l’union de tous les enfants de Dieu en un est selon l’intention du Seigneur exprimée dans sa Parole. Mais, je le demande en passant, peut-on croire que les Églises dissidentes, telles qu’elles existent dans ce pays ou dans quelque autre que ce soit, aient atteint ce but ou qu’il soit probable qu’elles l’atteindront ?

Cette vérité de l’union des enfants de Dieu, l’Écriture la présente réalisée en différentes localités ; et, dans chaque localité centrale, les chrétiens qui s’y trouvaient formaient un seul corps. Les Écritures sont parfaitement claires sur ce sujet. On a soulevé des objections sur la possibilité de cette union, mais on ne présente rien qui soit tiré de la Parole. On dit : Comment cela serait-il possible à Londres ou à Paris ? Cela était possible à Jérusalem, où il y avait plus de cinq mille fidèles ; et, s’ils se réunissaient dans des maisons et des chambres particulières, ils n’en étaient pas moins un seul corps dirigé par un seul Esprit, par un seul gouvernement, dans une seule communion et reconnu tel. Ainsi à Rome ou ailleurs, une épître adressée à l’Église de Dieu serait parvenue à un corps connu. Eh bien ! je puis aller plus loin et dire qu’il est évident qu’on doit ardemment désirer des pasteurs et des docteurs pour conduire ces congrégations ; et que Dieu les a suscités dans l’Église telle qu’elle nous est présentée dans la Parole.

Ayant reconnu ces vérités importantes, savoir : 1° l’union de tous les enfants de Dieu ; 2° l’union de tous les enfants de Dieu dans un même endroit ; ayant reconnu, en outre, qu’elles sont mises en évidence dans la Parole de Dieu, la question semblerait résolue. Mais, patience.

 

On ne peut pas nier que ce fait constaté par la Parole de Dieu (car c’est un fait et non pas une théorie) a cessé d’exister ; et la question à résoudre est celle-ci : Comment un chrétien doit-il juger et agir quand un état de choses décrit dans la Parole a cessé d’exister ? Vous me dites : le rétablir. Votre réponse est une preuve du mal ; elle suppose une puissance en nous-mêmes. Comprenez la Parole et obéissez à la Parole en tant qu’elle s’applique à un pareil état de chute. Ce que vous me répliquez suppose deux choses : 1° que c’est la volonté de Dieu de rétablir de nouveau cette économie après qu’elle a manqué ; 2° que vous êtes capables de le faire et envoyés pour cela. Je doute de l’une et de l’autre de ces prétentions.

Je suppose un cas. Dieu a fait l’homme innocent : Dieu a donné à l’homme sa loi. Chaque chrétien confessera que le péché est un mal et qu’on ne doit pas le commettre. Supposons que quelqu’un, convaincu de cette vérité, entreprenne d’accomplir la loi, d’être innocent et de plaire ainsi à Dieu. Vous direz aussitôt : il est dans sa propre justice, se fie à ses propres forces, et ne comprend pas la parole de Dieu. Un retour du mal qui existe, à ce que Dieu avait d’abord établi, n’est donc pas toujours une preuve que l’on a compris sa Parole et sa volonté ; cependant, reconnaître que ce qu’il a primitivement établi était bon et que nous nous en sommes éloignés, est évidemment, du moins, un jugement sain.

Appliquez ceci à l’Église. Nous reconnaissons tous (car c’est à ceux-là seuls que je m’adresse) que Dieu a formé des Églises ; nous reconnaissons que les chrétiens ou, en un mot, l’Église en général, se sont tristement éloignés de cet établissement de Dieu et qu’ils sont coupables en cela. Entreprendre de rétablir tout cela sur ses bases primitives, c’est peut-être un effet du même esprit que celui qui conduit un homme à rétablir sa propre justice quand elle est perdue.

 

Avant de pouvoir accéder à vos prétentions, il est nécessaire que vous me fassiez voir non seulement que primitivement l’Église était telle, mais, en outre, que c’est la volonté de Dieu qu’elle soit rétablie dans sa gloire primitive, aujourd’hui que l’iniquité de l’homme a gâté tout cela et s’en est éloignée ; et de plus, pour en venir à des faits, que l’union de deux ou trois ou de vingt-deux ou vingt-trois chrétiens a le droit de s’appeler l’Église de Dieu, tandis que celle-ci était un assemblage de tous les fidèles. Il faut que vous me montriez, en outre, que vous avez tellement reçu de Dieu la mission et le don de rassembler les fidèles, que vous pouvez traiter ceux qui ne répondent pas à l’appel comme des schismatiques condamnés d’eux-mêmes et comme des étrangers à l’Église de Dieu.

Et ici, permettez-moi d’insister sur un point très-important, que ceux qui veulent à tout prix faire des Églises ont perdu de vue. Ils ont été préoccupés des Églises de manière à perdre presque de vue l’Église : Selon les Écritures, la totalité des Églises ici-bas forme l’Église ; et l’Église d’un endroit donné, n’était que l’association régulière de ce qui formait une partie de tout le corps de l’Église, c’est-à-dire, de tout le corps de Christ ici-bas ; et celui qui n’était pas de l’Église dans l’endroit où il se trouvait, n’était pas du tout de l’Église de Christ ; et celui qui dit que je ne suis pas membre de l’Église de Dieu à Rolle, n’a pas le droit, d’admettre que je sois du tout membre de l’Église de Dieu. Il n’y avait point une semblable séparation d’idées entre de petites Églises de Dieu dans un endroit donné et toute l’Église. Chacun était dans une Église quelconque et ainsi dans l’Église ; mais personne ne se figurait être de l’Église s’il n’était d’une Église. Le système de faire des Églises a seul séparé ces deux choses, et presque détruit l’idée de l’Église de Dieu en faisant des Églises en différents endroits (*).

 

(*) Le Lardonisme et quelques corps analogues sont seuls conséquents à cet égard et ainsi complètement dans le faux. Par une heureuse inconséquence de ceux qui font ces petites Églises de Dieu en différentes localités, ils considèrent néanmoins les fidèles qui n’en font pas partie comme étant pleinement de l’Église de Dieu.

 

Je reviens au cas de l’homme dont il a été question plus haut. Supposons maintenant que sa conscience soit touchée et vivifiée par l’Esprit de Dieu : quel en sera l’effet ? Ce sera, en premier lieu, de lui faire reconnaître son état de ruine par le péché et la nullité de son innocence et de sa justice : en second lieu, un sentiment de dépendance entière de Dieu et de soumission du cœur au jugement de Dieu sur un pareil état.

Appliquez cela à 1’Église et à tonte l’économie. Pendant que les hommes dormaient, l’ennemi a semé de l’ivraie. L’Église est dans un état de ruine, plongée et perdue dans le monde, invisible si vous voulez ; tandis qu’elle devrait présenter, comme un chandelier, la lumière de Dieu. Si elle n’est pas dans cet état de ruine, je dis à nos frères dissidents : Pourquoi l’avez-vous quittée ? Et, si elle y est : Reconnaissez donc cette ruine, cette apostasie, ce départ de son premier état. Hélas ! cela est trop évident. Abraham peut recevoir des serviteurs, des servantes, des bœufs, des chameaux, des ânes, mais son épouse est dans la maison de Pharaon.

Quel est donc l’effet de l’opération de l’Esprit, le fruit de la foi ? C’est de reconnaître cet état de ruine, d’en avoir la conscience, d’en être humilié. Et nous, qui en sommes coupables, nous prétendrions restaurer tout cela ! Non : ce serait une preuve que nous n’en sommes pas humiliés. Cherchons plutôt, cherchons avec humilité ce que Dieu nous dit dans sa Parole d’un pareil état de choses, et ne faisons pas comme un enfant qui, après avoir brisé un vase précieux, essaierait d’en réunir les débris et de le rétablir afin de soustraire le mal à la vue d’autrui.

 

5         Dans l’état de chute de l’économie actuelle, l’homme peut-il la rétablir ? [réponse : non]

J’insiste là-dessus auprès de ceux qui prétendent organiser des Églises. Si elles existent, ils n’ont pas à en faire. Si comme ils l’affirment, elles existaient au commencement et qu’elles aient cessé d’exister, dans ce cas l’économie est dans un état de ruine, et d’apostasie de son état primitif. Leur prétention est donc de la rétablir ; c’est-là ce qu’il faut justifier, sinon toute cette prétention n’a aucun fondement. On objectera que l’Église ne peut pas manquer, et que Dieu lui a promis que les portes de l’Enfer ne prévaudraient point contre elle. J’en conviens, si l’on entend par là que le salut des élus est assuré et que la gloire de l’Église ressuscitée triomphera de Satan. Ce n’est pas là ce dont il s’agit. Le salut des élus était également assuré avant qu’il y eût une Église assemblée. D’un autre côté, si l’on veut affirmer que l’économie actuelle ne peut pas faillir, on est dans une grande et pernicieuse erreur. Et, s’il en est ainsi, pourquoi donc vous êtes-vous séparé de l’état où elle se trouve ? Si l’économie de Dieu, dans le rassemblement de l’Église, subsiste, sans avoir déchu, pourquoi faites-vous des Églises nouvelles ? Le papisme seul est conséquent sur ce point.

Mais que dit la Parole ? Que l’apostasie doit arriver avant le jugement ; que dans les derniers jours des temps fâcheux surviendront ; qu’il y aura la forme de la piété, mais que la force en sera ôtée. Elle ajoute : Détournez-vous de telles gens [2 Tim. 3:5b]. Et l’idée que l’économie de l’Église ne peut pas déchoir est traitée, Rom. 11, comme une fatale présomption qui conduit les Gentils à leur ruine. Le Saint-Esprit condamne ceux qui ont cette idée comme sages à leurs propres yeux, et il nous enseigne au contraire que Dieu agirait envers la présente économie exactement comme envers celle qui l’a précédée ; que si elle persévère dans la bonté de Dieu, cette bonté continuera à son égard, sinon l’économie sera retranchée. La Parole nous révèle ainsi le retranchement et non le rétablissement de l’économie, si elle ne persévérait pas. Et, former de nouveau l’Église et des Églises, sur le pied où elles se trouvaient au commencement, c’est reconnaître la chute, sans se soumettre au témoignage de Dieu sur ses propres pensées, quant à cet état de chute. C’est agir selon ses propres pensées et se fier à ses propres forces pour réaliser ses pensées. Et quel en a été le résultat ?

Ce qui est en question, ce n’est pas de savoir s’il existait de pareilles Églises à l’époque où la Parole a été écrite ; mais si, après que, par l’iniquité de l’homme, elles ont cessé d’exister, et que les fidèles ont été dispersés (et ce sont là des faits reconnus), ceux qui ont entrepris l’œuvre apostolique de leur rétablissement sur le pied primitif, et par là-même du rétablissement de toute l’économie, ont compris la pensée de Dieu, et sont doués de la capacité de remplir la tâche qu’ils se sont imposée : questions fort distinctes. Je ne crois pas que ni le plus zélé d’entre ceux qui, avec un désir dont je reconnais la sincérité (et David a été sincère dans son désir de bâtir le temple quoique ce ne fût pas la volonté de Dieu) ont cherché à rétablir l’économie déchue, ni tous ceux qui l’ont voulu ensemble, soient en état de le faire ou qu’ils aient le droit d’imposer à ma foi, comme Église de Dieu, les petits édifices qu’ils ont élevés. Néanmoins, je suis bien loin de croire qu’il n’y ait pas eu d’Églises, lorsque Dieu avait envoyé ses apôtres dans le but de les établir ; et il me parait que celui qui ne peut distinguer ces deux états de choses, n’a pas un jugement très-clair dans les choses de Dieu.

 

6         Si l’économie ne peut être restaurée, que reste-t-il à faire ? [obéir à la Parole de Dieu en comptant sur la présence de l’Esprit Saint]

On dira que la Parole et l’Esprit demeurent avec l’Église [Agg. 2:5] : cela est vrai, Dieu en soit béni ! c’est ce qui me donne toute ma confiance. S’appuyer là-dessus, voilà ce que l’Église a besoin d’apprendre. C’est pourquoi je demande ce que la Parole et l’Esprit disent de l’état de l’Église déchue, au lieu de prétendre m’arroger la compétence d’accomplir ce que l’Esprit a dit de l’état primitif de l’Église. Ce dont je me plains, c’est qu’on ait suivi des pensées d’hommes, en imitant ce que l’Esprit décrit comme ayant existé dans l’Église primitive, au lieu de rechercher ce que la Parole et l’Esprit ont dit de notre état actuel. La même Parole, le même Esprit qui, par Ésaïe, dirent aux habitants de Jérusalem de demeurer tranquilles et que Dieu les garantirait de l’Assyrien [És. 7 et 8], dirent, par Jérémie, que celui qui sortirait vers les Chaldéens sauverait sa vie [Jér. 21:9]. La foi et l’obéissance dans un de ces cas était une présomption et une désobéissance dans l’autre. Quelqu’un objectera que cela embrouille les simples. Je répondrai que ceux qui veulent réorganiser toute l’Église, doivent être bien instruits dans la Parole et s’abstenir de prétexter cette simplicité. J’ajouterai que l’humilité, qui aurait senti le véritable état de l’Église, aurait été gardée d’une prétention qui pousse dans une activité mal fondée. La vérité est que les Écritures, même celles qui ont déjà été citées, démontrent que l’état de l’économie, à sa clôture sera entièrement opposé à celui du commencement (voir le Traité sur l’Apostasie). Et le passage cité de l’épître aux Romains (11:22) est positif sur ce point, que Dieu retrancherait l’économie au lieu de la rétablir, si elle ne persévérait pas dans la bonté de Dieu. Le passage : « Mon Esprit demeure avec vous : ne craignez point » (Aggée) est un principe très-sûr et très-précieux. La présence du Saint-Esprit est la clef de voûte de toute notre espérance. Mais cet encouragement prophétique d’Aggée n’a jamais conduit Néhémie, fidèle à Dieu lors du retour d’Israël de la captivité, à prétendre accomplir l’œuvre de Moïse, qui avait été fidèle dans toute sa maison (Héb. 3) au commencement de cette économie-là. Non ; il reconnaît dans les termes les plus clairs et les plus touchants l’état déchu d’Israël, et « qu’il était dans une grande angoisse » [Néh. 9:37]. Il fait tout ce que la Parole l’autorise à faire dans les circonstances où il se trouvait placé, mais il n’a jamais prétendu faire une arche de l’alliance, comme Moïse l’avait faite et parce que Moïse l’avait faite, ni établir le Schechina, que Dieu seul pouvait faire, ni 1’Urim et le Thummim, ni arranger les généalogies aussi longtemps que l’Urim et le Thummim manquaient. Mais il nous est dit dans la Parole qu’il a joui de bénédictions dont on n’avait pas joui depuis le temps de Josué, parce qu’il a été fidèle à Dieu dans les circonstances dans lesquelles il était placé, sans prétendre refaire ce que Moïse avait fait et que le péché d’Israël avait défait. S’il l’eût fait, c’eût été confiance humaine et non pas obéissance. L’obéissance, et non l’imitation des Apôtres, voilà sur ce point notre part. C’est beaucoup plus humiliant : mais du moins c’est plus humble et plus sûr ; et voilà tout ce que je cherche, tout ce que je demande, c’est que l’Église soit plus humble. Se contenter du mal comme si nous ne pouvions rien faire, ce n’est pas là l’obéissance ; mais imiter les Apôtres, ce n’est pas obéir non plus. La conviction de la présence du Saint-Esprit nous délivre en même temps de la mauvaise pensée d’être forcés de demeurer dans le mal, et de la prétention de faire au-delà de ce que le Saint-Esprit opère dans ce moment, ou de considérer comme un état d’ordre l’une ou l’autre de ces positions.

On me demandera : Voulez-vous que les bras nous tombent et nous réduire à ne rien faire jusqu’à ce que nous ayons des Apôtres ? Nullement. Je doute seulement qu’il soit dans la volonté de Dieu que vous fassiez ce que les Apôtres ont fait ; et je dis que Dieu a laissé aux chrétiens fidèles des directions suffisantes pour l’état de choses dans lequel l’Église se trouve. Suivre ces directions, c’est obéir bien plus réellement que si l’on essaie d’imiter les Apôtres.

 

7         Direction du Saint Esprit pour l’état actuel des choses [l’Esprit de Dieu est toujours présent pour fortifier dans la voie de l’obéissance]

En outre, je dis que l’Esprit de Dieu est toujours présent pour nous fortifier dans cette voie de véritable obéissance. L’Esprit de Dieu qui a prévu tout ce qui arriverait à l’Église a donné dans la Parole les avertissements et en même temps les secours nécessaires. S’il nous avertit que des temps fâcheux surviendront dans les derniers jours, et s’il nous dépeint les hommes de ces temps-là, il ajoute : Détournez-vous de pareilles gens. S’il nous dit : « Ne portez pas un même joug avec les infidèles » (2 Cor. 6:14), et cet avertissement est pour tous les temps ; s’il nous dit que nous sommes tous un seul corps, en tant que participants à un seul pain, et que néanmoins je ne trouve pas une pareille union des saints, il me dit, en même temps, que là, où deux ou trois sont réunis au nom du Seigneur Jésus, il est au milieu d’eux.

Ceux qui ont voulu constituer des Églises paraissent, quoique avec un bon désir, avoir entièrement oublié le besoin de puissance aussi bien que de direction. Quand on nous dit que toutes les directions pour les Églises sont pour tous les temps et tous les lieux, je demande si elles sont pour des temps et des lieux où des Églises n’existent pas. Et nous revenons toujours à cette question : Si l’économie est dans un état de chute, qui doit faire des Églises ? Encore une fois, la direction que l’Apôtre donne sur l’usage du don des langues, est-elle pour ces temps-ci ? Sans doute, si ce don existe ; mais cette condition est certainement une modification très-importante de votre règle et le pivot sur lequel roule la question.

 

8         La Parole autorise-t-elle à nommer des présidents ou des pasteurs ? [pas d’instructions données à des églises]

Ceux qui tiennent si fort à faire et à organiser des Églises citent les épîtres à Timothée et à Tite, avec la plus parfaite confiance, comme servant de direction aux Églises dans tous les âges, tandis qu’elles n’ont été adressées à aucune Église quelconque ; il est à remarquer que les citations de la parole de Dieu sur les sujets qui importent le plus à ceux qui organisent des Églises, tels que le choix des anciens, des diacres, etc., ne peuvent se tirer que de ces épîtres seules ; et il est assez remarquable que ces compagnons de l’Apôtre, qui avaient sa confidence, aient été laissés dans les Églises ou envoyés vers elles, lorsqu’elles existaient déjà, pour y faire ces choix ; démonstration évidente que l’Apôtre ne pouvait les conférer aux Églises, même quand il existait des Églises qu’il avait formées lui-même ; et néanmoins, cela nous est présenté comme des directions pour les Églises dans tous les âges.

 

9         Les enfants de Dieu n’ont autre chose à faire qu’à se réunir en comptant sur la promesse de la présence du Seigneur

En vue de quoi ai-je donc plaidé ? Afin qu’on ne fasse rien ? Non ; mais dans le désir qu’on ait moins de présomption, qu’on mette plus de modestie dans ce que nous prétendons faire, qu’on sente plus de douleur de l’état de ruine auquel nous avons réduit l’Église.

Si vous me dites : J’ai quitté le mal que ma conscience désapprouve et qui est contraire à la Parole ; c’est très-bien. Si vous insistez sur ce que la Parole de Dieu veut que les saints soient un et ensemble, sur ce qu’elle dit que là où deux ou trois sont réunis ensemble au nom du Seigneur Jésus, il est au milieu d’eux, et que par conséquent vous vous réunissez ; je le répète, c’est très-bien. Mais si vous me dites que vous avez organisé une Église ou que vous vous êtes joints à d’autres pour le faire, que vous avez choisi un président ou un pasteur, et qu’ainsi vous êtes l’Église de Dieu de l’endroit, je vous demanderai : Chers amis, qui vous a autorisés à faire tout cela ? D’après votre principe d’imitation même (quoique imiter la puissance soit une idée assez ridicule, et le royaume de Dieu est en puissance), où trouvez-vous tout cela dans la Parole ? Je n’y vois pas trace que des Églises aient élu des présidents ou des pasteurs. Vous dites que, pour l’ordre, il en doit être ainsi. Je réponds Je ne puis pas quitter la Parole ou m’en éloigner. « Celui qui ne rassemble pas avec moi disperse ». Dire que cela doit être, c’est faire uniquement un raisonnement humain. Votre ordre, étant constitué par la volonté de l’homme, sera bientôt trouvé désordre devant Dieu. S’il n’y en a que deux ou trois réunis au nom de Jésus, il s’y trouvera. Si Dieu suscite au milieu de vous des pasteurs ou s’il vous en envoie, c’est bien ; c’est une grande bénédiction. Mais, depuis le jour que le Saint-Esprit a formé l’Église, on ne trouve pas dans la Parole que l’Église en ait choisi.

Que doit-on donc faire ? me direz-vous. Ce que la foi fait toujours, c’est-à-dire, reconnaître sa faiblesse et se mettre sous la dépendance de Dieu. Dieu suffit dans tous les temps à son Église. Si vous n’êtes que deux ou trois, réunissez-vous : vous trouverez Christ au milieu de vous. Invoquez-le. Il peut susciter tout ce qui est nécessaire pour la bénédiction des saints, et certainement il le fera. Ce n’est pas l’orgueil et la prétention d’être quelque chose, quand nous ne sommes rien, qui nous assurera la bénédiction. En combien d’endroits n’a-t-on pas nui à la bénédiction des saints en choisissant des présidents et des pasteurs ? En combien d’endroits cela n’a-t-il pas été l’occasion de la chute de ces présidents eux-mêmes ? En combien d’endroits les saints ne se seraient-ils pas réunis avec joie en vertu de la promesse faite par Christ à deux ou trois, s’ils n’avaient pas été effrayés par cette prétendue nécessité d’organisation et par des accusations de désordre (comme si l’homme était plus sage que Dieu) et si cette frayeur ne leur eût pas fait continuer un état de choses qu’ils reconnaissaient être mauvais ? Et, dans ces corps que l’homme avait ainsi organisés, on trouvait souvent la domination d’un seul ou la lutte de plusieurs.

Ce dont l’Église a tout particulièrement besoin, c’est du sentiment de sa ruine et de ce qui lui manque, sentiment qui se réfugie vers Dieu avec confession et se sépare de tout mal connu, reconnaît l’Esprit de Christ comme le seul gouvernement de l’Église, et, par là-même, reconnaît aussi chacun de ceux qu’il envoie selon le don qu’il a reçu, et cela avec actions de grâces envers Celui qui, par ce don, rend tel ou tel frère le serviteur de tous.

Reconnaître le monde comme étant l’Église ou prétendre rétablir l’Église, ce sont deux choses également condamnées par la Parole et dépourvues de son autorité.

Si vous me dites : Qu’y a-t-il donc à faire ? Je réponds : Pourquoi songez-vous toujours à faire quelque chose ? Reconnaître le péché qui nous a conduits où nous sommes, nous humilier complètement devant le Seigneur, et, nous séparant de tout ce que nous savons être mauvais, nous appuyer sur lui, qui est capable de faire tout ce qui est nécessaire pour notre bénédiction, sans que nous prétendions nous-mêmes faire au-delà de ce que la Parole nous autorise à essayer ; voilà une position très-humble, il est vrai, mais bénie de Dieu en proportion.

Un point de la plus grande importance, que ceux qui veulent organiser des Églises paraissent avoir complètement oublié, c’est qu’il y ait une telle chose que la puissance et que le Saint-Esprit seul puisse rassembler et édifier l’Église. Ils paraissent croire que, du moment où ils ont quelques passages de la Parole, ils n’ont rien à faire qu’à les suivre ; mais, sous l’apparence de la fidélité, il y a en ceci une erreur funeste ; c’est de laisser de côté la présence et la puissance du Saint-Esprit. Nous ne pouvons suivre la Parole que par la puissance de Dieu. Or, la constitution de l’Église était un effet direct de la puissance du Saint-Esprit. Laisser de côté cette puissance et garder la prétention de copier l’Église primitive, c’est s’abuser étrangement soi-même.

Je sais que ceux qui considèrent ces petits corps organisés comme l’Église de Dieu ne voient que des assemblées d’hommes dans toute autre réunion d’enfants de Dieu. Il y a une réponse très-simple à cet égard. Ces frères n’ont aucune promesse qui les autorise à refaire les Églises de Dieu quand elles sont déchues ; tandis qu’il y a la promesse positive que là où deux ou trois sont réunis au nom de Jésus, il est au milieu d’eux. Ainsi il n’y a point de promesse en faveur de ce système qui organise des Églises, tandis qu’il y en a pour ce rassemblement méprisé des enfants de Dieu.

Et quel est l’effet des prétentions de ces corps ? c’est de nourrir l’orgueil dans leurs présidents et dans leurs membres, et de dégoûter et de repousser ceux qui comparent ces prétentions avec la réalité. Et cela empêche le résultat désiré qui est la réunion des enfants de Dieu. En telle ou telle localité, les dons de pasteur peuvent produire beaucoup d’effet ; ou, il peut arriver que tous les chrétiens soient unis, et il y aura beaucoup de joie, mais la même chose aurait lieu quand même il n’y aurait aucune prétention à être l’Église de Dieu.

 

10    Résumé de ce qui précède [principes de rassemblement pour le temps actuel]

Je termine par quelques propositions.

1° Ce qu’il y a à désirer, c’est la réunion de tous les enfants de Dieu.

2° La puissance du St. Esprit peut seule l’effectuer.

3° Un nombre quelconque de fidèles n’a pas besoin d’attendre que cette puissance produise l’union de tous, parce qu’ils ont la promesse que là où deux ou trois sont réunis ensemble au nom du Seigneur, Il sera au milieu d’eux ; et deux ou trois peuvent compter sur cette promesse ;

4° La nécessité de la consécration pour l’administration de la cène ne se trouve pas dans le Nouveau-Testament ; et il est évident que c’était pour rompre le pain que les chrétiens se réunissaient le jour du Seigneur. Actes 20:7 ; 1 Cor. 11:20 et 33.

5° La mission de la part des hommes pour prêcher l’Évangile est une chose inconnue au Nouveau-Testament.

6° Le choix des présidents et des pasteurs par l’Église est aussi étranger au Nouveau-Testament. Choisir un président est un acte purement humain, sans autorisation quelconque ; c’est se mêler de l’Église de Dieu de notre propre chef, sans autorité ; acte qui fourmille de mauvaises conséquences. Choisir des pasteurs est un empiétement dangereux sur l’autorité du St. Esprit qui donne à qui il veut. Malheur à celui qui ne profite pas du don que Dieu accorde à un autre. Quand les anciens étaient nommés, ils étaient établis ou par les apôtres, ou par ceux qui étaient envoyés de leur part aux Églises. Si l’Église est dans un état de ruine, Dieu suffit même pour cet état de ruine ; Dieu conduira et dirigera ses enfants s’ils marchent dans l’humilité et dans l’obéissance, sans prétendre faire ce que Dieu ne les a pas appelés à faire.

7° C’est évidemment le devoir d’un fidèle de se séparer de tout acte qu’il sait ne pas être selon la Parole ; (quoique supportant celui qui le fait encore par ignorance), et même il le doit malgré l’isolement où le mettrait sa fidélité, et lors même qu’il devrait, comme Abraham, sortir sans savoir où il va.

 

11    Observations supplémentaires [pas de rétablissement de la dispensation à attendre]

Mon objet dans ces quelques pages n’a été de démontrer ni l’état de ruine de l’Église, ni que l’économie présente ne peut pas être restaurée, mais plutôt de poser une question qui d’ordinaire est entièrement faussée par ceux qui veulent organiser des Églises. La chute de l’économie a été brièvement discutée dans un traité sur l’Apostasie de l’Économie actuelle ; et un frère à qui ces pages-ci ont été lues, sentant que cette question de la chute de l’économie s’était soulevée dans son esprit, et désirant quelques preuves pour des personnes qui seraient dans ce cas, j’ajoute quelques passages.

 

11.1   [Parabole de l’ivraie du champ]

I. La parabole de l’ivraie et du champ est un jugement du Seigneur sur ce point, que le mal opéré par Satan dans le champ où la bonne semence avait été répandue ne serait pas détruit, mais qu’il continuerait jusqu’à la moisson. Qu’on se souvienne qu’il n’est pas ici du tout question de la discipline parmi les enfants de Dieu, mais du remède à porter au mal fait par Satan à l’économie elle-même, pendant que les hommes dormaient, et du rétablissement de l’économie sur son ancien pied. Cette question est résolue nettement et avec autorité par le Seigneur d’une manière négative ; car il dit que, pendant la durée de l’économie, il ne sera pas porté remède au mal ; que la moisson, c’est-à-dire, le jugement, l’extirperait et que jusqu’alors le mal continuerait. Souvenons-nous ici que notre séparation du mal et notre jouissance de la présence de Christ avec deux ou trois est tout autre chose que la prétention de rétablir l’économie, maintenant que le mal l’a envahie. L’une de ces choses est en même temps un devoir et un privilège ; l’autre c’est de l’orgueil et du mépris des instructions de la Parole.

 

11.2   [Romains 11]

II. Le chap. 11 aux Romains, déjà cité, déclare expressément que l’économie actuelle sera traitée comme la précédente ; et que si elle ne persévérait pas dans la bonté de Dieu elle serait retranchée et non pas rétablie.

 

11.3   [2 Thes. 2]

III. Le chap. 2 de la Seconde Épître aux Thessaloniciens nous déclare que le mystère d’iniquité était déjà en train et que lorsqu’un obstacle, qui existait alors, serait ôté, le méchant serait révélé ; que le Seigneur le consumera du souffle de sa bouche et l’anéantira à son illustre avènement. Ainsi le mal, qui avait commencé du temps des Apôtres, devait continuer, mûrir, être manifesté et consumé par l’avènement du Seigneur.

 

11.4   [2 Tim. 3]

IV. Le chap. III de la Seconde Épître à Timothée nous enseigne la même chose, c’est-à-dire, la chute de l’économie et non son rétablissement, et que, dans les derniers jours des temps fâcheux surviendraient ; que les hommes seraient amateurs d’eux-mêmes (et le Saint-Esprit ajoute : Détournez-vous de telles gens) ; que les hommes méchants et séducteurs iraient toujours en empirant, séduisant et étant séduits.

 

11.5   [Jude]

V. Jude nous montre aussi que le mal qui s’était déjà glissé dans l’Église devait être l’objet du jugement à la venue du Seigneur. Comparez les versets 4 et 14. Et cette vérité pénible est confirmée par l’analogie de toutes les voies de Dieu avec les hommes ; savoir : que l’homme a gâté et corrompu ce que Dieu lui avait donné pour sa bénédiction, et que Dieu n’a jamais réparé le mal, mais qu’il a introduit quelque chose de meilleur après avoir jugé l’iniquité. Et cette chose meilleure a été gâtée à son tour, jusqu’à ce que la bénédiction éternelle arrive. Quand l’économie a été une révélation faite aux pécheurs, Dieu a rassemblé un petit résidu de fidèles parmi les infidèles et les a transportés dans la nouvelle bénédiction qu’il a établie à la place de ce qui a été gâté ; par exemple le résidu des Juifs dans l’Église, et ainsi de suite. Dans le passage Rom. 11, le Saint-Esprit nous enseigne que le Seigneur agira de la même manière avec l’économie actuelle.

 

11.6   [Apocalypse]

VI. La même chose se trouve dans l’Apocalypse. Aussitôt que les choses qui sont, savoir les sept Églises, sont closes, le prophète est enlevé au ciel [Apoc. 4:1] et ce qui suit n’est pas une Église reconnue, mais la providence de Dieu dans le monde.

 

Je n’ai donné ici que quelques citations positives. Mais plus on étudie la Parole de Dieu, plus cette vérité solennelle s’y trouve confirmée. Je dis donc : faites tout ce que vous pouvez, mais ne prétendez pas faire les choses qui dépassent ce que le Seigneur vous a donné et ne faites pas paraître ainsi les prétentions et la faiblesse de la chair. L’humilité de cœur et d’esprit est le sûr moyen de ne pas être trouvé combattant contre la vérité ; car Dieu fait grâce aux humbles. Que son Nom de grâce et de miséricorde soit éternellement béni !