Remarques sur L’ÉTAT DE L’ÉGLISE,

 

servant de réponse

 

à la brochure de M. le Ministre ROCHAT, intitulée :

UN FIL POUR AIDER AUX SIMPLES À SE RETROUVER

 

J. N. Darby

Ed. Genève, G. Kaufmann, 1843

[Les textes entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest]

 

[Un premier écrit de J.N. Darby « Sur la formation des églises » a été publié à Lausanne en 1841. — Cet écrit a donné lieu à une réponse par Auguste Rochat (« ministre du saint évangile » à Rolle, canton de Vaud) dans sa brochure intitulée « Réponse à l’écrit anonyme intitulé ‘De la formation des églises’ », Vevey 1841. — J.N. Darby y a répondu en déc. 1841 dans un écrit intitulé « Quelques développements nouveaux sur les principes émis dans la brochure intitulée : De la formation des églises, et réponses à quelques objections faites à ces principes ». Il y donnait des explications complémentaires au premier traité « Sur la formation des églises », et il répondait à certains points contestés par A. Rochat, à savoir la réalité de la ruine et l’unité de l’Église. — Mr Rochat a alors répondu en 1842 par un écrit intitulé « Un fil pour aider aux simples à se retrouver ». — À son tour, J.N. Darby lui a encore répondu par le présent écrit, qui reprend de nouveau la question de l’état actuel de l’Église et de la chrétienté, sa ruine, et le jugement de Dieu qui l’attend en tant qu’« économie » ou « dispensation ». Un poids de culpabilité pèse sur les derniers représentants d’une économie. Les points principaux auxquels le fidèle doit veiller dans le contexte de ruine de l’économie sont donnés]

 

 

[Le mot ‘économie’ est synonyme de ‘dispensation’.
Il est aussi traduit par ‘administration’ dans la Bible JND]

 

[Table des matières abrégée (détaillée) :]

1       AVANT-PROPOS

2       INTRODUCTION

3       Remarques générales : État de la discussion. — De l’économie à venir. — De l’unité de l’Église. — Millénium. — Révolte ou apostasie. — L’Église Société

4       De l’Église et de sa responsabilité. — Ruine et retranchement [selon Rom. 11:22].

5       De l’admission des croyants dans l’Église. — Responsabilité. — Églises primitives. — Réception dans les Églises locales. — Du passage Actes 2:47

6       Des dons placés dans l’Église

7       Nomination des anciens

8       Romains 11 — Les sept Églises d’Asie

9       Conclusion [ce que les enfants de Dieu ont à faire]

10           [Annexe : Quelques CITATIONS REMARQUABLES tirées du texte ci-dessus :]

 

[Table des matières détaillée (abrégée) :]

1       AVANT-PROPOS

1.1          [Cet écrit répond à la fois au « Fil » de Mr Rochat et à une lettre circulaire de la société évangélique de Genève]

1.2          [Ministres (pasteurs) produits par une école de théologie ou donnés par Christ ?]

2       INTRODUCTION

2.1          [Église : des problèmes de forme qui touchent au fond]

2.2          [Un sujet qu’on ne peut éluder : La responsabilité de l’Église quant à son état, à son défaut d’unité, depuis le commencement jusqu’au jour du jugement. Côté collectif et fidélité individuelle]

2.3          [Prendre conscience de la ruine, de la cessation du témoignage à la gloire de Christ, de la responsabilité qui s’y rattache et du jugement qui va tomber dessus]

3       Remarques générales : État de la discussion. — De l’économie à venir. — De l’unité de l’Église. — Millénium. — Révolte ou apostasie. — L’Église Société

3.1          [Gravité des débats sur l’état de l’Église. Joie quand on a trouvé le chemin à suivre]

3.2          [Comment avoir un amour vrai envers les tenants d’opinions contraires]

3.3          [Les points de controverse sur lesquels il y a accord]

3.3.1          [Une économie à venir (règne de Jésus Christ sur la terre) doit succéder à l’économie présente (l’Église)]

3.3.2          [L’Église sur la terre est l’ensemble des élus manifestés à un moment donné]

3.3.3          [Le chrétien est membre du corps et en a les droits. Pas de membres d’un corps particulier]

3.4          [Points où subsistent désaccord ou confusion]

3.4.1          [Dieu sera tout en tous quand Christ aura remis le royaume à Dieu le Père (après le Millénium). L’Église sera dans le ciel avec Christ déjà avant le  Millénium]

3.4.2          [‘Maison du Père’, ‘noces de l’Agneau’, ‘être avec Christ’ sont avant que Dieu soit ‘tout en tous’.]

3.4.3          [Juifs et Gentils seront bénis durant le millénium, mais ne seront pas ‘d’un même corps’ ni ‘cohéritiers’]

3.4.4          [La révolte et la manifestation de l’antichrist et le jugement de ce monde ne font pas partie de la dispensation de la grâce. L’Église sera alors ressuscitée et glorifiée]

3.4.5          [Danger de faire des disputes de mots en omettant que l’état de choses actuel mérite le jugement]

3.4.6          [La ruine a mûri depuis le temps des apôtres et aboutit à l’apostasie avec une révolte générale de la chrétienté. Le papisme et le pape ne sont pas l’accomplissement de 2 Thes. 2]

3.4.7          [Au temps des apôtres il y avait un corps constitué renfermant tous les élus manifestés sur la terre. Actuellement, une grande partie des élus sur la terre est mêlée avec ce qui n’est pas l’Église ; la chrétienté se rend tous les jours plus digne des jugements de Dieu]

4       De l’Église et de sa responsabilité. — Ruine et retranchement [selon Rom. 11:22].

4.1          [L’unité du seul corps par un seul Esprit (afin que le monde croie) n’est plus manifestée. La responsabilité des chrétiens ne peut être niée]

4.2          [Besoin d’être logique dans les arguments opposés]

4.3          [L’humilité cherche l’édification de tous. Responsabilité de manifester la gloire de Dieu : elle résulte de la grâce]

4.4          [Deux dangers en rapport avec les dons : s’enorgueillir pour les uns, être jaloux pour les autres]

4.5          [Ne pas dépasser la mesure de l’action de l’Esprit en cherchant à parvenir à une organisation préconçue]

4.6          [Distinguer la ruine d’avec le jugement de Dieu (retranchement de Rom. 11:22)]

4.7          [Le levain, ou mystère d’iniquité, gâte l’ensemble de l’Église de sorte que Dieu mettra fin à l’économie]

4.8          [Un mal sous forme de christianisme s’oppose à ce que Dieu soit glorifié. Il mûrit jusqu’à la révolte publique et un jugement embrasant toute la terre habitable. Réveil au préalable]

5       De l’admission des croyants dans l’Église. — Responsabilité. — Églises primitives. — Réception dans les Églises locales. — Du passage Actes 2:47

5.1          [L’admission des croyants se fait dans l’Église, non pas dans des églises particulières. Au commencement les membres étaient reconnus par le baptême]

5.2          [L’Église du commencement comme société, comme corps sur la terre, n’existe plus moralement comme représentant de la gloire de Dieu sur la terre. Quant à sa responsabilité, ce corps existe encore. La responsabilité dépend de la position]

5.3          [État actuel de l’Église par rapport à l’Église primitive]

5.3.1          [Ruine de la manifestation de la gloire de Dieu par l’Église ici-bas. Notre culpabilité quant à cet état. Jugement inéluctable de ce mal par Christ. Consolation pour le fidèle obéissant dans une jouissance d’une communion plus spéciale]

5.3.2          [Prétentions de ceux qui s’attachent aux formes religieuses extérieures. Quant au gouvernement de ce monde, Dieu fait porter la culpabilité sur la génération qui a comblé l’iniquité de ses pères. Le fidèle porte le poids de ce péché sur son cœur]

5.4          [Le droit d’être reçu dans une Église locale provient de l’admission dans l’Église universelle]

5.5          [Actes 2:47. Pour sauver le résidu destiné à échapper au jugement de la nation qui avait rejeté le Sauveur, Dieu les ajoutait à l’Église ; mais non pas à une église particulière]

6       Des dons placés dans l’Église

6.1          [Les dons sont pour tout le corps de Christ, pour toute l’Église, même s’ils s’exercent ordinairement dans les assemblées locales]

6.2          [Certaines réunions organisées s’arrogent à tort le titre d’Église de Dieu. L’union vient du seul Esprit qui attire les uns vers les autres ceux qui ont des privilèges communs]

7       Nomination des anciens

7.1          [Actes 14:23 ne dit pas que les assemblées participent au choix des Anciens]

7.2          [Il faut distinguer les anciens d’avec les pasteurs]

7.3          [Les possesseurs de dons sont serviteurs de Jésus dans des choses spirituelles, les diacres serviteurs de l’Église dans des choses temporelles. Être diacre ou ancien est une charge, non pas un don de Christ]

7.4          [Résolutions en commun possibles si on est dirigés de Dieu. Mais la Parole ne parle pas de décision à la majorité]

7.5          [Portée de 1 Tim. 3:15: pas de reconnaissance d’ancien ou diacre par un ‘vote régulier’]

7.6          [Danger extrême du principe selon lequel l’homme est libre quand la Parole ne dit rien]

7.7          [Détails divers : silence des femmes, discipline liée à la présence du Seigneur, nécessité du baptême, pas d’imposition des mains pour avoir droit d’exercer un ministère]

8       Romains 11 — Les sept Églises d’Asie

8.1          [Retranchement (suspension par Dieu de tous ses rapports) d’une économie (= dispensation) : cela touchera les Gentils comme les Juifs l’ont été]

8.2          [Apoc. 2et 3: Ce qui est dit aux sept Églises d’Asie a une portée prophétique future, tout en étant présenté comme proche]

8.3          [On a voulu remplacer la présence de l’Esprit dans le gouvernement de l’Église par des droits et des ordonnances. Voilà ce qui a produit du trouble, non pas les bons principes]

9       Conclusion [ce que les enfants de Dieu ont à faire]

9.1          [Se réunir dans l’unité du corps de Christ, en dehors du monde. La foi ne regarde qu’à la volonté de Dieu, jamais aux circonstances ni aux difficultés]

9.2          [Compter sur la promesse de la présence du Seigneur]

9.3          [Prendre la Cène du Seigneur et exercer les dons en simplicité. Compter sur l’Esprit en se rapportant à la Parole]

9.4          [La discipline est à exercer par l’assemblée, dans un esprit d’amour, pas comme un tribunal]

9.5          [Célébrer la Cène de manière convenable. Celui qui la distribue (ce n’est pas un droit) doit jouir de la considération des frères. Avoir de l’humilité]

9.6          [Même si on a peu de don, il faut travailler avec amour + sentiment de responsabilité + humilité + chercher à s’entraider et prier avec les autres]

9.7          [L’Église est responsable de l’état où elle se trouve. Il faut reconnaître notre incapacité à mettre les choses sur le pied primitif]

9.8          [Se réunir dans l’amour, dans la séparation pratique du monde, dans l’obéissance et sans prétendre agir avec puissance]

10           [Annexe : Quelques CITATIONS REMARQUABLES tirées du texte ci-dessus :]

 

 

1         AVANT-PROPOS

1.1        [Cet écrit répond à la fois au « Fil » de Mr Rochat et à une lettre circulaire de la société évangélique de Genève]

Cet écrit a été livré pour être mis sous presse à la fin du mois d’octobre 1842 ; mais sa publication a été différée par des causes indépendantes de la volonté de l’auteur. S’il eût été purement une réponse au « Fil » de M. Rochat, j’aurais hésité à le faire paraître après un si long délai, mais je crois qu’il renferme des principes assez importants pour devoir être publié malgré ce retard.

Dans l’intervalle il m’a été adressé une circulaire de la société évangélique de Genève (*), qui nous accuse de professer un système d’après lequel « il n’y a plus d’Église, plus de pasteurs ni de docteurs » etc. Tout ce que j’ai à répondre à cela, c’est que ce ne sont pas là mes principes, ni ceux des frères qui partagent mes convictions, comme chacun peut s’en assurer en lisant ce qui a été publié jusqu’à ce jour.

 

(*) Cinquante-sixième circulaire, renfermant un discours publié à part, sous le titre de Genève et Oxford.

 

L’auteur de cette assertion, ayant eu la bienveillance de montrer à un frère l’article qui nous concernait dans le discours : Genève et Oxford, alors sous presse (voyez page 6), était bien instruit que ce qu’il disait n’était pas du tout conforme aux principes et aux vues des frères. Au reste, les frères de la société évangélique sont maintenant forcés par les événements de « jouer le rôle de Cassandre » (*). Ils ne devraient pas se plaindre qu’un frère s’appuyant sur la Parole, avertisse ses frères des temps fâcheux où nous vivons. Il vaudrait mieux qu’ils s’en humiliassent, que de blâmer ceux qui ont fait en charité ce qu’ils sont après tout forcés de faire eux-mêmes.

 

(*) Ce sont les propres paroles de l’auteur du discours : Genève et Oxford, page 5.

 

1.2        [Ministres (pasteurs) produits par une école de théologie ou donnés par Christ ?]

Un de nos frères a désiré que l’on ajoutât ici un parallèle entre la manière dont l’école de théologie de Genève parle au sujet des pasteurs et des docteurs, et les écrits des frères qui sont attaqués. Voici une citation tirée d’une feuille bien connue (intitulée : Quelques mots sur les vues de frères en Christ qui se réunissent pour le culte simplement comme frères). « Ce n’est pas à dire que nous rejetions le ministère chrétien, comme on l’appelle ; au contraire, nous le recevons avec reconnaissance de la part du Seigneur, et dans le sens le plus large de cette expression ; soit que ce ministère se manifeste comme gouvernement ou soins pastoraux, soit qu’il se présente dans le caractère d’enseignement, d’exhortation, de prédication ou de service quelconque envers les saints, etc. (Actes 20:28 ; Rom. 12:7-8 ; Éph. 4:12 ; 2 Cor. 8:4 ; Matt. 10:42).

Nous pouvons ajouter le passage suivant, extrait des « Développements nouveaux sur la formation des Églises » (page 12) : « Que personne ne se méprenne ; j’aime l’ordre de tout mon cœur, le véritable ordre qui convient à la maison et aux ordonnances de Dieu. Abstraction faite des circonstances, tout frère a la même capacité pour rompre le pain. La nature, comme la Parole, nous enseigne que les jeunes gens, que les néophytes sont peu propres à présider, de quelque manière que ce soit, et que les anciens, si Dieu en a suscités, ont leur place à eux dans la maison de Dieu ». Je répète ici de tout mon cœur ce que j’ai dit dans le petit traité (sur la formation des Églises) ; c’est que j’adresse des supplications ardentes et continuelles pour que Dieu suscite des pasteurs et des docteurs selon son cœur, pour les besoins de ses chères brebis, afin que l’Église de Dieu soit gardée, soignée, instruite, rendue capable de résister aux pièges de Satan, et que les petits du troupeau soient abrités de tout vent de mauvaise doctrine. Oui, c’est le vœu le plus cher de mon cœur ; il ne peut pas en être autrement pour celui qui aime l’Église, et qui sait quelque chose de l’amour de Jésus pour les siens, des privilèges qui leur appartiennent, et qui sait aussi quelque chose des embûches et des machinations de l’ennemi. De plus, je crois que la relation du pasteur avec les brebis du troupeau de Dieu est la plus douce, la plus précieuse qui existe sur la terre. Aussi dans ses fruits et dans sa joie, cette relation ne se terminera pas là.

Et encore (page 20) : « Nous avons dans la Parole cette instruction (Éph. 4), que les Pasteurs sont des dons d’en haut que Christ distribue ». Voyez aussi la page 22. Et aussi (page 50) : « Il y a plus, quand on reconnaît quelqu’un, le cœur, la conscience, l’affection, le respect, s’y trouvent ; c’est un lien, un lien formé par l’exercice du don dans le cœur de celui qui en a profité. Le cœur qui a été béni répond à l’action du Saint-Esprit qui a eu lieu par le moyen du frère qui en est l’instrument, de sorte qu’il s’attache à l’instrument et y reconnaît Dieu ; Dieu veut qu’il en soit ainsi, et il lie les membres du corps par ces secours mutuels. C’est ce qui s’applique tout particulièrement à un Pasteur, dont la tâche est, selon moi, la plus difficile qui existe. Quel fort lien ne résulte pas de ce qu’on reconnaît ainsi celui qui nous a été en bénédiction, qui nous a conduit, conseillé, qui nous a averti, gardé des dangers, et nous a mieux fait connaître Dieu, notre Dieu. Le fait est que, dans mon expérience, je vois qu’il y a plus de danger qu’on estime trop, que trop peu un vrai Pasteur. Toutefois, je vois que l’apôtre attache un très grand prix à ces affections. Voyez aussi les pages 55, 56 et suivantes ; et encore 65 et 66, sur le même sujet. Dans le premier écrit intitulé : Sur la Formation des Églises, il y a encore ces paroles (page 21) : « Si Dieu suscite au milieu de vous des Pasteurs, ou s’il vous en envoie, c’est bien, c’est une grande bénédiction, etc. »

Voici maintenant quelques mots extraits du dernier rapport de l’École de théologie (Voir Assemblée générale de la Société évangélique de Genève, 2ième anniversaire, page 69) : « La seule conservation de notre École telle qu’elle est, l’accomplissement de sa modeste tâche actuelle, la production de deux ou trois ministres de l’Évangile par an, nous paraît digne des travaux dont nous sommes honorés, etc. »

D’après les citations que nous venons de faire, il sera facile de voir quels sont ceux qui parlent de la manière la plus scripturaire, (*) des professeurs, dont l’École produit deux ou trois ministres par an, ou des chrétiens qui ne reconnaissent que les ministres donnés par le Seigneur lui-même, selon sa grâce et sa bonté souveraine envers son Église, qui est son Corps.

 

(*) Selon Éph. 4:11 à 12, passage cité contre nous.

 

2         INTRODUCTION

2.1        [Église : des problèmes de forme qui touchent au fond]

Si, dans la série de brochures dont celle-ci fait partie, il n’eût été question que de formes d’Églises, je n’aurais pas le courage d’écrire de nouveau sur le même sujet. Mais il n’en est point ainsi. Certaines questions, qui, aux yeux de quelques-uns, ne roulent que sur des formes d’Églises, sont, au fond, d’une très-grande importance, puisqu’il s’agit réellement d’une chose très-grave, savoir de la responsabilité de toute l’Église de Dieu. On peut introduire en effet, dans la discussion, des raisonnements sur les formes, mais c’est parce que les formes mettent en évidence les principes qui s’y rattachent.

 

2.2        [Un sujet qu’on ne peut éluder : La responsabilité de l’Église quant à son état, à son défaut d’unité, depuis le commencement jusqu’au jour du jugement. Côté collectif et fidélité individuelle]

Si quelques personnes refusent de s’occuper de ces choses, sous prétexte que ce ne sont que des points secondaires, ce n’est là qu’une ruse de l’ennemi. Car, comme nous l’avons déjà dit, derrière tout cela, se trouve cette grave question : l’Église de Dieu est-elle responsable de l’état où elle se trouve actuellement ? On ne nie guère aujourd’hui que l’état de choses qui existait du temps des apôtres n’existe plus maintenant. Plusieurs choses subsistent, sans contredit, aujourd’hui comme alors, il y a des chrétiens, et l’Église possède quelques dons ; mais, cette unité visible où le Saint-Esprit déployait son pouvoir, de sorte que la grâce et la puissance de Christ, manifestées dans le corps de l’Église, étaient aperçues par le monde même, parce que l’esprit du Chef y demeurait, cette unité, où est-elle ? .... Elle n’existe plus. Le « Il en est ainsi de Christ », (1 Cor. 12:12), pour me servir de l’expression de l’apôtre, ne s’aperçoit plus. Deux réponses ont été faites à ce qui a été dit sur la culpabilité de l’Église et sur le jugement final qui attend tout le système. On a dit, premièrement, que l’Église n’a aucune unité sociétaire, et secondement, que nous ne sommes pas responsables du mal que d’autres ont fait avant nous, quoique nous en souffrions. Ce dernier point surtout est de la plus haute importance. J’affirme que l’Église a été placée sur la terre pour manifester comme corps, dans une unité visible, la gloire de son Chef, par le Saint-Esprit. Elle ne le fait plus ; elle en est responsable, et elle en sera punie envisagée comme économie, quoique les fidèles soient assurés d’être sauvés dans la gloire. Nous avons dans la Parole un grand nombre de passages et de principes qui établissent cette communauté d’intérêt et cette responsabilité de l’Église. Le fait que sa ruine est une occasion de fidélité marquante pour les individus, ne change rien à la vérité établie par ces passages. Vous ne me verrez plus, dit le Seigneur aux Juifs, jusqu’à ce que vous disiez : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! » (Luc 13:35). Ceux auxquels le Seigneur s’adressait ne diront jamais ces paroles, mais la nation, au moins le résidu de leur postérité, les dira. Dix vierges sortirent à la rencontre de l’époux (Matth. 25) ; ce sont les mêmes dix vierges qui seront là, quand le cri de : Voici l’époux ! sera entendu. Le même méchant serviteur est aussi là quand le Maître revient (Matth. 24:48-51) ; et il en est de même pour ceux qui avaient reçu les talents (Matth. 25). Ne sommes-nous pas tous identifiés avec le péché d’Adam ? L’ivraie ne croît-elle pas jusqu’à la moisson, et la moisson n’aura-t-elle pas lieu pour l’ivraie comme pour le bon grain ? À cet égard nous citerons plus loin d’autres jugements prononcés par la Parole de Dieu.

Mais nous n’avons pas besoin d’insister sur cette idée scripturaire de l’unité de tout le système, depuis son commencement jusqu’à sa fin. La question est très-simple et d’une très-haute gravité. L’Église est-elle responsable de l’état où elle se trouve, ou peut-elle dire comme les Juifs (Jér. 31:29) : « Nos pères ont mangé raisin vert, et les dents des fils en sont agacées » ? Un incrédule, en parlant de lui-même, pourra dire : Si j’ai hérité de la mauvaise condition d’Adam, ce n’est point ma faute ; j’en souffre, mais je n’en suis pas responsable. Dieu, dans le gouvernement du monde et de son peuple, ne juge pas ainsi ; il traite l’homme comme responsable, et il agit envers son peuple en l’envisageant comme responsable de l’état où il se trouve. Ils ont été eux-mêmes dans le mal, ils y ont pris part. Sa grâce peut retirer tel ou tel individu des conséquences éternelles du péché, mais ces conséquences n’en sont pas moins sûres pour la race humaine. La grâce peut retirer des enfants de Dieu de l’ordre des choses qui va être jugé, de sorte qu’ils soient mis dans le grenier quand la moisson aura lieu (Matt. 13:30) ; mais ils se retirent de devant le jugement parce que l’Église est responsable.

 

2.3        [Prendre conscience de la ruine, de la cessation du témoignage à la gloire de Christ, de la responsabilité qui s’y rattache et du jugement qui va tomber dessus]

L’Église est dans un état de ruine ; elle a cessé de rendre témoignage à la gloire de Christ, comme elle aurait dû le faire, et comme elle le faisait en effet au commencement. Quand je fais la découverte de cette affligeante et accablante vérité, je sens ma responsabilité, et je crois qu’il suffit de poser la question ainsi, pour atteindre la conscience de ceux dont l’oreille est ouverte à la voix du Saint-Esprit, et qui ont à cœur la gloire de Christ. Être fidèle dans cette conviction, c’est le moyen de pouvoir jouir d’un sûr abri en Celui qui garde les siens pour la gloire, quelles que soient d’ailleurs les circonstances dans lesquelles ils puissent se trouver. Toutefois, cela n’empêchera pas que Dieu ne manifeste qu’il a jugé l’économie responsable, quand il y mettra fin par le jugement. Et s’il en a donné le témoignage (et il l’a donné), la responsabilité ne pèse-t-elle pas déjà sur nous ? — C’est ici que le chapitre 11 des Romains trouve une application importante. Dans les pages suivantes, ces vérités ne sont traitées que relativement au point où la controverse a été amenée. Mais je désire que l’on comprenne bien que c’est là la question à décider quant à l’état de l’Église. Sommes-nous responsables, et serons-nous jugés comme tels, si, après avoir été avertis, nous marchons dans ce que le Seigneur va juger ? La solution de cette question doit agir nécessairement sur ceux qui ont l’espoir de rétablir l’Église ; car ils nient tout à la fois et son unité et sa responsabilité, pour se satisfaire de ces quelques petits corps qu’ils ont formés. Ainsi ces deux questions se touchent de très-près, et j’attache de l’importance à la question de la formation des Églises, parce qu’elle se lie à celle de notre responsabilité commune. Je désire que nous nous souvenions bien que nous sommes responsables de l’état où nous nous trouvons, et non pas des actes des chrétiens qui ont vécu avant nous, bien que ces actes aient contribué à amener cet état de choses. L’Église comme corps avait été placée sur la terre pour glorifier le Fils de Dieu ; hélas ! il faut le dire avec confusion de face, elle ne le fait plus maintenant. La Parole de Dieu nous montre qu’il y a une solidarité ou plutôt une accumulation de responsabilité, et qu’on hérite du péché de ceux qui nous ont devancés dans une carrière d’éloignement de Dieu, lorsqu’il s’agit de son gouvernement à l’égard d’une économie. « Ton premier père a péché », dit Ésaïe (Ésaïe 43:27). Vous avez pris le tabernacle de Moloch », dit Étienne (Actes 7:43), en faisant allusion au péché d’Israël dans le désert, « et je vous transporterai au-delà de Babylone ». Les Juifs subissent maintenant les conséquences du péché qu’ils commirent dans le désert, de tous ceux qu’ils y ont ajoutés depuis, et auxquels ils ont mis le comble en faisant mourir Jésus.

 

3         Remarques générales : État de la discussion. — De l’économie à venir. — De l’unité de l’Église. — Millénium. — Révolte ou apostasie. — L’Église Société

3.1        [Gravité des débats sur l’état de l’Église. Joie quand on a trouvé le chemin à suivre]

C’est pour le serviteur de Christ une chose extrêmement grave, que d’écrire sur des sujets qui peuvent imprimer un certain caractère à l’état de l’Église, ou du moins agir sur les cœurs et sur la conduite des enfants de Dieu. Toutefois quand on est assuré de la volonté du Seigneur, tout devient un sujet de joie ; car le chrétien ne doit se trouver heureux qu’en accomplissant dans l’obéissance son service ici-bas. D’ailleurs, quoique le sujet que je traite soit important, ma tâche est maintenant très-simple.

 

3.2        [Comment avoir un amour vrai envers les tenants d’opinions contraires]

Je ne veux pas revenir sur ce qui a été déjà pleinement discuté, ni sur ce qui peut être considéré comme plus ou moins personnel. Je n’aurais probablement pas répondu, si je n’avais pas vu que notre discussion a fait un très grand pas, et qu’il peut être utile pour tous de le bien constater. Je désire aussi faire ressortir ce qui peut agir sur la conscience de ceux qui cherchent la vérité, et qui ont le cœur ouvert pour la recevoir, sans me borner exclusivement à répondre à l’écrit qui a donné lieu à celui-ci. La brochure de notre frère, M. Rochat, a été pour moi, quant au fond, le sujet d’une très-grande joie. Je dis quant au fond, car je ne peux pas dire que l’esprit m’en ait plu : toutefois, je n’ai nullement l’intention de m’y arrêter. Si M. Rochat ne veut pas que je l’aime beaucoup (Un fil, etc., p. 5 et 6), ou du moins que je dise que je l’aime, il faut que je l’aime malgré lui. S’il pense que c’est avoir de l’amour que de le flatter là où je le trouve dans l’erreur, ou de paraître d’accord avec lui là où je ne le suis pas, pour peu qu’il y réfléchisse, il sentira aussi bien que moi qu’un tel amour ne serait pas conforme à l’amour de Christ. À cet égard, je me demande toujours : Si nous allions mourir ensemble, aurais-je à regretter quelqu’une des paroles que j’ai prononcées ? Après tout l’on est faillible, soit du côté du jugement ; soit aussi en ce que l’on peut manquer de vigilance, quoique aussi, d’un autre côté, si l’œil est net, tout le corps sera plein de lumière (Matth. 6:22).

 

3.3        [Les points de controverse sur lesquels il y a accord]

3.3.1        [Une économie à venir (règne de Jésus Christ sur la terre) doit succéder à l’économie présente (l’Église)]

Je commence par signaler les pas que nous avons faits, il me semble, dans la discussion. Notre frère convient (page 73), qu’il y a une économie à venir ; qu’à l’économie présente doit en succéder une autre. Je ne sais jusqu’à quel point il en convenait auparavant ; je ne cherche qu’à constater le point où nous sommes parvenus. S’il était dans l’erreur auparavant, je veux oublier son erreur ; s’il était dans la vérité, constater la vérité, dans laquelle nous sommes d’accord, ne peut que nous faire du bien à tous. — Il doit y avoir « une autre économie, dans laquelle le peuple juif jouera un rôle principal ; où Jésus-Christ en personne régnera sur la terre, avec les Saints ressuscités ; économie qui sera précédée de la révolte générale de ce qu’on appelle la chrétienté, accompagnée de la manifestation de l’antéchrist » (page 71). Jusqu’à ce mot, je suis parfaitement d’accord avec l’auteur. Je ne sais s’il n’y pas quelque erreur accidentelle quand il poursuit ainsi : « suivie de grands jugements de Dieu sur les nations révoltées contre Christ ». Sans doute, l’économie sera « suivie » de grands jugements. Cependant je ne pense pas que M. Rochat nie qu’elle sera introduite aussi par de grands jugements. Peut-être a-t-il voulu dire que la révolte sera suivie etc., etc. Quoi qu’il en soit, ce que je viens de citer suffit. Je signalerai plus tard les points dans lesquels je ne vois pas que notre frère ait encore bien saisi le caractère de cette économie à venir. Dans tous les cas il y aura une autre économie, où Christ sera présent, et qui sera précédée d’une révolte générale, et de la manifestation de l’antéchrist. C’est évidemment une vérité très-importante pour l’Église de Dieu (*). Nous attirerons plus tard l’attention des frères sur quelques considérations qui s’y rattachent. Venons-en à l’unité de l’Église.

 

(*) Aussi M. Rochat nous dit-il ailleurs : « Les signes des temps annoncent l’approche de son glorieux règne ». L’apostasie et la révolte sont donc des choses qui nous regardent de près, puis qu’elles précéderont ce glorieux règne

 

3.3.2        [L’Église sur la terre est l’ensemble des élus manifestés à un moment donné]

« Il y a », dit M. Rochat (page 25), « la réunion générale et l’assemblée des premiers nés », « et (page 27) des Églises ». Mais la page 26 nous indique une autre idée d’Église, qui est très-juste et très-importante en pratique. « L’Église sur la terre, à chaque époque successive, c’est donc l’ensemble des élus qui y sont manifestés. C’est dans ce sens », ajoute notre frère, « qu’il est dit que Dieu a établi dans l’Église premièrement des apôtres », etc., etc. C’est là le sens que j’ai voulu présenter, sur lequel j’ai insisté, et qui me paraît très essentiel quant à notre responsabilité et au jugement que nous portons sur l’état dans lequel nous sommes. Si l’Église sur la terre est l’ensemble des élus manifestés à chaque époque, dans quel état cet ensemble se trouve-t-il actuellement ? J’ai aussi à présenter sur ce point des considérations qui me paraissent importantes. Je ne fais qu’indiquer en passant cette manière d’envisager l’Église. Notre frère reconnaît que ses vues sur ce sujet ont été modifiées ; peu importe l’instrument qui a produit ce changement, pourvu que ce soit par l’enseignement de Dieu (page 25, en note).

 

3.3.3        [Le chrétien est membre du corps et en a les droits. Pas de membres d’un corps particulier]

Il est encore une chose à l’égard de laquelle notre frère admet un principe qui dit tout ce que je désire là-dessus. « Si je suis membre de tout le corps », dit-il (page 41), « je suis membre des parties de ce corps ». J’insiste là-dessus. On ne devient donc pas membre d’une Église locale, (si toutefois l’on peut admettre cette expression de membres d’une Église, car il est reconnu maintenant qu’elle n’est pas scripturaire), l’on est membre des parties du corps, si l’on est membre du corps.

Rien de plus simple ; l’on ne peut pas devenir ce que l’on est déjà ; et selon M. Rochat, si je suis membre de tout le corps, je suis membre des parties de ce corps, qui se rassemblent en divers endroits ; il ne s’agit pas de le devenir, je le suis déjà. C’est le principe que j’ai toujours maintenu et sur lequel j’ai insisté et agi. Par le fait même que je suis chrétien, j’ai tous les droits d’un membre du corps là où je me trouve. Ce n’est pas un droit que j’acquiers en me joignant à quelque corps particulier ; c’est un droit que je possède comme membre du corps de Christ. Que les frères pèsent bien ce principe que M. Rochat affirme, et sur lequel j’insiste. En pratique, toute la question entre nous s’y trouve résolue.

M. Rochat admet aussi que l’expression de membre d’une Église n’est pas scripturaire. Nous savons jusqu’à quel point les habitudes des frères ont été formées sur cette expression, et combien elle a dirigé leur conduite ; de sorte qu’en plusieurs localités, si l’on ne se déclarait pas membre d’une Église, on n’était pas admis au milieu des frères pour la célébration de la Cène. Être membre du corps de Christ, chrétien fidèle, reconnu de tous, ne suffisait pas (*).

 

(*) Je suis un peu étonné que M. Rochat dise (page 21) que les Églises reçoivent tous les chrétiens. On sait très-bien qu’il y en avait plusieurs qui ne recevaient à la Cène que ceux qui faisaient partie d’une Église organisée.

 

Tout ce système a été faux, selon le principe maintenant reconnu vrai par M. Rochat lui-même.

Mais notre frère veut substituer à l’expression de membre d’une Église, ces mots : (page 41) « qui fait partie » d’une Église particulière, ou qui est de cette Église. J’ai examiné la liste que M. Rochat donne dans ses « aperçus simples et bibliques » des passages où se trouve le mot Église, et je vois que ces expressions ne sont pas plus scripturaires que les précédentes. L’idée d’être membre d’un corps particulier ne se trouve pas dans l’Écriture sous quelque forme que ce soit ; l’idée n’est pas scripturaire.

Enfin, il est reconnu de part et d’autre, qu’il y aura une autre économie dans laquelle Christ régnera personnellement sur la terre ; mais qu’avant cette époque, une révolte générale doit avoir lieu. Les signes des temps annoncent l’approche du règne glorieux du Seigneur. L’Église sur la terre est l’ensemble des élus qui y sont manifestés ; si quelqu’un est membre de cette Église, il l’est aussi des parties, c’est-à-dire des Églises.

Notre frère admet qu’une portion de l’Église est mêlée avec la chrétienté, et il reconnaît que la description que j’en ai donnée est en grande partie juste. Cela suffirait, aussi, pour démontrer que la somme des Églises ne serait pas l’Église, mais je n’insiste pas sur cela maintenant.

 

3.4        [Points où subsistent désaccord ou confusion]

3.4.1        [Dieu sera tout en tous quand Christ aura remis le royaume à Dieu le Père (après le Millénium). L’Église sera dans le ciel avec Christ déjà avant le  Millénium]

Je reprends le premier des sujets mentionnés plus haut, pour montrer, je n’hésite pas à le dire, où notre frère n’a pas encore saisi la vérité à l’égard de la doctrine du millenium.

« La considération de la gloire éternelle, dit-il, (page 72) me paraît beaucoup plus féconde en conséquences de tout genre, car que sont mille ans au prix de l’éternité ? D’ailleurs, la gloire millénaire n’est pas celle du ciel, où Dieu sera tout et en tous ».

Celle phrase renferme des idées tellement confuses, que la meilleure et la seule réponse à y faire, c’est d’exposer les vérités scripturaires sur ce point. Si M. Rochat prend la peine d’étudier le passage qu’il applique maintenant à l’économie à venir, il verra que Dieu doit réunir toutes choses dans les cieux et sur la terre en Christ, et que le ciel est le lieu où la gloire millénaire brillera avec le plus de splendeur. Quand M. Rochal parle du ciel, et qu’il dit que Dieu y sera tout et en tous, il tombe dans une confusion complète. Est-ce que Christ n’est pas dans le ciel ? Il n’y a aucun rapport entre le ciel et cette déclaration : Dieu sera tout en tous (1 Cor. 15:28). La différence qu’il y a entre le temps qui précède et Dieu tout en tous, c’est que la gloire essentiellement médiatoriale sera terminée, et que Christ aura remis le royaume à Dieu le Père. Il s’agit ici d’une période et non pas d’un lieu. Christ sera dans le ciel, l’Église sera dans le ciel, toujours avec le Seigneur, jouissant de toutes les bénédictions dans les lieux célestes, avant que Dieu soit tout en tous. Et même alors l’Église sera essentiellement dans son état de gloire éternelle. Et il est si peu vrai qu’il y ait quelque idée du ciel attachée à Dieu tout en tous, que le seul autre passage qui parle de cet état postmillénial, présente plutôt l’idée que les hommes seront sur la terre, quoiqu’il soit fait mention du ciel (Apoc. 21:8).

Il n’y a que 1 Cor. 15 et Apoc. 21, si je ne me trompe, qui parlent du temps où Dieu sera tout en tous, temps qui, en effet, donne lieu à des pensées remplies de bénédictions et profondément intéressantes. Cependant, Dieu a trouvé bon de présenter beaucoup plus souvent, et avec plus de détails, la venue de Christ et sa gloire à la conscience et aux cœurs des fidèles. Alors nous lui serons semblables, alors nous le verrons tel qu’il est. Le but de la prédestination de Dieu sera accompli à notre égard, et nous serons conformes à l’image de son Fils. Les noces de l’Agneau auront eu lieu ; son épouse lui aura été présentée n’ayant ni tache, ni ride, ni aucune chose semblable. Nous serons alors dans la maison de notre Père, Jésus étant venu nous chercher pour nous y introduire, afin que là où il est nous y soyons aussi. Le désir du cœur de Christ sera accompli : « Père ! je veux que ceux que tu m’as donnés soient là où je suis, afin qu’ils contemplent ma gloire, car tu m’as aimé avant la fondation du monde ».

Je ne sais si notre cher frère a renvoyé toutes ces choses au temps où Dieu sera tout en tous, ou s’il les croit de peu d’importance. Quoi qu’il en soit, il s’est trompé entièrement en disant que la gloire millénaire n’est pas celle du ciel, car nous verrons Christ tel qu’il est, nous lui serons semblables, et nous serons ressuscités ou transmués ; nous irons à sa rencontre, nous serons toujours avec le Seigneur et nous régnerons aux siècles des siècles.

La différence n’est pas que le Ciel ne fasse pas partie de cette gloire, mais que ce soit la gloire médiatoriale du Fils de l’homme ; plus tard, il aura rendu le royaume.

 

3.4.2        [‘Maison du Père’, ‘noces de l’Agneau’, ‘être avec Christ’ sont avant que Dieu soit ‘tout en tous’.]

Avant que Dieu soit tout en tous, nous avons la maison et l’amour du Père, les noces de l’Agneau, l’Époux et l’Épouse, un état de gloire semblable à celui des anges, qui ne cessera jamais, et la vue de Christ tel qu’il est, nous lui étant semblables. Le règne sur la terre, quoique magnifique et plein de bénédictions, n’est que la partie inférieure de la gloire des saints qui demeureront avec le Seigneur dans les lieux célestes. S’il est vrai que la Parole de Dieu nous montre en deux passages la fin de cet état de choses, regardé comme économie, il est également vrai qu’elle agit sur nos espérances, nos cœurs et nos consciences par la pensée de la joie d’être avec Christ dans la gloire, d’être avec lui dans la maison du Père, d’être là où Dieu lui-même sera le temple, là où Dieu lui-même et l’Agneau seront la lumière. C’est là le millenium, c’est là la Jérusalem céleste, quoique Dieu ne soit pas encore tout en tous.

 

3.4.3        [Juifs et Gentils seront bénis durant le millénium, mais ne seront pas ‘d’un même corps’ ni ‘cohéritiers’]

Quant à la partie terrestre, je crois que notre frère (page 73) a mal appliqué cette parole ; « il réunit les juifs et les païens en un seul corps ; établit ceux-ci cohéritiers, et leur donne aux uns et aux autres accès auprès du Père en un même Esprit ». Il n’est jamais dit des gentils qu’ils seront un même corps avec les juifs pendant le millenium. Le contraire a lieu. Voyez, par exemple, les chapitres 50, 51, 52 d’Ésaïe. Il n’est jamais dit qu’ils seront cohéritiers, mais bien le contraire, et même on ne peut pas montrer un seul passage où la dernière expression « accès auprès du Père en un même Esprit » soit appliquée au millenium. C’est confondre le corps de Christ ressuscité pour la gloire céleste, avec l’état des juifs, peuple élu sur la terre, et celui des gentils, qui, quoique bénis, sont dans un état d’infériorité aux juifs, comme une multitude de passages le prouvent.

Enfin, l’auteur ne croit pas que le millenium s’applique au ciel, quoique ce soit la partie la plus importante de la gloire de ce jour de Dieu, et il applique les passages qui parlent des privilèges du corps de Christ, alors dans le ciel, aux juifs et aux gentils qui seront sur la terre, pendant le millenium, dans un état tout à-fait différent.

 

3.4.4        [La révolte et la manifestation de l’antichrist et le jugement de ce monde ne font pas partie de la dispensation de la grâce. L’Église sera alors ressuscitée et glorifiée]

Maintenant, je désire présenter quelques considérations sur la révolte et la manifestation de l’Antéchrist. Nous avons ici, ai-je dit, une vérité pratique extrêmement importante, vérité admise par la brochure de M. Rochat. Cette économie se terminera par une révolte générale (page 71), que les signes nous montrent être proche. Faites bien attention que c’est là le sort de la chrétienté, et qu’est-ce qui terminera la révolte ? Le jugement de ce monde, par la présence de Christ. Peut-on dire donc (page 73) que ce soit la même dispensation de la grâce de Dieu qui durera jusqu’à la fin du monde ? M. Rochat consent à remplacer le mot phase par celui d’économie, mais c’est toujours, dit-il, la même dispensation de la grâce de Dieu. Est-ce que le jugement de cette terre habitable, de tous les vivants (l’Église étant ressuscitée et glorifiée), est une continuation de la dispensation de la grâce ? Pourquoi affaiblir l’effet de vérités si solennelles, vérités que Dieu a révélées pour qu’elles agissent sur la conscience ? Je répète ma question : Est-ce que le jugement des vivants sur la terre est une continuation de la dispensation de la grâce ? Ou bien M. Rochat pense-t-il qu’il n’est pas même nécessaire de faire remarquer que ce jugement interrompt la dispensation, quoiqu’il nécessite la présence du Christ pour l’exécuter ? D’ailleurs, je crois qu’il trouvera que l’économie à venir est précisément une économie de jugement sur la terre, qui forme un contraste avec la grâce, ainsi qu’une multitude de passages le déclarent (Ps. 96, 97, 98, 99. És. 32, Ps. 72), quoiqu’il soit toujours vrai que ce n’est que la grâce qui sauve les individus sous toutes les économies.

 

3.4.5        [Danger de faire des disputes de mots en omettant que l’état de choses actuel mérite le jugement]

Ce qui m’est pénible, dans la brochure de notre frère, c’est qu’en disputant sur des mots, il ait pu passer sous silence les témoignages les plus solennels que Dieu nous ait donnés sur l’état de choses où nous nous trouvons, et qu’il ait cherché à affaiblir l’importance des avertissements qui en découlent pour l’Église. Si le Seigneur est proche, comme M. Rochat nous le dit, et je le crois, n’est-il pas vrai qu’il vient pour juger, parce que l’état de choses actuel demande et exige un jugement ? Est-ce que le Seigneur vient donc juger et moissonner avant que l’ivraie et le blé soient mûrs ? Et si la chrétienté est dans un état qui provoque ce jugement, ou si elle se hâte pour devenir telle, est-ce le moment de dire qu’il y a d’autres choses plus importantes ? Doit-on, en admettant avec peine que c’est une autre économie, passer sur le jugement universel des vivants, sur la moisson de Dieu, sans en dire un mot, et en affirmant même que ce qui suivra sera une continuation de la dispensation de grâce !

 

3.4.6        [La ruine a mûri depuis le temps des apôtres et aboutit à l’apostasie avec une révolte générale de la chrétienté. Le papisme et le pape ne sont pas l’accomplissement de 2 Thes. 2]

Encore une remarque. Il y aura donc une révolte générale, une apostasie ; mais le mal qui caractérisera les derniers temps, commençait déjà du temps des apôtres ; le mystère d’iniquité se mettait en train ; et il était déjà assez développé avant leur mort, pour que l’un d’entre eux pût nous informer que des antéchrists étaient déjà venus, de sorte qu’ils savaient que c’étaient les derniers temps (1 Jean 2:18). On peut vanter la continuation des Églises ; cependant il y avait assez de mal dans le temps de l’apôtre Jean, pour désigner les derniers temps comme déjà arrivés. Je me permets de rappeler que ceux qui n’ont pas reçu les lumières qui ont produit cette conviction de la ruine générale de l’économie, et qui croient que le papisme et le pape sont l’accomplissement de 2 Thess. 2 etc., ceux-là, dis-je, ne peuvent nier que l’apostasie ne soit déjà arrivée. C’était là la croyance générale avant l’arrivée de ces doctrines tant décriées. Si l’habitude de parler comme tous les chrétiens ont parlé jusqu’à présent, a fait appliquer d’une manière vague un terme dont l’usage a été amplement expliqué, il est à regretter qu’on ait trop suivi les autres et l’usage. En présence de vérités aussi importantes, de jugements aussi terribles que ceux qui vont bientôt fondre sur ce monde rebelle, je ne crois pas devoir entrer dans de nouvelles explications de mots, quand les choses sont si claires à cet égard (*). Il est admis que la chrétienté sera dans la révolte ; que les principes de cette révolte étaient assez mûrs au temps des apôtres pour que St-Jean dit qu’il y avait déjà plusieurs antéchrists, et que c’étaient les derniers temps. On convient qu’une partie des chrétiens sont confondus avec l’objet du jugement qui va être exécuté. Disputera qui voudra sur le mot apostasie et sur le sens qu’il a dans le dictionnaire français, pourvu que la conscience des enfants de Dieu soit atteinte par cette vérité, que nous sommes dans les derniers temps, que la chrétienté est à la veille de jugements. De plus, il ne s’agit pas seulement ici de quelques branches ouvertement incrédules qui doivent être retranchées ; il ne s’agit pas non plus d’une certaine séparation des justes, car il est maintenant admis par M. Rochat que les chrétiens manifestés seront ressuscités ou transmués, et iront à la rencontre de Jésus. Quant aux révoltés, ils seront retranchés, de sorte que tout ce qui appartient à cette économie sera terminé. Il n’est plus question des saints, ni des apostats ici-bas. Dieu épargnera sans aucun doute des juifs et des païens pour une autre économie ; mais il en finira avec tout ce qui est appelé Église quant à ce monde, et cela bientôt.

 

(*) J’ai voulu sacrifier le mot apostasie, parce que je ne m’attache pas aux mots, pourvu que la vérité soit admise. On a crié victoire, mais on s’est trompé. Je crois ce mot entièrement applicable, selon son sens scripturaire, à l’état de choses que nous voyons autour de nous. J’ai voulu l’abandonner pour faciliter la discussion sur ces sujets avec ceux qui sont de bonne foi, parce que, en effet, la révolte qui aura lieu à la fin est une révolte plus ouverte, plus avouée. Mais la Parole de Dieu applique ce terme à un abandon moral et réel des vrais principes du christianisme, et aux hommes qui, tout en s’appelant chrétiens, agissent sous l’influence de Satan (1 Tim. 4), qui corrompt toutes les choses qu’il ne peut empêcher. Cet abandon des vrais principes du christianisme, par ceux-là même qui prétendent ne l’avoir jamais abandonné, est appelé apostasie dans la Parole, et il est très-important que cela soit compris, afin que la forme extérieure du christianisme ne trompe plus les simples, mais qu’ils sachent bien que, quoique cachée, l’apostasie n’en est pas moins réelle.

M. Rochat dit (page 22), que l’Écriture place le moment de l’apostasie à l’apparition de l’antéchrist. Il se trompe ; l’Écriture ne dit rien de semblable. Le passage cité dit seulement « que le jour du Seigneur ne viendra pas, à moins qu’il n’y ait premièrement une révolte, et que l’homme de péché ne soit révélé, etc. ». Mais la révolte peut avoir lieu longtemps avant la révélation de l’homme de péché.

Dans « l’Histoire abrégée de l’Église de Jésus-Christ », dont je n’ai pas besoin de nommer l’auteur [Émile Guers], nous avons un chapitre avec ce titre : Apostasie consommée. J’en cite un passage (page 121 du 1er volume) «Quel chemin cette malheureuse Église avait fait au huitième siècle, dans la voie de l’erreur et de la perdition ! Après avoir longtemps suivi les instructions du Saint-Esprit, telles qu’elle les possédait dans l’épitre qui lui était particulièrement adressée, fatiguée, à la longue, de veiller, de prier, de combattre, lasse de porter le joug du bon Berger, elle s’était peu à peu relâchée de sa fidélité première. Elle avait négligé d’abord, ensuite elle avait abandonné la Parole de vérité. D’Église particulière qu’elle était dans l’origine, elle avait voulu devenir Église catholique en général, et s’était insensiblement élevée jusqu’au point d’aspirer à l’empire universel, entraînant avec elle tout l’Occident dans son apostasie ».

Est-ce que le mot apostasie est plus terrible sous ma plume que dans cet ouvrage ? Tout l’Occident a été entraîné dans l’apostasie. On dit que la Vérité n’est contestée que quand elle devient importante.

De plus, l’auteur du même ouvrage applique Rom. 11 au retranchement de cette Église. Le moment approche, ajoute-t-il dans une note de la page 122 (1er vol.), où sera retranchée pour jamais cette Église adultère, qui s’est élevée par orgueil, etc.

Je n’ai que deux remarques à faire ici : Premièrement, je n’ai pas mal employé le mot apostasie, puisqu’un auteur qui sait très-bien écrire sa langue maternelle, l’emploie d’une manière plus positive que moi. L’Église romaine confesse la Trinité ; elle reconnaît que Jésus est le Christ, qu’il est Dieu et homme, et d’autres vérités fondamentales, et cependant elle est l’apostasie consommée, parce qu’elle a négligé et ensuite abandonné la Parole de la Vérité ; qu’elle s’est élevée, etc.

Puis Rom. 11 s’applique à cet état de choses, à tout ce qui a été entraîné par l’Église de Rome. En second lieu, l’auteur va plus loin que moi. Je ne crois pas que l’apostasie soit consommée, comme je l’ai déjà dit ailleurs. D’un autre côté, si l’auteur étend l’application de Rom. 11 au-delà des individus ou de l’Église de Rome elle-même, alors il faut prendre l’apôtre selon ses propres expressions. « Je parle à vous, Gentils, parce que je suis apôtre des Gentils ». Du reste, l’Église romaine ne tardera pas, j’en suis persuadé, de mettre fin à cette difficulté, au moins dans les limites de la quatrième monarchie. Dans tous les cas, tout l’Occident a été entraîné. Infidélité dont l’auteur nous fait sentir la conséquence par la citation de Rom. 11.

 

3.4.7        [Au temps des apôtres il y avait un corps constitué renfermant tous les élus manifestés sur la terre. Actuellement, une grande partie des élus sur la terre est mêlée avec ce qui n’est pas l’Église ; la chrétienté se rend tous les jours plus digne des jugements de Dieu]

Venons-en maintenant à l’Église.

L’auteur admet que l’Église est l’ensemble des élus manifestés sur la terre. Il est très-évident que ce n’est pas l’ensemble des Églises, parce que, de l’aveu même de M. Rochat, une partie des élus manifestés (et tout le monde sait que c’est une grande partie) ne se trouvent pas dans ces Églises. M. Rochat repousse l’idée d’une unité sociétaire ici-bas. J’avais emprunté l’expression d’Église société à sa brochure, en repoussant seulement l’idée d’une confédération d’Églises. Souvenons-nous que j’admets pleinement l’existence des Églises locales, au commencement, et le devoir de se réunir en-dehors du monde, qui va être jugé. M. Rochat admet que le passage : « Dieu a mis dans l’Église premièrement des apôtres, secondement des prophètes » etc. s’applique à l’Église sur la terre, comme à l’ensemble des élus manifestés. Maintenant je demande si ce corps avec ses membres, ses jointures de fournissement qui agissent selon la mesure de chaque partie, pour l’édification de lui-même en charité, formait une unité sociétaire ? M. Rochat dit (page 34) que les passages que j’ai cités s’appliquent à l’unité intérieure manifestée, entretenue et développée par des charges, mais non pas à une unité sociétaire. Il admet en même temps qu’un de ces passages, au moins, s’applique à l’ensemble des élus manifestés à une certaine époque, en un mot, à l’Église sur la terre. Pour mon compte, je ne saurais mieux définir une société que comme un ensemble de personnes ayant une unité intérieure, manifestée, entretenue et développée par des charges (*). Mais qu’on l’appelle société, ou qu’on lui donne un autre nom, il est admis qu’il y a un ensemble des élus à une époque donnée, ou, si l’on veut, une unité intérieure, manifestée, entretenue et développée par des charges, et cette unité est l’ensemble des élus à cette époque. On ne peut nier que l’ensemble des chrétiens ne formât un corps au temps des apôtres. Cette unité manifestée, entretenue, développée par des charges, existait alors. Où est-elle maintenant ? Alors c’était un corps qui fonctionnait par des jointures de fournissement sur la terre ? Actuellement, une grande partie « de l’ensemble des élus sur la terre » est mêlée avec ce qui n’est pas l’Église ; la majeure partie même de l’Église n’est pas du tout constituée en Église, mais se trouve là où se prépare la révolte de la chrétienté, qui tous les jours se rend plus digne des jugements de Dieu. La société chrétienne, comme corps, agissant par des jointures de fournissement, n’existe plus comme elle existait ; elle a cessé de fonctionner ; son unité a cessé d’être visible sur la terre. M. Rochat se contente des Églises ; mais où est l’ensemble des élus dans une unité manifestée ? et avec tout ce qu’il peut produire des Églises, où est l’action commune des jointures du corps dans l’ensemble des élus, dans l’Église ? Résultat d’un mal qui était assez avancé dans le temps de l’apôtre pour qu’il appelât ces temps-là les derniers temps, pour qu’il dit aux fidèles qu’il y avait plusieurs antéchrists, je laisse notre frère désigner cet état de choses par le nom qu’il préférera. Nie-t-il que l’Église, l’ensemble des élus sur la terre, ne formât une société dont les membres faisaient partie d’un corps qui fonctionnait dans son unité sur la terre, unité manifestée ? S’il ne le nie pas, où est maintenant cette unité ? où est cette unité de fonctions dans l’ensemble des élus ? N’y avait-il pas au temps des apôtres un corps constitué qui renfermait tous les élus qui étaient manifestés sur la terre ? Je le demande, où se trouve-t-il maintenant ? (**)

 

(*) Si l’on peut ajouter quelque chose, c’est un signe ou lien extérieur qui les rendait membres et leur donnait officiellement droit dans la société ; c’est ce qui se trouvait dans le baptême.

 

(**) Je ne tiens nullement au mot société, c’est l’expression de M. Rochat ; mais la chose est très-importante, comme on peut le voir dans Jean 17. Le Seigneur prie que les croyants soient un, afin que le monde croie. Les habitants du canton de Vaud forment une société, parce que, nés tous Vaudois (quoiqu’il y ait des communes différentes), ils tiennent tous à un centre commun. Ils ont des droits communs, ils ont des charges occupées par des personnes qui travaillent aux intérêts communs du pays. Ils sont tous Vaudois. Cette unité est sentie et connue, quoiqu’il soit difficile de présenter visiblement le lien qui unit un Vaudois à un autre Vaudois. Il en était de même dans l’Église au commencement, tous étaient chrétiens, nés de nouveau, concitoyens d’une patrie céleste ; il y avait des charges et des fonctions qui avaient leur sphère d’activité dans tout le corps, savoir des apôtres, des prophètes, des docteurs, quoiqu’il y eût des Églises, comme dans le canton de Vaud il y a des communes. Les chrétiens formaient une société comme les Vaudois en forment une, parce qu’il y avait une unité intérieure, manifestée, entretenue et développée par des charges. Il y avait des charges locales ; mais il y avait aussi des charges et des dons qui étaient pour l’ensemble (comme le Conseil d’État dans le canton de Vaud) ; et les apôtres, les prophètes, etc., n’étaient pas plus d’une Église locale, que le Conseil d’État du canton de Vaud n’est d’une commune.

 

Ayant fait ces remarques sur les points où il y a eu progrès, je reprends les divers articles de la brochure. M. Rochat me dit (page 15) que les ordonnances ne furent pas décrétées [établies] seulement par les apôtres et par les anciens. C’est de la Parole de Dieu et non pas de moi qu’il doit se plaindre. Il est vrai que dans l’adresse il est ajouté : l’Église. Mais quand le Saint-Esprit parle des ordonnances décrétées, il dit (Actes 16:4) : les ordonnances décrétées par les apôtres et les anciens, et ce sont les apôtres et les anciens qui se sont réunis pour délibérer sur cette affaire. Ensuite notre frère croit-il sérieusement que les frères à Jérusalem, en supposant que leur Église ait été formée sur ses principes, eussent eu l’idée qu’une Église de nos temps pût avoir le droit d’envoyer des décrets à d’autres Églises ? Quand il est dit : « et à nous » ne s’agissait-il pas de quelque autorité directe ? Un troupeau, convaincu qu’une doctrine est dans la Parole, pourrait-il envoyer des décrets à d’autres troupeaux ! Non ; il y avait alors une autorité et une capacité qui n’existent plus.

 

4         De l’Église et de sa responsabilité. — Ruine et retranchement [selon Rom. 11:22].

4.1        [L’unité du seul corps par un seul Esprit (afin que le monde croie) n’est plus manifestée. La responsabilité des chrétiens ne peut être niée]

Je rappelle ici un principe essentiel, je veux dire, la présence du Saint-Esprit sur la terre. Le Nouveau-Testament parle toujours du Saint-Esprit comme étant sur la terre, ayant été envoyé d’en haut quand Christ est monté, quoique en tant que Dieu il soit nécessairement partout. Il devient donc le centre d’une unité terrestre. Les morts même sont à cet égard, pour ainsi dire, perdus de vue ; leurs corps n’étant pas ressuscités, ils ne peuvent pas avoir part à la manifestation de la gloire de Christ. L’âme heureuse (car elle est avec le Seigneur) étant absente du corps, ne peut pas être l’instrument de cette gloire. C’est ce qui est encore plus manifeste quant au corps. Mais un seul esprit sur la terre est le lien d’unité de tous les fidèles qui s’y trouvent. C’est en eux que la gloire de Christ devrait se manifester, non seulement comme individus, mais surtout comme corps, le seul esprit étant un lien d’unité de tout le corps sur la terre. Aussi je ne crains pas de dire que l’état de choses qui existait dans l’Église primitive n’existe plus. Après tout, cela est généralement admis. L’unité qui devait exister afin que le monde crût n’existe plus. La certitude du salut des élus, le fait qu’il y en a sur la terre, ne touche en rien à cette question. L’intention de Dieu était qu’il y eût une manifestation d’unité sur la terre. Cette manifestation, cet état de choses, n’existent plus. Quant à la vie intérieure, nous sommes d’accord, elle est une ; la destinée de l’Église, en tant qu’elle possède cette vie, est d’hériter la gloire avec Christ. Je ne fais pas consister l’unité du corps en cela, comme M. Rochat le suppose ; elle en est la source intérieure, comme le fait d’être né Vaudois est la source de l’unité vaudoise. Sans m’arrêter à cette distinction, il suffit de dire que la destinée de l’Église, sous ce point de vue, est une. D’un autre côté, l’économie actuelle a une destinée ici-bas, comme l’économie juive en avait une, et sous le point de vue de la responsabilité de l’homme, c’est la pureté et la fidélité de l’Église qui sont la base sur laquelle repose cette destinée. L’Église universelle des élus manifestés sur la terre devait faire luire dans le monde la gloire de Christ, par la puissance du Saint-Esprit, comme une ville située sur une montagne ; elle devait être le sel de la terre, et cela dans son unité, composée de ceux qui croient. C’est ce qui a existé au commencement. Je ne dis pas que si quelques-unes des parties s’en détachent, comme société, l’Église n’existe plus (comme M. Rochat me le fait dire). Je dis que des gens corrompus et prédestinés à cette condamnation se sont glissés dans l’Église ; que le mystère d’iniquité se mettait en train déjà au commencement, et que l’ensemble, le corps de l’Église sur la terre, est dans un état de désorganisation et de corruption. Je dis qu’il a cessé de manifester sur la terre ce à quoi Dieu l’avait appelé. Ce n’est point la faute de Dieu, mais la faute de l’homme. Non, Dieu n’en est pas responsable, quoique ses conseils soient accomplis par ce moyen. S’il y a faute (et il y a faute quelque part, si ce que Dieu avait fait de bon a été gâté et corrompu), il y a responsabilité, quelqu’un est coupable. Nie-t-on que l’ensemble de l’Église sur la terre soit corrompu et désorganisé, et que le témoignage que Dieu avait établi dans l’unité de l’Église des croyants, soit gâté et manque dans le monde ? Si on le nie, je demande : Où est ce témoignage ? Pourquoi Dieu met-il fin à l’économie, si le témoignage qui devait être rendu à sa gloire, subsiste dans sa force ? Mais si, en effet, la corruption et la désorganisation sont dans l’Église, si le témoignage de Dieu au monde subsiste à peine, si le nom de Christ est blasphémé au milieu du monde, par le moyen des chrétiens, de l’Église : nier la responsabilité des hommes, des chrétiens, est, sans contredit, l’antinomianisme [refus d’être sous une loi quelle qu’elle soit] le plus évident.

 

4.2        [Besoin d’être logique dans les arguments opposés]

Avant d’aller plus loin, je relèverai ici en passant un raisonnement de notre frère, M. Rochat, comme échantillon. Il m’avait attribué plusieurs choses qui ne se trouvent pas dans ma brochure, entre autres que le péché de l’Église avait fait cesser l’apostolat. Il se justifie par ce raisonnement. La brochure, dit-il (page 12), lui a semblé établir deux principes : l’un, que sans apôtres il ne pouvait pas y avoir d’Églises sur le pied primitif ; l’autre, que c’était à cause de l’iniquité de l’homme, que les Églises constituées sur le pied primitif avaient cessé. Je fais le même raisonnement dans des circonstances familières. Depuis le départ d’un médecin, on ne peut plus guérir une certaine maladie. Ceux qui en sont atteints la doivent à leurs excès ; donc il est évident que ce sont les excès de ces gens qui ont chassé le médecin… Ayant relevé ce seul exemple de raisonnement, je passe par-dessus tout ce qui ne se rapporte pas à quelque vérité importante pour la conscience de tous.

 

4.3        [L’humilité cherche l’édification de tous. Responsabilité de manifester la gloire de Dieu : elle résulte de la grâce]

Quant à ce qui est de rabaisser les simples frères, Dieu nous garde de le faire ; ce que je désire, c’est que les frères simples ou non simples soient exactement ce que l’Esprit les a faits dans l’Église. L’humilité de cœur et la puissance du Saint-Esprit peuvent seuls nous conduire à ce résultat si précieux et si rempli de paix pour tous et pour chacun en particulier (*). Si tous les frères renonçaient à la recherche d’eux-mêmes, et à toute idée de droit, pour ne chercher que l’édification de tous dans un esprit d’obéissance, toute question semblable tomberait.

 

(*) Dieu s’est proposé deux grands buts à l’égard du chrétien, l’un de le sauver, l’autre de manifester en lui sa gloire. Ces deux buts seront pleinement atteints quand le chrétien sera dans la gloire. En attendant, son salut est certain, car Dieu est vrai. Mais aussi c’est le devoir de celui qui jouit de ce salut, d’être sur la terre le témoin vivant de la gloire de Dieu, par la puissance du Saint Esprit qui demeure en lui. Il en est de même de l’Église : elle est sauvée ; mais c’est son devoir et son privilège de manifester ici-bas la gloire de celui qui l’a sauvée, et qui demeure en elle par le Saint-Esprit. C’est ici que se trouve la responsabilité des sauvés. Le calviniste rigide ne voit que le salut accompli de l’Église, vérité infiniment précieuse, dont les résultats dans la gloire céleste sont immanquables ; mais il ne voit pas l’établissement de l’Église ici-bas, et cela par Dieu lui-même, comme dépositaire de la gloire de Dieu, et sous la responsabilité de l’homme. L’Arminien, au contraire, conclut de cette responsabilité des chrétiens à l’incertitude de leur salut, et affaiblit ainsi les conseils de Dieu, l’efficace éternelle de l’œuvre de Christ, et le sens et la force du sceau de l’Esprit, qui rendrait témoignage à une erreur, si après tout, nous n’étions pas sauvés éternellement.

Il y a une responsabilité qui résulte de la grâce, de la position que la grâce nous fait. Si Dieu m’a adopté pour son enfant, je suis tenu à marcher comme enfant, sans mettre en question si je serai toujours enfant. Ainsi Dieu peut assurer lui-même l’accomplissement de sa gloire dans ses élus, et aussi extérieurement par leur moyen ; ou il peut laisser la manifestation de sa gloire à leur fidélité, comme à ses enfants. Toutes ces suppositions seront réalisées ; la gloire sera pleinement manifestée dans ses élus, quand Christ les aura glorifiés. Alors aussi ils le glorifieront pleinement, comme les anges. Mais en attendant, Dieu a confié sa gloire ici-bas à l’Église, comme il l’avait confiée auparavant aux juifs. On est fidèle à cette responsabilité, par le Saint-Esprit qui demeure en nous et qui agit avec efficace, s’il n’est pas contristé. C’est pourquoi ceci regarde toute l’Église, parce que le Saint-Esprit demeure comme un seul Esprit dans l’Église. Et quoique le mal puisse commencer par un seul individu, d’une seule Église, il s’agit ici de principes qui corrompent la pâte, en général, tel qu’un esprit judaïsant, par exemple. Nous tenons à rappeler ici, que toutes les épitres qui parlent de ruine, de faux principes qui occasionnent le jugement, parlent, non pas d’une Église, mais des chrétiens en général, de l’état de ce qu’on appelle la chrétienté.

 

4.4        [Deux dangers en rapport avec les dons : s’enorgueillir pour les uns, être jaloux pour les autres]

Il y a deux dangers à éviter : l’un, qu’un frère doué de certains dons soit entraîné, à son insu, à tout absorber dans leur exercice, en ne cherchant au fond que le bien de tous ; l’autre, que ceux qui sont peu doués soient jaloux des dons de leurs frères, au lieu d’en profiter, puisque le don que possède quelqu’un n’est pas pour lui-même, mais est la portion de tous. Qui est-ce qui serait jaloux de l’habileté d’un médecin, quand il s’agirait de sa santé et de celle de ses amis ! Du reste il n’y a que la grâce qui puisse lever les difficultés de ce genre. Malheur à celui qui méprise un de ces petits que Jésus aime, ou comme notre frère, M. Rochat, l’exprime, qui méprise le Saint-Esprit en lui. Heureux d’un autre côté celui qui marche avec humilité et qui fortifie, par la prière et par une affection cordiale, les mains de celui que Christ a suscité pour travailler au bien des âmes, selon la charité de ce fidèle Sauveur.

 

4.5        [Ne pas dépasser la mesure de l’action de l’Esprit en cherchant à parvenir à une organisation préconçue]

La crainte de Dieu est ici de la plus haute importance, et si le cœur du fidèle sait toujours aimer les pauvres du troupeau, car Christ les a aimés, la chair ambitieuse de l’homme a autant besoin de ce précepte : Tu n’honoreras point le pauvre en son procès (Exode 23:3), que de celui qui nous défend d’honorer la personne du grand (Lév. 19:15). Celui qui sert Christ seul en toutes choses sera béni et récompensé par Lui, en gloire, au dernier jour. Dieu nous fasse la grâce à tous de ne chercher que sa gloire. Maintenant je désire répondre en peu de mots à cette demande de notre frère, M. Rochat (page 16) : Son Esprit nous manquera-t-il quand nous voudrons chercher une marche conforme à ses intentions ? L’Esprit ne nous manquera pas ; je l’ai déjà exprimé, et d’une manière à faire dire à M. Rochat que je ne parais pas désespérer de voir reparaître des apôtres (page 94, note), bien que je n’en aie jamais parlé. Mais ce que je demande pour moi-même et pour mes frères, c’est que nous ne dépassions pas la mesure de l’action de l’Esprit au milieu de nous, et que pour parvenir à une organisation dont nous nous sommes formé l’idée, nous ne fassions pas des choses dans lesquelles l’Esprit de Dieu n’agirait pas avec nous, et par conséquent où nous agirions par nous-mêmes, c’est-à-dire selon la chair, quand même ce serait imiter ce qui existait autrefois.

 

4.6        [Distinguer la ruine d’avec le jugement de Dieu (retranchement de Rom. 11:22)]

Encore un mot sur la ruine et le retranchement. On ne nie pas qu’il n’y ait un état de décadence dans l’Église, et qu’il ne doive y avoir un jour une apostasie et un retranchement [Rom. 11:22] (M. Rochat, page 21). Il me semble qu’à deux égards notre frère n’a pas compris cette question. Premièrement, un état de chute que l’on ne peut rétablir, n’a aucun rapport avec un retranchement, comme il le suppose ; car l’un est la faute et l’iniquité de l’homme, l’autre est le jugement de Dieu. Dans une Église même est-ce que la chute d’un chrétien ou d’un hypocrite, dont le rétablissement (je ne dis pas la conversion) est impossible, est la même chose que son retranchement ? Le retranchement est un jugement exécuté, la chute, quelque grave et irrémédiable qu’elle soit, est une faute, une mauvaise disposition manifestée. Rien de plus simple, et il en est ainsi dans le passage qui a donné occasion à l’emploi de ce mot (Rom. 11:22). Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; la sévérité sur ceux qui sont tombés, et la bonté envers toi, si tu persévères en sa bonté ; car autrement tu seras aussi coupé ou retranché. Le retranchement est la conséquence de la chute. Si la vigne de la terre ne produit que du verjus au lieu de bons raisins, ce n’est pas là un retranchement, mais la cause du jugement terrible qu’exécutera Celui qui foule la cuve de l’indignation de Dieu (Apoc. 19:15).

 

4.7        [Le levain, ou mystère d’iniquité, gâte l’ensemble de l’Église de sorte que Dieu mettra fin à l’économie]

Notre frère parle d’un état de décadence dans l’Église ou dans l’économie de l’Église. C’était le cas des Églises de l’apocalypse, par exemple, et cela peut bien amener le retranchement de l’Église qui se trouve dans cet état. Mais ici ce n’est pas de cela qu’il s’agit, mais d’un immense système de mal, appelé un mystère d’iniquité ; mystère qui se mettait en train déjà du temps des apôtres, qui s’attachait au christianisme, qui agissait dans son sein, prenait sa forme, et qui est parvenu à s’attribuer à lui seul tout véritable droit chrétien. Ce n’est pas quelque chose de bon qui s’est un peu altéré, ou bien quelques branches ouvertement incrédules qui sont retranchées. C’est un mystère d’iniquité qui gâte l’ensemble ; c’est un levain, qui a fait monter toute la pâte, de telle sorte que l’apôtre pouvait dire : les hommes seront tels et tels, etc. (2 Tim. 3:5), ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la force. C’est un mal qui finira par une révolte générale et la manifestation du méchant quand l’empêchement sera ôté ; qui, lorsque l’Église sera ressuscitée ou transmuée et enlevée, sera suivi du jugement universel de tous les vivants, c’est-à-dire de tout le monde habitable, de sorte que Dieu aura mis fin à l’économie dans ses principes et dans sa forme. C’est un état qui fait dire au Seigneur qu’au jour de la révélation du Fils de l’homme il en sera comme dans les jours de Noé et de Lot (Luc 17:26-30) ; et dans un autre endroit : Trouvera-t-il de la foi sur la terre quand il viendra (Luc 18:8) ?

 

4.8        [Un mal sous forme de christianisme s’oppose à ce que Dieu soit glorifié. Il mûrit jusqu’à la révolte publique et un jugement embrasant toute la terre habitable. Réveil au préalable]

Notre frère parle comme si l’apostasie ou la révolte était une chose à venir, tout à fait détachée et n’atteignant que quelques branches qui seront retranchées, tandis que ce n’est que la mise à découvert d’un mal immense, d’une œuvre de Satan machinée sous le voile du christianisme, qui commençait déjà du temps des apôtres et qui était alors assez mûr pour que l’on put dire : ce sont les derniers temps.

Ce n’était pas l’état d’une Église, mais un mal qui influait sur le résultat de l’introduction du christianisme dans le monde, de sorte que Dieu n’y fût plus glorifié par ce moyen, mais que le jugement commençât par sa maison, jugement qui doit embraser toutes les parties du monde habitable. L’apostasie n’est pas un fait isolé, à venir, mais la révélation d’un état de choses dont tous les éléments sont mûrs avant qu’il soit manifesté ; qui mûrit sous la forme du christianisme, ayant emprunté ses ordonnances, lui ayant donné des formes, qui, substituées à la vie, retiennent captifs ceux mêmes qui la possèdent, et empêchent la manifestation de la vérité et de la gloire de Christ, jusqu’au moment où, tout étant miné et Dieu lui-même ôtant ce qui retient, la révolte publique, éclatera et appellera ainsi le jugement de Dieu. J’ajouterai ici que je ne doute pas qu’il n’y ait une manifestation bénie des élus avant la catastrophe du monde. Dieu les retirera d’entre les mondains, afin qu’ils ne soient pas jugés avec le monde. Il en fut ainsi à Jérusalem avant le jugement de cette ville, de sorte que j’attends de l’Évangile une œuvre très-réjouissante pour le cœur du croyant.

 

5         De l’admission des croyants dans l’Église. — Responsabilité. — Églises primitives. — Réception dans les Églises locales. — Du passage Actes 2:47

5.1        [L’admission des croyants se fait dans l’Église, non pas dans des églises particulières. Au commencement les membres étaient reconnus par le baptême]

Notre frère dit dans son chapitre sur l’unité de l’Église (page 27) : Le privilège et le devoir de celui qui est manifesté membre du corps de Christ, est, dit-il, de se joindre à l’Église que le Seigneur s’est rassemblée dans la localité qu’il habite. Notre frère oublie que les choses allaient tout autrement dans l’Église primitive. Un homme amené à la foi de Christ était baptisé (*) et ainsi manifesté extérieurement ; mais il n’était pas baptisé comme membre d’une Église, mais comme membre de l’Église ; il était introduit dans l’assemblée de Christ. Il pouvait arriver qu’il fût dans un endroit isolé où il n’y eut point de chrétiens, comme ce fut le cas de l’eunuque de la cour de Candace ; mais cela ne changeait rien du tout à son admission. La réception d’un chrétien n’était pas une réception dans une Église particulière. Il n’y avait qu’un baptême pour le corps de Christ, signe d’admission dans l’assemblée universelle sur la terre, mais non pas nécessairement dans celle du ciel. Qu’on y fasse attention ; le baptême, cet acte extérieur qui ne répondait pas universellement et nécessairement à l’unité intérieure (témoin, Simon le magicien) (Voir aussi 1 Cor. 10:13), était le signe d’une unité extérieure, sociétaire, par lequel tous étaient d’un seul corps ici-bas, sans cependant que ce fût le corps de Christ envisagé comme l’assemblée des élus pour la vie éternelle. Je ne parle pas maintenant de l’état de ce corps extérieur dans ce temps-là, ni des sauvegardes qu’il y avait de sa pureté dans les circonstances du christianisme, dans la puissance évidente du Saint-Esprit, dans la force de la charité et de la discipline qui s’y exerçait. Je parle seulement du fait qu’il y avait une société sur la terre, dont les membres étaient admis par une certaine forme, au moyen de laquelle tous étaient censés, et étaient de fait membres de la société, jusqu’à ce qu’ils en fussent exclus pour quelque violation de ses règles. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

5.2        [L’Église du commencement comme société, comme corps sur la terre, n’existe plus moralement comme représentant de la gloire de Dieu sur la terre. Quant à sa responsabilité, ce corps existe encore. La responsabilité dépend de la position]

Si l’on me dit que cette société est corrompue et ne répond plus à l’intention de Dieu dans son établissement, qu’elle est, au contraire, le siège de tout ce qui fait la guerre à la vérité et à l’intégrité de cœur, ou qu’ayant oublié sa discipline primitive, elle a laissé entrer dans son sanctuaire ceux qui méprisaient tout ce qui lui était sacré ; soit, je le crois, mais on ne peut pas nier l’existence d’une telle société au commencement du christianisme, dont les membres étaient reconnus par le baptême. Cette société avait des dons, des ordonnances et un gouvernement, soit local, soit général ; cette société était alors l’Église, vu que les élus étaient manifestés là dans l’unité. L’Église avait un seul baptême, comme un seul esprit, et ce n’était cependant, ni une Église particulière, ni l’unité intérieure de la vie chrétienne qui se formait par ces moyens. Ou cette société a cessé d’exister (et ce qui existe maintenant ne mérite pas d’être considéré comme telle), ou elle existe encore dans son unité sociétaire, sous toutes les graves responsabilités auxquelles elle manque complètement, mûrissant comme société pour les plus sévères jugements de Dieu. Ces deux choses peuvent se dire ; mais elles démontrent la vérité de la position que je maintiens. Moralement, comme le représentant de la gloire de Dieu sur la terre, ce corps n’existe plus ; il est le siège de la puissance de l’ennemi plus que de la puissance de Dieu. Quant à sa responsabilité, il existe encore. Le serviteur qui, au lieu de faire son service, bat ses compagnons de service et boit et mange avec les ivrognes, est jugé comme serviteur. La responsabilité ne dépend pas de l’accomplissement du service, mais de la position qui demande cet accomplissement.

 

(*) Je parle sans faire aucune allusion aux questions et aux disputes des baptistes et des pœdobaptistes.

 

Que ceux qui, par la volonté de Dieu, liront ces pages, fassent attention à la cause de l’iniquité de ce méchant serviteur. Il disait en son cœur : « Mon maître tarde à venir ! » (Matth. 24:48).

 

5.3        [État actuel de l’Église par rapport à l’Église primitive]

Enfin l’Église société, identique à peu de chose près (et quant à la manifestation de la gloire de Dieu sur la terre, parfaitement identique) avec l’Église dans son unité intérieure, existait au commencement. Où est-elle maintenant ? C’est la réponse intelligente à cette question qui seule donne la solution des difficultés que présentent le puseyisme, le nationalisme et la controverse sur la dissidence.

 

5.3.1        [Ruine de la manifestation de la gloire de Dieu par l’Église ici-bas. Notre culpabilité quant à cet état. Jugement inéluctable de ce mal par Christ. Consolation pour le fidèle obéissant dans une jouissance d’une communion plus spéciale]

Le ministère et le baptême, ces deux liens entre l’extérieur de cette société et l’intérieur, sont devenus nécessairement les pivots de ces questions, et les occasions de la corruption de la société ; d’une prétention exagérée du côté qui veut que l’extérieur seul soit l’Église, et de tant de difficultés de l’autre, pour ceux qui ne veulent reconnaître pour l’Église que la société intérieure ; difficultés auxquelles ils ne pourront se soustraire jusqu’à ce qu’ils admettent la ruine dans laquelle nous nous trouvons, non pas pour l’éternité, parce qu’à cet égard la fidélité de Dieu intervient, mais quant à la manifestation de l’Église pour la gloire de Dieu ici-bas. Ces difficultés ne tomberont pour eux que lorsqu’ils admettront cette ruine ; car, le Saint-Esprit n’agissant pas actuellement dans cette puissance qui faisait de l’extérieur l’expression de l’intérieur, la séparation de ces deux choses a laissé une lacune que rien ne peut remplir pour ce monde, et qui nous place dans un état de choses où nous nous trouvons coupables d’avoir manqué à la manifestation de la gloire de Dieu sur la terre. C’est là une conviction pénible, sans doute, et humiliante pour nous, mais dans laquelle nous avons premièrement cette consolation, que Dieu dans sa grâce ne peut jamais manquer, et que nous aurons certainement la gloire céleste ; secondement, que Dieu dirige les espérances de ceux qui sont fidèles, au milieu même de l’infidélité, vers ce qui dans ses conseils est le résultat de cette ruine, vers la glorieuse apparition de Christ, qui nous prendra à Lui, afin que nous paraissions avec Lui en gloire, quand il paraîtra pour juger tout ce mal. Enfin il y a une consolation qui s’attache à la fidélité dans l’épreuve, et le résultat de l’obéissance est toujours la jouissance d’une communion plus spéciale avec Dieu, surtout quand cette obéissance s’accomplit au milieu d’un éloignement et d’un mépris général de Dieu, au milieu de la révolte morale de ceux qui portent le nom de Dieu, qui veulent le porter et s’arroger à eux seuls, et peut-être plus que jamais, les privilèges qui n’appartiennent qu’au chrétien. Je dis plus que jamais, car c’est un fait que, plus on est éloigné de Dieu, plus ceux qui tiennent à l’ordre extérieur se vantent de leurs privilèges, et cela comme s’ils étaient les seuls qui fussent favorisés de Dieu, afin que la gloire et l’importance de ces privilèges leur soient attribués. Le temple de l’Éternel ! le temple de l’Éternel ! [Jér. 7:4] ne sort pas de la bouche de celui qui aime l’Éternel, qui y habite. Élie, en rendant témoignage au milieu d’Israël à la gloire de Celui dont Israël s’était éloigné, jouissait d’une intimité avec Dieu, très-rare même parmi les prophètes. Moïse, ayant dressé un pavillon hors du camp, s’entretenait avec Dieu face à face, comme un homme avec son intime ami [Ex. 33-34].

 

5.3.2        [Prétentions de ceux qui s’attachent aux formes religieuses extérieures. Quant au gouvernement de ce monde, Dieu fait porter la culpabilité sur la génération qui a comblé l’iniquité de ses pères. Le fidèle porte le poids de ce péché sur son cœur]

Du reste, si les prétentions de ceux qui s’attachent aux formes extérieures, prévalent, comme je ne doute pas que cela n’arrive, au moins pour un temps, et cela sous la forme la plus mauvaise, souvenons-nous que ce qui est intérieur est éternel. La justice éternelle, dans la personne de Christ, baissant la tête pour un moment, devant la présomption des ordonnances de la justice qui, séparées de Lui, s’élevaient contre Lui, se leva cependant plus glorieuse, plus sanctionnée que jamais, dans la résurrection et à la droite de la Majesté dans les lieux très-hauts. L’acte qui avait foulé aux pieds cette justice, ne fit qu’attirer le jugement et la ruine sur la présomption qui, s’étant revêtue du beau nom de ses ordonnances, avait su tromper le monde par leur apparence. L’esprit de prophétie dit avec Ésaïe : Certes, tu as rejeté ton peuple (És. 2:6) quoi que Dieu n’eût encore exécuté aucun jugement. Je sais que l’on ne veut pas que l’homme soit responsable d’un mal qui a existé avant qu’il fût né ; il est vrai que quant au jugement final de l’individu, chacun portera son propre fardeau ; mais le gouvernement de Dieu dans le monde ne marche pas ainsi. Comme enfants du premier Adam nous sommes tous sous l’effet de son péché. Le sang juste qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, qui fut tué entre le temple et l’autel, a été redemandé à la génération qui a comblé l’iniquité de ses pères (Matth. 23:35). Le sang des prophètes, et des Saints, et de tous ceux qui ont été mis à mort sur la terre, a été trouvé en Babylone (Apoc. 18:24). Sous le rapport de la charité et comme famille de Christ, nous sommes tous nécessairement identifiés avec le malheur de ceux qui sont de Christ, et avec sa gloire, qui est jetée par terre. Je ne crois pas qu’un chrétien soit dans le cas de reprendre son frère comme il doit le faire et de lui signaler son péché, s’il n’a pas porté sur son cœur tout le poids de ce péché. Je ne parle pas ici d’expiation ; cela est évident. C’est ainsi que Christ reprend. Son amour sent tout le mal dont ses frères sont coupables, comme si c’était le sien propre, et c’est là ce qui donne tant d’énergie à son intercession. C’est dans ce sens que (selon l’esprit de charité) on ne supporte pas le mal qui est dans son frère ; et c’est ainsi que je désire parler du péché de l’Église, car hélas ! l’honneur de Christ est perdu, la beauté de ce qu’il aime et qui était sa gloire est passée ; le bonheur des siens est affaibli et presque détruit.

 

5.4        [Le droit d’être reçu dans une Église locale provient de l’admission dans l’Église universelle]

Il me reste maintenant à faire quelques remarques de détails. Quand l’Église d’une localité quelconque était appelée Église de Dieu, il n’y a rien de plus simple. Le mot Église signifiant assemblée, il est clair que les chrétiens réunis d’un certain lieu étaient bien l’assemblée de cet endroit, mais ce n’était pas seulement l’assemblée qui reconnaissait Dieu, mais celle que Dieu reconnaissait et qui jouissait exclusivement des privilèges qu’il pouvait lui accorder comme étant son assemblée. De même, à cette époque, l’assemblée d’une ville était celle que les lois de la ville ou la volonté de l’empereur reconnaissait, et qui jouissait à elle seule des privilèges appartenant à une telle assemblée. Il ne pouvait pas y en avoir deux.

Le mot εκκλησια, c’est-à-dire Église, s’appliquait, dans son sens primitif, à l’assemblée constitutionnelle de ceux qui avaient droit de bourgeoisie dans une ville. C’est dans ce sens qu’il est employé dans les Actes, pour le cas de Démétrius [Actes 19]. La question est de savoir, si, pour nous, le droit de bourgeoisie provient d’une admission dans l’Église d’une ville, comme dans les cas municipaux, ou bien de notre admission dans l’Église universelle ? Ce droit de chaque chrétien, les bourgeois célestes de tel ou tel lieu ne peuvent pas le contester à leurs frères, à moins que, par une mauvaise conduite, ils aient mérité d’en être privés. S’ils le contestent, ils contestent le fondement et la base de leurs propres droits, car ils n’en ont pas d’autres que ceux qu’ils nient d’être suffisants pour leurs frères. Ils sont en révolte contre les droits de Celui qui, avec la même autorité, a accordé ce privilège à eux et à ceux qu’ils rejettent, et ils agissent comme les juifs, qui faisaient difficultés d’admettre les gentils, quoiqu’ils tinssent eux-mêmes leurs droits de Celui qui en accordait de semblables aux Gentils. Il paraît que notre frère, M. Rochat, ne conteste pas maintenant ce principe ; quant à moi, je désire seulement que cela soit bien constaté, que ce principe soit mis clairement au jour, et que l’on comprenne que toute assemblée qui prétend décider une telle question, renie l’origine et la source de tous ses propres droits. Si le droit de bourgeois du ciel, que Dieu a octroyé à tout chrétien, ne suffit pas pour être reçu par les frères d’une certaine localité, il ne suffit pas pour eux-mêmes ; et s’il ne suffit pas pour eux-mêmes, ils ne peuvent agir ni comme assemblée, ni comme chrétiens.

 

5.5        [Actes 2:47. Pour sauver le résidu destiné à échapper au jugement de la nation qui avait rejeté le Sauveur, Dieu les ajoutait à l’Église ; mais non pas à une église particulière]

Je désire faire une remarque sur ce qui est dit dans les Actes (ch. 2, v. 47). « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l’Église ceux qui devaient être sauvés ». Ici le mot Église ne peut pas être pris pour une Église particulière. Premièrement, si cela est le vrai sens, il est clair qu’il n’y a plus maintenant d’Église, car Dieu n’agit plus ainsi. Si l’on examine attentivement ce passage, on verra que le mot qui a tourmenté les traducteurs, qui ont mis « sauvés », « pour être sauvés », ou « qui se sauvaient », est le mot, je peux dire technique, employé pour le résidu des juifs, qui échappait au jugement de Dieu. C’est ainsi que les disciples demandaient si les σωζμενοι, ceux qui devaient être sauvés, étaient nombreux. Voici ce qui nous est dit dans ce passage. La manière dont Dieu s’y prenait, dans sa bonté, pour sauver ce résidu qu’il avait destiné à échapper au jugement de la nation qui avait rejeté le Sauveur, était de les ajouter à l’Église. Mais il ne s’agit pas ici d’une église particulière, car il n’y avait alors qu’une assemblée de Dieu connue, l’Église qui s’assemblait à Jérusalem, mais qui était l’Église dans tous les sens possibles. Ainsi St-Paul parle de l’Église en général. Gal. 1:13, Ph. 3:6.

 

6         Des dons placés dans l’Église

6.1        [Les dons sont pour tout le corps de Christ, pour toute l’Église, même s’ils s’exercent ordinairement dans les assemblées locales]

On a voulu affaiblir la preuve de l’existence d’une Église universelle sur la terre, dont l’unité intérieure était manifestée, entretenue et développée par des charges, en démontrant que les dons se trouvaient dans les églises. J’ai dit, comme cela est évident, que les dons devaient s’exercer ordinairement dans les assemblées, et que, s’il y avait des prophètes demeurant dans une ville, on pouvait dire naturellement : il y a des prophètes dans l’Église de cette ville. Mais quand j’ai dit que les dons étaient placés dans l’Église, non dans les églises, je n’ai fait que citer la révélation expresse de Dieu (1 Cor. 12:28). « Il a mis dans l’Église, premièrement des apôtres, etc. » Ce qui n’est jamais dit d’une église particulière, et ne peut s’y appliquer. M. Rochat admet maintenant dans sa brochure que, quand il est dit : Dieu a donné les uns pour être apôtres, cela s’applique à l’Église dans le sens de l’ensemble des élus manifestés sur la terre à une certaine époque. C’est précisément ce que je dis. Il y avait un ensemble d’élus sur la terre qui avait une unité et des jointures de fournissement, et qui formait ainsi un corps, une société, un ensemble dont l’unité était reconnue. M. Rochat reconnaît que cela est vrai, pour trois des dons mentionnés dans la Parole. Je crois que cela est applicable à tous, en tant que dons ; car ceux qui possédaient certains dons, ou d’autres qualifications, étaient par-là rendus capables de remplir des charges qui pouvaient être plus ou moins circonscrites dans leur exercice, et que M. Rochat confond avec les dons. Mais du moins, selon lui, il y en avait trois (page 26) qui n’étaient pas mis dans les églises, mais dans l’Église ; donc il y avait un corps unique, une Église ; ce qui est tellement vrai, que si l’on réunissait toutes les églises, on aurait encore manqué l’ensemble de l’Église, car il est évident que Paul, Timothée, Tite, Sylvain, et bien d’autres, n’étaient pas d’une église particulière.

Ils marchaient avec l’église, s’il y en avait une dans l’endroit où ils se trouvaient, mais ils agissaient dans l’exercice de leurs dons, en dehors des églises, ou en plusieurs églises à la fois. Tite, quand il était en Crète pour établir des anciens dans chaque église, n’agissait pas comme membre d’une église locale ; à plus forte raison en était-il de même des apôtres et des prophètes. Ainsi, l’action la plus puissante, la plus marquante, celle qui venait le plus directement de Christ, était en dehors des églises, quoiqu’elle les reconnût, comme je reconnais pleinement qu’elles existaient dans ces temps-là. Ces choses étaient dans l’Église de Dieu, sur la terre, des jointures de fournissement qui agissaient dans le corps, dans l’ensemble, dont l’unité était ainsi constatée et en partie maintenue.

 

6.2        [Certaines réunions organisées s’arrogent à tort le titre d’Église de Dieu. L’union vient du seul Esprit qui attire les uns vers les autres ceux qui ont des privilèges communs]

J’ajouterai plus loin quelques mots sur les charges et sur les dons ; je n’en parle ici que pour prouver l’existence d’une Église de Dieu, comme corps, sur la terre. Quand notre frère prétend (page 42) que quelques enfants de Dieu ont une espèce d’antipathie pour les églises du Seigneur, il se trompe. Il est des chrétiens qui n’aiment pas qu’on applique ce titre mal à propos, parce qu’ils attachent trop d’importance à l’idée d’une Église du Seigneur, et à l’état où se trouvait l’Église de Dieu, quand les églises étaient reconnues de Lui. Ils ne veulent pas déprimer la force de ce terme, en l’appliquant à des réunions qui veulent se l’accaparer sans en avoir un droit bien fondé ; et par là, rabaisser aux yeux du monde un titre précieux, et détruire la véritable idée de l’Église et des églises chez ceux qui s’approprient ce titre. Aussi le mauvais usage qu’ont fait de ce mot ceux qui se l’appliquent à eux seuls, a éloigné des églises un grand nombre de personnes.

C’est dans les contrées où les chrétiens ont prétendu être l’Église, que les enfants de Dieu les plus sincères en ont eu le plus de frayeur. Il ne suit pas, de ce que le Seigneur envoyait des messages aux églises primitives, que toutes les assemblées qui, de nos jours, s’arrogent ce titre, parce qu’elles se sont organisées de telle ou telle manière, doivent être reconnues quand tout est en ruine. Sans aucun doute, la réunion des enfants de Dieu dans chaque localité est une chose infiniment précieuse et agréable au Seigneur ; mais ce n’est pas parce qu’ils s’appellent l’Église que cette union lui est agréable, mais parce que, selon la volonté de Christ, ils sont unis, et unis parce qu’il n’y a qu’un seul Esprit qui est en eux tous, et qui les attire les uns vers les autres par les étreintes de son amour. Au reste, le mot église signifie une assemblée ; c’est l’assemblée de ceux qui ont des privilèges communs, et il est important qu’on le sache, afin qu’on n’en exclue pas ceux qui possèdent ces privilèges de la part de Dieu.

 

7         Nomination des anciens

7.1        [Actes 14:23 ne dit pas que les assemblées participent au choix des Anciens]

J’ai des raisons de croire que l’auteur n’insisterait plus maintenant sur Actes 14:23. Dans tous les cas, puisque c’est un passage important, et le seul qui, en apparence, fasse participer les assemblées au choix des anciens, j’en dirai encore un mot. M. Rochat aimerait mieux retrancher le mot « assemblée » dans ce passage, parce qu’il n’est pas dans le grec. Mais souvenons-nous que la participation de l’assemblée est le point en question.

Notre frère nous dit que Wahl traduit non-seulement par « je choisis » mais par « je choisis par voie de suffrages ». Il a cité Wahl à faux, précisément dans ce qui est en question. Je suis pleinement persuadé que c’est par préoccupation, comme cela pourrait arriver à tous ; mais il est important de savoir que Wahl dit : « Je choisis par voie de suffrage » sans s à la fin. La raison en est toute simple, et la différence immense. Le suffrage est toujours le suffrage de la personne qui choisit, de sorte que l’on ne pourrait pas traduire : je choisis par voie de suffrages, avec un s, puisque ce serait choisir par d’autres suffrages que par le sien propre ; tandis que si je dis : je choisis par voie de suffrage, au singulier, c’est mon acte que j’ai en vue, c’est de moi qu’il s’agit. C’est toujours le suffrage de celui qui est le sujet du verbe choisir qui est en question. Le mot traduit par « choisirent » veut dire : étendre la main, et ceux qui choisissaient, étendaient leurs mains, et non pas celles des autres. Si l’on veut s’arrêter à l’étymologie, quoique le verbe ait perdu son sens étymologique, comme tant d’autres, le seul sens que l’on puisse lui donner, est : Les apôtres choisirent en étendant leurs mains.

Il ne s’agit pas de savoir si le mot retient le sens de suffrage, quoique dans son emploi général il l’ait perdu : mais en admettant le sens de choisir par voie de suffrage, il faut savoir par le suffrage de qui ? Alors je réponds, de celui qui choisit et de lui seul. Dans le cas de 2 Cor. 8:19, c’est parfaitement la même chose. Les Églises choisirent, mais alors, les Églises ont la même relation avec le verbe, que Paul et Barnabas dans Act. 14:23. Les Églises, comme Paul et Barnabas, ne choisirent pas par les suffrages d’autres personnes, mais par leurs propres suffrages. Ce passage des Cor. confirme entièrement cette interprétation, qui, du reste, est la seule raisonnable ou possible. Je n’ôte pas l’idée des mains levées, mais je dis que les mains levées, s’il y en avait, selon la force du mot, étaient les mains des apôtres. Du reste, je ne crois pas que M. Rochat le contesterait maintenant.

M. Rochat sait aussi bien que moi que l’emploi du participe au lieu du prétérit ne fait aucune différence. Ainsi, la seule fois qu’il est question du choix des anciens, la Parole nous montre que l’Église ne choisit pas elle-même, mais que ce sont les apôtres qui choisissent pour l’Église. Les seules épîtres où il est question des qualifications d’anciens et de diacres, sont adressées, non aux Églises, mais à des personnes qui représentaient spécialement les apôtres. Ces deux circonstances sont plus qu’extraordinaires, si la règle de la parole était que les Églises dussent choisir leurs anciens. Ajoutez que Tite avait été envoyé à une grande distance pour les établir comme l’apôtre le lui avait commandé, à lui, et non aux Églises qui existaient dans ces localités (*). [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

(*) Si M. Rochat veut voir des exemples et des raisonnements, sur ce point, il peut consulter Poli Synopsis sur ce passage.

 

7.2        [Il faut distinguer les anciens d’avec les pasteurs]

M. Rochat dit que je fais une distinction inconnue de tout le monde, entre les anciens et les pasteurs. Tout ce que je peux répondre à cela, c’est qu’il est étonnant que des hommes graves et instruits puissent rester tellement renfermés dans leurs propres idées. La plus belle moitié presque de l’Église réformée a fait cette distinction. Tous les Presbytériens la font, et notre frère n’a qu’à faire une petite course dans le canton de Neuchâtel, et il trouvera dans chaque paroisse M. l’ancien un tel, qui n’est pas du tout le pasteur (*). Farel, Knox, les réformateurs de la France, etc., n’étaient pas des hommes à mépriser dans leur génération. En passant, est-ce que ma mémoire me trompe, quand je dis que Farel n’avait jamais été consacré ? Il est certain qu’à Genève un pauvre artisan a commencé à distribuer la cène et a été banni pour cela. La foi vaut bien des consécrations d’hommes. Au reste, je ne cite pas ces faits pour m’en autoriser, mais seulement pour répondre à notre frère, qui dit (page 51) qu’il avait cru jusqu’à présent que tout le monde était d’accord à penser que ces deux charges étaient les mêmes. Pour moi, il me suffit de la Bible. M. Rochat n’a rapporté qu’une partie des passages de l’Exode et du Deutéronome. Quoiqu’ils ne soient pas très-importants pour le sujet, je dirai que dans l’Exode 18 c’est Jethro qui propose la chose à Moïse, et que c’est Moïse qui choisit. D’après ce qui est dit en Deutéronome 1:13, Moïse la propose au peuple, disant : Prenez-vous ? Le peuple dit : « Ce que vous dites est bon ». Alors dit Moïse : Je pris des chefs de vos tribus, des hommes sages et connus, et je les établis chefs sur vous, etc.

 

(*) Voir aussi la Confession de foi de l’Église réformée de France, art. 29, etc. ; Confession de foi des Églises de la Suisse, ch. 8.

 

7.3        [Les possesseurs de dons sont serviteurs de Jésus dans des choses spirituelles, les diacres serviteurs de l’Église dans des choses temporelles. Être diacre ou ancien est une charge, non pas un don de Christ]

Notre frère est aussi très-étonné que je dise : Pour le service des tables, le choix fut accordé à l’Église, parce que l’Église fournissait les tables, comme aussi le choix était réservé à Dieu, lorsque Dieu fournissait le don. Il demande si Dieu ne fournissait pas les dons de diacre ? Tout est confondu ici, parce que notre frère n’a pas saisi l’emploi du mot don. Toutes les choses que nous possédons sont des dons de Dieu, sans doute ; mais dans la Parole l’emploi de ce mot est spécialement affecté à certains dons qui résultent de la gloire de Christ, fils de l’homme. « Il a reçu des dons, pour les hommes ». Il a donné premièrement des apôtres etc. « Il y a diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit ». « Désirez avec ardeur des dons plus excellents », etc. Or le diaconat n’était pas un de ces dons, mais une charge, qui regardait les soins temporels. On était le diacre ou le serviteur de l’Église. Certaines qualités étaient nécessaires pour être diacre, mais cette charge n’était nullement un des dons mentionnés dans la liste qui nous en est laissée (Éph. 4, et 1 Cor. 12). On pouvait bien avoir un don spécial de service, dans un sens plus général, sans être officiellement diacre, mais les choses confiées aux diacres étaient temporelles, et elles étaient confiées par les frères. Quant à ceux qui possédaient des dons, les choses qui leur étaient confiées, étaient spirituelles, elles venaient directement de Dieu, et ils étaient immédiatement responsables envers le Seigneur dans leur service. Ils étaient serviteurs ou diacres de Jésus, dans des choses spirituelles, et non serviteurs de l’Église dans des choses temporelles. Mais ici perce toute la pensée de notre frère. « L’Église », dit-il (page 55), « aurait dû nommer des anciens, non seulement parce qu’elle les payait, mais encore parce qu’elle leur confiait quelque chose de bien plus précieux que son argent, savoir, les âmes des fidèles qui la composaient ». Je demande seulement où se trouve une pareille idée dans la Parole, que l’Église confie aux anciens les âmes qui la composent ! ! ! Quant à la phrase qui étonne notre frère, je la maintiens dans toute sa force, et je vois une grande perfection dans les voies de l’Esprit de Dieu à cet égard. Pour ce qui touche à la différence qui existe entre l’ancien et le pasteur, je dis que le pastorat était un don du Saint-Esprit (Éph. 4), tandis que la charge d’ancien n’en était pas un. Cette charge fut établie par des hommes dans l’Église, selon Dieu, sans doute, mais c’était une institution de gouvernement, et non pas un don d’en haut, quoique certains dons et certaines qualités fussent nécessaires à celui qui était nommé ancien. J’ai dit que le don de paître le troupeau de Dieu, d’une manière ou d’une autre, lui était nécessaire ou convenable, parce qu’il parait par l’épître à Timothée, que les anciens qui travaillaient à la prédication et à l’instruction sont distingués des autres anciens. St-Pierre parle des anciens d’une manière très-vague en s’appelant ancien lui-même, et en les mettant en contraste avec tous les jeunes gens, de sorte que l’on aurait de la peine à supposer un choix. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

7.4        [Résolutions en commun possibles si on est dirigés de Dieu. Mais la Parole ne parle pas de décision à la majorité]

Qu’en certaines occasions les disciples prissent des résolutions en commun, je l’admets. Dans le cas des disputes sur la circoncision, que l’apôtre Paul n’a pas pu terminer, les frères d’Antioche tombèrent d’accord d’en référer à la décision des apôtres et des anciens à Jérusalem. Si notre frère, M. Rochat, veut citer cela comme un exemple d’une décision d’Église, il en a toute la liberté. Pour ma part, je vois l’incapacité où se trouva l’Église de décider quelque chose là-dessus ; on renvoya d’un commun accord cette question à une autorité supérieure. Sauf la réponse de la part des apôtres et des anciens avec l’Église, à la question qui leur était ainsi proposée, tous les autres cas, en excluant ce qui fut fait avant la descente du Saint-Esprit, ne se rapportent qu’aux diacres ou à des secours pécuniaires. Que les frères prennent des résolutions en commun, dans des circonstances qui surgissent, je n’ai rien au monde à redire, pourvu qu’ils soient dirigés de Dieu ; mais je répète que je ne vois rien dans la Parole qui ressemble à la décision d’une majorité. Il est évident que si l’Église est dans un mauvais état, la majorité décidera probablement mal, et rien ne peut démontrer que le Saint-Esprit soit avec la majorité. C’est un moyen purement humain de déterminer une affaire. Dans des choses d’arrangement on peut bien consulter ce qui convient au plus grand nombre ; mais pour des choses morales le nombre n’importe en rien.

Notre frère revient (page 59) sur le sujet des dons. Il demande si les dons de la charge d’ancien ne venaient pas directement de Dieu ? Quand il est question du don de gouverner sa propre maison et ses enfants (1 Tim. 3:4-5), il s’agit de tout autre chose que des dons dans le sens scripturaire du terme.

 

7.5        [Portée de 1 Tim. 3:15: pas de reconnaissance d’ancien ou diacre par un ‘vote régulier’]

Mr. Rochat (page 60) insiste sur la réponse qu’il a donnée dans sa première brochure, au fait remarquable que toutes les directions quant aux anciens sont données à Tite et à Timothée, et jamais aux Églises. Il fait remarquer que St-Paul dit à Timothée (1 Tim.3:15) : Je t’écris ces choses, afin que tu saches comment il faut se conduire, et non pas te conduire. Je présente un cas semblable. Mon fils est élu conseiller d’état, et je lui écris pour lui expliquer comment il faut se conduire dans les affaires de l’état. Cela démontre, selon la manière de raisonner de M. Rochat, que tous les citoyens peuvent, dans tous les temps, exercer les fonctions de conseiller d’état, parce que j’ai dit à mon fils comment il faut se conduire. J’avoue que je ne vois pas où est la force de ce raisonnement-là. L’auteur ajoute à sa pensée, qui est aussi la mienne, qu’on ne doit pas devancer les dons de Dieu. « Quand Dieu, dit-il (page 61), aura envoyé des Anciens et des diacres, je ne veux pas qu’on les reconnaisse tacitement, mais qu’on les établisse en les reconnaissant par un vote régulier de l’Église ». Mais, premièrement, dans le cas de l’établissement des anciens et des diacres, on suppose que tout est en ordre, ce qui reste toujours à démontrer ; et quand on supposerait que tout est en ordre dans l’Église, il resterait encore à prouver qu’elle a le droit d’établir des anciens, par un vote régulier, comme le dit M. Rochat ; c’est ce qui n’a pas été fait, mais bien le contraire. Il reste toujours vrai que ce qui nous est présenté dans la Parole, c’est le choix des anciens par les apôtres ; l’établissement par les délégués de Paul ; des directions à ces mêmes délégués, et un silence absolu sur ce sujet dans tout ce qui est écrit directement aux Églises. [pas de saut de paragraphe dans l’original]

 

7.6        [Danger extrême du principe selon lequel l’homme est libre quand la Parole ne dit rien]

Je signale ici un principe, qui se trouve exprimé deux fois dans la brochure de M. Rochat, à peu de différence près : Là, où la Parole n’a rien fixé, l’homme est libre. L’essentiel est d’en suivre l’esprit (page 66). Il n’y a pas de principe plus dangereux que celui-là. En le suivant, on pourrait introduire dans une assemblée toutes sortes d’innovations, et les imposer aux frères par le vote d’une majorité. Il est vrai que le Saint-Esprit nous conduit selon l’esprit de la Parole, là où souvent nous ne trouvons pas de prime abord de texte positif ; car l’Esprit n’a pas abandonné l’Église. Mais, dire dans ce cas, que l’homme est libre, c’est un principe affreux. C’est là surtout ce que je crains dans le système dissident. L’homme, la chair, ses droits, sont mis constamment à la place du Saint Esprit.

 

7.7        [Détails divers : silence des femmes, discipline liée à la présence du Seigneur, nécessité du baptême, pas d’imposition des mains pour avoir droit d’exercer un ministère]

Quant à l’article de la ruine de l’économie, j’y ai répondu, en traitant celui de l’unité de l’Église. Voici ce que j’ai à dire sur les femmes (page 86). Toutes les fois que les frères se réunissent pour être une assemblée devant Dieu, les femmes doivent se taire ; c’est une ordonnance morale de la Parole. La discipline ne tient pas à l’organisation, mais à la présence de Jésus, là où deux ou trois sont assemblés en son nom. Le Saint-Esprit exerce nécessairement cette discipline partout où il agit, car il est saint, et il gouverne dans l’Église. La réponse de l’auteur sur le refus que ferait quelqu’un de se joindre aux disciples, n’en est pas une. L’Église n’était pas encore manifestée au temps de Joseph d’Arimathée (page 90). Pour être de l’assemblée, il fallait avoir été baptisé, et l’on ne pouvait pas reconnaître pour chrétien celui qui ne l’avait pas été. Quant à celui qui l’était, il se joignait par-là publiquement aux chrétiens. Relativement à l’imposition des mains, si elle n’est donnée que pour recommander à la grâce de Dieu quelqu’un qui va travailler pour le Seigneur, je ne vois rien qui l’empêche ; mais si c’est pour faire un ministre, comme l’on dit, ou pour donner le droit d’exercer le ministère, c’est une atteinte portée à la souveraineté de Dieu.

 

8         Romains 11 — Les sept Églises d’Asie

8.1        [Retranchement (suspension par Dieu de tous ses rapports) d’une économie (= dispensation) : cela touchera les Gentils comme les Juifs l’ont été]

Dieu soit béni, nous sortons enfin de ces détails. Le chapitre 11 des Romains doit nous arrêter un moment. On blâme cette expression : « Les Juifs ont été retranchés ». Il est évident qu’ici le mot Juifs doit être pris dans le sens de l’économie judaïque. Veut-on nier que Dieu ait mis fin à cette économie-là, en ajoutant à l’Église l’élection (Rom. 11:7), en retranchant ou dispersant les incrédules, et en suspendant tous ses rapports avec la nation, quoiqu’elle soit gardée selon ses conseils pour un meilleur avenir ? De même il ne s’agit pas du retranchement de tous les Gentils ; mais Dieu mettra également fin à cette économie qui (les Juifs ayant été mis de côté) est caractérisée comme le salut accordé aux Gentils. C’est du reste ce que M. Rochat lui-même reconnaît maintenant. J’en reviens à cette vérité infiniment grave que j’ai à cœur de mettre devant les yeux des chrétiens ; c’est que vous Gentils, vous avez été soumis à une responsabilité analogue à celle des Juifs, que vous avez manqué comme eux, et que vous serez retranchés comme eux. Je ne veux pas dire que les jugements de Dieu atteindront tous les fidèles individuellement ; mais tout le système dans lequel vous vous trouvez et dont vous faites partie, sera jugé et détruit comme le fut le système juif.

Une chose qui m’a beaucoup frappé dans la réponse de notre frère, c’est la manière dont il a pesé sur des mots et sur des expressions inexactes, tandis qu’il a passé sous silence les avertissements les plus solennels de la Parole, sur tout ce que j’ai dit sur Jude, sur la première épître de St-Jean, et sur toutes les adresses aux chrétiens de l’Église universelle. Je crois que c’est un mauvais signe. C’est en relisant ma dernière brochure, pour voir si j’avais traité certains points, que j’ai été frappé du grand nombre de passages importants qui ne sont pas touchés dans la réponse de M. Rochat. Et cependant ces passages doivent agir en bien ou en mal sur la conscience des chrétiens, selon leur application vraie ou fausse. J’invite mes frères, de toutes mes forces, et devant le Seigneur, à peser ces passages de l’Écriture. S’ils daignent lire ce qui en est dit dans les « Nouveaux Développements », cela pourra au moins diriger leur attention sur ces sujets. Je ne parle pas maintenant dans le sens de la controverse, mais afin que leur conscience soit sous l’influence de ces solennels avertissements de Dieu, et qu’ils jugent l’état de choses qui existe, selon la lumière de la Parole. [pas de  saut dans paragraphe dans l’original]

 

8.2        [Apoc. 2et 3: Ce qui est dit aux sept Églises d’Asie a une portée prophétique future, tout en étant présenté comme proche]

Il me reste quelque chose à dire sur l’Apocalypse, parce que cela pourra fournir quelques lumières à mes frères. Si l’on examine de près les sept Églises d’Asie, l’on verra bien plus que des promesses ou des menaces à certaines Églises locales. Quand il est dit (Apoc. 3:10) : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi de l’heure de la tentation qui doit arriver dans tout le monde, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Voici, je viens bientôt » ; il est évident que l’application de ces paroles va bien au-delà de l’Église de Philadelphie d’alors, ou de telle autre Église particulière ; car l’heure de la tentation n’est pas encore arrivée, et Philadelphie et son Église ont été oubliées depuis des siècles. Qu’il y ait eu un accomplissement partiel à Philadelphie, je ne le nie pas, mais je ne peux pas douter qu’il n’y ait aussi une promesse pour les derniers temps, en faveur de ceux qui auront gardé la parole de la patience de Jésus. Je ne nie pas le jugement des Églises particulières, quoique je n’en voie pas le relèvement ; mais pour comprendre ce qui est dit aux Églises de l’Apocalypse, il faut aller plus loin que le jugement de ces Églises. Quant à Laodicée, on verra que la menace du Seigneur de la vomir de sa bouche, est sans condition. Parce qu’elle était tiède, elle devait être vomie. Il est vrai que le Seigneur use de patience ; Jésus se tient à la porte et il frappe ; mais c’est afin que celui qui ouvre soupe avec Lui ; c’est là une promesse individuelle. Il n’est pas ajouté comme à d’autres Églises appelées à la repentance : « si non je viendrai » ; car la menace avait été absolue. La venue du Sauveur est toujours supposée proche, dans l’Apocalypse. L’Esprit défend de sceller les paroles de cette prophétie, car le temps est proche ; et c’est là la vraie force de ce texte, traduit en français par : Que celui qui se souille, se souille encore [Apoc. 22:11] ; c’est-à-dire, que celui qui est souillé, reste souillé ; il est trop tard pour changer ; chacun reste tel qu’il est. Le jugement des Églises se rapporte toujours à la venue de Jésus ; chacune d’elles est censée rester jusqu’à son retour, et chacune aussi présente un état moral qui subit le jugement du Fils de l’homme par l’Esprit, jugement qui sera exécuté lors de l’avènement du Seigneur. Si le retour de Jésus a été retardé, selon la pensée de l’homme, et de fait, dans un certain sens, c’est ce que la Parole nous explique (Matth. 25, 2 Pierre 3). Les Écritures parlent toujours en vue de sa prochaine venue. En attendant, l’état moral de certaines assemblées d’alors, et le jugement qu’en porte le Saint-Esprit, servent d’avertissement et de spécimen à l’Église en général, et s’appliquent aussi par l’Esprit de Dieu aux formes de mal que l’Église devait revêtir jusqu’à la fin. « Ce sont les choses qui sont ». Dans les choses à venir il n’est pas mention de l’Église comme étant sur la terre.

 

8.3        [On a voulu remplacer la présence de l’Esprit dans le gouvernement de l’Église par des droits et des ordonnances. Voilà ce qui a produit du trouble, non pas les bons principes]

Mais je termine. Je passe sous silence le tableau comparatif des deux systèmes et le contraste qui y est présenté entre M. Darby et la Parole, parce que j’ai discuté tous les sujets qui s’y trouvent. Qu’il y ait une divergence grave entre les vues de M. Rochat et les miennes (dans l’esprit des choses plus que dans les détails), j’en conviens pleinement. Je crois qu’il a remplacé la présence de l’Esprit de Dieu dans le gouvernement de l’Église ici-bas, par des droits et des ordonnances d’Églises, dont la plupart ne peuvent être justifiées par la Parole. Je crois que ses vues empêchent que la conscience de l’Église soit atteinte par la conviction de sa responsabilité et de son péché, en ce qu’elle n’a pas manifesté la gloire de Christ ici-bas. Quand M. Rochat parle des conséquences pratiques de ce qu’il appelle mon système, il lui est facile de prononcer un jugement. On a pu chasser les apôtres, parce que l’ennemi avait produit du tumulte ; on peut chasser la vérité, parce que l’opposition à cette vérité produit du trouble. Notre frère fait allusion à ce qui s’est passé à Genève (*). Mais il reste à savoir si toute la faute en est aux principes. Ne peut-il pas y en avoir chez ceux qui s’y sont opposés ? Je crois avoir dit tout ce qui est nécessaire, très-faiblement, sans doute, car j’ai été dans de grandes souffrances de corps ; mais je crois avoir touché tout ce qui regarde la conscience de l’Église.

 

(*) Je suis prêt à revenir sur les circonstances qui sont arrivées à Genève, si la charité me conduisait à y rentrer, et je suis pleinement persuadé que les personnes impartiales seraient un peu étonnées en entendant le narré de ces circonstances, et jugeraient bien différemment qu’elles ne l’ont fait, peut-être. Mais je préfère beaucoup remettre toutes ces choses au jugement de Dieu.

 

9         Conclusion [ce que les enfants de Dieu ont à faire]

Maintenant, si l’on me demande ce que les enfants de Dieu ont à faire dans les circonstances actuelles de l’Église, ma réponse est très-simple.

 

9.1        [Se réunir dans l’unité du corps de Christ, en dehors du monde. La foi ne regarde qu’à la volonté de Dieu, jamais aux circonstances ni aux difficultés]

Ils doivent se réunir dans l’unité du corps de Christ, en dehors du monde. Voilà un besoin assez généralement senti, un principe de toute importance dans ce temps de révolte, que celui qui est dirigé par le St-Esprit ne manquera pas de trouver dans la Parole. Une fois trouvé, l’obéissance devient un devoir pour la conscience, et plus on a de lumière, plus on en sera pénétré. Pour agir selon sa conscience, selon la Parole, l’on n’a besoin que de la foi, ce principe énergique qui ne regarde qu’à la volonté de Dieu, et jamais aux circonstances ni aux difficultés.

Le sentiment que nous serons préservés du jugement qui fondra sur la chrétienté, donnera du sérieux, de l’humilité, de la fermeté à notre marche. Souvenons-nous que Dieu résiste aux orgueilleux, mais qu’il fait grâce aux humbles.

 

9.2        [Compter sur la promesse de la présence du Seigneur]

Pour ce qui regarde les détails, faites bien attention à la promesse du Seigneur : Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux. Matt. 18:20 (*). Voilà ce dont a besoin le cœur qui aime Dieu et qui est fatigué du monde. Comptez sur cette promesse du Seigneur, enfants de Dieu, disciples de Jésus : Si deux ou trois d’entre vous se réunissent en son nom, Il sera là. C’est là que Dieu a placé son nom, comme anciennement dans son temple à Jérusalem. Vous n’avez besoin de rien autre que de vous réunir ainsi avec foi. Dieu est au milieu de vous : vous verrez sa gloire. Combien ce Dieu d’amour ne nous a-t-il pas bénis par la simplicité de ses rapports avec nous ! Ne pensez pas qu’il faille bâtir des palais spirituels afin que Dieu vienne habiter au milieu de vous : Si deux ou trois se réunissent en son nom, c’est une pauvre tente peut-être, mais Dieu sera là. Ne prétendez pas faire des palais quand vous n’avez des matériaux que pour des cabanes.

 

(*) On a demandé pourquoi l’on prenait cette partie de la Parole plutôt que d’autres, pour l’appliquer au temps actuel ? Il est étonnant jusqu’à quel point les préoccupations aveuglent le jugement. Ne voit-on pas que c’est ici une promesse qui ne demande que la fidélité de celui qui a promis ? Là où deux ou trois sont réunis au nom de Jésus, la Parole reçoit son accomplissement. Il est évident que les règles que St. Paul donnait à Timothée et à Tite, sont bien différentes, et qu’elles supposent une mission toute particulière.

 

9.3        [Prendre la Cène du Seigneur et exercer les dons en simplicité. Compter sur l’Esprit en se rapportant à la Parole]

Agissez en simplicité avec ce que vous avez, si vous avez le Seigneur lui-même, vous avez tout ce qu’il vous faut. À celui qui a, il sera donné davantage. Souvenez-vous aussi que quand les disciples se réunissaient, c’était pour rompre le pain, Act. 20:7 : « Le premier jour de la semaine » est-il dit « les disciples étaient réunis pour rompre le pain », 1 Cor. 11, nous fait voir la même chose : « Lors donc que vous vous réunissez dans le même lieu, ce n’est pas manger le souper du Seigneur, car lorsqu’on mange, chacun prend son propre souper, et l’un a faim et l’autre est ivre ». On abusait de la Cène et l’apôtre corrigeait cet abus. Mais on voit que le but de leur réunion dans un même lieu était de manger la Cène du Seigneur.

Ce sera toujours une chose douce pour le disciple que de se souvenir de l’amour de Celui qui, ayant aimé les siens qui étaient au monde, les aima jusqu’à la fin. Si Dieu nous sauve d’une ruine générale, c’est d’autant plus touchant pour nos âmes. Au commencement, les disciples prenaient la Cène tous les jours dans leurs maisons. Si Dieu nous envoie ou nous suscite quelqu’un qui puisse paître nos âmes, recevons-le avec joie et reconnaissance, de la part de Dieu, selon le don qui lui a été accordé, et honorons ainsi le Seigneur dans son don. Cherchons aussi nous-mêmes à rendre témoignage en charité à ceux qui nous entourent, afin qu’ils échappent à la colère à venir. Si Dieu suscite du milieu de ceux qui se réunissent, un frère qui puisse exhorter ou exercer tel autre don, qu’il le fasse en simplicité, pour le bien de tous, veillant beaucoup sur son cœur, afin que cela ne lui soit pas en piège. C’est toujours dangereux pour l’âme d’être mis en avant ; on ne cesse pas d’être un simple frère, parce qu’on a un don qui nous rend serviteur de tous.

Ne faites jamais aucun règlement ; le St-Esprit vous conduira si vous vous appuyez sur Lui, et si vous vous attendez à Dieu qui est toujours fidèle. Cherchez à être imbus de l’esprit aussi bien que de la lettre de la Parole, et agissez dans chaque cas sous la direction de Dieu, en vous en rapportant toujours à sa Parole. Il saura vous susciter des aides si cela est nécessaire ; croyez seulement.

 

9.4        [La discipline est à exercer par l’assemblée, dans un esprit d’amour, pas comme un tribunal]

Quant à la discipline, souvenez-vous que le retranchement en est la dernière ressource. Les enfants d’une famille peuvent être obligés, selon la sagesse de leur Père, de refuser tout entretien avec un de leurs frères, mais le cœur ne comprend-t-il pas dans quel esprit cela doit se faire ? Conserver la sainteté de la table du Seigneur est un devoir positif. On le doit à Christ lui-même. Il peut se présenter des cas où l’on repousse la manifestation du péché avec frayeur (Jude 23) ; mais d’un autre côté, gardez-vous d’un esprit de tribunal, comme du feu dans votre maison. Celui qui se connaît le mieux, et qui aime le plus, ne manquera pas d’exercer la discipline quand il y sera forcé, mais il le fera comme de la part du cœur blessé de Christ, qui aime toujours, et avec le sentiment que la chair est aussi en lui. Au reste, s’il s’agit d’excommunication, tous doivent y prendre part, non pas parce qu’ils en ont le droit (quel esprit que celui d’un enfant qui insisterait sur son droit à prendre part à l’exclusion d’un de ses frères !), mais parce que la conscience de tous doit être purifiée, et que toute l’assemblée doit être, par cet acte, séparée d’un péché qui demande le retranchement.

Si Dieu suscite au milieu de vous des personnes qui veillent sur les âmes, qui, jalouses de les voir répondre à la grâce de Christ, les nourrissent de cette grâce, et plaident pour elles et avec elles, c’est un don précieux du Seigneur.

 

9.5        [Célébrer la Cène de manière convenable. Celui qui la distribue (ce n’est pas un droit) doit jouir de la considération des frères. Avoir de l’humilité]

Pour la distribution de la Cène, les difficultés sont imaginaires. Selon ce que l’apôtre dit de la femme, la nature aussi peut nous enseigner ici. Elle doit être célébrée d’une manière convenable, tout chrétien le sentira. Si vous n’êtes pas nombreux, et que vous soyez placés dans les mêmes circonstances, tout est facile. S’il y a une grande assemblée, elle ne s’est pas formée en un instant, et il s’y trouve toujours des personnes connues jouissant de la considération de frères ; ces personnes-là peuvent rompre le pain. Quant à une différence essentielle de droit, il n’y en a pas ; mais c’est un devoir envers Dieu de célébrer d’une manière convenable une institution de Christ aussi précieuse à l’Église. C’est la chair seule qui veut se servir des ordonnances du Seigneur pour s’élever au-dessus de ses frères, et s’attribuer de l’importance à soi-même ; et la chair est toujours mauvaise.

 

9.6        [Même si on a peu de don, il faut travailler avec amour + sentiment de responsabilité + humilité + chercher à s’entraider et prier avec les autres]

Si Dieu suscite plusieurs frères qui paissent son troupeau, et qui travaillent avec peu de dons, peut-être, mais avec amour, et dans un sentiment de responsabilité, et par conséquent d’humilité, qu’auront toujours ceux qui sont vraiment envoyés du Seigneur, qu’ils cherchent à s’entraider dans leurs travaux, à prier ensemble à ce sujet, et à profiter des conseils les uns des autres. Cette confiance est très-précieuse, et celui qui est humble et qui cherche vraiment le bien des âmes, sera toujours trop heureux d’en profiter. Cela ne nous ôtera jamais notre responsabilité individuelle, mais nous aidera souvent à y satisfaire pour le bien de l’Église et pour la gloire de Christ. Que chacun se souvienne en même temps, que si Dieu emploie un de ses enfants pour travailler dans l’Église, c’est afin qu’il soit, quoique affranchi de tous, et responsable à Christ, le serviteur de tous. Celui qui sort de cette position, abandonne son devoir et son privilège. Souvenons-nous toujours que Dieu veut que nous soyons sous sa dépendance, et que tout effort pour nous soustraire à la dépendance de Celui qui est notre seule sauvegarde et notre soutien, n’est que le fruit de la chair qui veut être à son aise dans le monde.

 

9.7        [L’Église est responsable de l’état où elle se trouve. Il faut reconnaître notre incapacité à mettre les choses sur le pied primitif]

Enfin, je termine en présentant de nouveau ce qui est le fond de toute la question, la responsabilité de l’Église. En général, les discussions descendent dans les détails ; ici, c’est le contraire. Les détails ont servi à mettre en évidence qu’il y avait un grave principe en question, principe fondamental pour juger sainement de l’Église, de son état et de ses affaires. L’Église est-elle responsable de l’état où elle se trouve, oui ou non ? Jusqu’à présent le système dissident nie cette responsabilité. Si nos frères qui suivent ce système viennent à la reconnaître, ce sera un pas de plus qu’ils feront en avant, qui réjouira non-seulement les frères ici-bas, mais aussi le ciel. Au commencement du réveil, la dissidence a été honorée de Dieu, parce qu’elle agissait fidèlement en se séparant du monde, et en rendant témoignage à la sanctification de l’Église de Dieu, et au devoir d’être une lumière devant les hommes. Quand elle a voulu poser en principe sa capacité pour mettre les choses sur le pied primitif, la faiblesse actuelle s’est bientôt manifestée. On me dira, peut-être, la faiblesse sera bientôt manifestée parmi vous qui nous parlez ainsi. J’en conviens pleinement, car la différence entre nous ne consiste pas en ce que nous sommes les plus forts, mais en ce que nous reconnaissons notre faiblesse et notre incapacité.

 

9.8        [Se réunir dans l’amour, dans la séparation pratique du monde, dans l’obéissance et sans prétendre agir avec puissance]

Cherchons la réunion des frères en charité ; profitons de tout ce que Dieu nous accorde, et obéissons dans tout ce qui regarde notre conduite individuelle, distinguant entre cette obéissance, et la prétention de faire ce qui demande une puissance supérieure à celle que nous possédons. La réunion des frères en charité, et leur séparation pratique du monde, sont les deux grands principes de bénédiction. Quant à notre état comparatif, soyons-en humiliés devant Dieu, et sentons que nous sommes responsables devant Lui de l’état où nous nous trouvons.

Souvenons-nous qu’il ne s’agit pas de puissance quand nous examinons la question de responsabilité ; c’est là un principe que tout chrétien admettra quant à l’homme pécheur. Il est responsable de l’état où il se trouve, quoiqu’il soit incapable par lui-même d’en sortir. Il est responsable du mal actuel dans lequel il marche. Il en est de même de l’Église. Aussi c’est toujours notre devoir que de cesser de mal faire, et d’apprendre à bien faire. Si nous ne savons pas encore bien faire, au moins faut-il cesser de mal faire, au moins faut-il quitter tout ce que notre conscience condamne. Dieu nous enseignera là-dessus à bien faire. Celui qui est fidèle à quitter le mal sur lequel sa conscience est éclairée, ne tardera pas à trouver la lumière pour aller plus loin dans le chemin du bien, car Dieu est fidèle. Toute véritable union est fondée sur la fidélité qui se sépare du mal connu. Sans cela, l’union n’est que le mélange du bien et du mal, union que Satan aime de tout son cœur, et que Dieu déteste. Depuis que le péché est entré dans le monde, Dieu réunit autour de Lui-même ceux qu’il sépare du mal qui existe, en agissant sur leur conscience, par son Esprit, et cela s’étend à tout mal, car le jugement de Dieu s’y étend. L’union est le but de Dieu, mais il ne peut pas s’unir au mal, et il ne peut pas nous unir à Lui-même sans nous séparer du mal où nous nous trouvons. Cela est vrai comme principe de vie pour toute la conduite des chrétiens. C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez à aucune chose souillée, et je vous recevrai. Quant au jugement de Dieu sur l’état général de l’économie, c’est de la bouche de Dieu qu’il faut l’apprendre.

FIN.

 

 

10    [Annexe : Quelques CITATIONS REMARQUABLES tirées du texte ci-dessus :]

(2.3) La Parole de Dieu nous montre qu’il y a une solidarité ou plutôt une accumulation de responsabilité, et qu’on hérite du péché de ceux qui nous ont devancés dans une carrière d’éloignement de Dieu.

(4.8) je ne doute pas qu’il n’y ait une manifestation bénie des élus avant la catastrophe du monde. Dieu les retirera d’entre les mondains, afin qu’ils ne soient pas jugés avec le monde. Il en fut ainsi à Jérusalem avant le jugement de cette ville, de sorte que j’attends de l’Évangile une œuvre très-réjouissante pour le cœur du croyant.

(7.3) le pastorat était un don du Saint-Esprit (Éph. 4), tandis que la charge d’ancien n’en était pas un.

(7.4) ce qui nous est présenté dans la Parole, c’est le choix des anciens par les apôtres ; l’établissement par les délégués de Paul ; des directions à ces mêmes délégués, et un silence absolu sur ce sujet dans tout ce qui est écrit directement aux Églises.]